Tu parles d une affaire
216 pages
Français

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Description

« — L'affaire semble d'une banalité affligeante. Il s'agit probablement d'un larcin commis par une petite frappe surprise en flagrant délit de vol. Il a paniqué et s'en est pris au vigile qui, au cours de la bagarre, a récolté un coup de ya en plein palpitant. Mais je me suis toujours méfié des choses qui paraissent trop simples ou trop évidentes. Elles cachent parfois des surprises dont on se remet difficilement. » Il y a de l'agitation au musée des Tartignolles. Le Portrait du général Ivan Desky, peint par le camarade Valéry Proutine, a été dérobé et le vigile qui assurait la surveillance des lieux a été empoisonné puis poignardé. L'enquête s'annonce corsée, d'autant plus que les relations diplomatiques franco-russes ne sont pas au beau fixe. Le commissaire Léon Tenay, dit le Vénérable, accompagné de ses adjoints Pichon et Bartès, se voient contraints de livrer une investigation des plus finaudes. Entre rencontres ubuesques, argot et calembours, Guy Borsoï nous livre un roman policier d'une plaisante sagacité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342153279
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tu parles d'une affaire
Guy Borsoï
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Tu parles d'une affaire
 
Chapitre 1
Léon Tenay arrive à son burlingue sur les coups de six plombes et demie. Il largue sa tire dans la cour principale, à l’emplacement qui lui est affecté. Il croise le sous-brigadier Simon Simon qui le salue respectueusement.
— Bonjour, monsieur le divisionnaire.
— Bonjour Simon. Tout va pour le mieux ?
— Oui monsieur.
Après ces amabilités d’usage, Léon Tenay traverse le hall et grimpe à l’étage où se trouve son service. Il fait une pause sur le palier pour déguster le premier expresso de la journée. Son visage se reflète dans la vitre de la fenêtre qui donne sur la cour intérieure. Le jour n’est pas totalement levé et la pénombre la transforme en miroir. Sa chevelure blanche lui vaut le respect de ses hommes et son surnom : le Vénérable. Ses yeux, d’un bleu très pâle, mettent mal à l’aise nombre de ses interlocuteurs.
Léon Tenay flirte avec la quarantaine. Il bosse depuis près de dix ans sous les ordres d’Anatole Faugier, alias le Tsar, le patron du bureau des investigations policières ou BIP, une section spéciale directement rattachée au Premier ministre. Elle est implantée incognito au-dessus d’un commissariat de quartier proche de Matignon. Le BIP intervient principalement dans des affaires délicates qui mettent en cause les institutions françaises ou leurs représentants.
Célibataire, Tenay vit en concubinage avec Cloé, de cinq ans sa cadette. Elle n’est autre que la nièce d’Anatole Faugier qui s’est occupé d’elle à la suite de la disparition accidentelle de son frère et de son épouse. Léon l’a rencontrée lors d’une réception organisée par son oncle qui fêtait une énième décoration. Ils ont discuté le bout de gras pendant une grande partie de la soirée et se sont donné rencard dans un endroit plus discret. Au début, Léon ignorait les liens familiaux qui unissaient Cloé et Anatole Faugier puisqu’elle portait le nom de famille de sa mère. Puis un jour, elle lui a avoué la chose. Pendant plus d’un an, il est parvenu à cacher sa liaison jusqu’au jour où son patron s’est pointé à l’improviste chez sa nièce. C’était un dimanche matin. Le Tsar les a surpris au saut du lit. Le moment de stupeur passé, il s’est contenté d’un « on se connaît, je crois » à l’adresse de Tenay.
Léon jette son gobelet vide dans la poubelle et se dirige vers son bureau. Il ouvre l’unique fenêtre de la pièce avant de déposer ses miches dans un fauteuil qui ferait fuir un brocanteur tant il est en mauvais état.
Sur les coups de huit plombes, le téléphone sonne. Léon décroche le combiné. Le big boss le sollicite et l’invite à le rejoindre. Léon largue le turluphone, se lève et se dirige vers l’antre du Tsar. La porte est ouverte. Il s’annonce devant son patron qui soulève la boule qui lui tient lieu de tête. Ses petits yeux perçants scrutent son visiteur.
— Ça va ?
Léon ne se formalise pas de l’accueil qui lui est réservé car il en est souvent ainsi. Il ne daigne même pas répondre. Le dirlo l’invite à se poser sur un des sièges réservés aux visiteurs.
— Accordez-moi quelques secondes, le temps que je finisse la lecture de l’article d’un journaleux qui ne connaît rien à la chose publique mais qui ne peut s’empêcher de tartiner sur un sujet qu’il ne maîtrise pas.
Le Tsar est un homme craint et redouté par ses pairs et ceux qui ont pignon sur rue. Au fil des années, il s’est constitué un fichier impressionnant sur les élus de la république et les personnalités les plus en vue de la nation… Il repousse le baveux.
— Ma nièce va bien ? Cela fait plusieurs jours qu’elle ne m’a pas donné de ses nouvelles. J’espère qu’elle n’a pas oublié son oncle vénéré.
Léon Tenay ne répond pas et regarde autour de lui. L’espace directorial est meublé sommairement et sans aucun goût. Le style campagnard de la bibliothèque côtoie le bureau moderne et les fauteuils imitation Louis XV. Il attend que le Tsar referme le journal étalé devant lui.
