Neurophilosophie de l’esprit : Ces neurones qui voudraient expliquer le mental , livre ebook

Odile Jacob - Pierre Buser

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127 pages

Français

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Description

Est-il aujourd’hui possible d’expliquer le mental à partir du cerveau ? Où est le problème, diront les uns, puisque la mécanique neuronale est celle qui le crée ? Comment seulement espérer, rétorqueront les autres, que la complexité de l’esprit puisse être fondée sur le seul fonctionnement cérébral ? S’appuyant sur des siècles d’histoire et de philosophie des sciences, et surtout sur un examen des données expérimentales récentes, Pierre Buser établit ici une sorte de bilan, dégageant plusieurs problématiques distinctes et bien actuelles : comment définir la conscience, ce site supposé abriter notre vécu subjectif, à nouveau reconnu comme instance fondamentale de l’esprit chez l’homme et aussi chez l’animal ? Que sait-on aujourd’hui de l’inconscient, ce domaine où se trouvent amassés tant d’acquis de notre intellect, de notre vie cognitive et affective ? Et que nous apprennent, par exemple, l’hypnose ou la méditation sur le fonctionnement de notre esprit ? Pierre Buser est professeur émérite de neurosciences de l’université Pierre-et-Marie-Curie de Paris. Il est membre de l’Académie des sciences. Il a notamment publié Cerveau de soi, cerveau de l’autre, L’Inconscient aux mille visages et Le Temps, instant et durée (en collaboration avec Claude Debru).

Sujets

Science

Neuroscience

Sciences et techniques

Life Sciences

Informations

Publié par	Odile Jacob
Date de parution	28 mars 2013
Nombre de lectures	11
EAN13	9782738177032
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MARS 2013
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7703-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À la mémoire de mon épouse Arlette Rougeul-Buser. À Bernard, Édith et Myriam, mes enfants, et leurs conjoints. À mes petits-enfants.
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Dédicace
Préface de François Gros
Introduction
Chapitre premier - Théories sur la structure de l’esprit
Des options essentielles
Deux importantes théories matérialistes
De l’objectif au subjectif : débats autour de deux modèles fonctionnels
Un peu pour conclure
Chapitre 2 - Il est temps de parler de la conscience
Définir la conscience ?
Quelques repères d’histoire
Questions et débats actuels sur la structure de la conscience
Quelques problématiques autour de la conscience
Chapitre 3 - Pluralité des niveaux de conscience
La conscience primaire
Le problème des qualia
Conscience P et conscience A
Quelques points sur la conscience réflexive
Et voici la théorie de l’esprit
Conscience réflexive et théorie de l’esprit
Indices de conscience réflexive chez l’animal
Corrélats cérébraux de la théorie de l’esprit
Du singe à l’homme, la vie sociale
De l’homme à l’homme : un pas vers la conscience émotionnelle de l’autre
Et pour conclure
Chapitre 4 - L’inconscient cognitif et émotionnel
Entre cognitif-affectif et psychanalytique
Perception implicite et amorçage
Problèmes autour de l’amorçage sémantique
Des fonctions implicites suivies par marqueurs
Cognition et émotion dans les messages sous-liminaires : effets sociaux
La mémoire implicite
Inconscient cognitif et intuition
Conscient et inconscient dans l’action
Émotions : du conscient à l’inconscient
L’inconscient dans les pathologies neuropsychologiques
Et pour résumer
Chapitre 5 - Sur certains états modifiés de conscience
Regards sur l’hypnose
L’esprit en méditation
Vers d’autres perspectives
Chapitre 6 - Théories et modèles
Conscience, activités rythmiques et liage
Les modèles de Llinas et de Singer
La conscience, processus multicentrique ou localisé ?
Conclure, une fois encore
Conclusion
Annexe
Les différentes méthodes d’exploration cérébrale et neuromusculaire
Enregistrement de l’activité électrique cérébrale et classes d’activités recueillies
Topographie des aires corticales
Structures profondes, dont celles impliquées dans la douleur
Organisation plus détaillée des voies visuelles chez les primates
Références bibliographiques
Remerciements
Du même auteur chez Odile Jacob
Préface de François Gros

Qu’un de nos plus grands experts contemporains dans le domaine de la neurophysiologie, à l’issue d’une carrière de chercheur et d’analyste aussi riche que variée, nous livre ses conceptions actuelles sur l’esprit, la conscience et leurs infinies manifestations, sans négliger ni les références à l’histoire des idées ni les diverses théories de portée explicative, confère à cet ouvrage un caractère aussi attachant que fascinant.
Dans ce vaste champ d’études, aux confins de la psychologie, des neurosciences et du débat philosophique, se sont dégagées, jusqu’à présent, des positions généralement tranchées. Certaines, relevant d’une conception purement matérialiste, considèrent nos fonctions cérébrales comme de pures résultantes des activités des neurones du système nerveux central. Leurs correspondances fonctionnelles avec les facultés mentales devraient peu à peu livrer leur secret. D’autres approches correspondent à une attitude dualiste : sans écarter en aucune façon les travaux des neurobiologistes, elles réservent cependant à l’esprit une dimension particulière. Enfin, le spiritualisme se réclame d’une conception métaphysique, voire mystique, de ce même esprit et, donc, de forces ou d’instructions à caractère transcendant échappant à la pure analyse scientifique.
Pierre Buser, comme il le dit, a choisi d’aller plus loin. Tout en se défendant de toute tendance spiritualiste, il se définit comme un « néodualiste ». Son parti est de « conserver l’esprit », en lui désignant un contour particulier, « sorte d’espace distinct du corps, mais en contact direct avec lui ». Pour passer de l’objectif (par exemple, de l’activité neuronale pure) au subjectif et à ses diverses manifestations mentales (pensées, émotions, etc.) interviendraient, selon lui, des « traducteurs », opérant à la frontière neurone-mental. Ainsi se produirait une véritable « bascule qualitative ».
Comprendre ce passage, résoudre la nature de cette « traduction », permettrait d’accepter un jour le « subjectif mental » comme une réalité scientifique. Si Pierre Buser reconnaît que le mécanisme nous en échappe encore, si la nature de ce « saut » demeure incomprise, on peut néanmoins l’éprouver, le « vivre » en quelque sorte, grâce à l’introspection. Ainsi inspiré, l’auteur se livre à une sorte de néo-exploration de la conscience, cette fonction de connaissance introspective de notre activité mentale, tournée tantôt vers le monde extérieur, tantôt vers la connaissance qu’elle a d’elle-même ou de ce qui se passe dans l’esprit de l’autre.
Pour tenter de mieux en cerner l’éclosion, les contours et les limites, une des démarches n’est-elle pas de comparer l’homme à l’animal ? Ce en quoi Pierre Buser excelle, lui, ce neurophysiologiste rompu à l’étude du comportement animal, qui n’hésite pas à exposer ses idées à son chat familier et s’est intéressé aussi aux bonobos ! Ainsi entraîne-t-il le lecteur à suivre l’éclosion de ce qu’il appelle la « conscience primaire » ou « conscience de base », que partagent l’homme et certaines espèces animales, pour atteindre diverses formes de conscience réflexive propres à l’homme, lesquelles nous fournissent une connaissance introspective de notre activité mentale, tout en nous renseignant sur celle de l’autre. Interviennent ici les fameux neurones miroirs dont on sait que la découverte a révolutionné notre connaissance concernant notre aptitude à deviner l’action et à comprendre les intentions de l’autre, ouvrant un champ nouveau d’approche à cette manifestation subjective dont on parle tant aujourd’hui et que l’on qualifie d’empathie.
Mais, s’il est bien un domaine de l’esprit qui de tout temps a fasciné notre espèce et qui passionne tant de philosophes, d’écrivains et de poètes, sans oublier les publicistes, c’est bien celui de l’inconscient. Le lecteur ne sera pas déçu par l’extraordinaire voyage auquel nous invite l’auteur pour explorer cet état de notre esprit. Située entre l’inconscient cognitif et l’intuition, « cette connaissance immédiate sans interposition de raisonnement ou d’éléments symboliques, entre le sujet et l’objet », implique un véritable processus de filtration – comme dans nos « illuminations » –, sorte de « darwinisme mental » (J.-P. Changeux et A. Connes), et dont l’émotion est le principal moteur.
Enfin, conforme à son « engagement » de ne rien négliger de nos états mentaux et de nos comportements qui oscillent entre la conscience claire et les diverses manifestations qu’elle peut emprunter dans le champ de la subjectivité, l’auteur consacre une autre partie de sa réflexion à ce que l’on dénomme souvent les « états modifiés de conscience ». Ce n’est pas là le moindre attrait de ce grand voyage à travers les dimensions multiformes de notre activité mentale. Deux manifestations de ces états modifiés y sont analysées. La première est l’hypnose, « une modification originale, corporelle et mentale du sujet ». Depuis les fameuses expériences de Messmer sur les thérapies par les « forces inconscientes », en passant par les célèbres travaux de Charcot sur l’état d’hystérie, l’hypnose apparaît à Pierre Buser comme une véritable « bascule conscientielle d’ensemble », qui nous place dans un état particulier, distinct du sommeil, effaçant l’initiative motrice et « ouvrant une fenêtre sur l’inconscient ». L’autre état modifié, d’une portée psychologique et sociale très forte, objet ici d’une analyse particulièrement fouillée au plan tant historique que scientifique, est la méditation. Pierre Buser en analyse les multiples manifestations rattachables aux mysticismes de tant de religions et de civilisations. Comme le révèle l’auteur en guise de conclusion, c’est en comparant ces deux états modifiés, hypnose et méditation, que s’est détachée une caractéristique commune. Toutes deux reposent, en effet, sur le rôle de la « posture » somatique ou sur la monotonie de gestes symboliques, de paroles, voire de simples mots, dans l’apparition de mécanismes cérébraux modulant la conscience et peut-être même la vigilance.
Soulignons pour terminer que, tout savant et tout érudit que soit l’auteur de cet ouvrage, Pierre Buser parvient, dans l’exploration de ce domaine infiniment complexe, à se mettre à la portée du lecteur. La limpidité du style, le caractère direct et simple du dialogue permanent qu’il entretient, sans jamais sacrifier à l’exhaustivité de l’analyse tant philosophique et historique que scientifique, contribuent à faire de ce livre un grand livre.
Introduction

« Wovon man nicht sprechen kann darüber muss man schweigen . »
Ludwig W ITTGENSTEIN 1 .

Expliquer le mental 2 à partir du cerveau ? Où est le problème ? diront les uns, estimant que la mécanique neuronale du cerveau