L ADN fossile, une machine à remonter le temps
134 pages
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L'ADN fossile, une machine à remonter le temps , livre ebook

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Description

Cuvier reconstituait un squelette à partir d’une dent. Deux siècles plus tard, sur la base d’un minuscule fragment d’os, et grâce à des méthodes génétiques de pointe, la découverte de l’homme de Denisova bouleverse le lignage humain en lui ajoutant une espèce qui ne survit que par les traces laissées dans notre ADN. La paléontologie et l’archéologie sont devenues moléculaires. Plus fort que Jurassic Park, où le passé revit dans la fiction, avec le séquençage de l’ADN, la paléogénétique s’est inventé une vraie machine à remonter le temps, inaugurant un extraordinaire voyage scientifique. Ludovic Orlando en est un pionnier. Son livre montre comment la génomique, grâce aux progrès fulgurants de la génétique, jette un éclairage inédit sur l’évolution de l’homme — ses migrations, ses sociétés et même ses langues —, mais aussi sur les grandes épidémies du passé, l’évolution du cheval et sa domestication, la naissance de l’agriculture, etc. C’est passionnant comme un roman policier : on résout des énigmes, de l’origine de la tortilla au mystère de l’extinction du mammouth et de l’ours des cavernes. C’est politique, aussi : déconvenue des suprémacistes blancs apprenant que l’homme de Cheddar, ancêtre emblématique des Britanniques, avait la peau noire ; usage biaisé de données génétiques contre les Palestiniens ; révélations sur un guerrier viking qui se révèle avoir été… une femme. Avec la paléogénomique, science d’avenir révélant un passé qui a des enjeux pour le présent, Ludovic Orlando nous entraîne dans une aventure scientifique éblouissante, aux confins du monde et dans la profondeur des temps. Ludovic Orlando est docteur en paléogénétique, directeur de recherche au CNRS, et dirige le centre d’anthropologie et de génomique de Toulouse à l’université Paul-Sabatier. Il est l’auteur du séquençage du plus ancien génome connu à ce jour, a été le premier à caractériser un épigénome ancien et à reconstituer l’histoire génomique de la domestication du cheval. Jean Guilaine est professeur émérite au Collège de France, spécialiste du Néolithique. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 janvier 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738154248
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , JANVIER  2021 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5424-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Composition numérique réalisée par Facompo
À Jean, pour m’avoir soufflé l’idée du livre, et pour si bien démontrer que la science n’a pas d’âge. À Andaine, Véra, Fanny et Lotar, pour accepter que mes travaux nous volent chaque jour autant de moments précieux. Puisse cette lecture vous rendre compte de là où je vais souvent sans vous et nous restituer ainsi un peu de ce temps perdu.
Préface