— Il y a des tas d’informations utiles dans les quotidiens. Il suffit, pour les exploiter, de savoir lire entre les lignes. La rubrique qui m’intéresse le plus est celle consacrée aux turpitudes de mes concitoyens. Il ne se passe pas une journée sans qu’un crime ou un délit ne soit commis. Je constate que l’insécurité progresse. Le ministère de l’Intérieur publie des statistiques mais je sais que les chiffres qu’il diffuse ne reflètent pas la triste réalité.
Tenay ne bronche pas et s’abstient de tout commentaire. Il attend patiemment que Faugier l’informe du motif de sa présence. Aujourd’hui, le Boss porte de larges bretelles vertes par-dessus sa chemise rose. L’amour pour ce genre d’accessoire l’autorise à toutes les audaces et à toutes les fantaisies. L’émule de George Brummell pousse la coquetterie à arborer, comme toujours, un nœud papillon de la même couleur que le soutien élastique de son falzar.
Le patron du BIP dévisage son collaborateur.
— L’inaction doit vous peser. Cela fait une semaine que vous êtes rentré de vacances et vous n’avez rien de motivant à vous mettre sous la dent.
— C’est vrai.
— Je vous comprends. L’homme ne peut rester inactif trop longtemps sinon il se met à cogiter et à véhiculer des idées noires qui le minent. Il revendique la retraite à soixante ans et lorsqu’enfin il cesse de travailler, il s’ennuie à mourir. C’est d’ailleurs ce qu’il fait au bout de quelques années.
Anatole Faugier vient de souffler ses soixante bougies. C’est un célibataire qui consacre plus de douze heures par jour à son boulot. Il est sensiblement de la même taille que Léon Tenay mais avoue plus de cent kilos sur la bascule. Il doit son embonpoint à son phénoménal coup de fourchette. Il ne déjeune jamais le midi mais se paie une orgie de bouffe le soir venu au « Pou qui pleure   », un resto tenu par un de ses amis. Son seul exercice physique quotidien consiste à grimper les marches de l’escadrin qui conduit à son bureau.
— J’ai peut-être de quoi vous redonner le moral. En période de disette, un peu d’activité devrait remotiver vos troupes. Certes, ce n’est pas l’affaire du siècle mais c’est mieux que rien.
— Faut voir !
Le Tsar n’aime pas qu’on le contrarie ou qu’on lui tienne tête. Lorsqu’il s’énerve, comme dans les moments d’intense émotion, il zozote sans pouvoir se maîtriser.
— Ze vous dispense de vos commentaires.
Pour cacher son agacement, il aspire bruyamment la fumaga de son havane véritable. C’est la seule dépense excessive qu’il s’autorise, en dehors de sa garde-robe. Les jours où il est en forme, il fabrique des ronds de fumée qui font l’admiration de ses interlocuteurs. Aujourd’hui, il effectue un lâcher mettant en scène un quadrilatère en décrépitude qui affiche une fâcheuse tendance à se prendre pour un cercle. Il maugrée et abandonne la géométrie spatiale pour se consacrer à son collaborateur.
— Je viens d’être sollicité par Matignon pour une affaire qui, a priori , ne doit pas présenter de difficultés particulières pour le policier que vous êtes. Encore faut-il se méfier des investigations apparemment faciles.
Le Tsar dépose son barreau de chaise dans le cendrier et passe une main grassouillette sur son crâne glabre avant de s’épancher.
— Cette nuit, un individu a pénétré dans un musée pour y dérober un tableau. La chose serait banale si le veilleur de nuit n’avait pas été tué. La victime a probablement surpris le voleur dans l’accomplissement de sa tâche, ce qui lui a coûté la vie. Le vol concerne un tableau d’un artiste russe de bonne réputation qui expose actuellement à Paris avec quelques autres de ses camarades… Vous devez savoir que les relations franco-russes ne sont pas au beau fixe. Il se murmure que le président Igor Vlatine, déjà informé par je ne sais qui, manifeste l’intention d’appeler le chef de l’État pour que cette affaire soit rapidement élucidée, faute de quoi il pourrait fermer les robinets du gaz. Vous vous imaginez si, en plus des soucis quotidiens de notre bon François, s’ajoutait la restriction de cette ressource indispensable ? Je vois d’ici la gueule des ménagères qui ne pourraient plus préparer le rata de leur mari et de leurs rejetons. Enfin, Dieu nous préserve d’une telle situation ! Toujours est-il que le chef du gouvernement s’inquiète de la chose. Il va de soi que, conformément à notre façon de procéder, nous devons agir sans éveiller les soupçons de la presse toujours avide de scandales et de sensationnel.
Faugier rallume son cigare et tente de réaliser un rond de fumée digne de ce nom. Hélas, le résultat est aussi catastrophique que lors de sa tentative précédente. Passablement irrité, il poursuit tout de même son monologue sans omettre de zézayer.
— Quand le Premier ministre ou quelqu’un de son entourage m’appelle, ze décroche mon téléphone et z’obtempère. C’est ainsi que fonctionne l’administration française. Il n’est pas question de faire du zèle. Ze tiens à terminer ma carrière exemplaire dans les meilleures conditions qui soient… En l’occurrence, ce n’est pas lui qui m’a sollicité mais son chef de cabinet. Ze ne me vois pas en train de l’envoyer sur les roses ou de le prier de se remettre en mémoire l’organisation et le fonctionnement de la police nationale. Azissez donc pour le mieux et pour la France. Montrez à ceux qui nous critiquent que nous sommes réactifs, efficaces et intraitables vis-à-vis des scélérats qui enfreignent la loi. C’est grâce à des hommes d’action comme vous et moi que la République française est respectable et qu’elle fait

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