Socio logiques
316 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Socio logiques , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
316 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Sociologue d’origine martiniquaise, Juliette Sméralda aborde une nouvelle fois les nombreuses problématiques enserrant les minorités raciales. Cet imposant sujet d’étude est ici traité sous un angle esthétique et hiérarchique. En abordant entre autres la relation au corps des populations noires et leur traitement au sein de l’espace médiatique, l’auteur construit un essai prolifique, générateur de multiples questionnements.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748376661
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0157€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Socio logiques
Juliette Sméralda
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Socio logiques
 
 
 
« La sociologie est une science difficile parce qu’elle paraît facile. Ce n’est pas un hasard si cette science est l’une des dernières
Venues dans l’histoire des sciences. »
 
Patrick Champagne La Sociologie , Les Essentiels, Milan, 2005
 
 
 
« Mais la question est bonne : quand on est conscient d’une chose, est-on capable d’agir en conséquence ? Réponse… »
 
Marie Laberge
Annabelle , Boréal, Canada, 2001
 
 
 
Préface
 
 
 
Les populations d’ascendance africaine des Amériques et des Caraïbes sont les survivants d’un triple déni d’humanité, d’identité et de citoyenneté. Ils ont été et continuent d’être victimes du discours de stigmatisation le plus primaire mais le plus efficace qui soit, celui basé sur l’apparence physique et sur le taux de mélanine.
Soumis à ce regard clinique sur leur phénotype, les Noirs sont sommés continuellement à se définir par rapport à une échelle de couleurs établie par d’autres. C’est pourquoi l’identité est le thème ordonnateur de toute réflexion dans les pigmentocraties des Amériques noires, et qu’elle est au cœur de la « pensée noire ».
 
Ce prurit identitaire, effet induit du traumatisme subi et du besoin d’en exorciser les stigmates n’a cessé de travailler l’esprit et le corps des Noirs. Certes il s’est traduit par une fermentation et une créativité culturelles remarquables mais il les a également emprisonnés dans l’imaginaire des autres et dans une recherche effrénée de la reconnaissance par les autres.
 
Si cette quête douloureuse d’identité a provoqué chez les Noirs des troubles psychosociologiques graves, elle a également développé chez beaucoup d’entre eux une force de résilience qui les a aidés à survivre à la plus grande entreprise de déshumanisation de l’histoire humaine.
 
Juliette Sméralda est manifestement mue par cette même force de résistance qui lui permet de dépasser la posture de la victime et de porter un regard lucide et courageux sur les séquelles de cette histoire douloureuse. Suivant les traces de ses aînés afrodescendants qui ont forgé les instruments intellectuels pour l’émancipation des peuples noirs, Juliette Sméralda mène une réflexion engagée mais rigoureuse sur sa société et débroussaille de nouveaux champs de la sociologie de l’aliénation. Ses thèmes de recherche, ainsi que nous le donne à voir le présent ouvrage, recueil d’articles, de communications et de conférences faites dans un cadre aussi bien universitaire qu’extra-universitaire, touchent aux questions les plus sensibles, et les plus brûlantes des sociétés post-coloniales et post-esclavagistes des Antilles, mais aussi à l’imaginaire raciste occidental, toujours à l’œuvre. Par son activité intellectuelle inlassable, comme en témoignent le volume, la diversité et la régularité de sa production, elle s’inscrit ainsi dans la tradition d’imagination sociologique.
 
À travers ses différentes contributions, rassemblées dans cet ouvrage, Juliette Sméralda dissèque les discours monstrueux sur les races qui ont servi à justifier la domination de l’Occident et ses excès de barbarie. Elle s’attache à dévoiler les structures sociales aux sources de la condition et de l’aliénation du Noir en général, antillais en particulier, les mécanismes, formels et informels de leur reproduction et de leur perpétuation.
 
Parmi les sociologues antillais de sa génération, Juliette Sméralda émerge et se distingue, par ses choix thématiques et théoriques audacieux, et leur mode de traitement rigoureux. Ses travaux peuvent être rangés dans la catégorie des études postcoloniales. Elle participe ainsi à une sociologie de la domination et du conflit, dans le sillage de Bourdieu, référence clairement énoncée, qui se donne pour objet la description et l’analyse de l’héritage du colonialisme dans la société antillaise, mais aussi dans le Nord, au niveau de l’imaginaire et des représentations, en insistant sur les continuités et les métamorphoses malignes, sans oublier leur mode de production et de diffusion.
 
