1950, le passage obtus
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Description

« L'intervention “surnaturelle” salvatrice, outil potentiel d'aide, laissait place à une “pensée magique” sans action concrète et organisée afin d'engendrer le changement ; prie, souffre et meurs ! Le langage populaire, truffé de jurons religieux, démontrait cependant une colère et une volonté de libération du “dogmatisme judéo-chrétien”. L'envahissement religieux, progressivement occulté dans une “révolution tranquille”, s'orientera vers une plus grande liberté de pensée et d'action. La décennie des années 1970 verra les églises se vider de sa population passive et obéissante. L'heure du changement s'amorçant dans le “rejet” du discours omniprésent de la religion. » Une immersion dans la société canadienne française d'avant 1950 et un décryptage de l'oppression (religieuse, morale, économique) qui s'opérait sur cette dernière : ce sont autour de ces deux axes que se construit, entre essai et nouvelles, le texte glaçant, terrible, de L. Laplante qui nous transporte dans un univers obscurantiste, à la violence sourde mais effective. Un panorama qui laisse souvent stupéfait et interdit, et qui met en évidence les carcans que les générations précédentes ont dû briser. Aussi, en pointillé, est-ce encore un éloge de la libération qui se lit dans cet ouvrage éloquent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342042542
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

1950, le passage obtus
Lise Laplante
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
1950, le passage obtus
 
 
 
« …la culture, loin d’être un vernis folklorique, est un ancrage très profond qui donne un sens à la grande affaire qu’est la conscience d’être. Le lion d’un Britannique n’est pas le bison d’un Métis, qui n’est pas le corbeau d’un Kakwakawa, qui n’est pas l’original d’un Canadien français et qui n’est pas le loup d’un Français de France. » (p. 54), citation de Serge Bouchard dans son livre intitulé C’était au temps des mammouths laineux édition du Boréal 2012
 
 
 
 
À ma fille Lisa-Michelle, première lectrice estomaquée du récit de cette époque de la Révolution tranquille.
 
À mon petit-fils Lucas, qui a su agrémenter de ses dessins rafraîchissants les témoignages parfois poignants d’un temps révolu.
 
 
 
 
Le livre 1950, le passage obtus se veut une réflexion sociologique, structuré de nouvelles en prose, de descriptions anecdotiques s’associant à des faits historiques.
 
Cette étude présente la mentalité des années 1950 à 1970, déclencheur de la « Révolution tranquille » du Québec, sujet cruellement absent du discours de la génération actuelle et rappel nostalgique des baby-boomers .
 
L’auteure Lise Laplante possède une maîtrise en psychopédagogie et enseigne à une clientèle montréalaise provenant de l’immigration.
 
Le contact quotidien de la diversité culturelle l’incitera à analyser ses propres origines et à rédiger un recueil de nouvelles.
 
 
 
Préface
 
 
 
La géométrie des idées
1950, le passage obtu s, recueil de nouvelles, remémore la lutte de la génération postindustrielle s’opposant aux idées reçues d’une religion omniprésente divulguée par un clergé autoritaire et dogmatique.
 
Génération d’une latente révolution culturelle, sexuelle et religieuse, cette descendance des années 1950-1960 s’oppose au conditionnement de ses parents tenus en angle droit, muets et obéissants.
 
Cette lignée rebelle de 1950 se positionne en angle obtus par rapport à la souche précédente, par son élargissement vers de nouvelles idées et un nouveau style de vie plus permissif, plus diversifié. L’individu surplombant la collectivité.
 
Sa progéniture, citoyens comblés et choyés des années 1980, fruit des révoltes gagnées, s’oriente vers la mondialisation. Sans aucun combat, ni aucune bataille, elle se languit en angle plat et cherche un nouveau défi qui engloberait tous les peuples polyvalents de notre courbe planétaire.
 
De collectivité restreinte, en passant par l’individualisation à outrance, l’ère d’une société élargie annonce une perception mondiale du quotidien. La survie agricole supplantée par l’industrialisation s’enrichit de technologies favorisant la communication. Grâce à cette évolution, à cette amplitude géométrique, le monde deviendra un champ d’exploration.
 
 
 
Prologue
 
 
 
Ma profession d’enseignante, auprès d’une clientèle d’immigrants, favorisa l’immersion dans des cultures différentes de la mienne. Ce contact quotidien de la différence culturelle permit de mieux comprendre ma propre origine.
 
Le recueil de nouvelles 1950, le passage obtus naquit d’un besoin ; pourquoi et comment cette Révolution tranquille, ses répercussions à long terme, dans un Québec en ébullition et en changement.
 
Sujet cruellement absent du discours de la génération actuelle et rappel nostalgique pour la génération des baby-boomers , le vécu quotidien des décennies 1950-1960-1970 se relate dans une description prosaïque de faits véridiques élaborés dans un ensemble de nouvelles.
 
Cet ouvrage de réflexions diverses s’associe à des évènements historiques.
L’histoire du Canada
La parution en 1951 du livre d’histoire Mon premier album d’histoire du Canada des frères de l’instruction chrétienne, fit place en 1958 au manuel scolaire Histoire du Canada , de Guy Laviolette, la 4 e et 5 e année. La suprématie du clergé y était proclamée et les autochtones représentés en des termes peu élogieux.
 
Les historiens J. Lacoursière, J. Provencher, D. Vaugeois publient en 1976 Canada Québec, une synthèse historique . Ce précis historique se veut plus objectif des faits réels de l’histoire du Canada. Il relate les conditions économiques différentes des Canadiens français et des Canadiens anglais.
 
