Le Cerveau de l Enfant
112 pages
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Le Cerveau de l'Enfant , livre ebook

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Description

Voici une stupéfiante plongée dans le cerveau en train de se constituer à mesure que l’enfant croît et s’éveille. Fini le temps où ce que l’on disait du bébé était inspiré par des théories fumeuses et des observations vagues ! Aujourd’hui, nous connaissons mieux le cerveau et la façon dont il se développe, dès les premiers jours de la grossesse. C’est ce formidable ensemble de connaissances que nous fait ici découvrir l’un des meilleurs spécialistes mondiaux du cerveau en gestation. Pas à pas, on y verra se mettre en place ce qui, chez l’enfant, permettra la vue, l’audition, la conscience, l’échange et la parole, la mémoire. Hugo Lagercrantz est professeur de pédiatrie et de néonatologie à l’Institut Karolinska de Stockholm.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 février 2008
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738194626
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cet ouvrage a été publié initialement par Bonnier Fakta, sous le titre  I Barnets Hjärna .
© Hugo Lagercrantz, 2005
Édition française : © ODILE JACOB, FÉVRIER 2008
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9462-6
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Préface

La biomédecine avance à une vitesse exceptionnelle. C’est sans conteste dû aux immenses progrès de la génétique. Un demi-siècle s’est déjà écoulé depuis la première étape du recensement du génome humain. Désormais, la biomédecine s’intéresse davantage à l’exploration du cerveau de l’homme, objet fascinant s’il en est. C’est un champ de recherche qui comporte encore bien des territoires inexplorés, et attire les scientifiques de différents horizons.
Malgré les progrès considérables de la recherche médicale, nous manquons toujours de connaissances concernant quelques phénomènes vraiment primordiaux pour nous, êtres humains. À titre d’exemple, nous ne savons toujours pas pourquoi nous dormons, ou ce qui se passe alors. Les rêves constituent un autre mystère qui n’a pas encore été élucidé. Quant aux bases cellulaires et moléculaires de la mémoire, elles restent en grande partie inconnues.
Le projet HUGO, grand projet international de séquençage du génome humain, nous a réservé bon nombre de surprises lorsque les résultats ont été divulgués au printemps 2001. Notamment que le génome humain contient beaucoup moins de gènes que prévu – il n’en compte qu’environ 25 000. Comment si peu de gènes peuvent-ils créer quelque chose d’aussi complexe qu’un cerveau humain ? Voici encore une autre énigme !
D’ici quelque temps, l’exploration du cerveau humain nous permettra sans aucun doute d’appréhender les mécanismes fondamentaux du système nerveux. Cela nous conduira à concevoir de nouveaux et meilleurs traitements contre les maladies psychiatriques, lesquelles provoquent actuellement de grandes souffrances, comme en témoigne l’augmentation accélérée de la consommation de psychotropes. Personne ne saurait contester l’intérêt, sur le plan médical, des recherches sur le cerveau. Cependant, il est évident qu’une connaissance poussée des fonctions cérébrales aura aussi des conséquences indésirables. En comprenant certaines fonctions cérébrales, nous disposerons de la possibilité d’agir sur elles et sur d’autres processus mentaux. La question est de savoir quel sort il nous faut réserver aux connaissances susceptibles d’expliquer les comportements de l’être humain, comme ses émotions.
L’une des premières tâches de l’Académie royale des sciences est de faire mieux connaître les résultats des travaux de recherche, non d’identifier les problèmes de société qui émergent lorsque la recherche gagne de nouveaux territoires. Désireuse de diffuser auprès d’un grand public certaines découvertes concernant le développement et la fonction du cerveau humain, l’Académie royale des sciences a entamé une collaboration avec le professeur Hugo Lagercrantz, précurseur et autorité en ce qui concerne le développement du cerveau chez le nouveau-né. Puisse ce livre, car tel est notre espoir, apporter à tous ses lecteurs quelques notions fondamentales sur l’organisation et le fonctionnement du système nerveux chez l’être humain.
Professeur Ulf Pettersson, Président de la Commission de bioéthique près l’Académie royale des sciences
Chapitre premier
Genèse et fonctionnement du cerveau : petite perspective historique

Le fait de naître, de décrocher un diplôme important, de se marier ou de remporter une médaille d’or sont des événements majeurs dans une existence. Mais rien n’égale la gastrulation , qui en constitue l’événement le plus fondamental selon l’embryologiste réputé Lewis Wolpert. Sans elle, en effet, nous resterions sous la forme d’un agrégat de cellules ressemblant à une framboise, la morula. La gastrulation survient au cours de la 3 e  semaine qui suit la fécondation, et permet à la morula à s’organiser. Avant la gastrulation, toutes les cellules sont identiques, et chacune peut devenir un être humain ou un animal. Lors de la gastrulation , un individu en trois dimensions apparaît, avec une face dorsale et une face ventrale, une tête et une queue. De même, le système nerveux central s’esquisse sous la ligne neurale.

L’événement le plus important de la vie – la gastrulation . Entre les couches cellulaires externe et interne se forme un tube, qui constitue l’ébauche de l’axe rostro-caudal . À partir de celui-ci s’organisent la tête et les différents segments du corps. Le disque embryonnaire se transforme en un individu tridimensionnel.
À la naissance, le cerveau contient 100 milliards de neurones. Comment réagissent-ils lorsqu’ils sont stimulés par de nouvelles impressions visuelles, auditives ou olfactives provenant de l’environnement situé à l’extérieur de l’utérus ? Que se passe-t-il dans le cerveau du nouveau-né quand celui-ci sort de son sommeil fœtal, ou lors de son premier contact visuel avec sa mère ? Que peut penser un bébé de 6 semaines quand il répond à un sourire ? Que se passe-t-il dans le cerveau d’un enfant de 3 ans pendant une promenade des plus banales au supermarché du coin ? L’adulte pense surtout aux courses qu’il doit faire, et seule une zone limitée de son cerveau s’active. Chez l’enfant, en revanche, d’importantes régions du cerveau sont activées, et à chaque seconde se crée un million de connexions entre les nerfs, qu’on appelle synapses. Les portes qui s’ouvrent et se ferment, les plaques d’égout sur le trottoir, les pavés, la pizzeria, les gens en route pour le travail, les enfants et les personnes âgées, les chiens et les poussettes – tout donne lieu à des questions en cascade que l’enfant pose ensuite à l’adulte.
La question de la genèse du cerveau suscite chez l’être humain un sentiment d’émerveillement et de respect, comme celle de la genèse de l’Univers, pour paraphraser le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804) – Kant, lui, pensait au moi invisible et à la morale, pas au cerveau qui en est le substrat. L’homme semble plus curieux de savoir comment il est devenu ce qu’il est que de connaître la provenance des trous noirs dans l’Univers.
Avant de vous raconter la genèse et le développement du cerveau, je vous propose ici un bref historique de l’évolution des conceptions modernes du fonctionnement du cerveau.

Le cerveau, siège de l’esprit
Autrefois, on considérait généralement que l’enfant commence à vivre lorsqu’il naît et respire pour la première fois. Léonard de Vinci (1452-1519), sur son célèbre dessin de fœtus, note ainsi que celui-ci ne vit pas avant de naître. On parle alors d’esprit animé ou spiritus . Selon le médecin grec Galien (130-201), le pneuma psychique, autrement dit l’air, est créé dans la cavité du cerveau, et circule ensuite dans les nerfs. Cet air sacré communique des impressions sensorielles et des impulsions aux muscles. Pour Aristote (384-322 av. J.-C.), c’est le cœur qui est le siège de l’activité intellectuelle la plus élevée – l’âme –, et les impressions visuelles et auditives sont transférées par l’air directement vers le cœur.

Le cerveau chez le fœtus et l’enfant, dessiné par Gustaf Retzius et publié dans Das Gehirn des Menschen (« Le cerveau de l´homme ») en 1896. C’est vraisemblablement Retzius qui a défendu l’attribution du prix Nobel décerné à Ramón y Cajal et Camillo Golgi en 1906. En collaboration avec Cajal, il a découvert les cellules nommées Cajal-Retzius dans le cerveau.
C’est seulement au cours de la Renaissance qu’on comprend que le cerveau est le siège de l’activité intellectuelle. Des études et des dessins précis sont effectués par le Flamand Vesale (1514-1564), qui exerce à Padoue. Celui-ci intitule son ouvrage de planches anatomiques De humani corporis fabrica. Le corps et son cerveau ne sont plus à l’image de Dieu, mais une fabrique. Cette conception est partagée par René Descartes (1596-1650) qui, lui aussi, considère le cerveau comme une machine. Reste cependant le problème de l’âme qui, selon Descartes , est en relation avec le cerveau à travers la glande pinéale ( corpus pineale ). En bon catholique, Descartes ne peut pas prétendre que l’âme est également matérielle. D’où son dualisme, avec, d’un côté, le cerveau matériel et de l’autre, l’âme immatérielle ou esprit.
La grande avancée dans la description et la compréhension du cerveau a lieu à Oxford, en Angleterre, vers le milieu du XVII e  siècle. Thomas Willis (1621-1675) fait la distinction entre la substance grise, où a lieu l’activité intellectuelle même, et la substance blanche, qui distribue le spiritus ou l’influx nerveux à tous les organes du corps. Il situe l’âme dans le corpus striatum , le corps strié, un peu en dessous de la glande pinéale de Descartes . On sait aujourd’hui qu’il participe au contrôle de la coordination des mouvements : cette zone contient une grande quantité de dopamine , qui diminue lors de la maladie de Parkinson. Pour en revenir à Willis, suite aux pressions exercées par l’archevêque de Canterbury, il est finalement contraint d’admettre que l’âme est inaccessible au scalpel.

Le portrait de Descartes , ici transposé sur l’un de ses dessins du cerveau. Au centre, on voit la glande pinéale, qui selon le philosophe sert de point d’articulation entre le cerveau et l’âme (d’après N. Wade, avec son aimable autorisation).

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