Les Désordres du cerveau émotionnel , livre ebook

Odile Jacob - Bruno Millet-Ilharreguy

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167 pages

Français

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Extrait

Description

Le mal-être et les troubles mentaux peuvent affecter chacun d’entre nous. Ils s’accompagnent presque toujours de troubles émotionnels. Le cerveau joue un rôle déterminant dans ces phénomènes. En le connaissant mieux, on sait mieux reconnaître et traiter ces désordres. Dans ce livre, Bruno Millet-Ilharreguy montre comment le progrès accéléré des neurosciences a bouleversé notre connaissance du fonctionnement psychique et des fonctions émotionnelles du cerveau. En s’appuyant sur de nombreux cas cliniques, il passe en revue les méthodes de prévention et les outils thérapeutiques existants – lutte contre le stress et les addictions, psychothérapies, psychotropes, etc. –, et en rappelle les succès. Il présente également de nouveaux traitements innovants. Le recours à la réalité virtuelle, le neuro-feedback et les différentes formes de stimulation cérébrale, électrique ou magnétique sont en train d’ouvrir des pistes prometteuses pour soigner les troubles mentaux et les désordres émotionnels. Une révolution thérapeutique en perspective ? Un message d’espoir pour lutter contre la souffrance mentale, et en particulier contre le fléau si répandu de la dépression. Bruno Millet-Ilharreguy est professeur de psychiatrie adulte à Sorbonne Université, il exerce à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il est spécialiste des TOC et de la stimulation cérébrale, et coordonne au sein de l’Institut du cerveau (ICM) une unité de recherche clinique pour tester de nouvelles approches technologiques en psychiatrie. Il est l’auteur de Mieux soigner les TOC. Les promesses de la stimulation cérébrale (2015).

Sujets

Science

Neuroscience

Sciences et techniques

Life Sciences

Informations

Publié par	Odile Jacob
Date de parution	20 octobre 2021
Nombre de lectures	6
EAN13	9782738154309
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , SEPTEMBRE 2021 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5430-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Tandis que lié au temps
Et aux choses
Enfanté sur un sol
Aux racines multiples
L’homme naquit tributaire
D’un passé indélébile
Le lieu prit possession
De sa chair
De son souffle
Les stigmates de l’histoire
Tatouèrent sa mémoire
Et sa peau […]
Andrée C HEDID , Rythmes , 2003
À mes parents, ma femme Christine, mes filles Mathilde, Marie et Pia, à mes nombreux amis, collègues ou non, qui me poussent à la curiosité, et au soutien des innovations pour la connaissance du cerveau, qui aident aussi nos patients.
Préambule

Les maladies psychiques s’accompagnent presque toujours de troubles émotionnels. Le cerveau joue un rôle déterminant dans l’ensemble de ces phénomènes. Le progrès des neurosciences, en permettant l’exploration plus fine du cerveau, a profondément bouleversé notre connaissance du fonctionnement psychique. Il a permis l’avènement, au côté des thérapeutiques existantes qui continuent de se développer, de traitements innovants, qui vont des psychotropes jusqu’à différentes formes de stimulation cérébrale, électrique ou magnétique.
Il sera bien sûr question de ces nouveaux outils thérapeutiques, mais n’allons pas trop vite… Ce livre est écrit par un psychiatre, c’est-à-dire quelqu’un qui est habitué à s’occuper de patients , autrement dit de personnes qui n’ont pas trouvé d’autre moyen, pour aller mieux, que de s’adresser à un médecin qualifié, qui connaît le cerveau et ses interfaces. Pour la majorité des êtres humains, nul besoin de se précipiter chez un psychiatre. Il faut plutôt apprendre à reconnaître le problème. Quelle est sa nature ? Y a-t-il une rupture avec le fonctionnement habituel ? Les difficultés sont-elles survenues à la suite d’un changement brutal ? Sont-elles à rapprocher d’une modification du mode de vie, de l’apparition d’une maladie physique, ou s’inscrivent-elles dans le cadre d’un deuil récent ? La personne prend-elle des médicaments ? Utilise-t-elle des substances illicites ?
La démarche de la reconnaissance du trouble et de son contexte est un préalable indispensable à sa résolution. Chacun, à son niveau, est capable de répondre à beaucoup de questions et, à partir des réponses qu’il apporte, de favoriser le règlement du problème. L’arrêt du cannabis ou de l’alcool peut tout simplement, dans certains cas, résoudre l’impasse à laquelle votre enfant, votre conjoint, votre ami est confronté… En matière de trouble émotionnel, la réflexion psychologique, l’évocation du problème avec la personne concernée représentent des étapes indispensables à la remise en ordre de la situation.
Un des enjeux majeurs dans la médecine moderne concerne la prévention. Avant d’aborder les maladies psychiatriques, souvent d’origine neurodéveloppementale, il apparaît souvent possible de prévenir ce que l’on qualifie maintenant dans les troubles psychotiques de « transition ». Cette période désigne le moment où souvent, chez l’enfant, l’adolescent ou le jeune adulte, un effort très intense doit être fourni pour retarder voire éviter que la période délirante en vienne à émerger puis à se chroniciser. Une partie de cet ouvrage insiste sur les moyens de prévenir l’entrée dans la maladie psychiatrique, dans la dépression, dans le stress chronique, dans l’addiction sévère, voire dans la psychose délirante.
Si les traitements supposent plutôt des approches menées par des spécialistes, il reste toutefois indispensable que la personne en proie à un désordre émotionnel ou son entourage en connaisse un peu plus sur ces nouveaux traitements qui en même temps que le numérique ou les innovations écologiques vont contribuer à transformer notre monde. Le but de cet ouvrage est d’en donner une présentation simple et actualisée qui permette à chacun d’en être informé.
Introduction

Biarritz, le 3 août 2017. Coup de téléphone de David. « Docteur, dit-il, rassurez-vous, tout va bien… Simplement, pouvez-vous me dire combien de temps les piles de mon stimulateur vont durer… parce qu’en septembre je dois reprendre une activité professionnelle et comme je suis guéri de mes TOC, je veux être sûr qu’elles ne vont pas s’arrêter de fonctionner, car je reprends un travail. »
David souffre de troubles obsessionnels-compulsifs (TOC). Il est suivi depuis maintenant trois ans dans l’unité de stimulation cérébrale visant les troubles obsessionnels-compulsifs et les addictions (Stocad) à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ses manifestations ont débuté à la suite d’un accident de travail. Au cours de son activité de soudeur, un instant d’inattention a entraîné un incendie puis une explosion. Plusieurs blessures au troisième degré au niveau du bras gauche, dans le dos, ont failli lui être fatales. David va être hospitalisé pendant plus de six mois, d’abord dans un service de grands brûlés, où il est traité par une greffe de peau sur le dos. Finalement, après une longue période de rééducation, il récupère sur le plan physique, mais des obsessions de contamination avec des rituels de lavage envahissent rapidement sa vie et finissent par entraîner un handicap majeur. Bien qu’étant considéré comme apte à la reprise de son activité par la médecine du travail, il ne parvient pas à reprendre son travail. Et pour cause : envahi par l’idée de saleté, il passe plus de cinq heures par jour sous la douche à se nettoyer de saletés… imaginaires. Son entourage ne comprend pas. Comment, après être passé si près de la mort, David en arrive-t-il à se plaindre d’une contamination imaginaire ? Il sait que ses amis ne reconnaissent pas celui qu’il était auparavant. Lui, qui était très à l’aise au sein de sa famille et de son entourage, est aujourd’hui devenu renfermé et n’est plus que l’ombre de lui-même. Mais c’est plus fort que lui : même s’il sait que l’on va se moquer de lui, il doit s’adonner à ses rituels interminables de lavage. Les TOC ont progressivement envahi sa sphère intime. David cherche à s’informer : il lit des livres, regarde des émissions qui décrivent ces comportements excessifs, ces TOC mal connus encore par de nombreux médecins. Après avoir consulté plus de dix professionnels de psychiatrie, il se rend sur Internet pour s’informer sur les nouvelles thérapeutiques des maladies du cerveau.
Il tombe sur une conférence produite par l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et prend rendez-vous à Paris. Il lui faut organiser son voyage depuis Arcangues, au Pays basque, jusqu’à la capitale – un véritable effort, pour cet homme débordé par ses doutes. Mais David n’en peut plus. Envahi par ses obsessions et ses rituels, il a fini par perdre son emploi et peine à obtenir un statut d’adulte handicapé. C’est donc sur ses maigres ressources qu’il se rend à la consultation de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris.
Les yeux bleus, l’allure sportive… David donne l’impression extérieure d’une grande assurance. C’est un physique imposant, il pourrait être rugbyman. Pourtant, direct, il explique qu’il ne peut plus rien faire. « Même les femmes, dit-il, ne veulent plus de moi. » Sa petite amie s’est séparée de lui. « Je la comprends… c’est devenu insupportable », ajoute-t-il.
Les TOC sont sévères chez lui, même si David ne présente pas de troubles de la personnalité associés, autrement dit, des troubles excessifs de son caractère ou de son tempérament. Après l’usage des stratégies thérapeutiques habituelles recommandées sur le plan international, qui, hélas, se révèlent sans succès, un protocole de stimulation cérébrale profonde (SCP), lui est proposé. Cette intervention neurochirurgicale consiste à implanter des électrodes dans des structures situées à l’intérieur du cerveau, appelées « ganglions de la base » ou encore « noyaux gris centraux ». La procédure opératoire dans sa globalité prendra plus de deux ans, avec de nombreuses péripéties. L’intervention chirurgicale a lieu au mois d’avril et se déroule sans complications infectieuses ou hémorragiques. Quinze jours après la chirurgie, il peut sortir de l’hôpital. Avant de partir, les paramètres de la stimulation sont adaptés par le staff médical et la stimulation effective est débutée avec prudence. Très vite, le personnel se rend compte que David a du mal à respecter les consignes. Pour faciliter ses déplacements, et afin que le suivi médical soit moins coûteux, il est mis en contact avec le centre de Bordeaux. Malheureusement, il ne se rend pas aux rendez-vous proposés. De retour au Pays basque, au lieu de s’arranger, la vie familiale semble se compliquer. Des conflits familiaux se cristallisent autour des TOC. David, après beaucoup de rebondissements, quitte sa conjointe. Puis en trouve une autre.
La tension semble monter d’un cran. Il va même tenter de mettre fin à ses jours. C’est l’hôpital de Bayonne qui reprend contact avec l’équipe de la Pitié-Salpêtrière, à la suite de la tentative de suicide : les médecins du centre n’osent pas toucher au dispositif de stimulation. David est à nouveau transféré sur Paris. Les paramètres de stimulation sont légèrement modifiés, mais surtout David est rassuré : il s’est rapproché de l’équipe médicale, qui peut ainsi mieux contrôler la situation. Un mois s’écoule. Puis David repart à Biarritz. Il attendra plusieurs mois avant de donner de s