La Chimie des sentiments
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La Chimie des sentiments , livre ebook

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Description

Coup de foudre, passion dévorante, fidélité et infidélité, l’amour est une alchimie… que commande notre cerveau. Biologiste de renom, Bernard Sablonnière décrypte pour nous les mécanismes de l’attachement, de l’attirance et du plaisir. Pourquoi tombons-nous amoureux ? Pourquoi cette personne et pas une autre ? L’amour est-il fait pour durer ? Ce livre propose de mieux comprendre les secrets biochimiques de nos passions. Il souligne l’importance du « circuit de la récompense », insiste sur le rôle des neurotransmetteurs, comme l’ocytocine, véritable hormone du lien affectif et social, ou la dopamine qui alimente le désir jusqu’à l’euphorie. Une explication inattendue de tous les délices et les tourments de nos sentiments est ainsi proposée au lecteur. Bernard Sablonnière est médecin biologiste, professeur de biologie moléculaire à l’université Lille-II, chercheur à l’Inserm, spécialiste des maladies neurodégénératives. Il a également écrit Le Cerveau. Les clés de son développement et de sa longévité. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 avril 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782738166203
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR CHEZ ODILE JACOB
Le Cerveau. Les clés de son développement et de sa longévité , « Poches Odile Jacob », 2015.
© O DILE J ACOB, MAI  2015
15, R UE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6620-3
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Introduction

« L’amour est l’étoffe de la nature que l’imagination a brodée. […] Comme les hommes ont reçu le don de perfectionner tout ce que la nature leur accorde, ils ont perfectionné l’amour.
[…] Tous les autres sentiments entrent ensuite dans celui de l’amour, comme des métaux qui s’amalgament avec l’or : l’amitié, l’estime, viennent au secours ; les talents du corps et de l’esprit sont encore de nouvelles chaînes. »
Voltaire, Dictionnaire philosophique, 1764.

Durant des millénaires, la pensée et les sentiments ont été considérés comme indépendants du fonctionnement du corps. Les progrès des sciences empiriques, basées sur l’expérimentation, ont fini par briser ce fameux tabou du dualisme entre l’âme et le corps. Dans la seconde moitié du XIX e  siècle, William James, l’un des pères fondateurs de la psychologie moderne, démontre l’intégrité indissociable des émotions et de leurs manifestations corporelles. Quelque soixante ans plus tard, James Papez, neuroanatomiste, va plus loin : il propose que les sentiments et les émotions soient matérialisés dans des circuits du cerveau. Par la suite, d’autres circuits impliqués dans la peur et l’anxiété seront dévoilés. Puis, à partir des années 1980, les scientifiques ont les moyens d’appréhender la neurobiologie des sentiments et de comprendre les mécanismes de l’attachement, de l’affection, et de l’amour humain. Cependant l’amour n’est pas un phénomène isolé que l’on peut étudier simplement.

Comment le cerveau peut-il percevoir des sentiments ?
Les sentiments humains sont liés au fonctionnement particulier de régions spécialisées du cerveau. Le sentiment d’« amour » regroupe différents comportements, attitudes et états émotionnels variés dont chacun peut être étudié séparément. Ce sont des observations obtenues à partir du comportement des animaux, notamment des campagnols, qui ont fourni des éléments d’étude sur le comportement humain lié à la formation des couples, à la reproduction et à l’attachement mère-enfant. Par la suite, et tout récemment, des travaux menés sur la chimie du cerveau mais aussi sur l’activation des régions cérébrales visualisées par imagerie ont révélé nombre de mécanismes intriqués et associés à l’expérience unique de l’amour.
Les sentiments appartiennent au registre de ce que nous ressentons en rapport avec notre perception des autres. Ils dépendent donc d’une expression corporelle globale qui met en jeu, non seulement le cerveau, mais aussi le reste de notre corps qui réagit selon l’intensité, la couleur, la positivité ou la négativité de ce que l’on ressent.

Comment ressent-on nos sentiments, nos émotions ?
Le cerveau n’est pas un simple réseau de connexions, car il réagit intègre, évalue, perçoit, modifie de nombreuses informations qu’il traite, pour adapter nos comportements. Si les différentes régions du cerveau communiquent, s’échangent des informations, grâce à l’établissement de connexions entre les neurones, comment le cerveau peut-il donner ses ordres aux autres organes ? Le cerveau commande aux organes par les nerfs, sortes de câbles qui véhiculent la commande, par exemple pour démarrer un mouvement depuis l’ordre donné par le « décideur », jusqu’à l’exécuteur, « le muscle ». Parallèlement au cerveau câblé, le cerveau utilise des substances chimiques pour fonctionner. Celles-ci prolongent les effets des connexions du cerveau, par l’envoi rapide d’informations vers nos organes. Le deuxième avantage est que ces substances ou messagers chimiques peuvent activer, ralentir, bloquer le fonctionnement des neurones, voire même modifier certaines communications, c’est-à-dire permettre au cerveau de s’adapter à son environnement. Ces messagers sont de minuscules clés chimiques, les « neurotransmetteurs », dont l’homme a souvent su exagérer le rôle par l’emploi d’excitants ou de drogues.
Comment au travers d’une pensée soudaine, on se sent inondé d’une impression, d’une image, d’une odeur, d’un souvenir ? Il est utile de comprendre ce que nous ressentons, où ce que notre corps exprime face à nos émotions : on tremble, on a peur, on a chaud, on a mal au ventre. Ces effets sont commandés par le système nerveux involontaire (appelé autonome), situé à la base du cerveau, qui agit sur tous nos organes : cœur, estomac, vessie, vaisseaux sanguins, etc. Selon l’ordre donné, deux systèmes d’action opposée viendront contrôler un organe cible, il s’agit d’un système excitateur, sorte de
« Yin » ; et d’un autre plutôt calmant, sorte de « Yang ». Le premier mobilise l’énergie et fait face aux situations d’urgence, de fuite ou de riposte. Le deuxième au contraire, tend à réguler l’effet du premier et implique le retour au calme et à l’économie d’énergie. Ainsi face à une menace, le cerveau active l’accélération des battements cardiaques, la sécrétion de sueur, et stimule l’attention. À l’opposé, l’activation du système « calmant », surtout actif la nuit et dans les périodes de repos et de relaxation, ralentit le cœur, diminue la pression artérielle, et donne une sensation de détente.

L’amour se construit en plusieurs étapes
L’amour, sentiment humain, est un processus dynamique qui représente l’effet combiné de différentes régions du système nerveux, se répartissant en plusieurs étapes, qui s’échelonnent dans le temps. Certaines de ces étapes sont connues telles, l’attirance, la séduction, l’attachement, le désir, la relation sexuelle, et la relation durable du couple. Pour comprendre ces étapes, il faut tout d’abord évaluer, observer et comprendre ce qui se passe lorsqu’on devient amoureux.

Pourquoi tombe-t-on amoureux ?
Le romantisme s’explique-t-il par un état physiologique, c’est-à-dire une fonction particulière du cerveau à un moment opportun de notre existence ? L’étude moderne du cerveau apporte de passionnantes révélations sur trois volets que nous essaierons de décrire. Tout d’abord, l’observation du comportement amoureux et de ses manifestations corporelles. Ensuite, l’étude des différents messagers chimiques, véritables témoins de l’activation de régions définies du cerveau qui expriment le désir, le manque, le plaisir ou l’attachement. Enfin, les observations récentes issues de l’imagerie cérébrale qui révèlent et démontrent l’intimité de la passion et le fonctionnement des multiples circuits activés à chaque étape depuis le sentiment amoureux jusqu’à l’acte sexuel. La passion amoureuse évolue au cours des années, mais on distingue presque toujours trois phases successives dans son déroulement : la rencontre, la passion puis l’engagement. Chaque phase possède ses caractéristiques propres, ses comportements et ses bases neurobiologiques. L’amour commence par ce comportement si particulier à considérer l’autre comme spécial et unique.

Comment est-on attiré par l’autre ?
Nos sens sont émoustillés, c’est un regard, une odeur, un mot, un geste, qui, perçus avec une acuité si subtile aiguisent le cerveau des émotions et déclenche une libération effrénée de neurotransmetteurs. Si l’attirance représente l’étape initiale d’une relation amoureuse, n’oublions pas que c’est un comportement inné et soudain dès la naissance chez de nombreux animaux, qui favorise tout au long de la vie d’un individu, la relation et l’attachement comme celles des deux parents dans un couple pour apporter les soins au nouveau-né. L’attachement est un composant essentiel de l’amour et s’il peut exister un attachement sans amour, il ne peut y avoir d’amour sans attachement.

On est ému, immobilisé, c’est ça le coup de foudre ?
Au-delà des émotions, le cerveau va concentrer et transformer cette énergie émotionnelle en un ressenti corporel grâce à l’action de l’hypothalamus et de ses sécrétions hormonales. C’est l’effet du coup de foudre, lié à deux messagers chimiques : la noradrénaline et l’adrénaline. On ressent, on rougit, on a peur, notre cœur s’accélère, notre corps exprime enfin le ressenti de nos émotions. Cet état relationnel lié au sentiment amoureux induit un stress avec son cortège de manifestations corporelles. Pour dépasser la crainte de la situation, se produit une sécrétion d’ocytocine, véritable hormone de l’attachement. En dehors de son effet anti-stress, elle agit en véritable ciment chimique de la relation, déclenchant l’intimité et stimulant l’apparition du désir.

Pourquoi désire-t-on l’autre ?
Ce désir, convoitise effrénée de l’autre et du plaisir attendu, est le témoin de l’activation d’un circuit cérébral indispensable à tout comportement de motivation : le circuit du plaisir et de la récompense. C’est surtout la libération de la dopamine qui va orienter notre comportement vers le désir et la recherche du plaisir. La dopamine est le moteur essentiel du désir quelle que soit sa nature. C’est le messager de l’envie, celui de l’activation du circuit de la récompense. L’activation normale de ce circuit, dans le désir d’amour comme dans tout autre besoin associe à la motivation exprimée par le désir, la perception et l’attente d’un plaisir ressenti comme une récompense. Un équilibre délicat doit

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