Biologie de la mémoire
92 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Biologie de la mémoire , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
92 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

C’est grâce à la mémoire que nous nous rappelons qui nous sommes, qui sont nos proches, où nous habitons, ce que nous devons faire aujourd’hui… C’est grâce à elle que nous parlons plusieurs langues, que nous fredonnons des chansons, que nous conduisons notre voiture sans y penser et que nous retrouvons nos clefs. Et lorsqu’elle s’effondre, nous en perdons notre identité. Dans ce livre complet et limpide, Georges Chapouthier, l’un de nos meilleurs spécialistes, fait la synthèse de ce que nous avons appris ces trente dernières années sur les différents types de mémoire et sur la mosaïque de leurs mécanismes moléculaires. Il montre aussi que la mémoire a partie liée avec l’anxiété. Georges Chapouthier, directeur de recherche au CNRS, anime une équipe du laboratoire « Vulnérabilité, adaptation et psychopathologie » à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière de l’université Pierre-et-Marie-Curie. Il a publié L’Homme, ce singe en mosaïque.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mars 2006
Nombre de lectures 6
EAN13 9782738189790
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

GEORGES CHAPOUTHIER
BIOLOGIE DE LA MÉMOIRE
 
 
© Odile Jacob, février 2006 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8979-0
www.odilejacob.fr
Table

AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
Chapitre premier. QU’EST-CE QUE LA MÉMOIRE ? UN RETOUR SUR L’HISTOIRE
Mémoire et conscience
Quelques définitions
Les techniques de conditionnement et leurs limites
Quelques techniques de conditionnement instrumental
Utilisations du conditionnement
L’apprentissage latent et l’empreinte
Les bases biologiques de l’apprentissage et de la mémoire
Chapitre II. LA MÉMOIRE, UNE FONCTION VIEILLE COMME L’ANIMAL
Comment classifier les animaux
Les mémoires des animaux
Une mémoire en mosaïque
L’importance de la règle et de la pensée abstraite
Chapitre III. MÉMOIRE ET MOSAÏQUE CÉRÉBRALE
Structures anatomiques et apprentissage
Peut-on localiser la mémoire ?
Les perspectives de l’imagerie cérébrale
Chapitre IV. MÉMOIRE ET MOSAÏQUE CELLULAIRE
Les neurones
L’activité électrique cérébrale
L’apport des découvertes sur une limace de mer, l’aplysie
Des phénomènes cellulaires de longue durée dans le cerveau des vertébrés
Autres activités bioélectriques
Activité bioélectrique et codage de la mémoire
Chapitre V. MÉMOIRE ET MOSAÏQUE MOLÉCULAIRE
Acides nucléiques, protéines, médiateurs
À la recherche d’une bibliothèque chimique des souvenirs
Hyden, les molécules de mémoire et leurs conséquences
Grandeur et limites de la biochimie de la mémoire
McConnell et les planaires cannibales
Les déboires de la biochimie de la mémoire chez les planaires
Georges Ungar, les rongeurs et la scotophobine
La scotophobine sans la mémoire
Des processus non spécifiques dans la mémoire
Médiateurs et mémoire
Se ressouvenir rend la mémoire fragile
Les « supersouris » de Joe Tsien
Les médiateurs inhibiteurs
Chapitre VI. LES APTITUDES À MÉMORISER OU LE RETOUR DES BASES GÉNÉTIQUES
Les lignées consanguines de rongeurs
Les sélections artificielles en laboratoire
Analyse génétique des bases de l’apprentissage
Plasticité synaptique et génétique
Et chez les mouches ?
Les oncogènes
Gènes et mémoire
Chapitre VII. LA MÉMOIRE ET SA MÈRE : L’ANXIÉTÉ
Le système limbique
Système limbique et « mémoires nobles »
Système limbique et émotions
L’erreur de Descartes et l’erreur de Bergson
L’importance des émotions négatives
La vérité est-elle toujours convulsive ?
Les bêta-carbolines entre mémoire et anxiété
Des souris qui apprennent mieux
L’étrange situation de nos cousins les oiseaux
Y a-t-il des molécules d’anxiété naturelles dans le cerveau ?
Anxiété et équilibre dans l’espace
Mémoire et imaginaire : Le vécu existentiel de la mémoire
CONCLUSION
Les gènes, leurs limites et la grande inconnue du codage de la mémoire
Les connaissances acquises sur la biologie de la mémoire
NOTES
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES PRINCIPAUX NOMS PROPRES
INDEX THÉMATIQUE
Ce livre est dédié à la mémoire de Georges et Alberte Ungar. Parce qu’il m’a chaleureusement accueilli dans son laboratoire, à Houston, pour m’apprendre la biochimie de la mémoire. Parce que, à cette occasion, elle m’a maternellement aidé à assurer mon existence quotidienne dans cet univers nouveau et assez inattendu pour un jeune Français. À tous les deux enfin, parce qu’ils m’ont initié aux merveilles et aux surprises de l’American way of life .
 
AVANT-PROPOS
 
Pendant plus de quarante ans, j’ai travaillé sur deux fonctions particulièrement importantes pour les animaux et pour l’homme : la mémoire et l’anxiété.
Je l’ai fait, principalement, à la demande des contribuables français qui, par l’intermédiaire du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l’École normale supérieure ou du ministère des Armées, donc finalement de l’État, m’ont payé, convenablement mais sans excès, pendant toutes ces années, pour effectuer tous mes travaux. Une partie plus restreinte de cette recherche a été faite, il est vrai, au nom des contribuables américains, lors du séjour postdoctoral que j’ai effectué dans le laboratoire du regretté Georges Ungar à Houston, au Texas. À tous ces généreux donateurs, que je remercie chaleureusement, il me paraît évident que je dois des comptes.
Certes, j’ai rempli mes contrats successifs en publiant régulièrement mes travaux, comme cela m’était demandé, dans des revues scientifiques honorables, mais je suis de ceux qui pensent que les chercheurs ont aussi un devoir de communication vis-à-vis du grand public qui les emploie. Je pense qu’ils ne doivent pas se contenter de rendre compte à leurs pairs, au sein même de la communauté scientifique, mais qu’ils ont un devoir de communication et de valorisation des connaissances, à l’égard de leurs généreux mécènes que sont les contribuables. C’est une des raisons d’être du présent ouvrage.
Une autre raison en découle. En voulant communiquer des résultats au grand public, on est obligé de réfléchir sur leurs raisons d’être et sur leurs conséquences. Un article purement scientifique peut rester obscur, illisible pour le non-spécialiste, tout en menant au septième ciel, par son hermétisme même, les spécialistes du domaine considéré. Même dans un domaine difficile, un ouvrage de vulgarisation, au contraire, se doit, dans la mesure du possible, d’être clair et didactique. Il s’ensuit qu’il est amené à poser les problèmes méthodologiques, épistémologiques ou moraux qui découlent de la problématique scientifique, ce que le chercheur n’a que rarement l’occasion de faire dans son activité scientifique quotidienne. Ainsi formulée, la vulgarisation scientifique ouvre nécessairement sur une forme de réflexion dont le philosophe que je suis devenu ne voulait surtout pas se priver.
Il faut enfin ajouter que le présent ouvrage s’adressant principalement à un public francophone, ou encore, comme je l’évoquais plus haut, à un public de « contribuables » francophones, j’ai privilégié, dans un certain nombre des exemples choisis, les travaux de chercheurs français. Ce qui ne devrait nullement diminuer la généralité de mon texte dans la mesure où, bien entendu, ces travaux s’insèrent dans une recherche mondiale qui est aussi largement abordée dans l’ouvrage, et où la France, il faut le souligner, a justement brillé, dans ce domaine des neurosciences, à la fois par la qualité et par la quantité de ses contributions internationales.
Je voudrais, bien sûr, remercier ici tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, m’ont permis d’accomplir mes travaux ou m’ont accompagné lors de cette promenade scientifique de quarante années autour de la mémoire et de l’anxiété, et particulièrement : Tatiana Alexinsky, Françoise Anglade, Vincent Bloch, Rémy Chauvin, Yves Christen, Yan Clément, Charles Cohen-Salmon, Jean Derégnaucourt, Carole Desforges, Pascale-Valérie Guillot, Roland Jouvent, Missia Jousselin-Hosaja, Pierre Karli, Marcel Klein, Jean-Marie Launay, Jean-Pierre Lecanuet, Ève Lepicard, Benoît Martin, Claude Milhaud, Robert Naquet, Lia Prado de Carvalho, Marie-José Raffalli-Sébille, Philippe Ropartz, Jean Rossier, Pierre Roubertoux, Anne Sophie Rössler, Alberte Ungar, Georges Ungar, Arielle Ungerer et Patrice Venault. Que tous ceux que je ne puis citer faute de place trouvent aussi le témoignage de ma gratitude et la trace de leurs efforts.
Enfin, je voudrais rendre un hommage particulier à ceux qui m’ont aidé dans le travail de rédaction du présent ouvrage : Robert Jaffard, Roland Jouvent, Agnès Mingot, Gilles Rautureau, Pierre Roubertoux et Patrice Venault.
 
INTRODUCTION
 
L’espèce humaine est le fruit d’une très longue évolution, biologique certes, mais auparavant cosmique et minérale 1 . Si l’on en croit la théorie de l’univers issue du modèle dit du « Big Bang », les hommes que nous sommes, vous et moi, sont enfants des animaux et petits-enfants des étoiles. Ainsi, Jean-Pierre Luminet 2 a écrit superbement : « Nous sommes donc faits de poussières d’étoiles, puisque tous les éléments qui nous composent (à l’exception de l’hydrogène) ont été formés dans des étoiles disparues depuis plus de 5 milliards d’années. » Par des chemins qu’il n’y a pas lieu de décrire ici 3 , cette évolution de l’univers a fait apparaître localement, sur Terre, des êtres particulièrement complexes : les animaux dits « supérieurs » et l’être humain.
Mais, pour être efficaces, ces êtres particulièrement complexes ont besoin de systèmes raffinés de contrôle et de guidage. D’où l’apparition, à partir de seuils de complexité dans l’évolution biologique, de mécanismes prénerveux, puis de cerveaux de plus en plus performants. Parmi les fonctions de ces mécanismes puis de ces cerveaux, il en est une essentielle qui, au fur et à mesure de son développement, facilite grandement les interactions de ces êtres complexes avec leur environnement, qui améliore leur recherche de nourriture ou de partenaires sexuels, ou au contraire permet leur orientation pour échapper à des perturbations climatiques ou à des prédateurs. Cette fonction essentielle, c’est la mémoire et c’est d’elle que je voudrais parler ici.
Bien entendu, elle atteint, dans notre espèce, des capacités phénoménales. Mais, comme tous les processus biologiques, elle est aussi le fruit de l’évolution de nos ancêtres animaux. En fait, il faut tout de suite dire que le terme « mémoire » peut être compris de deux manières. Selon un sens restreint, la mémoire est la faculté qu’ont certains êtres vivants, essentiellement les animaux pourvus d’un système nerveux, de mettre en réserve des connaissances ou des informations sur le monde qui les entoure, leur permettant de modifier leur comportement ultérieur. Selon un sens plus large, voire métaphorique, qu’il ne faut cependant pas oublier, ne serait-ce qu’en souvenir de nos ancêtres minéraux, la mémoire c’est aussi toute trace laissée sur des parties du monde par un événement qu’elles ont subi. Comme le formule, par exemple, le géologue Patrick De Wever 4  : « Le passage du temps ne s’inscrit

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents