Un tour de la France cyclotouriste
138 pages
Français

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Un tour de la France cyclotouriste , livre ebook

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Description

« Pour l'instant, ma tenue est impeccable. Mon maillot noir, vierge de toute publicité, car le cyclotouriste ne se transforme jamais en homme-sandwich, frissonne sous une légère brise. Mon cuissard luisant moule des jambes bien bronzées. De larges lunettes soutiennent un front dégarni. La pointe d'un cale-pied grésille sur le macadam ; les sacoches s'ébrouent à l'arrière ; les chaussures cliquettent dans leur mouvement de bascule un peu ridicule. La bicyclette et son chef d'orchestre donnent un petit concert matinal. Je suis heureux, alors la machine se réjouit avec moi. » Dès les premières pages de ce récit, l'on sent que la relation de ce tour de la France ne sera pas comme tant d'autres... Jugez : dans ces pages, la bicyclette flaire le bitume quand elle ne transpire pas après l'effort ; un chevreuil peut vous décocher un sourire avant de disparaître ; les éléments sont de pleins compagnons de route, tantôt amis, tantôt contraignants ; une symbiose se crée entre le cycliste et son vélo ; les rencontres humaines sont toujours inattendues... Voici quelques-unes des anecdotes et impressions, touchant parfois au surréel, qui émaillent ces pages où il est question de rendre compte d'une expérience de vie intense, transformatrice, qui change l'œil et le rapport au monde de celui qui s'est lancé dans ce périple.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342159899
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un tour de la France cyclotouriste
Jean-Paul Halle
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Un tour de la France cyclotouriste
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://jean-paul-halle.publibook.com
 
 
 
 
« Écrire, c’est prendre de l’avance sur la mort, en finir aujourd’hui avec ce que l’on peut remettre à plus tard, ranger une fois pour toutes dans les tiroirs du temps ce que d’autres découvriront un jour, chargé de poussière. »
J. L. Outers
 
Une bicyclette dans Paris
Comment, à presque quarante ans, en ces années 1979/1980, l’idée d’effectuer un tour complet de la France en bicyclette a-t-elle germé dans mon esprit et pris corps dans mes projets ?
Évidemment, il ne s’agissait pas du Tour de France des professionnels, mais d’un tour de la France effectué au rythme d’un cyclotouriste, c’est-à-dire à la vitesse moyenne de 18 kilomètres à l’heure environ. Rien à voir avec les allures folles des coureurs aux maillots multicolores.
Pour être validé, ce périple, organisé par l’U.S. Métro de Paris, doit s’effectuer en trente jours maximum, sans aucune aide ni assistance, à la seule force du jarret. Le parcours imposé suit au plus près les frontières de l’Hexagone mais, comme la bicyclette n’est pas équipée de flotteurs, la Corse ne fait pas partie du périple.
Un carnet de route fixe les points de passage à respecter impérativement.
À chacun de ces endroits – ville, village, sommet de col, site remarquable –, le cyclotouriste doit faire apposer un cachet sur ce carnet par un commerçant ou une administration.
Le jour et l’heure du passage sont portés sur ce document par la personne qui accepte de délivrer ce visa.
Ce récit précise bien qu’il s’agit d’un TOUR COMPLET DE LA FRANCE.
Les périples au long cours que j’ai effectués les années précédentes ont certainement contribué à ancrer peu à peu en moi l’envie de réaliser ce fabuleux périple. Ces belles randonnées m’ont surtout apporté l’expérience nécessaire pour réussir ce nouveau défi.
Voici la liste des principales chevauchées qui m’ont permis de traverser la France, et même de sortir des frontières et qui m’ont aguerri physiquement et moralement :
Il y a tout d’abord ce que l’on appelle « les flèches ». Ce sont des périples qui relient Paris à une ville frontière. J’en ai effectué quatre :
PARIS – LE HAVRE ; PARIS – ROCHEFORT, et dans la foulée LA ROCHELLE – PARIS et enfin PARIS – STRASBOURG.
Puis, les difficultés s’accroissent avec « les diagonales ». Il s’agit de traverser la France de part en part : voici celles que j’ai épinglées à mon palmarès :
DUNKERQUE – MENTON ; DUNKERQUE – HENDAYE, suivi immédiatement d’un HENDAYE – MENTON ; BREST – STRASBOURG ; DUNKERQUE – PERPIGNAN et encore STRASBOURG – HENDAYE, suivi immédiatement d’un HENDAYE – CERBÈRE.
La distance de chaque diagonale est d’environ 1 000 kilomètres et elle doit être exécutée en 3 ou 4 jours selon la longueur, sans oublier les nuits car il faut souvent partir à l’aube et ne poser pied à terre qu’au soleil couchant.
Il y eut également d’autres randonnées plus atypiques, telles que : ANTIBES – THONON-LES-BAINS ; THONON-LES-BAINS – VENISE et THONON-LES-BAINS – TRIESTE, ces fabuleuses chevauchées alpestres.
Et enfin deux PARIS – BREST – PARIS aller-retour, sans autre repos que quelques heures de sommeil à la sauvette, soit 1 200 kilomètres d’affilée. Épreuves épuisantes qui ne prouvent pas grand-chose si ce n’est que l’on sait souffrir !
 
Pourtant l’itinéraire de ce parcours fantastique que j’entreprends m’effraie quand même.
 
Pensez donc : 4 800 kilomètres à effectuer en solitaire, en moins de 30 jours, quelle aventure !
Le 14 août 1980, c’est le départ, de Paris. La veille, je passe la nuit à l’hôtel « Astrid », 27 avenue Carnot.
Il est 5 heures, comme chantait Jacques Dutronc, quand nous sortons tous deux, mon compagnon de voyage (je veux parler de mon vélo) et moi. Lui est chargé comme un âne bâté. Je suis encore propre comme un sou neuf.
Ma famille a pris la route pour Saint-Jean-de-Luz où je la rejoindrai plus tard pour la seule journée de repos prévue… si j’arrive jusque-là.
En effet, je n’en mène pas large, car le périple me semble bien ardu, même si la préparation a été sérieuse et si l’expérience des périples précédents me donne des repères.
C’est un drôle d’équipage qui s’engage sur le trottoir.
L’arc métallique de la roue avant sort le premier du couloir de l’hôtel.
Un arrondi de garde-boue jette le regard globuleux de son phare. En effet, sur un vélo de cyclotourisme il faut impérativement un éclairage en état de marche.
À l’aube de ce matin d’été, la chaleur s’annonce déjà intense.
Pour l’instant, la machine gesticule dans le couloir. Je ronchonne en poussant mon compagnon récalcitrant. On pourrait croire que nous nous chamaillons.
Deux ou trois fois la bicyclette titube, exhibe un morceau de jante, la corne du guidon, la virgule d’un blocage de roue, avant de s’immobiliser.
Les sacoches font tomber une poussière fine en éraflant les murs.
Ce n’est pas facile de diriger une bicyclette en la guidant par la selle.
La roue avant, libre de ses mouvements mais alourdie par le sac de guidon, bascule dans tous les sens et s’immobilise enfin, hébétée, sur le trottoir. Elle semble flairer la rue, comme un chien qui chercherait un gibier imaginaire.
Doucement, l’ensemble descend dans la rue. Nous avançons, complices.
L’avenue Carnot, déserte et douce, est aussi calme qu’une place de village à l’heure de la sieste.
Quel équipage !
Les sacoches arrière, bien dodues, sont coiffées d’un poncho gris, lui-même surmonté d’une casquette jaune tire-bouchonnée. Deux sandows rouges sanglent le monticule et le soudent au porte-bagages comme un jambon fumé.
Le guidon exhibe un sac boursouflé, grosse verrue décorée de pochettes difformes. De l’une d’elles pointe le manche luisant d’une petite cuillère et une clé rouge donne à l’autre comme un petit nez de clown.
Une carte routière, bariolée de grandes lignes colorées et agrémentée de cercles bleus, se cache sous un plastique protecteur. Pour limiter l’encombrement et le poids, j’ai soigneusement découpé des bandes de cartes routières correspondant aux étapes. L’itinéraire y est surligné. À chaque étape correspond une feuille.
Deux bidons se toisent sur les tubes du cadre.
Une pompe noire écrase sa tête incurvée sous la barre transversale et accroche son pied au pédalier, longée par quelques rayons scotchés contre le tube. Un pneu neuf et une petite sacoche en tissu sont brêlés sous la selle.
Il faut savoir réparer sommairement toutes les avaries possibles.
Au-dessus de la roue arrière, une petite plaque annonce :
Tour de France randonneur : n° 613
Aux rares espaces inoccupés on devine que la bicyclette est rouge !
Pour l’instant, ma tenue est impeccable. Mon maillot noir, vierge de toute publicité, car le cyclotouriste ne se transforme jamais en homme-sandwich, frissonne sous une légère brise. Mon cuissard luisant moule des jambes bien bronzées. De larges lunettes soutiennent un front dégarni.
La pointe d’un cale-pied grésille sur le macadam ; les sacoches s’ébrouent à l’arrière ; les chaussures cliquettent dans leur mouvement de bascule un peu ridicule. La bicyclette et son chef d’orchestre donnent un petit concert matinal.
Je suis heureux, alors la machine se réjouit avec moi.
Un caniche trottine vers nous comme pour faire connaissance. Ses petits yeux malins se cachent sous de longs poils blancs. Subitement, il se soulève sur les pattes arrière en poussant un petit cri. Son maître, mal réveillé et presque grincheux, vient de bloquer la laisse à enrouleur. L’animal, penaud, retourne vers les deux boules blanches affalées sur les chaussons, partie visible du pyjama caché sous un manteau étriqué.
 
