Voyelles
90 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Voyelles , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
90 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Des femmes, Armelle, Isys, Elene, Olivia nous révèlent leurs fantasmes et les réalisent . Entre les soucis conjugaux, les enfants, la routine et le travail, elles cherchent une aventure exaltante. Les élans du désir sont forts et jaillissent toujours comme un accomplissement d'être.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748387957
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Voyelles
Jean-Pierre Faure
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
A
 
 
 
Armelle avait fait la connaissance de Marc alors qu’elle participait à un stage vaguement bio énergique où elle s’était inscrite sans grande conviction, poussée un peu par la curiosité et peut-être bien aussi par l’inconscient besoin de prendre quelque distance avec son mari, sa petite famille et sa vie habituelle. Éloignée ainsi des siens pour presque une semaine, coupée du monde extérieur par les solides murailles d’une ancienne ferme fortifiée, Armelle participa d’abord aux activités proposées comme on entre dans une piscine glaciale ; puis, portée par l’ambiance générale, elle y plongea résolument et découvrit alors des facettes de sa personnalité qui la laissèrent perplexe. Au fil des séances, à la faveur des repas servis dans une grande salle voûtée et accompagnés d’un savoureux vin de Marcillac, les relations se détendirent rapidement entre les participants. La chaleur humaine qui naissait et se renforçait de jour en jour, les premiers signes du printemps qui s’accrochaient à la rocaille et aux genévriers de la Margeride avaient aussi contribué à distendre subrepticement ses barrières mentales et, pour la première fois aussi nettement, elle s’était surprise à éprouver des fantasmes d’adultère, à se réveiller par exemple une nuit en pensant à Marc et en se disant presque à haute voix, comme sous l’effet d’une subite révélation : “J’ai envie de lui !”
Et pourtant la semaine s’acheva sans que rien ne se fût passé entre eux. Rien qui répondît totalement à son envie de plus de plus avouée de se trouver nue sous les mêmes draps que Marc, mais pourtant des effleurements, des regards qui disaient un réciproque attrait. Et en particulier les gestes d’un après-midi qui, après avoir mis au jour parmi les participants un tel faisceau de tensions et d’émotions, s’étaient progressivement déclinés en une séance de massage apaisante. C’est Marc qui s’était trouvé à ses côtés, qui avait commencé par de fermes pressions de ses doigts sur la nuque et sur les épaules, pour ensuite enchaîner avec des glissements de la main sur l’ensemble du dos. Il avait pour cela remonté le tee-shirt, dégrafé le soutien-gorge et déjà Armelle sentait le désir monter en elle, durcir les pointes de ses seins qui, à travers le fin tissu, entraient au contact de la moquette élimée et rêche comme langue de chat. Pendant que les mains de Marc suivaient sans vraiment la toucher sa colonne vertébrale, s’écartaient de part et d’autre de ses hanches, remontaient soudain vers les aisselles, que les doigts glissaient sur l’attache des épaules, Armelle réalisa, mais sans s’attarder outre mesure à cette idée, qu’il était le premier homme, depuis sa rencontre avec son mari, qui la caressait aussi longuement, que Marc était le premier à qui elle offrait autant de sa peau, autant de son être, et elle aurait voulu à ce moment oublier les autres participants dont elle percevait les respirations, les souffles et les déplacements fantomatiques, oublier avec le stage les raisons de sa présence ici, pour n’être plus que présence à Marc, se laisser dévêtir, sentir ses mains en train de découvrir tout son corps et enfin son sexe entrer en elle. Étrangement, après avoir écouté ces désirs monter jusqu’à leur paroxysme, Armelle avait pu ensuite les laisser un à un s’éloigner d’elle, tout en restant blottie, paisible, de longues minutes en position fœtale, contre la poitrine de Marc.
De s’être trouvée ainsi sur le point de faire l’amour avec un autre que Yoan – mais d’une certaine façon, n’avait-elle pas fait l’amour avec Marc ? – lui avait fait éprouver le lendemain l’envie de retrouver au plus vite son mari et de s’unir à lui. Il lui fallut bien sûr différer de quelques heures cet instant, écouter les récits décousus de ses deux enfants qui voulaient à toute force lui raconter simultanément les menus faits de leur semaine, répondre à leurs questions et faire durer juste ce qu’il convenait la remise du cadeau traditionnel au retour d’une absence prolongée ; s’accorder ensuite quelques minutes de détente avec un bain bien chaud ; retrouver au dîner le babil intarissable des enfants…
Une fois ceux-ci endormis, Armelle ne s’attarda guère au salon. Yoan vint la rejoindre peu après et, sans rien en laisser paraître, fut légèrement étonné de s’apercevoir bien vite qu’elle, d’ordinaire assez disposée à relater les moments vécus loin de lui, à répondre aux questions de son mari, manifestait d’abord ce soir-là l’envie de faire l’amour avec lui, et s’ingéniait à écarter maintenant tout ce qui risquait de retarder leurs retrouvailles physiques. Il eût davantage été surpris s’il avait su qu’à l’instant même où il la pénétrait, Armelle maintenait ses regards et son esprit amarrés au souvenir de Marc. Plus tard, Armelle raconta à Yoan sa rencontre et lui confia ce qu’elle avait ressenti. Elle sut particulièrement lui dire ce qui s’était levé en elle, ce qui s’était passé entre eux lors du dernier après-midi et, à mesure qu’elle donnait forme par les mots à ses désirs, elle les revivait aussi, elle sentait à nouveau son corps se tendre pour s’offrir à un autre que l’homme allongé à ses côtés. Et pourtant c’était bien celui-ci qu’elle caressait, c’était bien lui dont elle percevait la chaleur sous ses mains, lui dont le désir revenait peu à peu, lui qui la prenait et qui cette fois resta si longtemps en elle, si dur, si profond, lui dont elle tenait les fesses sous ses mains pour accompagner la houle de leurs corps jusqu’au relâchement final de leur plaisir.
S’écoulèrent plusieurs semaines. Rien dans la nature ni dans l’intensité de leurs relations ne s’en trouva changé, sinon qu’Armelle exprima plus souvent le souhait de consacrer une soirée à ce qu’ils appelaient “massage sensuel” ou encore “massage tao”. Avant son stage cette pratique, à laquelle ils sacrifiaient souvent dans les premières années de leur vie commune, s’était insensiblement espacée. Ce goût leur était venu d’avoir feuilleté ensemble, dans une librairie du centre ville, un livre sur le sujet, illustré de splendides photos où les corps baignaient dans une douce lumière mauve ou sépia. Mais ce qui, plus encore que les illustrations, les avait séduits, c’étaient les appellations exotiques ou ésotériques données aux principales zones massées – le Palais écarlate, le Portail de la Colonne… – ou aux diverses séquences de massage – harmoniser l’eau et le feu, remonter les marches de la Pagode de Jade, éveiller le Dragon… Aujourd’hui Armelle renouait avec elles, retrouvait avec bonheur la mansarde aménagée en chambre d’amis, son éclairage atténué et les bâtons d’encens disposés aux angles de la pièce. Intact aussi son plaisir à chercher un sous-vêtement léger, à hésiter entre le soutien-gorge jaune et le modèle noir, plus sévère, entre un slip de coupe classique et ce string qu’elle aimait pour son aptitude à se tendre entre les lèvres de son sexe, à revêtir ces fines pièces de soie ou de dentelle en songeant qu’elles lui seraient bientôt retirées. Toujours le même bonheur ténu à respirer les huiles parfumées de vanille ou de musc, à suivre tantôt les doigts, tantôt les mains de Yoan sur son corps et à l’accueillir enfin en elle.
Et malgré ces moments retrouvés, où tous ses sens se réveillaient pour la mener au plaisir, elle avait quelquefois l’impression fugace d’un manque, d’un manque qui prenait aussitôt le visage de Marc et venait s’associer aux mains de Yoan, qui prenait le nom de Marc pour venir se murmurer et se mourir contre la bouche de Yoan, qui devenait le ventre et le sexe de Marc pour venir écarter ses lèvres, se tendre au plus profond de sa chair et y répandre sa gerbe de lumière, de feu et de miel.
 