(Grâce à un niveau d’instruction plus élevé, à leur positionnement dans l’échelle professionnelle, et à une situation privilégiée en tant que promoteurs de l’industrialisation du Québec, les anglophones ont toujours été plus aptes à profiter des avantages du développement économique de la province. Une fois mises en place. L’élan des anglophones n’a pas eu son pareil dans la collectivité francophone.) (p. 561)
Les années antérieures à 1950
1. Dualité : la religion, source d’aliénation et de survivance.
Les artefacts représentatifs de la religion catholique se définissent dans l’objet sacré de la croix, sur laquelle se positionne un homme supplicié. De mausolées de personnages hurlants dans les flammes de l’enfer. De représentations imagées d’une femme vierge de relations sexuelles, ayant créé un enfant-dieu par l’intervention d’un être spirituel. De statuettes de martyrs, dont la vie s’idéalise de souffrances et de privations.
 
La notion de « péché originel » s’explique en la faute de nos premiers parents, créant l’humanité dans l’acte sexuel charnel. D’où la nécessité d’un « blanchiment » par le sacrement du baptême.
 
Le « silence du secret » de la conception des enfants, de la notion de « devoir conjugal » des époux ainsi que la dissimulation des grossesses, entachent la reproduction de l’être humain.
 
La honte associée aux attributs féminins (les menstruations, les seins, la vulve, le vagin) s’exprime dans un discours absent de tels sujets.
 
L’énoncé des « commandements de Dieu », des « commandements de l’Église » dénonce les tentations de la chair et les actes répréhensibles envers les autres. Une gradation de « péchés véniels » et de « péchés mortels » assure une moralité personnelle et sociale.
 
La définition précise du « rôle de la femme » par l’écoute, l’obéissance, le dépouillement financier et la reproduction obligatoire, accompagne les « rôles de l’homme » pourvoyeur et reproducteur.
 
La proclamation officielle de l’Église d’un pouvoir de décision et d’influence sur les « évènements postérieurs à la mort » terrorise et assagit l’action quotidienne dans une croyance aliénante.
 
LE CLERGÉ SE LÉGITIMANT D’UN STATUT D’AUTO­RITÉ ET DE GUIDE MORAL ; L’ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE-FRANÇAISE CATHOLIQUE SE DIFFÉRENCIE ALORS DE LA POPULATION CANADIENNE ANGLAISE PROTESTANTE.
2. La mentalité découlant de l’aliénation religieuse
Un « syndrome de Stockholm » se manifeste par l’amour et le respect de la religion, malgré son rôle oppressif. Le besoin d’orientation et de sécurité l’emportant sur une introspection salutaire.
 
La croyance en une intervention surnaturelle salvatrice et la conviction de l’impossibilité de changer soi-même le cours des évènements servent d’encrage au règne totalitaire du clergé.
 
La fierté d’étaler sa misère et de s’en contenter, se conditionne dans un discours biblique d’identification à des personnages austères dont l’humanité se refuse de tout plaisir terrestre et à l’acceptation d’un dépouillement punitif.
 
Une valorisation de l’échec sert de déclencheur à la soumission envers le contrôle ecclésiastique. Le sens de la vie contient une notion de malheur et une conviction de l’interdit d’un bonheur terrestre, largement alimenté par la doctrine religieuse.
 
La nomenclature et la personnification de l’individu se définissent dans un vocabulaire diminutif de « Ti Jean » ou de « Janette ». La petitesse s’exprimant quotidiennement dans les prénoms énoncés lors des échanges verbaux.
 
LE RENONCEMENT, L’ACCEPTATION ET L’HUMI­LITÉ S’ALIÈNENT DANS UN VÉCU DE CONQUIS, OBÉISSANT ET SE SOUMETTANT À LA SUPERVISION D’UN CLERGÉ OMNIPRÉSENT.
3. Les racines amérindiennes
Le patrimoine historique encourage le rejet et la négation des croisements entre Français et autochtones. Pourtant, plusieurs arbres généalogiques portent la trace d’une descendance métissée. Certaines chansons de « La Bolduc » (Mary Travers) racontent cette souvenance amérindienne refoulée et éjectée du vécu quotidien.
 
Plusieurs « expressions populaires » font allusion au contact des premiers arrivants de la colonisation et d’une culture indigène. Tel, dans le secteur de l’éducation où une conduite inappropriée se dénonce par les citations « agir comme une sauvagesse », « être sauvage ». Ou bien dans le domaine de la sexualité par l’utilisation du vocabulaire « les sauvages sont passés » annonçant la naissance d’un enfant. Et que dire de l’expression « la position du missionnaire » de l’acte sexuel ; rappel de l’enseignement du clergé auprès des Amérindiens sur les notions concernant la sexualité permise lors de la procréation.
 
LE DISCOURS SE TRUFFE D’ÉNONCÉS CONFIRMANT UN DÉBUT DE VIE EN TERRE CANADIENNE EN LA COMPAGNIE DE NATIONS AUTOCHTONES.
4. Le passé nostalgique, le présent ralenti, le futur impossible
L’identification nostalgique à un passé de « défricheur campagnard » (singularité du peuple Canadien français catholique) se distingue de la vocation commerçante des Canadiens anglais protestants. Cette identité s’ébranle avec l’arrivée de l’industrialisation des années 1950. La survie par l’agriculture cède la place aux entreprises manufacturières. L’

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