Le séquençage de l’ADN, désormais à portée de tout individu, n’aurait-il pour objectif que de prévenir les maladies imputables au patrimoine génétique dont nous sommes porteurs ? Heureusement non et c’est la grande histoire de l’évolution de l’humanité que la génétique peut désormais retracer. Et pas seulement puisque plantes et animaux viennent également collaborer pour fixer la trame d’une généalogie de l’ensemble des espèces du monde vivant. Une vraie révolution dans le domaine de la science est donc en marche. Elle a commencé il y a environ trois décennies et a déjà sa propre histoire. Et c’est précisément celle-ci, celle de la génomique, que nous conte, dans cet ouvrage, Ludovic Orlando, l’un des acteurs les plus en pointe de la discipline. On trouvera donc dans les pages qui suivent l’expression de l’expérience directe d’un homme de terrain et de laboratoire et aussi beaucoup de vécu personnel.
En ambitionnant de reconstituer le scénario des migrations, des peuplements, des remplacements, des extinctions, la génétique rencontre inévitablement l’archéologie et l’histoire. Elle leur propose des explications, des éclaircissements à des problématiques, à des casse-tête ayant engendré des controverses à n’en plus finir entre la part de l’inné et celle de l’acquis, de l’émergence locale et de l’influence externe, de l’autochtonie et du diffusionnisme. Elle apporte donc un air frais à ces débats. Mais, comme toute irruption dans un champ déjà défriché par d’autres disciplines, son ingérence provoque des interrogations. Les plus optimistes y voient un filon désormais incontournable et crédible pour enfin déboucher sur la solution de vieilles querelles. Les plus prudents, conscients de la complexité des processus humains et environnementaux, estiment qu’après les premiers acquis globaux peu discutables un long travail d’analyse reste à effectuer pour entrer dans le détail de mécanismes encore non perçus.
Car il est vrai que les premières publications où la génétique se mêlait d’archéologie ont parfois donné lieu à des sonneries de trompette à l’emporte-pièce. Ainsi en Europe, à propos du rôle exact des populations yamnas établies au III e  millénaire avant notre ère au nord de la mer Noire. Certains archéologues les avaient décrites comme des envahisseurs amenant troupeaux, métal, cheval domestique, chariots, systèmes de sociétés patriarcales et langues indo-européennes dans une large moitié orientale du continent. Or les généticiens ont renchéri sur cette image en montrant en quoi les gènes de ces populations étaient, par capillarité, passés au sein des populations à céramique cordée du nord-ouest de l’Europe. À leur tour ces marqueurs se seraient infiltrés chez les gens de la céramique campaniforme, lesquels, en pénétrant dans les îles Britanniques, auraient totalement modifié le patrimoine génétique des populations insulaires. En somme une transmission à travers le continent de gènes de souche steppique. Mais cette vague, telle une pieuvre, aurait aussi gagné une part de l’espace asiatique, du Kazakhstan à la Sibérie méridionale, dont les sociétés Afanasievo partageaient avec les « Yamnas » le rituel des inhumations sous grands tumulus (kourganes). Pire, elle aurait également gagné jusqu’à l’Espagne où ses protagonistes meurtriers auraient éliminé tout le personnel masculin de l’époque. Les images de domination raciale ressurgissent. On comprend que de telles conclusions, relayées par une presse à sensation, aient fait frémir les archéologues ibériques…
Ludovic Orlando nous invite à plus de mesure en posant de pertinentes questions : les « Yamnas », définis à partir d’un nombre limité d’individus analysés, étaient-ils une population génétiquement homogène ? Se pensaient-ils culturellement similaires ? Leur migration supposée n’était-elle pas en fait le résultat d’initiatives diverses peu ou prou contemporaines mais nullement coordonnées ? Quelle est, derrière le schéma grossier d’une circulation des gènes, la réalité des comportements humains pouvant les expliquer ? Il en faut si peu, surtout en des temps de faible densité démographique, pour que des changements modifient en profondeur la composition génétique d’une population… Et cela vaut aussi, ajoutons-nous, pour la culture dite « du vase campaniforme » dont la diffusion, à la même époque, est quelquefois perçue comme une migration : or cette entité n’est homogène ni culturellement ni au plan anthropologique et son processus s’étale sur quatre bons siècles… Il convient donc, avec l’auteur, de ne point s’emballer autour de l’image de « migrations barbares » en masse et d’éviter de vouloir répondre trop vite à des questions d’une grande complexité. Et nous partageons avec Ludovic Orlando le souhait d’une plus étroite collaboration entre généticiens et archéologues.
Ces réserves posées, on conviendra sans difficulté que la génétique nous a ouvert des portes encore insoupçonnées il y a peu. Ainsi des 2 % du patrimoine génétique des néandertaliens que nous conservons en nous, signe que les populations du Paléolithique moyen s’étaient bien métissées avec nos ancêtres Sapiens , réglant là un vieux débat de la préhistoire. Ou l’identification d’une nouvelle espèce – les denisoviens –, totalement ignorée par le canal habituel de l’anthropologie des fossiles, authentifiée à partir d’une phalange d’enfant extraite d’une grotte de l’Altaï et dont des témoins génétiques se retrouvent jusque chez les Mélanésiens d’aujourd’hui… Dans le monde animal, le cheval – une espèce chère à l’auteur – n’est pas sans poser un certain nombre d’interrogations encore pendantes. Le cheval de Przewalski, qui galope à l’état sauvage dans les steppes de Mongolie, était chéri des préhistoriens qui le considéraient comme une relique paléolithique… Las ! la génétique nous dit que sa version actuelle n’est jamais que le résultat d’un marronnage à partir d’une variété domestique dont la souche serait le cheval de Botaï, un centre de domestication localisé en Asie centrale. Mais ne faisons pas pour autant de ce pôle asiatique le nœud originel de nos races de chevaux actuels car il semble bien qu’il n’en fut nullement ainsi. Il est vrai que le cheval a subi au cours des temps une telle pression anthropique, notamment pour en parfaire la vitesse au galop ou la force de traction, qu’une recherche de la spécialisation à outrance l’a « dénaturé ». Et cela à tel point que la reconstitution de sa trajectoire génétique reste un puzzle à décrypter.
Comprendre précisément comment, au fil du double impact environnemental et humain, certaines espèces ont disparu alors que d’autres ont survécu demeure l’un des challenges de la discipline. À l’heure où les bergers des Pyrénées pestent après les déprédations agressives de l’ours sur leurs troupeaux, son congénère des Abruzzes, malheureusement consanguin et porteur de mutations délétères qui le prédestinent à un avenir fatal, poursuit tranquillement sa route en bonne intelligence avec les humains et sans contestation de leur part.
Retrouver la mémoire des environnements passés figure également au programme des généticiens. Arriver à cartographier les écosystèmes révolus à partir des compositions végétales, identifiées non plus par les fossiles mais par le contenu des sédiments emprisonnant les gènes des espèces, est une autre de leurs ambitions. Qui imaginerait ainsi qu’une forêt luxuriante pouvait exister au cœur de l’actuel Groenland il y a plusieurs centaines de milliers d’années ? Mais l’appétit de savoir de cette jeune discipline touche aussi à ce qui est devenu un cauchemar de l’humanité : le décryptage des virus et autres bactéries pathogènes, de leur histoire et de leur triste cortège pandémique. Elle corrige ainsi certaines idées reçues : la peste noire qui, au XIV e  siècle, décima presque la moitié de la population de l’Europe n’était qu’une résurgence car elle sévissait déjà au sein des communautés du Néolithique et de l’âge du bronze. Et la tuberculose était certainement présente en Amérique bien avant que les conquistadores , à qui on attribuait son introduction, ne viennent faire main basse sur l’or des Andes.
La génétique va ainsi jusqu’à mettre à mal certaines opinions. Que de polémiques autour de l’homme de Cheddar, ce squelette de Sapiens découvert en 1903 dans le Somerset et daté d’environ 10 000 ans ! Ce lointain grand-père des Britanniques avait la peau foncée et les yeux bleus… Tout le contraire de l’ancêtre qu’imaginaient nos honorables voisins qui l’auraient cru plutôt blanc. Car la génétique ne cesse de montrer que l’histoire humaine n’est qu’une longue chaîne de mélanges successifs et que toute « pureté raciale » n’est que mythe idéologique. Et ce constat nous invite aussi à la prudence s’agissant de questions de genre : on pense à ce guerrier viking surarmé mis au jour près de Stockho

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