L’appel de Marc la surprit un après-midi où elle se trouvait seule en sa maison, et bien éloignée de penser à lui. De passage dans la région, il émit le souhait de la revoir, souhait formulé à demi-mot mais qui éveillait et rencontrait si bien le sien… Elle lui proposa donc de venir passer la soirée chez eux mais voulut se réserver quelques moments seule à seul avec lui.
Le lendemain, agitée d’une émotion qui lui évoqua non sans un sourire moqueur ses rendez-vous de lycéenne, elle l’attendait sur un quai de gare. Lorsqu’elle aperçut sa haute silhouette se détacher d’un groupe de voyageurs, elle faillit se laisser submerger par une vague de tendresse et de désir, venue d’aussi loin que toutes celles accumulées pendant la semaine vécue auprès de lui. Les premières banalités, les gestes d’usage eurent raison de cette impulsion, et Armelle, très légèrement déçue de cette manche gagnée par le quotidien, l’emmena pour une longue marche dans une de ces forêts qu’elle affectionnait particulièrement. L’automne à ses débuts offrait à leurs sens ses odeurs d’humus, ses couleurs de pourpre et d’ors, ses bruits de feuilles qui tombent nonchalamment, qu’on piétine lourdement et qui semblent ainsi annoncer les neiges prochaines. Elle écoutait Marc aussi, s’écoutait lui répondre, mais se sentait surtout heureuse de marcher à côté de lui et de partager ce qu’elle aimait, dans ces bois familiers où l’octobre finissant dénudait lentement le corps des hêtres et des chênes.
 
Heureuse, elle le continua de l’être le soir au dîner entre deux hommes qu’elle aimait et qui visiblement s’entendaient mieux encore qu’elle ne le pressentait jusqu’alors. Heureuse, et en même temps jalouse de les entendre bavarder comme de vieux copains, parler aussi bien de Coltrane ou de Duke Ellington que des

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents