Smoky (version française)
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Smoky (version française) , livre ebook

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Description

Smoky, le chat au smoking noir prend la parole, il est aventurier, drôle, débrouillard, malin. L'oeil vif, les moustaches vibrantes, les pattes solides et souples, Smoky part à l'aventure à la recherche de maîtres. A l'écoute des ondes des humains, il interprète leurs intentions même s'il est contraint de s'adapter aux " frasques " des humains et à leurs décisions inattendues. Il s'attache à deux maîtres préférés Dinah et Franz qu'il voudrait bien réunir. Avide de caresses et de copieux repas, il sait vivre...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748376098
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Smoky (version française)
Alain Seyfried
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Smoky (version française)
 
 
 
À Danièle, Corinne, Pascal,
Jean-Claude et Patrick
 
 
 
Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons
Ce qu’ils disent s’adresse à nous tant que nous sommes.
Je me sers d’animaux pour instruire les hommes.
Jean de La Fontaine
 
 
 
1
 
 
 
Je suis très connu dans mon quartier. Il faut dire qu’avec mon pelage en forme de smoking noir ouvert sur un plastron blanc et le nœud papillon que mon maître a fixé à mon collier anti­­puces, je ne passe pas inaperçu.
Loin de moi l’idée de me plaindre de cette notoriété : elle m’a rendu familier de la quasi totalité des maisons des alentours, ma fière allure me permettant même d’être accueilli avec effusion là où la plupart de mes congénères ne sont reçus qu’à coups de balai. « Smoky ! Smoky ! » : tout le monde m’appelle par mon prénom.
Pas étonnant que de l’allée des Mûriers à la montée Montplaisir, de la rue des Néfliers à la place des Trois Parfums, je sois, dans tout le Roucas Blanc, le chat le plus au fait de tous les grands et petits secrets. Vous ne me croyez pas ? Eh bien, suivez-moi. Je vous montre.
Impasse des Lauriers
Vous voyez cette grande maison mauve, avec sa treille horizontale courant sur la façade ? C’est une de celles que je préfère. Pas à cause du rez-de-chaussée, non (au rez-de-chaussée l’homme et la femme m’ont souvent donné la chasse avec une grande détermination) ; à cause du premier étage où dort la petite Nelly.
La première fois, c’était un soir d’été. J’avais grimpé sans bruit sur la treille et je progressais précaution-neusement le long de la maison, quand je ressentis des ondes humaines de tristesse, presque de désespoir. L’homme et la femme prenaient le frais en bas, devant leur porte. Je redoublai de précaution et m’approchai d’une fenêtre entrouverte d’où me parvenaient à présent des sanglots étouffés. Un bond et me voilà sur l’appui de ciment. Je renifle l’ouverture. Effluves sucrés d’enfant. Deux ou trois coups de patte, un saut sur le plancher. Je la vois. Elle est sur le côté, les yeux fermés. Elle pleure. De petits soubresauts. Je m’approche. Encore. Encore. Elle ouvre les yeux. Je la regarde. Elle me regarde. Elle tend la main : « chat ».
Je suis couché contre elle. Au creux de ses bras. Mes moustaches la frôlent. Elle pleure. Je me pelotonne. Je ronronne. La nuit est tombée. « Chat ». Elle se calme. Elle s’endort en me serrant. C’est chaud. Il fait bon. Le tilleul se balance.
Aïe ! un bruit. Ils montent. C’est l’homme. Il approche. Je saute sous le lit. Je vois ses pieds. Il sort. Un petit claquement : la porte est fermée. Me voilà prisonnier. Prisonnier.
Nelly me cherche. Elle passe la main sous le lit. Elle est à quatre pattes. Nos museaux se rencontrent. J’ai peur. Mais elle me prend dans ses bras…
Le jour était sur le point d’éclairer l’horizon. J’étais toujours là. J’avais raté l’heure des criquets, raté l’heure des mulots, allais-je rater l’heure des oiseaux ? Ma queue fouetta le drap. Nelly soupira. Je sautai sur le tapis. Peut-être qu’en tirant avec une griffe… Non. L’autre… Pas davantage. Miauler ? L’homme n’est pas loin. Essayer encore. Crac. Crac.
Nelly m’a vu, elle a ouvert. J’ai bondi. La lavande sent bon. Il y a un peu de rosée. Gentille Nelly. Elle repart se coucher. Je la devine. Je crois que je l’entends…
Je suis arrivé à monter presque tous les soirs. Nelly s’arrêtait alors de pleurer. On croit que les chats ne comprennent rien. Ils comprennent les pleurs. Ils savent les arrêter.
Dans la journée, même si je suis occupé à trouver de l’ombre, à guetter les lézards du mur de Madame Fauburge, même si je perds de vue les hirondelles, je m’arrange toujours pour monter sur le vieux figuier derrière le garage. Nelly est accroupie. Elle observe les fourmis. La femme passe la tête de temps à autre. Ondes humaines, pas très câlines. Mais je surveille.
Un jour j’ai entendu claquer une portière. Nelly a couru. « Papa ». Elle est partie très vite.
Je suis monté depuis à la treille. Son lit est là. Ses poupées. C’est vrai que les chats ne peuvent pas tout comprendre. Mais je sais qu’elle reviendra. Alors je garde tout plein de ronron­nements.
Rue des Oursins
Ils sont tous fous, dans cette maison. Il y a d’abord le grand-père. Toujours en short avec de grosses chaussures. Toujours en train de bricoler quelque part. Un de ces bruits ! Le pire c’est quand je profite, le soir, de toute la chaleur que le soleil a accumulée sur la tôle ondulée de la remise, en me couchant mollement, le nez vers le grand tilleul : c’est toujours ce moment-là qu’il choisit pour faire dégringoler des planches, pour jurer, tirer des bois, ranger des outils. J’ai beau avoir une patience de chat, neuf fois sur dix, je suis obligé de descendre et d’attendre sous le buis que Monsieur ait fini.
Il y a aussi les quatre enfants. Encore quatre fous. Toujours en train de me courser à travers les plates-bandes. Comme si un humain pouvait rattraper un chat ! Je vous demande un peu.
Heureusement les parents sont un peu plus calmes. Ils sont rarement là d’ailleurs. Et puis quand ils rentrent ils apportent souvent des paquets d’où se dégagent des odeurs à vous faire perdre la tête ! Après ça, ils s’asseyent et ils lisent. Remarquez, là, c’est parfois moi qui fais le fou : je saute sur leur journal, ou je m’assois dessus d’un air distrait s’ils le lisent posé sur une table. Ils me chassent : je fais l’idiot. Je recommence jusqu’à ce qu’ils s’en aillent. Alors je leur pique la place, sur le canapé.
Voilà pour les jours de semaine. Le dimanche, c’est pire. Il y a toujours un moment, en fin de matinée, où on entend de grands cris : c’est l’arrivée de l’oncle et de la tante, ou des cousins, ou de l’autre grand-père ; trois ou quatre chenapans de plus se déversent en hurlant dans le jardin ; ça crie, ça piaille. Inutile de vous dire que là, je visite tous les buissons. On ne me voit plus. Sauf le jour où, pendant la rituelle balade sur la terrasse « pour voir la vue », un de ces hurluberlus m’a aperçu de là-haut : j’ai juste eu le temps de sauter sur la remise et de fuir par le mur de clôture.
Mais je ne me suis pas trop éloigné car je ne veux jamais manquer le moment de régal, la récompense de toutes mes ruses : lorsqu’ils sont tous à table, que l’espèce de cuvette en fonte où ils font cuire leurs viandes délicieuses commence à refroidir et que je sens des ondes un peu plus molles et flottantes en provenance de leur grande table, je sors de ma cachette et me promène lentement, mine de rien, nez en l’air au milieu des allées. Je n’attends pas trois passages pour entendre : « Oh, regardez le chat »… « Comme il est mignon »… « Mais il est en tenue de soirée ! » « Minou »… « Minou »… « Oh ce qu’il est drôle »… Je me fais un peu prier, je caracole, je m’approche, je jauge les odeurs… Ah ces effluves !
Ce jour-là, il m’a bien fallu cinq ou six passages et je commençais à désespérer quand on m’a vu : ils étaient plus nombreux que d’habitude. Le rituel a pourtant fini par bien fonctionner et je me suis retrouvé, perché sur la desserte, plastron en avant, moustaches à l’horizontale, arborant du mieux que je le pouvais mon superbe nœud papillon. Morceaux de poulet, miettes de poisson : dans ces moments divins on ne me refuse plus rien. Je dédaigne, je hume, je choisis.
Mais tout à coup la fête a tourné court. Une grosse dame a crié « Où est Christophe ? Personne n’a vu Christophe ? » Regards circulaires. Appels. Tout le monde s’est retrouvé dans le jardin, dans la maison, sur la terrasse. Ils s’agitaient en tous sens. Je sentais des ondes de peur de plus en plus vives. Plus personne ne me regardait. Les assiettes délaissées me tendaient leurs délices, mais je n’avais guère le cœur à manger : voilà que la panique me gagnait à mon tour.
On dit les humains très puissants, mais il faut avouer que, côté facultés physiques, ils sont plutôt limités. Aussi me devais-je d’intervenir.
En quatre bonds je me suis porté en haut du toit de Madame Bianchi (de là, rien ne peut vous échapper). Devant moi se déroulait tout le réseau des ruelles et des escaliers serpentant entre jardins et maisons. J’apercevais quelques fainéants – toujours les mêmes – allongés à l’ombre des murets. Sur la place des Trois Odeurs, Madame Fauburge discutait avec sa voisine. Pas de Christophe. Je décidai de tendre l’oreille : j’entendis Monsieur Rascasse remuer ses clefs avant de les introduire dans sa serrure. Le cordonnier du Vallon des Bignes frappait sur son établi. Quelques voitures m’empêchèrent un moment d’explorer tous les alentours, mais quand elles disparurent, je ne pus rien distinguer d’autre que la rumeur habituelle du quartier, quelques wâfs aboyant stupidement derrière leur porte tandis que les petits groupes de recherche qui s’étaient à présent dispersés dans les ruelles appelaient : « Christophe, Christophe ».
Je décidai de descendre vers la mer (je n’ai jamais compris pourquoi, mais les enfants adorent descendre vers la mer). Par les toits, les arbres et le sommet des murets – en faisant bien attention aux tessons de bouteilles que quelques humains plus stupides encore que la moyenne y avaient cimentés – je n’ai eu aucun mal à me retrouver sur le grand mur qui surplombe la corniche. L’épouvantable vacarme du trafic m’empêchait d’entendre quoi que ce soit ; les odeurs du marchand de frites du Prophète anéantissaient tous les pouvoirs de mes nari

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