Trois millions d années
494 pages
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Trois millions d'années , livre ebook

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Description

Louise, Ulysse, Ramon et le professeur Tipple découvrent une étrange montagne, étonnamment symétrique, sous les glaces arctiques. Melliane, Joric et le Carys Herval apprennent l’arrivée d’une immense météorite, Tytân, qui va détruire Pergor et Zandrïn, et bouleverser Gaella, ancêtre de notre planète Terre. Trois millions d’années séparent ces deux évènements et pourtant leurs acteurs se ressemblent étrangement...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2004
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748372915
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0127€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Trois millions d'années
Maurice Moisy
Publibook

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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Mappemonde de Gaella avant le chaos de Tytân
 
 
 

1 – Découverte
 
 
 
Septembre 2017
 
— Regardez, Commandant ! dit le matelot en désignant la banquise.
 
L’ours blanc grogna furieusement en direction du renard. Celui-ci, tremblant de convoitise et d’anxiété, se tenait à une douzaine de mètres du grand fauve. Depuis près d’une heure il le regardait se repaître de la chair et de la graisse du jeune phoque qui avait commis l’imprudence de s’aventurer sur le territoire de chasse du géant. Le renard arctique, en parasite habituel de l’ours, savait attendre avec patience la fin de ces agapes pantagruéliques pour se nourrir des restes. Mais aujourd’hui l’ours n’en finissait pas. Exaspéré de faim, le renard avança précipitamment de quelques pas, effrayé de sa propre audace. L’ours rugit à nouveau, le mufle vers le ciel. Avec un jappement de terreur et de rage le renard s’enfuit et reprit sa faction, misérable et impuissant.
Du pont du navire, jumelles vissées aux yeux, le commandant suivit cette scène sauvage avec intérêt. Près de lui le matelot cinéaste-amateur la filmait. La banquise s’étendait à l’infini sous le ciel bas et lourd, surface monotone de glace et de neige, de blanc-bleuté et d’ombres grises. La fin de l’été arctique approchait, la température baissait régulièrement, allait bientôt passer sous zéro. Une seule tache de couleur, écarlate, dans cette uniformité, l’ours maculé de sang comme la glace autour de lui. Enfin repu, il contemplait d’un œil inexpressif son famélique solliciteur. Dans son étroite cervelle de brute, l’agacement causé par le harcèlement permanent du petit carnivore se diluait dans la satisfaisante plénitude d’une digestion commençante. Il grogna sans grande conviction, examina les reliefs de son repas disséminés autour de lui, ne vit aucun morceau de graisse qui tentât vraiment une ultime envie et, soudain décidé, déplaçant pesamment son énorme masse, il s’éloigna sans un regard en arrière. Le renard, avec un gémissement, se précipita sur l’aire sanglante qu’il entreprit de lécher avec frénésie, avalant tout rond des morceaux de viande et des lambeaux de peau.
 
— Cet ours est un sadique, dit le commandant en posant ses jumelles.
 
Il jeta un regard circulaire sur son navire en un réflexe professionnel. Le « White Bullet », ou le Wee-Bee comme disait plus couramment l’équipage, était ancré à quelques encablures du bord de la banquise. D’ici peu de jours la mer commencerait à prendre et il faudrait partir, avant le long hiver boréal.
Déjà la mi-septembre, quel dommage d’être arrivé si tard en saison sur les sites d’exploration, quel dommage… Et tout cela à cause des lenteurs des administrations russes, canadiennes et américaines qui avaient mis des mois pour étudier et accepter le programme d’exploration de la mission européenne. Le commandant Willy Von Lœrach poussa un soupir et gagna la cabine-radio.
 
— Pas de nouvelle du fond ?
— Non Commandant, mais je n’en attends pas avant quelques heures. Ils ont toujours du mal à arrêter de prospecter !
— Prévenez-moi aussitôt.
— Bien, Commandant.
 
Deux sous-marins profonds de la dernière génération, héritiers des bathyscaphes destinés à l’exploration des grands fonds océaniques, avaient été mis à l’eau depuis le Wee-Bee pour la deuxième fois quinze jours plus tôt. L’un se trouvait quelques milles à l’est du navire de surface, l’autre à plus de cent milles au nord, très loin sous la banquise. Tous deux recherchaient des gisements riches en nodules polymétalliques. L’Eldorado moderne gisait au fond des océans.
Comme toujours depuis mille ans l’Europe était à la pointe du progrès et de la recherche. Comme d’habitude depuis cinquante ans la Russie et l’Amérique, cette fille émancipée de l’Europe, s’efforçaient d’entraver son action. Mais depuis trois ans l’Europe était unie politiquement, le génie de ses peuples évoluait dans une dimension nouvelle qui pesait lourd à l’échelle de la planète. C’est ainsi qu’elle avait obtenu de haute lutte des permis d’exploration exclusifs sur ce vaste secteur de l’Océan Glacial Arctique. Ce succès était dû pour une bonne part au professeur Théodore Seamus Tipple, chef de la Mission Boréale Européenne, et personnalité mondialement connue et respectée.
Le professeur Tipple était aussi anglais qu’on peut l’être bien que sa morphologie fut à l’opposé de celle du longiligne major Thompson. Rond et rose, ne dépassant pas le mètre soixante cinq, d’une nature joviale qui lui faisait apprécier la vie et la bonne chère depuis un demi-siècle qu’il avait vu le jour, il devenait d’une humeur exécrable et d’une redoutable agressivité dès qu’un « âne stupide » s’avisait de vouloir lui tenir tête. Dans ces circonstances ses yeux d’un bleu de glace fixaient l’impertinent avec fureur, son visage virait au rouge brique, et son impudique crâne chauve se violaçait, complétant de belle façon le roux agressif de sa couronne de cheveux. De surcroît célébrité scientifique, aussi connu pour l’éclectisme et l’ampleur de ses connaissances que pour ses colères homériques et son redoutable coup de fourchette, il était un honnête homme dans tous les sens du terme. Au demeurant d’un commerce agréable, possédant un fort charisme, il constituait un pôle d’attraction pour les jeunes scientifiques dont beaucoup rêvaient de travailler sous sa direction.
Ulysse Vernet avait cette chance. Ingénieur de la Marine Française, devenue European Navy depuis peu, détaché à l’IFREMER 1 , il avait participé à la conception, puis avait dirigé la construction des deux sous-marins de soixante tonnes. Bien qu’ils fussent beaucoup plus grands et modernes que le premier vaisseau de ce type mis au point par le FNRS 2 , et beaucoup plus gros que ses successeurs européens ou américains, la place à bord restait mesurée, les équipements nombreux occupant la plus grande partie du volume. Les quatre membres d’équipage se trouvaient donc réduit à la portion congrue en matière d’espace vital. Il avait fallu constituer des équipes homogènes. C’était fort heureusement le cas à bord du « Professeur Auguste Piccard », plus communément appelé le PAP, celui des deux sous-marins qui effectuait la mission la plus lointaine, droit au nord, sous la banquise et à plus de quatre mille mètres de fond.
En plus du professeur Tipple et d’Ulysse Vernet l’équipage était composé de Ramon Sala, capitaine de corvette de l’ex-Marine espagnole et le compétent et dynamique docteur Louise Martens, spécialiste de l’étude des réactions de l’organisme humain aux conditions extrêmes. Après avoir achevé ses études dans son pays, la Belgique, elle avait passé plusieurs années aux Etats-Unis dont une au service de recherches médicales de la NASA.
Dans le bulbe sphérique d’observation et de pilotage situé sous le corps principal du vaisseau, le professeur et Ulysse travaillaient pendant que Louise et Ramon se reposaient dans le poste d’équipage.
Ulysse se massa les tempes.
 
— J’ai un mal de crâne atroce, Prof.
— La barbe, Vernet, c’est la troisième fois que vous me le dites en un quart d’heure.
— Peut-être, mais… Prof ! Le sol commence à remonter !
— Eh bien ! Pédalez plus fort mon garçon !
 
Ulysse donna un petit peu d’accélération aux moteurs verticaux. Le sous-marin s’éleva doucement.
 
— Pourquoi avons-nous pris cette direction, Prof ? Elle nous éloigne encore du Wee-Bee… et cela fait plus de trois heures que nous aurions du commencer la remontée finale…
— Il y a un haut-fond par-là, le seul à trois cents kilomètres à la ronde. Je l’ai détecté l’an dernier, lors des missions de repérage. Quitte à remonter autant le faire en ayant quelque chose à voir, non ? Je voudrais procéder à quelques prélèvements pour vérifier la nature géologique des sols. A quelle profondeur sommes-nous ?
— Trois mille neuf cents mètres. Nous avons déjà regagné trois cents pieds… Pas trop tôt ! Cette collecte de cailloux sur une plaine vaseuse où il n’y a rien à explorer est déprimante ! Deux semaines qu’on s’y traîne comme des escargots… Et j’ai les oreilles qui bourdonnent, en plus.
— Moi aussi ! Mais c’est à force de vous entendre vous plaindre, c’est exaspérant !
— Pffttt, soupira Ulysse.
 
Le professeur Tipple lui jeta un coup d’œil amusé. Bel athlète d’un mètre quatre-vingt dix et quatre-vingt dix kilos, d’une trentaine d’années, Ulysse avait pratiqué la boxe et le rugby pendant plus de dix ans. Il lui était pénible de séjourner aussi longtemps dans un espace confiné comme celui du PAP, Tipple le comprenait bien, mais quand on est sous-marinier… Avec ça beau gosse, yeux malicieux et cheveux bruns, il était la coqueluche de ces demoiselles et le professeur se demandait même si le docteur Martens… ils feraient un beau couple tous les deux.
Ulysse vit le reflet du sourire sur un des écrans : il se fiche de moi, pensa t’il.
 
— Trois mille cinq cents mètres. Il semble qu’on remonte une vallée, j’ai des échos devant et de chaque côté.
— Allumez tous les projecteurs, enclenchez les caméras, commanda Tipple. – Les écrans vidéos s’éclairèrent.
— De la gadoue, de la gadoue vallonnée, ça change…
 
Ulysse et Tipple étaient chacun à un poste de l’habitacle. Schématiquement, outre son rôle de Directeur de la mission polaire, le professeur cumulait à bord du submersible les fonctions de directeur scientifique et d’observateur-collecteur, tandis qu’Ulysse était pilote en l’absence de Sala, responsable technique-mécanicien à plein temps et obse

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