Apprendre la musique : Nouvelles des neurosciences
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Description

Comment l’apprentissage de la musique agit-il sur notre cerveau ? Quels effets a-t-il sur la curiosité, l’attention et la mémorisation ? Quel impact sur la lecture ou le raisonnement mathématique ? Faut-il, pour apprendre et faire des progrès, qu’un enfant ait l’oreille musicale ? Et s’il chante faux ? Que penser par ailleurs des adultes qui décident de s’y mettre sur le tard ? Y a-t-il un âge pour apprendre la musique ? Aujourd’hui, les enseignants et les responsables des systèmes scolaires s’interrogent, et interrogent les experts. Encore tout récemment, la Suisse misait sur une éducation musicale de qualité en l’inscrivant dans sa Constitution. Quels sont les fondements neuroscientifiques de cet intérêt pour l’éducation musicale ? Fruit de plus de trente ans de recherches neurobiologiques sur la musique en lien avec l’éducation, le livre qui nous dit tout sur la manière dont la musique transforme notre cerveau… pour notre plus grand bien ! Par l’une des plus grandes spécialistes, les neurosciences de la musique à la portée de tous, parents comme enseignants ! Isabelle Peretz est titulaire d’une chaire de recherche en neurocognition de la musique à l’Université de Montréal. Au cours des trois dernières décennies, elle a fait de Montréal la capitale mondiale de l’étude du cerveau musical. Membre de la Société royale du Canada, elle a obtenu de nombreux prix d’excellence pour ses travaux. Elle dirige depuis 2005 le Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son (BRAMS), qu’elle a également fondé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mai 2018
Nombre de lectures 6
EAN13 9782738144225
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Illustrations : Isabelle Lussier
© O DILE J ACOB, MAI  2018 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4422-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
AVANT-PROPOS


Tout le monde connaît l’attrait de la musique. Très peu en connaissent la science.
La musique n’a pas été inventée par un génie. La musique, comme le langage parlé, est le fruit de nos neurones. À l’égal du langage, la musique existe dans toutes les formes de sociétés humaines que l’on a pu retracer jusqu’à ce jour. Serions-nous donc tous des musiciens depuis des temps immémoriaux ? Des musiciens qui, aujourd’hui, s’ignorent ?
Oui, tous les êtres humains naissent musiciens. La musique n’est pas un mystère accessible aux seuls initiés. Sa connaissance est partagée par tous. Mais pour la majorité, cette connaissance est intuitive. Elle n’est pas enseignée. Elle s’acquiert automatiquement, par simple exposition à la musique, dès la naissance. N’est-ce pas étrange ?
En naissant, l’être humain se tourne en effet vers la musique, un penchant ancré dans l’organisation cérébrale de son cerveau. Il naît avec un cerveau musical qui lui permet d’absorber toutes les musiques du monde. De plus, comme nous le verrons, l’écoute de la musique libère de la dopamine dans le cerveau, cette hormone de bonheur essentielle à toute forme d’apprentissage. Alors, quels avantages l’apprentissage de la musique peut-il nous apporter ? Selon les dernières recherches, l’enfant qui s’engage dans une activité musicale se démarque sur le plan scolaire et se montre plus altruiste. Faut-il que l’enfant ait l’oreille musicale ? Et s’il chante faux ? Que dire alors de l’adulte qui décide de s’y mettre, même tard, lors de sa retraite ? Peut-il apprendre à faire de la musique ? Les enseignants et responsables des systèmes scolaires s’interrogent, et interrogent les experts. Nous verrons ici dans quelle mesure cet engouement populaire pour l’éducation musicale a un fondement scientifique.
Dans ce livre, j’expose comment la musique modifie le cerveau. J’envisage les bases innées de la musicalité, en couvrant la période critique, les différences individuelles, l’hérédité, l’oreille absolue, le prodige et son inverse : l’amusique. Ensuite, j’aborde des compétences à saveur sociale, comme le chant et la danse. Enfin, je discute des fondements de l’apprentissage de la musique et je conclus sur les possibilités d’application de ce savoir scientifique en éducation musicale.
Chaque aspect est présenté sans ambages, autour d’un fait scientifique rigoureux éclairé de mes intuitions de scientifique. J’adopte ici le mode de communication bref. La neuroscience de la musique évolue très rapidement. Chaque chapitre peut se lire indépendamment des autres.
Ce livre n’est pas un livre de recettes. Il s’adresse surtout à ceux qui sont friands de (vrais) faits scientifiques. En effet, j’ai la conviction que tout le monde peut avoir accès au savoir scientifique et s’en émerveiller.
1
LE PLAISIR MUSICAL

D’emblée, on s’interroge. Pourquoi pratiquer la musique durant des heures ? Pourquoi passer son temps à l’écouter et même en acheter ? La réponse est simple : la musique procure un plaisir qui n’a pas d’égal. La musique procure du bien-être, accessible et inoffensif.
L’idée n’est pas nouvelle. Pourtant ce n’est que récemment que la recherche a pu démontrer le lien entre l’euphorie suscitée par la musique et la sécrétion de dopamine dans les circuits cérébraux de la récompense. La dopamine est un neurotransmetteur notamment libéré par le noyau accumbens, une structure du cerveau connue depuis longtemps comme le siège du plaisir.

C’est à Robert Zatorre de l’Université McGill et son équipe que l’on doit cette percée remarquable. Ils montrent que les frissons suscités par la musique sont associés à la sécrétion de dopamine dans le noyau accumbens [1]. Le phénomène n’est pas limité à notre musique favorite, mais à des musiques nouvelles qui nous plaisent suffisamment à la première écoute pour être achetées. Une étude astucieuse le montre [2]. L’expérience se passe dans un scanner par résonance magnétique dans lequel chaque participant mise entre 0 et 2 dollars (de sa poche) pour acquérir des chansons recommandées par logiciel, car elles correspondent à ses préférences musicales. Les images du cerveau montrent un lien clair entre la mise et l’activité observée dans le circuit de la récompense. Plus la mise est importante, plus l’acheteur veut donc posséder cette chanson particulière, et plus le réseau du plaisir est activé.
Ce réseau du plaisir, dit de la récompense, comprend bien sûr le noyau accumbens logé dans le système limbique, partie la plus ancienne du cerveau, mais aussi le cortex auditif situé dans la partie supérieure du lobe temporal ainsi que le cortex orbito-frontal. Ces deux dernières zones (cortex auditif et orbito-frontal) sont plus développées dans le cerveau humain que chez l’animal et sont essentielles à la cognition musicale.

On comprend mieux ainsi par quels mécanismes la musique peut susciter des montées de plaisir ( highs ), décrites comme aussi puissantes et grisantes que celles provoquées par les drogues, d’où l’expression sex, drugs and rock’n’roll . En fait, si vous demandez à des étudiants de vous dire ce qui leur procure le plus de plaisir dans la vie, ils vous diront que la musique vient juste après le sexe et le soleil, et bien avant la nourriture et le sommeil [3].
La musique pourrait agir sur le cerveau comme le fait la stimulation électrique directe du noyau accumbens chez le rat [4]. Quand le rat stimule électriquement son noyau accumbens par l’action d’un levier relié à cette structure profonde du cerveau, il en perd toute envie de se nourrir et s’autostimule presque à en mourir. Cette découverte faite également à Montréal est désormais un classique des neurosciences. En revanche, l’humain semble capable de doser son plaisir. On ne connaît pas de cas d’abus de consommation musicale !
La recherche du plaisir associé à la musique est probablement l’un des piliers de son apprentissage. En rendant l’apprentissage agréable, la mémorisation et la motivation à répéter l’expérience viennent s’inscrire dans les réseaux du cerveau par l’action notamment de la dopamine.
2
NAÎTRE MUSICAL

Saviez-vous que dès la naissance, le cerveau du bébé répond à la musique avec discernement ? Tous les grands faisceaux de connexions cérébrales y sont en place et certains réseaux spécialisés visant à organiser hiérarchiquement la hauteur (harmonie) et la durée (métrique) des sons sont déjà actifs.
Les recherches menées à Milan sur le cerveau de nouveau-nés âgés de 1 à 3 jours par l’équipe de Daniela Perani révèlent une sophistication remarquable du cortex auditif de l’hémisphère cérébral droit en réponse à la musique [1]. Les nouveau-nés sont emmaillotés, munis d’écouteurs et placés dans un couffin dans un scanner par résonance magnétique. La plupart dorment alors qu’on leur présente des extraits de musique classique (Bach, Mozart, Schubert) dans leur forme originale ou sous une forme modifiée. La modification est subtile et consiste soit en un changement soudain de tonalité (déstabilisant ainsi l’organisation des hauteurs, l’harmonie), soit en un déplacement de la ligne mélodique d’un ton (créant ainsi de la dissonance). On observe que les violations soudaines des règles de l’harmonie et l’ajout incongru de dissonance activent davantage le cortex auditif droit du nouveau-né que le gauche.
L’organisation hiérarchique des hauteurs, qui renvoie à la tonalité, aux gammes et à l’harmonie, est un système de règles difficile à résumer en quelques mots. Et comme ces règles ont été assimilées inconsciemment, le lecteur dépourvu de notions musicales théoriques se demandera quelle langue on parle ici. Poursuivons cette analogie avec le langage. Dans une phrase, certains mots sont plus importants que d’autres. La connaissance de la langue permet même de deviner les paroles que l’autre n’a pas encore dites. Il en va de même pour la musique. Certaines notes, comme la tonique, qui définit la tonalité du morceau joué, sont plus importantes que d’autres, qui lui sont assujetties en quelque sorte ; on parle de hiérarchie. La tonique est répétée et termine généralement la phrase, donnant un sentiment de stabilité. Le cerveau se construit ainsi une organisation hiérarchique des notes et des accords, une sorte d’interprétation, sans que ces notes (ou accords) se suivent nécessairement dans le morceau.
Des violations soudaines de cette structure hiérarchique des hauteurs sont facilement décelées par l’adulte, qu’il possède ou non une formation musicale. Ce type de violation sonne comme une erreur flagrante. Chez le bébé qui a encore été peu exposé à la musique, la réponse de son cortex auditif à ces violations de l’harmonie est étonnante. Cette découverte indique que le cerveau humain est précâblé pour organiser les sons sous forme de hiérarchie.
Cette sophistication de la réponse cérébrale à la naissance n’es

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