Une histoire des serres , livre ebook
163
pages
Français
Ebooks
2023
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Publié par
Date de parution
28 septembre 2023
EAN13
9782759237364
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
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Date de parution
28 septembre 2023
EAN13
9782759237364
Langue
Français
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Table des matières
Couverture
Une histoire des serres
Avant-propos
De la protection des plantes au plaisir de la société
Serre ou orangerie ?
Le jardinier, « l’orfèvre de la terre »
1600-1820 Abris et serres chaudes
Construire
Protéger du froid
Mesurer température et hygrométrie
Dans l’empire du Milieu
1820-1850 La révolution des serres
Un nouveau regard sur le monde
Le progrès technique
1850-1900 - Du pragmatisme au grand art
Des lieux de production
Des palais de cristal
Des œuvres architecturales
Vers un changement de paradigme
De l’artisanat au productivisme
Quand les serres se démocratisent
Quand les serres servent à la présentation
Une évolution vers des serres de recherche ou touristiques
Un avenir pour les serres ?
Annexes
Premier voyage de Charles Rohault de Fleury en Angleterre, en 1833
Voyage en Belgique de Rohault de Fleury dans les années 1840
Second voyage de Rohault de Fleury en Angleterre, en 1851
Bibliographie des ouvrages consultés
Crédits photographiques
Une histoire des serres
De l’orangerie au palais de cristal
Deuxième édition augmentée
Yves-Marie Allain Jardin des plantes de Paris, les deux pavillons-serres de Rohault de Fleury construits de 1834 à 1836. Palacio de Cristal, parc du Retiro, Madrid.
Du même auteur aux éditions Quæ
Une histoire des jardins potagers (préface d’Alain Baraton), 2022, 144 p.
Le jardin suit-il des modes ? 90 clés pour comprendre les jardins , 2013, 136 p.
Une histoire des jardins botaniques. Entre science et art paysager , 2012, 112 p.
À la rencontre des paysans du monde Didier Gentilhomme (photographe), 2010, 144 p.
Beaux-livres dans la thématique « jardins / plantes » aux éditions Quæ
Fruits tropicaux. Invitation au voyage Valérie Le Bellec (auteur), Fabrice Le Bellec (auteur), 2020, 168 p.
Le Jardin des plantes de Montpellier. De la médecine à la botanique Michel Rossi (directeur éditorial), Jonathan Lhoir (photographe) 2013, 176 p.
Une histoire des plantes coloniales. Du cacao à la vanille , Serge Volper, 2011, 144 p.
L’art d’acclimater les plantes exotiques. Le jardin de la Villa Thuret Catherine Ducatillion (auteur), Landy Blanc-Chabaud (auteur) Christian Slagmulder (photographe), 2010, 192 p.
Pour citer cet ouvrage Allain Y.-M., 2023. Une histoire des serres. De l’orangerie au palais de cristal (2 e édition). Versailles, éditions Quæ, 160 p.
Éditions Quæ RD 10 78 026 Versailles cedex
www.quae.com www.quae-open.com
Première édition : © éditions Quæ, 2010 ISBN (papier) 978-2-7592-0616-2
Deuxième édition augmentée : © éditions Quæ, 2023 ISBN papier 978-2-7592-3735-7 ISBN (PDF 978-2-7592-3736-4 ISBN ePub 978-2-7592-3737-1
Pour toutes questions, remarques ou suggestions : quae-numerique@quae.fr
Le code de la propriété intellectuelle interdit la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Le non-respect de cette disposition met en danger l’édition, notamment scientifique, et est sanctionné pénalement. Toute reproduction même partielle du présent ouvrage est interdite sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 20 rue des Grands-Augustins, Paris 6 e .
À mon épouse, à mes enfants, pour les moments de vie hors de l’ordinaire dans un lieu hors du commun
Avant-propos La serre, lieu de l’exubérance végétale colorée née du mélange volontaire des flores tropicales. Exposition Mille et une orchidées, grandes serres du Jardin des plantes de Paris.
Il était une fois, au milieu de la grande ville, dans un grand jardin clos de grilles protectrices, une famille, entourée de milliers de plantes et de milliers d’étiquettes, surplombée par de grands arbres à la fois auteurs et témoins de l’histoire de la botanique, qui habitait à l’ombre de la majestueuse serre, celle qui fut construite il y a fort longtemps, alors que le fer et le verre prenaient leurs lettres de noblesse…
Un conte ? Pas tout à fait, mais presque.
Ce lieu ? Le Jardin des plantes de Paris.
Chargé de l’histoire des sciences, témoin des évolutions et des théories scientifiques nouvelles, réceptacle d’affrontements conceptuels sur le sens de la vie, il s’impose à celui qui en a la responsabilité. Et ce, d’autant plus, si ce dernier participe à la réflexion sur l’avenir de ce jardin de la science en y intégrant toutes les traces de l’histoire imprimées dans sa structure. Les serres, orangeries et autres lieux vitrés, lieux dédiés à la culture des plantes venues d’ailleurs, ont révélé leur permanence et en même temps l’ensemble des cycles de construction et destruction au cours des siècles.
Lorsqu’on vit au milieu du jardin, adossé à l’une des serres de Rohault de Fleury, quel privilège, la nuit, d’admirer les cactacées qui profitent de l’endormissement de la nature pour présenter pendant quelques heures leurs fleurs d’une admirable beauté, d’écouter le bruit de la croissance des bambous géants alors que la ville s’est tue, d’entendre le bruissement des palmes qui semblent vouloir quitter l’atmosphère ouatée de la serre pour goûter l’air de la capitale… Monde enchanté, monde enchanteur, monde propice aux rêves, à la création de mythes, aux voyages lointains et intérieurs.
Il n’y a pas obligation à connaître pour apprécier la beauté simple des choses et des objets. Mais pourquoi ne pas faire partager une partie des savoirs acquis au contact des jardiniers des serres, passionnés par leur métier malgré leurs réticences à transmettre les secrets de ces lieux, de l’artisan ferronnier d’art Roger Hager, féru de serres, de l’architecte Paul Chemetov et ses collaborateurs dans leur approche contemporaine de la rénovation des serres courbes, de Jean-François Lagneau, en charge du Jardin des plantes, avec sa perception d’architecte en chef des monuments historiques, enfin toute cette connaissance issue de la vie quotidienne, de la lecture d’écrits, de grimoires et de documents d’archives ? Il devient alors possible de faire découvrir le long cheminement et la quête de la serre idéale qui ont habité au cours des siècles bien des honnêtes hommes et de nombreux botanistes, jardiniers, techniciens, architectes, propriétaires de jardin…
Yves-Marie Allain
De la protection des plantes au plaisir de la société
Culture d’agrumes dans un jardin méditerranéen. Vieille technique qui revient au goût du jour, le badigeonnage au lait de chaux des troncs permet d’éviter la prolifération de certains insectes ou champignons.
« On sait que de toute sorte d’arbres on tire profit, pour les planter ailleurs, & des fleurs de Citron pour [les] manger en salades, pour les garder avec du vinaigre, ou les confire avec du miel, ou du sucre : & de celles des orangers, & autres, pour en faire eaux de senteurs fort rares & précieuses. […] des petits (sic) oranges, on fait de beaux chapeaux, & couronnes plaisantes à voir, & fort soëfues [du latin suavis , suave] à les flairer. Quant aux belles & mûres, chacun sait combien on les prise aux banquets, & pour les confitures, & pour en donner aux malades, & pour les mettre en médecine, ainsi que les bons apothicaires en peuvent juger. Outre ce que de l’écorce des oranges on fait de bonne moutarde, de l’orangée, pain d’épice, & autres délicatesses… ». À proximité du lac de Garde, à la fin des années 1560, c’est ainsi qu’Agostino Gallo décrit l’usage des agrumes qui croissent dans ce « jardin embelly (sic) d’une infinité de cassines, & autres pots de terre, pleins de citrons, limons & orangers ». Oranger. Planche botanique extraite de la Flore médicale , de Chaumeton, Chamberet et Poiret, illustration Panckoucke, 1818.
Originaires d’une vaste région allant de l’Himalaya à l’Indonésie, ces agrumes, au rythme des migrations humaines, sont progressivement implantés au Moyen-Orient et dans le Bassin méditerranéen. Le cédratier est cultivé en Mésopotamie dès le vii e siècle avant notre ère pour arriver en Sicile, en Calabre et en Corse sous l’Empire romain. Le citronnier, d’origine indienne, est introduit par les Arabes dans le monde méditerranéen vers le ix e siècle de notre ère et l’oranger doux beaucoup plus tard, vers le xiv e ou le xv e siècle. Cultivés en plein air, ils font l’objet de soins attentifs, car ces petits arbres à feuillage persistant permettent d’obtenir des aromates, des eaux parfumées, des pâtes de fruits. Durant la Renaissance italienne, les cédratiers, orangers et citronniers changent de statut et, devenant des enjeux esthétiques, se doivent de figurer dans les nouveaux « jardins de plaisir » en cours de création à travers l’Europe. Ces végétaux sont recherchés pour leur feuillage toujours vert et leur forme spontanément arrondie, qui représente l’équilibre entre la nature et l’art, entre le naturel et l’architecture. L’agronome français Olivier de Serres, en 1600, montre que l’attrait pour les plants d’agrumes tient surtout à ce qu’ils ne ressemblent à aucune autre plante connue.
Mais, issus de climats tropicaux ou subtropicaux, les agrumes ne peuvent résister toute l’année en plein air sous la plupart des climats européens. Il en est de même pour d’autres végétaux rares et précieux introduits sur les côtes européennes de la Méditerranée, dont le palmier-dattier, en provenance de « Barbarie » (l’Afrique du Nord), l’acacia d’Égypte, la canne à sucre, cultivée depuis près d’un millénaire dans le sud de l’Espagne et introduite depuis plus d’un siècle aux îles Canaries et à Madère, ou le coton, cultivé sur l’île de Malte. Tous ces végétaux doivent être protégés des gelées et de l’humidité froide hivernale de l’Europe septentrionale. Dès le début du xvi e siècle, afin de satisfaire monarques et princes, à Venise comme à Florence, des abris spécifiques, sortes d’ombrières, sont construits pour l’hiver ; des abris simples avec des panneaux démontables, sous lesquels sont entreposés les pots, vases et caisses des orangers et autres plantes fragiles. Jardin d’agrumes sur le lac de Garde (Italie), avec sa structure de protection hivernale, fin