Les Jardiniers de la nature
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Les Jardiniers de la nature , livre ebook

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Description

Nous vivons une crise sans précédent du lien entre l’homme et la nature. Déforestation, agriculture intensive, pillage des ressources, effondrement de la biodiversité ont brisé le contrat que nous avions peu à peu élaboré avec les plantes et les animaux qui nourrissent nos estomacs et nos imaginaires. Pour réécrire ce contrat sur des bases saines, il est urgent de comprendre l’évolution du lien millénaire auquel nous devons notre survie. C’est ce à quoi s’emploie Serge Bahuchet, qui a parcouru la planète pour nous faire partager son passionnant voyage aux sources des pratiques agricoles et culinaires, des techniques de chasse, de pêche ou de domestication des animaux et des plantes. Des pommes de terre du Pérou à la chasse au porc-épic chez les Pygmées, de la domestication de la carpe aux variétés de piments, et des civilisations du vin à celles de la bière, c’est une anthropologie de la vie quotidienne qui se dessine ici. Loin des clichés trop commodes du bon sauvage innocent ou du cruel prédateur et de la nature vierge, elle invite à suivre les ancestrales pérégrinations de l’« homme naturel » qui a su, au fil des siècles et des civilisations, trouver des solutions merveilleusement inventives et pleines de sagesse écologique. Serge Bahuchet, ethnoécologue, spécialiste de l’étude des relations entre les sociétés humaines et les forêts tropicales, est professeur au Muséum national d’histoire naturelle, où il a créé le département « Hommes, natures, sociétés ». 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 septembre 2017
Nombre de lectures 7
EAN13 9782738139092
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

En couverture : 1) « Poivre d’Inde étroit », le premier piment dessiné, dans la flore de Leonhart Fuchs, 1542 ; 2) Rizières à Shukakuyn, périphérie nord de Kyoto (Japon), 1994 ; 3) Troupeau de bovins du Tassili N’Ajjer (Sahara algérien) datant de 4 000 à 5 000 ans avant aujourd’hui ; détail d’un relevé par Henri Lhote dans les années 1960 ; 4) Couple de paysans koma du Nord-Cameroun, préparant leur champ de sorgho et d’igname.
Dans le cahier central en couleurs, toutes les photos sont de Serge Bahuchet, sauf mention spécifique.
Cartes : Laurent Venot, CNRS.
© O DILE J ACOB , SEPTEMBRE  2017 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-3909-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Ce livre est dédié à la mémoire des écologues Robert Barbault , qui m’a encouragé à l’écrire, et Jean-Marie Betsch qui m’a montré la complexité de l’ethnoécologie des sols.
Préface

Les Jardiniers de la nature. Un bien joli titre pour réfléchir aux interactions homme/nature… Mais comment un physiologiste environnemental peut-il proposer une préface à un tel ouvrage ? Tout simplement parce que l’humain est issu de cette nature, qu’il s’y trouve profondément immergé, et qu’il ne peut, s’il veut survivre, s’en séparer ou vivre « à côté » ! Serge Bahuchet insiste ici sur une foule de relations, depuis les origines, entre humains, et entre humains et non-humains.
Comment l’« empreinte » de l’humanité, de plus en plus pesante sur les écosystèmes divers, évolue-t-elle, et surtout, quand va-t-elle s’atténuer, voire disparaître ? Face à la démographie galopante et au changement climatique, comment allons-nous réagir et nous inscrire enfin dans une véritable démarche de « développement soutenable » ? « Le mouvement pour sauver la biodiversité doit être étroitement lié avec le mouvement pour la justice sociale, sinon virtuellement en prendre la forme… », écrivaient en 2005 les écologues John Vandermeer et Ivette Perfecto. Car la question est là : comment en finir avec cette économie destructrice qui consiste à faire du profit en détruisant la nature ou en la surexploitant ? Pourtant, depuis les années 1940, des alertes et des recommandations ont été préconisées, mais leurs auteurs ont trop souvent « prêché dans le désert » ! D’Arnaud Léopold à Rachel Carson ou Jared Diamond en passant par le Club de Rome ou le rapport Meadows, Jean Dorst, Paul Ehrlich et René Dumont, Jean-Marie Pelt, Robert Barbault ou encore Edward Wilson, tous ont alerté sur les périls à venir. Qui les a entendus ?
On peut toujours se dire que si nous n’avions rien fait, la situation serait bien pire ! Un cas emblématique, cependant, démontre que si nous prenons la situation à bras-le-corps, nous pouvons aller dans le bon sens : le « trou » dans la couche d’ozone (en réalité son amincissement), découvert en 1995, dû à l’abondance des dérivés chlorés dans l’atmosphère, et dont la genèse et la dangerosité n’avaient jamais été analysées auparavant. Cette inconséquence se retrouve quasi inchangée avec le réchauffement climatique : les émissions inconsidérées de gaz à effet de serre depuis deux cent quarante ans, liées à l’utilisation des ressources fossiles de charbon et de pétrole, nous ont menés à la situation actuelle de réchauffement rapide de l’océan et de l’atmosphère. Et cela s’accélère sous l’effet de la démographie, qui crée de nouvelles demandes tous les jours, et de la cupidité de certains dans la course au profit.
Le changement climatique n’est pas la principale cause de nos maux. Il s’ajoute aux destructions généralisées des écosystèmes, à la pollution massive, à la surexploitation des ressources vivantes et aux disséminations anarchiques des espèces. Ainsi les questions de l’énergie, de l’eau, de la biodiversité, de l’agriculture, de la pollution des milieux sont-elles déterminantes dans les relations entre l’homme et la nature. Serge Bahuchet nous raconte ici les causes de ce que nous vivons actuellement. Quand les premiers humains à quitter l’Afrique, grâce à des phases climatiques favorables, parviennent en Asie et en Europe, ils sont très peu nombreux et n’impactent pas davantage l’environnement qu’un animal omnivore de masse comparable. Ils ont donc pu vivre durablement en chassant et cueillant, mais ils durent ensuite, il y a 12 000 ans, cesser leur nomadisme et inventer la culture des plantes et les élevages d’animaux quand leurs populations commencèrent à croître rapidement.
Alors, l’homme est-il un jardinier ? Oui, et cela depuis plus de 10 000 ans. Cette phase a été essentielle dans le développement de notre espèce et de ses incroyables capacités d’adaptation à des situations changeantes ou inconnues qui lui ont permis cette mainmise sur les ressources de la planète, tant minérales que vivantes. Avec la domestication du feu, la mise en place de l’agriculture et l’invention de la machine à vapeur, la créativité humaine n’a cessé de développer des technologies de plus en plus sophistiquées, et parfois destructrices et contaminantes, qui l’ont amené à la genèse de ce fameux « Anthropocène » dans lequel nous sommes entrés. L’homme est toujours faber . Mais l’auteur nous rappelle très justement que les activités humaines, souvent délétères sur les écosystèmes, peuvent aussi être génératrices de biodiversité et de protection des milieux.
Alors, comment retrouver aujourd’hui l’harmonie perdue avec la nature ? Tirer les enseignements des comportements des Pygmées aka ou baka, si chers à Serge Bahuchet, ou des populations d’Amazonie ou de Papouasie ? Aujourd’hui parqués en lisière de leur forêt, ils sont devenus pauvres ! Ils nous disent pourtant que si nous « apprenons la nature » dans les livres ou par la télévision, nous ne la vivons pas… Devenus citadins, nous perdons peu à peu notre « identité naturelle » et nous voyons volontiers extérieurs à la nature. Alors, quelle est la solution ? Moins d’arrogance, une vraie « conscience humanitaire planétaire », comme le dit Edgar Morin, un profond respect du vivant, un sens du partage et de la justice sociale, une acceptation de ce que nous démontre l’écologie, à savoir que tout, sur notre Terre, est indissociablement lié.
Parvenir à (enfin) devenir sapiens au XXI e  siècle ? C’est admettre que nous ne sommes pas là pour dominer, maîtriser ou « améliorer » la nature, mais pour vivre en harmonie avec elle ! Puisse ce livre de Serge Bahuchet nous y aider.
Gilles B OEUF , professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle.
Introduction

Requins tueurs, ours des montagnes, envahissement des côtes par les algues vertes, trafic de viande de cheval , destruction de la forêt équatoriale , il n’est pas une semaine sans que des thèmes touchant aux relations conflictuelles entre nos sociétés et les autres êtres vivants, ce que l’on nomme la diversité biologique , ne donnent lieu à des articles dans les journaux. Ils soulèvent inquiétude, agacement ou indifférence ; ils suscitent débats et empoignades entre activistes et décideurs, ou entre élus de différents partis politiques.
L’objectif de ce livre est d’offrir un regard différent sur ces oppositions tranchées, en montrant combien l’existence de l’espèce humaine, depuis ses origines lointaines jusqu’à aujourd’hui, est intimement liée à la diversité biologique , en quoi elle en dépend, et comment elle a interagi avec elle.
L’ethnoécologue que je suis a commencé sa vie de jeune chercheur en s’installant loin des routes, dans un campement pygmée au fond de la forêt africaine, pour comprendre l’intimité éternelle d’un groupe humain avec un écosystème remarquable. Il fallait être bien naïf pour oublier que les routes s’allongent, et que des endroits inaccessibles cessent de l’être à tout instant de la marche des siècles. Qu’il le veuille ou non, l’ethnologue, à mesure qu’il cesse d’être jeune, rencontre sur son chemin, au bout de la forêt, les effets de son propre monde, ce que l’on nomme curieusement « progrès », « modernisme » ou encore « développement ». Il observe l’érosion d’un système qu’il a connu, et reste perplexe sur les capacités de sursaut des habitants de son vieux campement. Il se croit porteur d’un savoir, voire d’un message, et enrage que son avis ne soit jamais sollicité.
J’ai passé près de quarante ans à étudier et à décrire le mode de vie et l’ethnoécologie des sociétés de la forêt d’Afrique centrale , puis à tenter d’en dégager l’histoire, à travers les langues et les cultures. Alors que ce travail approche de son terme, les conditions locales ont bien changé, au point de rendre les groupes étudiés presque méconnaissables. Dans le même temps, les pressions sur les forêts ont augmenté : la quête du bois s’est accrue, des ressources minières ont été découvertes… Inversement, il est apparu que la riche diversité biologique de ces écosystèmes fragiles devait être protégée : on a donc créé des réserves, des parcs nationaux . Les populations rurales naguère isolées se retrouvent en plein cœur d’une zone exploitée ou protégée.
À construire des projets qui s’opposent aux communautés locales, on n’apporte de solution durable ni au développement ni à la conservation . Qui sont alors les grands oubliés de ces projets ? Les paysans qui habitent les forêts. En 2013, les chasseurs-collecteurs d’Afrique centrale , l

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