Virtuelle Apocalypse
358 pages
Français

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Virtuelle Apocalypse , livre ebook

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Description

« Là, il s'arrête net : accrochée au tronc de son chevet de fortune, une feuille de papier ! Il s'approche : oui, c'est bien une feuille de papier, de couleur brune et noircie d'une écriture faite de lettres bizarres, comme sur les anciens parchemins. Roland hésite puis s'avance encore et il lit, incrédule : “À l'aube d'un nouvel âge, ton âme pénétrera dans un territoire étrange, fait de toute éternité humaine et, pourtant, singulièrement le tien. Tu y vivras les épreuves de ton histoire majeure et tu y connaîtras les altérations du même, entre joies et périls, raison et déraison. Ton désir saura trouver les huit merveilles ambiguës, portes des stases qui enivrent jusqu'aux âmes les plus froides. Tu devras puiser en toi la force de les franchir. Quoi qu'il advienne, ne t'écarte pas de ton chemin, suis les étapes qui te conduiront vers le Nord extrême, aux confins du monde fabuleux. Là, dans l'antre de tous les possibles, sera écrit le mot de ta fin.” » Alice a son Pays des Merveilles, Julius a quant à lui son Altermonde, lieu d'initiation, espace de métamorphoses, de quêtes et de découvertes sur soi, qui s'inspire, sous la plume de S. Tagnani, de grandes références de la culture. Récit épique au sens premier du terme, Virtuelle Apocalypse se double encore d'une réflexion sur les rapports entre réel et imaginaire à l'âge de l'informatique, et compose, en creux et à travers les expériences de son héros et de ses doubles, le cheminement intime d'un adolescent qui se cherche en cet âge si particulier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342164701
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Inconnu


Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.



175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
 
 
« Où est le réel humain ? Dans les fictions qui le constituent. »
« L’identité est construite grâce à l’identification. Le soi est tissé d’autres. »
Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice
Prologue
Ce dimanche d’octobre, Julius se leva tard, beaucoup plus tard que d’habitude. La veille, il avait fêté ses treize ans et il pouvait rester bien au chaud sous sa couette à rêvasser. Et Julius songeait, effectivement. Il se remémorait la journée : ses copains à la maison, les cadeaux, les parties de foot organisées par son père, le gâteau préparé comme d’habitude la veille par sa mère et sa sœur, qui représentait toujours un élément du monde qu’il appréciait : un train, un terrain de foot. Cette fois-ci, ça avait été un être hybride, un robot humanoïde, comme ceux des jeux vidéo auxquels ils avaient joué sur le grand écran plat du salon, après le goûter, pour finir la journée en beauté au milieu des cris d’excitation et des éclats de voix moqueurs.
C’était le dernier anniversaire qu’il passait avec ses copains. Au prochain, normalement, il ne serait plus là. Sa famille déménageait : direction la banlieue de la grande ville où il était né, comme un retour aux sources pour lui. Il avait quitté sa ville natale alors qu’il savait à peine marcher et avait passé toute son enfance dans un grand village à la périphérie d’une agglomération à taille humaine, tranquille. Il avait déjà connu une telle séparation, mais à un degré moindre, lorsqu’il avait sauté la classe de CE1 pour se retrouver tout seul au milieu d’inconnus en CE2. Passé le mal-être du début, il s’était lié avec quelques nouveaux tout en continuant à fréquenter certains de ses anciens camarades. Les plus proches étaient là hier. D’abord Raphaël, dit Raphi, un petit métis franco-marocain à l’apparence réservée mais qui cachait une énergie et une force de caractère redoutables qu’il mettait à profit dans un art martial exigeant, le qwan ki do, une sorte de kung-fu vietnamien. Ensuite, un ancien camarade qu’il avait gardé grâce au foot : Geoffroy, gardien de but de son état qui impressionnait les adversaires davantage par son physique imposant que par la rapidité et la pertinence de ses sorties – Geoffroy avait fini le gâteau sans avertir personne… Enfin les filles : son père et sa mère avaient tenu à ce qu’il invite les deux camarades qui étaient toujours venues à ses anniversaires depuis le CP, comme s’il n’avait pas grandi ! Hélène, une « petite fille modèle » qui ne pouvait pourtant s’empêcher d’éclater de rire à tout moment dès que Julius faisait le pitre, ou même ne le faisait pas – une vraie fontaine de rire frais, cette Hélène ! Et Harmonie, bientôt quatorze ans et encore si gamine, toute frêle mais toujours prête à jouer même à des jeux de garçon. Hier, elles n’avaient pas été à la fête, et Julius s’en voulait un peu – mais bon, c’était quand même mieux d’être entre garçons.
Soudain, la porte de la chambre s’ouvrit avec grand bruit et une jeune fille blonde entra en criant :
— C’est l’heure, chacal puant, schnell  ! Dernier appel avant la fin du petit déjeuner ! On se bouge là-dedans !
Encore une des blagues sympathiques de sa grande sœur Clara, une adolescente rock tendance metal industriel mais pas trop (la noirceur de son âme se logeait uniquement sur le bout de ses doigts et ses seuls piercings enjolivaient sagement ses oreilles). Julius en avait l’habitude et avait arrêté de réagir au quart de tour, comme elle l’espérait encore. D’ailleurs, il ne put répliquer : Clara écoutait sur son baladeur son groupe de rock préféré, un groupe allemand aux mélodies aussi épurées qu’un design de panzer, et vociférait un baragouin « teuton tragique » qui le poussa à rentrer la tête sous la ligne Maginot de son oreiller en attendant que cette Blitzkrieg reflue. La porte se referma, en effet, et avec elle cette parenthèse aussi guerrière qu’assourdissante : ce fut comme une libération !
Sa sœur n’avait que deux ans de plus que lui mais le considérait encore comme un petit garçon, « le nain » disait-elle parfois pour le taquiner, et exercer son autorité et son devoir d’aînée bien pensés dès qu’elle le pouvait. Au début, il s’en était plaint auprès des parents qui avaient grondé sa sœur – son père s’amusait à la traiter de « chipie », de « petite peste ». Elle avait réduit ses moqueries sans les abandonner. Mais maintenant, il s’y était fait. Il avait compris que sa sœur réagissait ainsi également par jalousie, c’était une façon de l’abaisser gentiment, de combattre sa supériorité à l’école, même si elle était une bonne élève.
Car Julius n’y pouvait rien, il aurait bien voulu être comme tout le monde, mais il avait des facilités, voire davantage : il était ce qu’on appelle un enfant intellectuellement précoce. Il l’avait accepté comme on accepte sa couleur de cheveux, sans y prêter une importance excessive, mais parfois il se sentait comme un roux au milieu de chauves, à part. Heureusement, sa nature le poussait à se fondre dans le groupe et sa gentillesse faisait le reste… il perdait ses cheveux et redevenait un enfant comme les autres. Après tout, chacun est différent d’une manière ou d’une autre et l’essentiel, c’est d’être à l’aise comme on est avec les autres. En le voyant jouer avec ses camarades aux mêmes jeux, parler sans se mettre en avant, on ne pouvait soupçonner cette différence. Et puis, atout majeur, son humour fanfaron de petit lutin l’aidait beaucoup : il était presque devenu la mascotte de la classe. Il n’empêche, il aimait bien aussi se retrouver seul dans sa chambre, sur son lit. Il se sentait bien, à l’abri, entouré de ses compagnons de chiffon et de plastique qui veillaient sur lui depuis sa naissance. Même Myrtille, leur cochon d’Inde, était là : la tête de Spiderman, dont le poster était collé sur une des portes du grand placard, avait été malicieusement remplacée par son museau.
Dans certains moments de mélancolie comme à cet instant, il retombait en enfance. Il prenait son « Lala », son doudou des premiers jours, un lapin jaune en tissu maintenant très rapiécé aux grandes oreilles moelleuses et à la bouche croquignolette, qui le connaissait plus qu’aucune personne réelle, davantage même que ses parents, et il lui parlait :
— Mon cher Lala, n’aie pas peur, tu la connais, tu sais qu’elle n’est pas méchante, un peu frappée au pire. Faut la comprendre, elle écoute tous les jours une musique de sauvage, c’est normal qu’elle pète les plombs ! C’était bien hier, non ? OK, quand on a tous envahi la chambre pour jouer aux fléchettes, on a été plutôt bruyants, certains sont même montés sur le lit et se sont amusés avec toi, mais tu les connais bien aussi, et je ne les aurais jamais laissés te faire du mal. Tu sais qu’on va partir l’année prochaine ? Tu es triste ? Moi oui, un peu. Je me demande où on va être, si ça sera bien, si je me ferai de nouveaux copains. Ça sera certainement plus difficile à vivre qu’ici, c’est tellement grand là-bas, et il se passe tant de choses. Tu sais qu’on s’est promenés un dimanche en septembre dans les villes où on voudrait trouver notre maison ? Pas mal en fait, surtout le grand collège et lycée entouré d’un mur très haut et avec un parc immense, ça me plairait bien d’y être.
Julius se tut. Il soupira profondément, ajusta la couette sur tout son corps à l’exception de sa jambe droite qui faisait thermostat et se laissa aller dans ses pensées. Son esprit s’engagea comme souvent dans une suite d’idées s’associant rapidement, bientôt pris dans un flux irrépressible. Au fur et à mesure de sa plongée dans les profondeurs de sa réflexion, paradoxalement, son cerveau acquit une liberté de mouvement, une fluidité croissantes, comme s’il puisait son oxygène dans les abysses, comme si ce monde subconscient était son milieu naturel. Il baignait dans des ondes douces et bienfaisantes. Parfois, une brusque prise de conscience, éphémère, provoquait une légère sensation de vertige et troublait sa descente, interrompait sa déambulation. Une nouvelle association d’idées étonnante, le surgissement d’une émotion agréable rétablissaient le contact avec le réseau déjà créé, et Julius retrouvait cette jubilation intérieure si parfaite : il devenait l’architecte de son univers mental.
Mais cela ne se passait pas toujours dans la plus grande sérénité, la clarté n’était pas toujours au bout du chemin. Par moments, c’était carrément un tel trou noir qu’il avait du mal à émerger du puits dans lequel son esprit l’avait fait tomber pour revenir dans le monde des vivants. C’est ce qui arriva ce matin-là. Julius était, sans vraiment l’admettre, préoccupé. Il était partagé. D’un côté, l’excitation du changement, la perspective de la grande ville avec tous ses avantages, la chance d’une adolescence dans un environnement riche de possibilités : il commençait à se sentir à l’étroit dans son petit monde si balisé, si connu, si calme, son monde de l’enfance. Il était temps de sauter le pas vers la « grande vie » à venir. De l’autre, la peur de l’inconnu, d’être confronté à un univers dur, difficile à comprendre et à faire sien, trop vaste et trop plein de zones d’ombre pour ne pas s’égarer, faire de mauvaises rencontres ou tomber dans des embuscades. Julius connaissait son hypersensibilité, sa difficulté à affronter l’adversité, son envie de surseoir, voire d’abandonner, de renoncer dès le premier obstacle, dès le sentiment d’un effort voué à l’échec. Il devait faire face, combattre cette tentation de repli frileux. Il avait com

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