Un signe dans la vie
82 pages
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Description

Venise, ville de ses os, sise sur des canaux de sang... Vincennes, ses canoteurs du lac Daumesnil, ses canards et ses bons coins dans les îles... Paris, ce beau profil émergeant, toute aube bue, digne de Cimabue ou d’un maître portraitiste... Souvenirs fantasmés de la plage de Pampelonne... Ici et ailleurs, les étoiles nous conduisent sur mer, mais quel autre ciel nous guidera lorsque nous traverserons l’autre mer qu’est la nuit ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748374834
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un signe dans la vie
Août Saïder
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Un signe dans la vie
 
 
 
 
Palais des Beaux-Arts
 
 
 
Au sujet de la souffrance, ils se trompaient rarement,
les vieux maîtres ! Comme ils comprenaient bien
sa position humaine, la façon dont elle prend sa place,
se place,
tandis que quelqu’un d’autre mange, ou bien ouvre une fenêtre,
ou simplement se promène.
 
Comment, tandis que les vieux attendent avec respect,
avec patience, avec passion,
la naissance virginale, il y aura toujours
des enfants qui ne désirent pas particulièrement
que cela arrive, patinant
sur un étang en lisière du bois.
 
Ils n’oubliaient jamais
que même le terrifiant martyre suit son cours,
de quelque façon que ce soit, dans un coin, quelque endroit sale
où les chiens mènent leur vie de chien.
 
Dans l’ Icare de Breughel, par exemple, toute chose s’écarte
comme à loisir du désastre. Le laboureur
aurait entendu l’éclaboussement, le cri perdu :
mais est-ce là pour lui un échec important ?
 
Le soleil brille
ainsi qu’il se doit, planté sur ses jambes blanches
qui disparaissent dans l’eau verte
et le coûteux et délicat bateau qui aurait pu sembler
quelque peu étonnant : un garçon tombant du ciel,
ayant quelque course à faire, ne va-t-il pas, comme prévu,
y mettre la voile ?
 
 
 
Meunier, tu dors
 
 
 
1
 
 
Je suis un métis des cinq parties du monde,
et je n’ai rien de pur en moi.
Métissé du monde, je suis ouvert
de tous les côtés.
Le monde en moi vient,
et va et vient
comme dans un moulin.
 
Tout mon corps dressé crie,
parce que mes ailes vont
trop vite,
et je me meus à moudre, je mouds à mourir,
je meurs de moudre et mouds toujours,
et je m’émeus à me moudre
trop fort.
 
Les cinq parties du monde
gémissent
parce que le monde va trop vite,
depuis que des ailes
lui ont poussé.
 
Ah ! Meunier, plus inventif qu’un homme,
depuis que tu nous les as données,
ces ailes, il n’y a plus de repos !
oui, c’est bien
joli d’avoir des
voiles,
mais il faudrait les rentrer
dans la tempête.
Et c’est au cœur
de moi
que je mouds le grain,
et que je souffle cette haleine
qui m’arrache sans m’éteindre,
chandelle imbécile qui s’essaie
à se souffler.
 
Oh ! C’est trop, fini !
Je ne suis qu’un
tourbillon qui va
trop fort, ça ne pourra pas durer,
j’appelle à mon secours !
 
 
2
 
 
Je suis un métissé des
cinq parties du monde,
qui joue tout seul
à faire des parties de quatre
coins
avec ses cinq parties en
quinconce.
 
Pour me distraire d’avoir
des ailes,
je les figure dans mon jeu et
je me représente que je bats des bras
de joie,
que je ne suis plus un moulin,
mais un avion.
Rien à faire, tout
est mêlé,
ses ailes et mes hélices, pauvre insecte hélicoptère !
 
Et je murmure en moulant,
et je mouds
en marmonnant.
(Est-ce bien une action ?)
Je fais un métier
de gâcheur :
je mouds des chansons, il n’y a plus
de chansons et je me grise
de prières.
Il n’y a plus que des obscénités, et cette poésie
de klaxon,
comme un ivrogne qui s’extériorise.
 
 
3
 
 
Cacatoès coquet ou
cacochyme et cocotte qui caquettent,
encoqueluchés, mieux encore :
cahute qui cahote et chahute et
hoquette. Le monde
ne demeure jamais en
place et gratte
le grand fumier des nébuleuses
chaudes, plein de provende
et de parfums intimes. Il n’est plus
là, et nous ne fréquentons pas sa société.
Job, racleur
d’ulcérations personnelles, râleur entêté à ne pas tirer
profit des fientes de ses chameaux
morts,
trésor à faire pâlir d’envie tout l’Orient,
comme une aurore devant l’or même,
Phaéton rencontrant un soleil
facétieux, qui dégringole,
en rigolant, du ciel.
 
Bien que métissé de mal et de bien, je suis
beau,
semblable aux eaux
turquoise.
Je m’étale dans le vert,
mais je me rassemble
dans le bleu,
mêlant aux sourates mecquoises
des versets
bibliques.
Le sang bleu des rois apoplectiques
se mélange en moi
au jus vert, disparate, des chenilles
bourgeoises.
Je m’ingénie à faire l’ange
avec la bête.
 
 
 
Moulin, moulin de planches, tu
vas trop vite !
Alors, enfin, c’est trop fort ! Meunier,
tu dors
et nous périssons !
 
 
 
 
Le réveil des oracles
 
 
 
Prétentieux ventriloque vaticinant,
pèlerin des lieux honnis,
ton esprit
trompeur, par mégarde,
des faubourgs de Mégare à Cumes et de Cumes
à Delphes t’égare.
 
Le dieu qui t’a frappé est un maître méchant
qui rugit comme un lion dans tes moelles
et secoue nos âmes,
comme Apollon
sa crinière. Tout s’est tu,
tu te tais, mais n’en parles pas moins.
Ton silence nous frappe comme un pouls
magistral.
 
Il nous faut descendre les labyrinthes du cœur, tremblants
d’effroi déjà
d’entendre
renâcler le taureau qu’on sait.
Pitié pour la Pythie ! L’architecte de notre être
c’est Dédale, et nous sommes
perdus
dans nos propres replis !
 
C’est un palais crétois, ici,
et notre hôte
est un monstre jeune et sans regard
qui s’amuse sans égard des ruses de l’amour, car
c’est son frère qu’Ariane, en secret cette fois, croit chérir
et l’engeance de Minos,
un signe désastreux.
 
 
 
De defectu fidei
 
 
 
Les étoiles nous conduisent sur mer,
mais quel autre ciel nous guidera lorsque nous traverserons l’autre
mer qu’est la nuit ?
 
C’est une eau sournoise pour laquelle nous n’avons pas de gouvernail. Et pourtant,
je cherche l’arbre qui pousse
de la nuit, comme d’autres
font des feuilles, parce qu’il nous cache
le repos. Il y a des nuits visitées
à l’intérieur desquelles les anges
pendent en grappes, car il ne faut pas croire
que la nuit a été faite pour envelopper
nos fruits :
elle a le sien propre
à porter.
 
Jeune forêt, nous poursuivons
d’un mépris renouvelé
sans cesse la naissance miraculeuse de ton petit,
souriant, ô repos, légume
agaçant, nourriture dont nous avons perdu
le goût !
 
À quelles inventions ruineuses de sommeil, debout
et ruisselants sans répit
de nos âcres odeurs,
serons-nous
demain perpétuellement dévolus par ces nocturnes soleils fabriqués
de main d’homme, jusqu’à n’avoir, enfin,
d’astre plus fulgurant que celui de la mort
au zénith de l’enfance ? Voici
qu’Aménophis, comme un grand insecte,
ou Charles Quint, contemporain d’un âge d’éternité, sort
de son sarcophage et va,
tel un très vieil Arlequin qui ferait
de cérémonieuses salutations à de toutes petites filles.
 
Les ténèbres sont
profondes des profondeurs
de violence,
et je ne trouve de repos nulle part.
Jusqu’aux morts sont insomnieux.
 
Il faut pourtant y aller,
le vent ride nos cœurs faussement
calmes,
nous allons, je le sens, obéir
aux souhaits de la peur,
cette fois-ci
encore.
 
 
 
 
Le patriarche récent
 
 
 
Voilà pourquoi, sans
que rien n’ait changé, tout est différent.
 
Il aurait machinalement pris son café et fumé des cigarettes, sans rien demander
à personne, et là,
son corps
frissonne
sur cet

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