Elle est l’auteure de plusieurs publications, dont deux devraient figurer en bonne place dans la bibliothèque postcoloniale : La racisation des relations intergroupes ou la problématique de la couleur. Le cas de la Martinique , (L’Harmattan, 2002) ; Peau noire, cheveux crépus, l’histoire d’une aliénation, (Jasor, 2005).
Parmi ses publications, figure également une éclairante et stimulante chronique d’histoire immédiate et de sociologie à chaud consacrée au vaste mouvement social qui a agité récemment les Antilles : 2009. Guadeloupe Martinique, des sociétés en révolte. Morphologie d’un conflit social , Kéditions 2009.
 
Les différents essais ici rassemblés, dans la diversité de leur objet, ressortissent à la même thématique et procèdent d’une inspiration constante et explicite, qui leur confère cohérence et pertinence. Elle y rend compte de la complexité des rapports de classe et de race, à l’échelle locale et globale, dans leur quadruple dimension, économique, politique, culturelle, psychosociologique.
 
Elle étudie les différentes formes de dérèglements de la personnalité et de dysfonctionnements de la société dans le contexte d’une surdétermination géographique (le phénomène de l’insularité, la configuration archipélique).
Elle nous rappelle combien le concept de race demeure pertinent et opératoire dans les Amériques malgré les efforts de la science pour démolir cette croyance en la race devenue une véritable mystique des relations sociales. Ainsi, la race reste aujourd’hui encore une réalité vécue, subjective et irréductible, et la couleur « noire » et les traits somatiques qui sont associés gardent toujours leur valeur de stigmate. C’est pourquoi, si l’homme de science, le biologiste, le généticien peut récuser la notion et y renoncer, le sociologue ne saurait en faire abstraction et méconnaître le phénomène, sur la foi de considérations purement normatives ou scientistes.
 
Les écrits de Juliette Sméralda éclairent certains des rapports complexes que la récente crise aux Antilles a exposés au grand jour : le maintien des privilèges anachroniques et exorbitants de la caste des Békés, héritiers du système esclavagiste ; l’articulation entre les rapports de classe et les rapports de race ; l’actualité rémanente de la double échelle de pigmentation et de discrimination ; le rapport ambivalent à l’Afrique, image de la mère, oscillant entre l’afrotropisme mélancolique, à la fois nativiste et revivaliste de Césaire, et le rejet phobique et réactionnel d’une frange notable de l’opinion et des élites à l’identité incertaine ; les relations équivoques avec la métropole, en forme de dilemme entre assimilationnisme-départementalisation/régionalisation et indépendance ; la tension entre les revendications antillaniste et créoliste et l’aspiration diasporique à l’afrocentrisme
 
L’intérêt épistémologique et la curiosité intellectuelle de Juliette Sméralda ne se limitent pas qu’au cadre étroit des Antilles françaises, ils s’ouvrent également à des thématiques et problématiques, certes connexes, mais plus générales, excédant l’horizon de l’archipel. Elle propose, par exemple dans un de ses contributions, une relecture du célèbre roman d’anticipation d’Aldous Huxley, dont on pensait en avoir épuisé tout le contenu herméneutique, pour en relever le caractère raciste, et qui paraît avoir échappé aux exégètes.
Elle jette également un regard décapant sur les mécanismes subliminaux de projections des stéréotypes racistes par les médias…
 
Juliette Sméralda s’est attaquée de front à tous ces sujets, dans une visée holistique et comparative, comme elle l’affirme dans son introduction «  il devrait être possible d’articuler les problématiques liées à la race et au genre – en les sortant de leur cadre étroitement monographique, en les décloisonnant donc, grâce aux possibilités de croisements théoriques pertinents offerts par les sciences sociales – si l’on cherche à dépasser des champs relationnels trop étroitement circonscrits. Ce peut être là une posture scientifique, qui pallie l’atomisation des phénomènes sociaux qui sont pris pour thèmes par les chercheurs, et qui font trop rarement l’objet de synthèses et de croisements ».
 
Ce faisant elle ne s’embarrasse pas de considérations censoriales ni de précautions révérencielles, au péril de sa carrière. En effet, l’expérience récente a montré que, par une sorte de perversion du sens moral, la simple évocation des questions de la race et de classe peut valoir à son auteur le reproche disqualifiant d’essentialisme ou l’accusation infamante et absurde de racisme. Le procédé est éculé et éprouvé : blâmer la victime, disqualifier son discours – réputé passionnel et excessif –, inverser la culpabilité et renverser la charge de la preuve, s’indigner de l’indignation, est la stratégie argumentative de prédilection de la rhétorique des dominants.
 
Juliette Sméralda, refusant d’opter pour une conduite d’évitement ou des postures d’accommodement, fait le choix de la liberté et le pari du devoir de vérité, quitte à transgresser certains non dits. L’histoire récente aux Antilles semble valider certaines de ses analyses, si l’on se fie au mouvement social qui a agité ces îles durant les premiers mois de l’année 2009. À cette occasion, le monde extérieur a découvert l’ampleur des injustices sociales héritées directement de la période esclavagi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents