Le Cerveau intime
83 pages
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Le Cerveau intime , livre ebook

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Description

Qui n’a jamais rêvé d’entrer dans son propre cerveau ? De le visiter de l’intérieur ? De découvrir, pas après pas, cet univers mystérieux de synapses et de neurones, de connexions et de réseaux ? Voici le plus précieux des guides pour un étonnant voyage au plus intime de nous-même. Le cerveau orchestre notre corps et nos sens, notre mémoire et notre pensée, notre représentation du monde et notre relation aux autres. De l’émotion à l’intelligence, du stress au plaisir, du langage à la société, il nous raconte une histoire, la nôtre. Professeur à l’université Claude-Bernard-Lyon-I, Marc Jeannerod est directeur de l’Institut des sciences cognitives. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont, aux Éditions Odile Jacob, La Nature de l’esprit, De la physiologie mentale, histoire des relations entre biologie et psychologie, et avec Jacques Hochmann, Esprit où es-tu ?Psychanalyse et neurosciences. Il est également l’auteur de l’exposition Le Cerveau intime à la Cité des sciences et de l’industrie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2002
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738186799
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , C ITÉ DES SCIENCES ET DE L’INDUSTRIE, AVRIL 2005
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-8679-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Introduction  Mon cerveau et moi

Nous pensons nous connaître, nous croyons être des experts sur nous-mêmes. Mais ce savoir peut-il nous donner accès à notre moi véritable ? Peut-on vraiment se connaître soi-même ? Nos propres réactions nous étonnent parfois. Des forces agissent en nous, dont le contrôle semble nous échapper : nos émotions se déclenchent sans prévenir, nos rêves s’imposent à nous, parfois de façon brutale. Qui donc agit en nous ? Sommes-nous autre chose que nos cerveaux ? Existe-t-il une autre réalité derrière la réalité biologique ? Le chercheur, quant à lui, ne peut concevoir qu’une seule explication à la fois. Il pense qu’une réalité biologique, et donc déterminée par des lois de fonctionnement de la matière vivante, ne peut cohabiter avec une autre réalité qui ne suivrait pas les mêmes lois. Il faudrait imaginer que nous vivons dans deux mondes à la fois, chacun régi par des lois différentes, une sorte de grand écart physiquement impossible.
Nous verrons cependant au fil de ces pages que, même si l’on n’admet qu’une seule réalité, il existe de multiples possibilités d’échapper au dilemme du déterminisme. En cherchant à départager le rôle du génome, du corps, du cerveau, de l’histoire personnelle et collective dans notre fonctionnement mental et psychique, nous verrons se dessiner la part d’autonomie, de liberté, dont chacun de nous dispose pour affirmer son individualité.

Le moi
Le moi est cet ensemble qui résulte de la combinaison de facteurs biologiques et d’une histoire personnelle. Ma mémoire, mon affectivité, mes pensées, mes rapports avec les autres témoignent de cette double appartenance. C’est ce qui fait qu’en définitive je me reconnais comme moi-même et que les autres me reconnaissent comme une personne différente d’eux. Ce problème de l’ individuation se pose à tous les niveaux, depuis l’expression de mon génome jusqu’à celle de mes facultés cognitives, au cours du développement de l’enfant comme chez l’adulte. Mon cerveau est un acteur de mon individuation, de mon moi intime. C’est à la fois la justification du titre donné à ce livre et des tentatives que nous ferons de pénétrer dans le monde secret de nos pensées et de nos sentiments.

Un génome
Commençons par le début. Comme tout être vivant, chaque être humain contient un génome, c’est-à-dire un ensemble de chromosomes sur lesquels sont fixés des gènes. Ce génome résulte de l’assemblage des deux génomes contenus dans les cellules sexuelles des géniteurs. Il s’exprime progressivement au cours de la vie embryonnaire pour contrôler la multiplication des cellules de l’organisme, pour définir la taille et la forme des organes et, pour ce qui est du cerveau, pour spécifier les connexions entre les diverses régions qui le composent. Ce programme, toutefois, ne se déroule pas aveuglément. L’expression d’un gène, dans sa chronologie comme dans son intensité, dépend de multiples interactions à l’intérieur même du génome, entre le génome et ses effets sur l’organisme et aussi entre l’organisme et le monde extérieur.

Un cerveau
Le cerveau est donc le résultat d’un plan génétique. Tous les cerveaux humains se ressemblent. Les connexions entre le cerveau et les organes des sens sont organisées selon une anatomie qui est la même pour tous. De même, les connexions d’une région à l’autre obéissent à des règles communes. Ces connexions s’établissent au cours de la vie embryonnaire et au cours de la petite enfance en suivant des trajets constants. Si les fibres suivent les mêmes trajets et parviennent au même but chez tous les individus, tous les cerveaux devraient être identiques. Or ce n’est pas le cas. D’abord, pour une raison de quantité : le nombre de cellules du cerveau et le nombre de connexions par neurone sont si élevés qu’il paraît impossible que le génome puisse coder avec précision toute cette organisation. Tout ne peut donc être programmé. Ensuite, pour une raison fonctionnelle : le cerveau ne se développe pas seul, il est tributaire de ce qui se passe dans le reste du corps et, après la naissance, dans le monde extérieur. Ces influences sont la source d’une adaptation permanente de l’organisation du cerveau : des neurones meurent, des fibres se déconnectent, des synapses se modifient. Ces changements, même s’ils sont encadrés par des programmes génétiques, sont nécessairement soumis à de nombreux facteurs, internes ou externes, qui varient d’un individu à l’autre. La vitesse de croissance des fibres est fonction des taux d’hormones de croissance et d’hormones sexuelles, qui dépendent de la maturation des glandes sécrétrices. L’efficacité des synapses varie en fonction du flux d’information qui les traverse : chacun de nous est soumis au cours de son enfance et tout au long de sa vie à une configuration unique d’influences du milieu extérieur qui retentit sur la forme et le fonctionnement de nos réseaux cérébraux.

Un corps
Toute explication du fonctionnement du cerveau doit donc tenir compte de l’existence des multiples relations qui l’unissent au reste du corps. Le corps, par les organes sensoriels disposés sur toute sa surface (dans la peau, la rétine, la cochlée, etc.) et par les signaux qui résultent de son propre fonctionnement, envoie au cerveau des informations sur l’état du monde extérieur et intérieur. En retour, le cerveau contrôle l’ensemble de l’organisme, non seulement par les fibres nerveuses qui le connectent aux muscles du squelette et des viscères, mais également par l’intermédiaire des signaux chimiques, comme les hormones, qu’il émet en direction des récepteurs placés dans les organes. C’est ainsi que des influences venues du reste du corps peuvent modifier l’état cérébral, ou que, à l’inverse, le cerveau contribue à modifier l’état du corps pour le préparer à l’effort ou pour l’adapter aux conditions de l’environnement. Le corps possède une mémoire : il est modelé par les conditions de vie, l’entraînement physique, l’alimentation, les maladies, autant de facteurs qui l’individualisent et le personnalisent au même titre que tous les éléments qui forment cette unité qu’est le moi.

Une histoire
Deux individus, quel que soit leur degré de proximité, ne peuvent avoir la même histoire, la même expérience, le même rapport au monde des choses ou des idées. La raison en est simple : ils n’occupent jamais en même temps la même position dans l’espace, et leurs points de vue sur les événements sont donc nécessairement différents. Deux jumeaux homozygotes, possédant en principe le même génome et dont les cerveaux se sont développés au même rythme (nous savons que ce n’est en fait pas le cas), qui seraient élevés dans la même famille et partageraient les mêmes événements, n’auraient pourtant pas la même expérience du monde. Le caractère individuel de la construction de notre cerveau et celui de la constitution de notre histoire suit le même décours, chacune étant la garante de l’autre.
Notre histoire commence en fait avant nous, puisqu’elle précède la constitution de notre génome. Les parents qui en sont le véhicule sont porteurs d’un projet qui fait de ce génome un ensemble intentionnel et non le fruit d’un pur hasard. Notre société a construit un cadre pour la reproduction, qui fait que le comportement reproductif dépend aussi de l’histoire, de l’expérience et des attentes des procréateurs, facteurs sur lesquels la biologie n’exerce que peu de contraintes.
Nos souvenirs, les traces laissées par les événements quotidiens, banaux ou exceptionnels, s’accumulent dans notre mémoire où ils se mélangent, se transforment. Ceux qui ont vécu les mêmes choses que nous, de nouveau, ne peuvent s’y reconnaître : mon cerveau transforme et modèle mes souvenirs, il est pétri de ces traces qu’il exploite de multiples façons et qu’éventuellement il oublie. Grâce à sa plasticité, il se construit en fonction de cet apport éducatif, parental, social qui fait mon individualité. Mon cerveau connaît mon corps, il a traversé avec lui les situations de la vie et a appris à réagir selon ses choix.
Chapitre premier
Fabriquer un cerveau

Au tout début de la vie embryonnaire, le cerveau n’a qu’une existence potentielle. Il est contenu en devenir dans les cellules qui constituent la crête neurale de l’embryon de quelques jours. Des gènes particuliers, les gènes architectes, présents dans le génome de chaque individu, vont jouer le rôle d’organisateurs du plan d’ensemble de l’organisme : ce sont eux qui déterminent la formation de l’axe de l’embryon, qui commandent l’emplacement des parties du corps les unes par rapport aux autres et des organes à l’intérieur du corps. Ils sont activés dans un certain ordre à différents stades du développement de l’embryon : par exemple, ceux qui codent la formation et l’emplacement de l’extrémité céphalique (la tête, la face, le cerveau) sont activés les premiers, puis ceux qui codent la formation du thorax et ainsi de suite. Ces gènes (appelés les gènes Hox chez l’être humain) ont d’abord été découverts en étudiant le développement embryonnaire d’une petite mouche, la drosophile. On peut ainsi créer des drosophiles transgéniques caractérisées par l’absence d’

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