Voltaire dérange toujours
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Voltaire dérange toujours , livre ebook

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Description

Voltaire a dérangé et il continue. De son vivant et aujourd’hui encore. Philosophe, critique, visionnaire, il a souvent soulevé l’opinion publique et s’est mis à dos l’intelligentsia parisienne, notamment en prenant position pour la femme à une époque où celle-ci n’était qu’un faire-valoir à la Cour de France à défaut du droit de régner quoique chef d’Etat dans plusieurs autres grands pays. Ou en contestant la définition de la puissance supérieure de l’Eglise au XVIIIème siècle, sa foi théiste étant universelle. Cité toujours comme référence incontournable, sa pensée est unique, sa vision du monde toujours pertinente et souvent futuriste. Un homme ambigu, bourré d'apparentes contradictions et de paradoxe ? Donc incompris mais juste et courageux, comme nous le prouve Raymonde Morizot.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2012
Nombre de lectures 7
EAN13 9782748385106
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Voltaire dérange toujours
Raymonde Morizot
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Voltaire dérange toujours
 
 
 
 
Avertissement au lecteur
 
 
 
A dessein, les noms des religions, de leurs initiateurs ainsi que de leurs livres sacrés ont été respectés selon le langage du XVIIIe siècle tel qu’on le trouve sous la plume de Voltaire. C’est ainsi qu’il est traité des mahométans, de l’Alcoran (le Coran), de l’Ezour-veidam (l’Ayour-Véda), et de Confutzée (Confucius). Au contraire, la langue moderne (les musulmans, les confucianistes, etc.) a été utilisée dans les cas où nous nous livrons à des comparaisons avec notre approche moderne dans le but de bien marquer la distance, le plus souvent en fin de chapitre, l’introduction et la conclusion. Il en est de même des noms de lieu et de leurs habitants (les Saint-Claudiens et les Sanclaudiens). Quant à l’orthographe des noms propres qui varie considérablement d’une source à l’autre n’ayant aucune valeur officielle à l’époque, nous avons tenté d’harmoniser en choisissant l’une d’entre elles, sauf dans les cas précis où il convient de se conformer à une ou des citation(s) (exemple M. de la Noue pour qui nous avons trouvé quatre orthographes différentes) ou Thiriot, généralement écrit de deux manières différentes.
 
 
 
Introduction
 
 
 
Avenue Voltaire, salon Voltaire, blanchisserie Voltaire, cinéma Voltaire, imprimerie Voltaire… Quel manque d’imagination ! Il est vrai que l’on est à Ferney-Voltaire. Mais aussi Centre d’Aumard, chemin Florian, immeuble et restaurant Le Patriarche, immeuble Tancrède ; on a déjà l’impression d’être mieux informé sur la biographie et l’œuvre de Voltaire. Encore est-il permis de se demander combien de Ferneysiens savent qui furent Mademoiselle D’Aumard et Tancrède, la première étant la mère de Voltaire et le second l’un des héros tragiques du dramaturge.
 
Allons plus loin dans une quelconque bourgade de France et point n’est besoin de beaucoup chercher pour découvrir l’inévitable lycée Voltaire et la non moins inévitable avenue Voltaire. A Ferney, le samedi matin sur la place du marché, c’est sous la statue du Patriarche que s’installent les tréteaux d’organisateurs de pétitions et collectes en tous genres. Amnesty International a fait de sa silhouette découpée par Jean Huber son emblème. Dans le journal local, on s’étonne que l’on écrive tant d’inexactitudes sur une église que le Patriarche n’a jamais complètement rasée pour en construire une autre, mais simplement beaucoup restaurée. Au moins une chose connue.
 
Puisque l’on parle tant de lui, peut-être est-ce là l’occasion de poser la question indiscrète qui consiste à chercher à savoir ce que l’on sait de Voltaire, ou plus exactement ce que l’on en a lu. Question provocatrice s’il en est car les amateurs de discours passionnés deviennent vite agressifs et si on a l’imprudence de la poser dans un train de la région genevoise à six heures du matin, tout le monde est vite réveillé. Mais pas davantage éclairé par les nombreuses contradictions violentes qui fusent de toute part. A vrai dire, on a beaucoup de chance lorsque l’interlocuteur a lu quelques extraits de Candide ou de Zadig.
 
Ces contradictions sont bien excusables lorsqu’on découvre celles, plus étonnantes encore, de ceux qui ont été les commentateurs patentés de son œuvre et de sa biographie, à longueur de vie dans certains cas. Si l’on a pris le goût de lire Voltaire, il est bien difficile de le reconnaître dans les nombreuses études publiées à son sujet, sans parler des manuels scolaires. Les vices et vertus les plus opposés lui sont prêtés allègrement, et ce d’une manière qui semble quelque peu étourdie.
 
Oui, il fut d’un courage moral exemplaire dans les nombreuses luttes assez solitaires qu’il mena pour esquisser les droits humains à la société d’alors, mais sa très grande fragilité physique le poussait aux pires angoisses peu dignes d’un héros ; aussi généreux qu’économe, on le traite de « brillant parasite ». Mais encore d’« aubergiste de l’Europe », et s’il est vrai qu’il aima les mondanités et les dîners – pourvu que l’on sache y causer – cela ne l’empêchait pas de se lever à quatre heures du matin au son d’une cloche à Cirey pour travailler comme un bénédictin. Il était d’une indulgence extrême avec ses amis tout en poursuivant à vie des ressentiments profonds à l’égard de ses ennemis et l’on s’étonne qu’il ne se soit pas aperçu à quel point la frontière qui sépare les uns des autres est mince. Capable d’une noblesse d’âme infinie, il pouvait s’attacher à des vétilles d’une mesquinerie qui le déparait quelque peu. Certains lui reprochent le « ton sardonique et dépourvu de sensibilité » de son style alors que d’autres le voient comme un névrosé d’une hypersensiblité pathologique. Il fut souvent accusé d’avoir constitué malhonnêtement sa fortune quoique l’on s’accorde à reconnaître qu’il redistribua son bien avec une largesse inégalable, les paysans affamés du Pays de Gex en ayant énormément bénéficié. Il est considéré comme le père de la Révolution française mais aussi il eut un faible pour le « monarque éclairé ». Enfin, sa pseudo-absence de foi n’a d’égale que son acharnement à répandre la religion théiste, une demi-foi en quelque sorte. Pour ne pas oublier son goût du luxe, son comportement de « bourgeois gentilhomme », et l’inceste qu’il pratiqua avec sa nièce. On aurait omis l’essentiel si l’on ne faisait état de ce qu’est devenu le célèbre « esprit voltairien », entendant par là « chicaneur à l’extrême ». Pour le Petit Robert, il s’agit de la mentalité qui consiste à adopter ou exprimer « l’incrédulité, l’anticléricalisme et le scepticisme railleur ». Ce pourrait être tout pour les critiques qui continuent d’aller bon train à l’heure actuelle.
 
Les ennemis ne lui ayant jamais manqué, il serait pourtant intéressant de savoir si ses contemporains lui ont adressé les mêmes reproches. Anticlérical, il fut considéré comme l’athée du siècle… Critique fort mal portée en ce siècle-là. Mais que dire de son impertinence lorsqu’il osait remettre un aristocrate à sa place par une boutade, cette classe sociale ayant toujours eu raison jusqu’alors ? Sa désinvolture à l’égard de cette hiérarchie ne l’empêcha pas d’avoir la plupart de ses amis dans cette société, amis qui, d’ailleurs, se tinrent cois lorsqu’on le bastonna et l’embastilla. Relativement grave à l’époque fut son défaut de « mauvais patriote » : il ne fut pas le seul hôte français du roi de Prusse mais son intimité avec ce dernier inquiéta la Cour de France. Jusqu’à quel point était-il un parfait diplomate et où commençait la possible trahison ? Frédéric à son tour ne l’épargna pas et lui reprocha son esprit chicanier, sa naïveté, sa volubilité, ses gaffes, le fait qu’il soit incapable de garder un secret…

Voilà bien des critiques pour un XVIIIe et un XXe siècles réunis en glissant sur un XIXe qui ne le ménagea pas non plus et force est de constater que peu d’entre elles ont quelque chose en commun.
 
La liste devient étrangement brève si l’on recherche parmi ces critiques celles qui sont constantes. La voici : anticléricalisme, manque de foi, impertinence, esprit chicanier devenu « voltairien ». L’on est même saisi par la constatation que la plupart des traits de caractère que son époque considéra comme des vices sont devenus justement les vertus pour lesquelles nous l’admirons à présent. L’anticléricalisme en question a tout pour plaire à beaucoup. Le patriote douteux de la Cour de Louis XV devient pour nous un Européen avant la lettre. La remise en question de la particule aristocratique est la vertu de base de la démocratie française telle que définie par la Révolution, le droit de naissance étant définitivement admis comme le type de fausse valeur. Quant au scepticisme, il s’apparente étrangement à la démarche scientifique du XXe siècle, preuve de sérieux.
 
Peut-être est-ce aussi le moment de chercher à savoir pourquoi ses contemporains l’ont tant admiré quoiqu’il les ait en même temps bien maltraités ? Le XVIIIe siècle aurait pu s’ennuyer beaucoup sans Voltaire. La belle société qui ne subissait aucune autre contrainte que celle qui consistait à donner ou se rendre à des mondanités, qui souffrait beaucoup – et pour cause – du tube digestif, qui promenait un embonpoint blasé de château en château avait grand besoin de ces amuseurs qui écrivaient poèmes et épigrammes dans la journée pour les lire le soir au dîner. Il fallait rire, pleurer et se pâmer. Les châteaux qui se respectaient avaient leur petit théâtre et les aristocrates courageux interprétaient des rôles amateurs, les acteurs professionnels se trouvant bien loin dans les grandes villes.
 
Dans sa jeunesse, Voltaire fut vite l’homme de la situation. Il avait toutes les vertus du bouffon distingué à une époque où cette fonction avait en principe disparu. On l’invitait donc pour animer une soirée ou un séjour dans un château triste. Comme il n’aurait su se contenter longtemps de cette fonction, il écrivit vite du théâtre et son premier succès de jeunesse fut Œdipe, œuvre significative pour un jeune homme trop tôt orphelin de mère. A sa première représentation, il réussit même à faire pleurer son notaire de père qui, au fond, l’était si peu.
 
Pour ses contemporains, Voltaire fut avant tout un homme de théâtre et un poète. Personne ne lui discuta ces talents-là – pas même les papes qui se succédèrent au long de sa vie – et de Œdipe à Irène pour la représentation de laquelle il alla mourir à Paris, son suc

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