Lorsque je bascule la bicyclette pour m’y installer, le chien continue de m’observer, la tête légèrement penchée, comme s’il comprenait que la compagnie de ce drôle de « vagabond » lui réserverait une vie agréable. Il s’imagine, escaladant les talus, débusquant merles et lapins, et surtout, guettant, attentif, les miettes des nombreux repas que je vais grignoter au bord des routes.
Le cabot partagerait volontiers tous mes coins de talus. Quel rêve ! Son flair lui révèle que nous ferions, tous les deux, une bonne équipe de routards.
Le maître a pris un air détaché, intéressé soudain par la cime des arbres, peut-être pour ne pas répondre au salut que je lui ai lancé (répondre à un bonjour, voilà une vieille habitude de village, méconnue des citadins).
En descendant l’avenue de la Grande Armée, après avoir frôlé l’Arc de Triomphe, je sens une émotion me gagner peu à peu.
Me voilà parti pour une extraordinaire randonnée au long cours.
Le parcours suit les frontières et le littoral avec tant de précision que je parlerai toujours du tour de LA France et non du tour de France.
4 800 kilomètres ! Je vais parcourir 4 800 kilomètres, en 23 jours… si tout va bien.
Les 79 points de contrôle sont imposés mais le parcours est libre. Le premier contrôle s’effectue au point de départ. Le cachet de l’hôtel « Astrid » en fait foi.
La première étape me conduira à Audruicq, dans le Pas-de-Calais.
À ce moment précis, je ne suis pas certain de réussir.
En préparant les étapes, j’ai vu avec effarement les chiffres s’aligner.
Le premier jour, PARIS – AUDRUICQ : 325 kilomètres. Il ne faut pas avoir tous ses esprits pour prévoir une telle étape !
AUDRUICQ – HIRSON ; HIRSON – METZ ; METZ – LAC BLANC, etc. Le Jura, les c

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