Yi et Yu
88 pages
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Yi et Yu , livre ebook

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Description

« Au comble de la rage et du désespoir, il fut tenté de se jeter par la fenêtre avec son ordinateur. Il avait tellement rêvé de cette femme pendant des nuits entières. Il croyait enfin tenir celle qui détenait les qualités de féminité si rares qu'il cherchait depuis si longtemps. C'était affligeant, c'était consternant. Pourquoi cette malédiction, pourquoi toujours la trahison ? » Yi est une fille somme toute banale et qui a pourtant ouvert une brèche dans le cœur de Yu. Incapable de l'oublier, le jeune homme entame une correspondance avec cette femme singulière. Que veut-elle vraiment ? Le sens de ses mots lui échappe tandis qu'un murmure démoniaque menace l'équilibre de Yu. Folie ou réalité ? Le diable, impitoyable, se loge souvent dans les détails. De l'idylle au désenchantement, Pascal Debrégeas ajoute une corde à son arc en jouant cette fois la carte d'un fantastique à la Todorov. Un roman sentimental d'une autre trempe, aussi génial que troublant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342153415
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yi et Yu
Pascal Debrégeas
Publibook

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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Yi et Yu
 
Prologue
Ils se rencontrèrent la première fois à Paris dans un restaurant asiatique du XIII e arrondissement. C’était le dernier jour du mois de juin. Lui, partait à Taïwan le lendemain, elle, restait en France. Le repas ne dura qu’une heure et demie, mais c’était bien suffisant pour que se produise un coup de foudre. Yu avait juste compris que Yi retournerait dans son pays natal, à Taïpei, au mois d’août, mais le projet était vague. Il ne connaissait rien d’elle, et c’était réciproque. Pourtant ils avaient l’impression de se connaître depuis toujours. Immédiatement le ton fut familier, taquin, tendre et espiègle. Elle avait un petit air effronté, une audace, qui plaisaient à Yu.
 
Avant de se quitter sur le trottoir dans un quartier sans âme de Tolbiac, elle lui avait dit : « Bon voyager… ». Il avait été attendri par son effort linguistique et sa maladresse, elle qui, au début du repas, n’avait aucune confiance pour dire un mot en français. Mais très vite il avait su la mettre à l’aise et les langues s’étaient déliées.
 
Après le déjeuner, il était revenu au métro le cœur battant, incapable d’oublier cette fille singulière dont il ignorait l’existence en arrivant au restaurant. Son amie Ching-Lo, qui avait organisé le repas, s’était bien gardée de lui dire qu’elle avait invité une camarade. Chacun ignorait la langue de l’autre, et pourtant ils furent très complices tout au long du déjeuner. Les audaces de séduction de Yi semblant même heurter à maintes reprises Zhou-Li, la copine de Ching-Lo, qui avait l’air de se dire en la regardant de manière sombre : « Comment cette étrangère peut oser être aussi familière avec un homme qu’elle voit pour la première fois ? ». Peut-être y avait-il aussi un brin de jalousie dans la réaction de Zhou-Li, songeait Yu. Lui-même s’étonnait de sa propre liberté de ton avec une fille qu’il rencontrait pour la première fois et dont il ne savait rien. Quelque chose vibrait en lui au contact de sa présence physique et à l’écoute de ses paroles. Il était profondément touché par les charmes particuliers de sa féminité. Pourtant, au premier regard, il ne l’avait pas trouvée belle. S’il l’avait croisée dans la rue, il l’aurait jugée quelconque et aurait passé son chemin. Elle avait même des défauts évidents qui pouvaient la rendre disgracieuse et la disqualifier auprès de beaucoup d’hommes. Nombre de femmes devaient se moquer d’elle avec méchanceté. Malgré cela, elle avait su se faire aimer dès les premiers instants. Il y avait de la beauté dans ses défauts.
 
Le hasard avait voulu qu’ils fussent assis l’un à côté de l’autre. C’étaient les parents de Ching-Lo qui avaient organisé ce repas pour faire la connaissance de Yu, le professeur de français de leur fille. Si Yi avait été placée à l’extrémité de la table, à la place de Zhou-Li, par exemple, sans doute que Yu n’aurait pas fait attention à elle, sans doute qu’il aurait été absorbé dans sa conversation avec le père et la mère de Ching-Lo qu’il rencontrait également pour la première fois. Le destin tient souvent à un détail, une diagonale plutôt qu’une verticale, une horizontale plutôt qu’un trait d’union, un point-virgule plutôt qu’une simple virgule. Mais on dit aussi que le diable se loge dans les détails. Si d’aventure ce dernier était présent parmi les convives, pourquoi avait-il choisi le trait d’union plutôt que la diagonale ? À ce stade, rien ne pouvait indiquer si cette histoire commençait sous de bons ou de mauvais auspices, personne ne pouvait dire si la fin serait heureuse ou malheureuse. Mais quelle importance, puisque Yi vibrait et Yu se réjouissait.
Chapitre 1
À mesure que le temps passait, Yu se rendait compte qu’il était attaché à Yi, attaché comme le sont deux lettres de l’alphabet. Il avait quitté la France et était installé à Taïwan depuis déjà plusieurs semaines. Depuis son départ, il nourrissait avec elle une correspondance régulière. Un jour, elle lui écrit. Il fut joyeux de la lire, d’autant qu’elle n’avait pas répondu à son dernier message depuis une semaine. Prétexte ou vérité, elle prétendait que son wifi ne fonctionnait pas et qu’elle avait des problèmes avec son nouvel opérateur, explication accompagnée comme d’habitude d’un grand nombre de points d’exclamation. Après une si longue absence de huit jours, il est vrai que Yu avait décidé de ne plus rien attendre d’elle, il avait fait une croix sur son sort. Son impatience amoureuse était douchée par ce qu’il ressentait comme de la légèreté ou de la négligence. Pour se prémunir contre une énième déception et d’inutiles souffrances, il avait fait un effort sur lui-même et avait décidé de l’oublier, certes, la mort dans l’âme. Résolution fragile quand il aperçut son nom dans la messagerie, fragile mais toutefois assez ferme pour qu’il sût s’imposer un jour complet d’abstinence avant de la lire attentivement. Il éprouvait un malin plaisir à affecter une forme de dédain, d’indifférence orgueilleuse. « Elle peut bien attendre un peu, songeait-il. Elle ne croit quand même pas qu’elle va s’en sortir avec quelques points d’exclamation… C’est si facile de jouer et de tricher avec la ponctuation ! Qu’est-ce qui me dit que ces points d’exclamation sont sincères ? Elle a beau en mettre quatre ou cinq à la suite, ça ne change rien à l’affaire. Moi aussi je peux faire des effets de manche avec une inflation de points d’exclamation et des smileys enfantins… Allons ! Fermons le ban pour aujourd’hui. ».
 
Tout à sa joie de grammairien qui sait mieux que quiconque l’art et les artifices de la ponctuation, Yu ferma son ordinateur avec la fierté d’un empereur romain et décida de remettre l’instruction de la missive au lendemain. « La petite idiote ne croit quand même pas que je passe mon temps à courir derrière ses jupons et ses exclamations ! se disait-il ». En vérité, il faut dire que notre héros se pourléchait les babines et savourait secrètement une victoire. « La petite idiote », comme il disait, avait terminé sa lettre par cette formule : « Attends-moi !!!!! À la semaine prochaine ;-))) ».
 
Tel un fier à bras à qui on ne la fait pas, ou un vieux singe à qui l’on n’apprend pas à faire la grimace, il feignait d’ignorer cette phrase enthousiaste de Yi, quelque chose qui ressemblait à de l’impatience et à un emballement du cœur. Avait-il peur, doutait-il de sa sincérité ? Quoi qu’il en soit, il ressentait le besoin de se protéger car « La petite idiote » avait bel et bien ouvert une nouvelle brèche dans son cœur, telle une lame qui lacère le cuir le plus dur. Tant et si bien qu’il pensa à elle toute la journée tout en s’efforçant de ne jamais penser à elle. Une pareille écervelée ne méritait quand même pas de gâcher son emploi du temps quotidien.
 
Quand arriva le lendemain, alors que le délai de carence était achevé, il ralluma son ordinateur tranquillement pour relire sa lettre. Passé le moment d’énervement d’hier matin, il étudia mot à mot son texte en passant au scanner chaque phrase, en soumettant à sa loupe de grammairien chaque élément de syntaxe, chaque silence ou sous-entendu entre deux verbes, deux adjectifs, deux substantifs. Il lisait avec le calme méthodique du linguiste et l’assurance de l’académicien qui connaît déjà la fin de l’histoire, la fameuse chute contenue dans l’expression : « Attends-moi !!!!! À la semaine prochaine ;-))) ». Mais, dans ce ciel bleu horizon, il y eut subitement un coup de tonnerre. Dans l’avant-dernier paragraphe qui précédait cette formule pleine de promesse, il tomba sur ces mots qu’il avait lus trop hâtivement hier : « Des amis de mon amis connaît bien cet endroit que visité toi… »
 
Immédiatement son cœur se déchira. Ce fut un tremblement de terre, un coup de canon de Trafalgar. La brèche qu’il avait accepté de rouvrir dans son cœur pour entendre les paroles de sa belle, laissa tout à coup se déverser une rivière de sang et de larmes. Dans sa poitrine, un tambour douloureux se mit à cogner, ses tempes battaient comme sous l’effet d’un fouet, des gouttes de sueur froide roulaient sur son front blême. À cette douleur fulgurante et tenace qui s’agrippait à lui comme une araignée, il comprit qu’il l’aimait comme un forcené. Il l’avait dans la peau.
 
Le corps ne ment pas. La douleur dit la vérité. L’angoisse qui saisit l’animal le prévient de l’imminence d’un danger grave, peut-être de la mort. Bouleversé, cul par-dessus tête, il découvrait l’existence d’un « ami » qu’elle lui avait caché depuis un mois de correspondance. Était-ce possible ? Grand Dieu, comment la scélérate avait-elle pu le duper à ce point ? Pourquoi n’avait-il pas été plus prudent, plus sage ? Pourquoi s’était-il engagé si vite, si fort, dans cette histoire idiote, pleine de fureur et de fracas, qui ne lui promettait que des désastres ? Pourquoi, lui, d’ordinaire raisonnable et réfléchi, s’était-il embarqué fougueusement, comme un taureau dans l’arène, oubliant que si l’animal de corrida avait la force du dieu Mars, son destin était toujours scellé par la mort ? Comment avait-il pu se comporter comme un gamin face à une adolescente qui amadoue son amoureux avec des sucreries ? Pourquoi les femmes étaient décidément si perfides, si perverses, si menteuses, si manipulatrices ? Pourquoi toute histoire sentimentale est forcément une liaison dangereuse, pourquoi son amante ressemblait trait pour trait à la marquise de Merteuil   ? Pourquoi, lui, n’était jamais capable de jouer le rô

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