Shark
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Shark , livre ebook

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Description

L'héroïne est " Athéna, Vénus, Clio, Léda, cygne de Zeus. Son roi en rut l'attend, elle arrive, femelle gourmande ". Voici un couple envahi par une brûlante "révolution" d'être. Jamais femme ni homme ne se sont pris avec un tel extrémisme érotique naturel ; l'éternité passe par la reproduction de ses gênes. Leur fol espoir aboutira. Marchand de tableaux, il voyage d'un pays à l'autre, à la recherche d'?uvres exceptionnellement rares comme celles de Ghirlandaio Canaletto ou Botticelli...Pour cela il traverse des lieux extraordinaires comme Milan, Rome, Palerme. Sous le regard de ces génies, elle vit un abandon sensuel, féroce, avec Shark. Les oeuvres sont pour le couple un moyen de vivre des passions, de faire surgir du fond du c'ur la pureté de sentiments enfouis. Ils subliment leur amour et leur souffrance par l'art.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748376890
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Shark
Emil Aïkou
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Shark
 
 
 
 
1.
 
 
 
Du bout du doigt, sous le pongé de son peignoir, je reconnais l’écrin gardien de son sexe, me rappelle sa couleur. Toutes je les découvre, rien qu’au toucher, exercice imposé aux prémices du soir. Par la maille de dentelle, la couture surpiquée, celle-là est blanche toute simple. Son grain de peau aussi me dit, s’il est du dos, de l’aréole piquetée de granules à l’approche du téton ou le satin de sa cheville ; et toute la gamme en rut patiemment descendue dans le noir absolu.
 
La chaleur moite du tissu soyeux irradie aux tâtonnements une chaleur intime Dentelle ajourée, roulée à l’aine et disparaissant aux commissures des attaches. Pourquoi blanche ? Premier indice, le soyeux avec les découpes de la résille délicate de fleurs incrustées en broderie. A l’orée du tissu, passage du toucher à l’image qui se projette sur l’écran de ma rétine, je lis la guirlande d’un semis de fines pâquerettes à la bordure de l’ombre enfermée, voile renflé, doublé vers le précipice tenu serré par les lèvres de sa bouche d’amour.
 
Pétale avant pistil, double peau fragile, qui épouse exactement failles et rebondissements cachés. Lingerie libertine élaborée par les fantasmes d’hommes séduits depuis les premières bacchanales, hommage à Vénus. Soie sertie aux hanches, dégageant l’œil malicieux du nombril, bridé à l’orientale, attentif à la mesure de l’envahisseur braqué au sommet du ventre.
Surplombant ce cyclope, ciselé en pleine pâte, s’attache le délicat échafaudage d’où partent en ogives les colonnes glissées sous le slip, pour amarrer d’un système de rubans biseautés le haut du bas bordé d’un renfort assurant la prise. Elle est assise, déhanchée dans un chaste mouvement approprié qui ferme mollement ses cuisses. Son regard déjà loin jure que je suis beau pour l’amour d’elle. Aujourd’hui, elle est entrée directement dans la chambre pour reparaître, entre deux gorgées de vodka volées au passage dans mon verre, encocoonée dans son ample peignoir. Impassible à cette mise en scène je suis resté silencieux. Je lui laisse le soin de me déshabiller. Elle glisse vers moi sans bruit. Le cuir du canapé n’a pas produit ce chuintement feutré à son assise. Sa main droite, plume légère mais parfaitement déterminée, s’arrête au centre des plis convergents de ma flanelle. Je lui tends mon verre, alors que ma main gauche parcourt l’entrebâillement offert. Je chemine sur une plage de peau chaude. Le pouce sur le Nylon renforcé, le petit doigt guidé au léger soulèvement du slip, à l’étirement de la jarretelle. Je roule quelques frisures, de fine toison échappée de l’ourlet.
 
J’écarte les doigts, tendus à l’extrême pour ne pas quitter encore le bas roide, avant de les regrouper pour favoriser l’avance. Dans ma reptation je finis par couvrir l’entier renflement triangulé.
 
C’est chaud, brûlant après la fraîcheur de sa cuisse. Nos approches reptiles se répondent, progressions savantes et mesurées, volontairement suspendues grâce à une lucidité encore intacte, conscients des pulsions naissantes. Les premières caresses ont commencé selon un rituel intangible. Elle m’a surpris par son arrivée et ses jeux malicieux.
 
Elle m’aime. Sa décision le prouve. Un petit crissement plastique zippé et saccadé m’apprend que je suis découvert. Elle ose des gestes imprévus. Braguette béante. Instant de soulagement. Elle a libéré mon sexe comprimé, déformé dans l’espace devenu insuffisant de la poche kangourou. Paquet informe, chiffonné. Appendice inconsistant. Petits sacs à couilles endormis. Ils enflent au ralenti, débordant à l’envi le coton mercerisé. La pression des battements amplifiés de mon sang, pulsé par sa manœuvre, dégage de son aire la cerise au bout de la hampe, agacée du frôlement précis de l’ongle de son pouce. Elle dépouille complètement le bigarreau luisant et violet comme un cœur de pigeon. Son geste coulissant, distend le frein reliant la tête à l’étui et donne au gland dévoilé sa forme d’ogive parfaite. Casque de soudard paillard, soldatesque d’un film d’Eisenstein ou de quelque chevalier teutonique encaparaçonné.
 
Bandé, j’existe par cet axe de vie vibrant, né de sa féminité aux odeurs suaves. Elle a déjà créé cette délicieuse douleur d’une raideur incontrôlable. Tellement intense que je vais l’éprouver jusqu’au premier jet d’ambre ; et pour longtemps. J’ai des souvenirs de totale nuit, tendu. Mais ici, il me faudra attendre ses premières fantaisies, dosées pour me faire patienter.
 
Des parfums précieux naissent de ces caresses. Les bruissements imperceptibles de linges déplacés, annonciateurs de mise à nu. Son haleine ample et chaude voile sa voix. Préludes amoureux où les mouvements se calment pour lire la plus petite parcelle d’épiderme. Ni le lieu, ni le temps n’ont d’importance. Une bulle de cristal se referme sur nous. Il n’y a plus ni elle, ni moi ; les deux hémisphères se soudent reformant la pomme originelle. Chaque geste prolongera l’autre, à l’opposé de la morne solitude de ceux qui épuisent les plaisirs solitaires.
 
Dupes, ni l’un ni l’autre, complices depuis tant d’années, nous savons que ces prémices annoncent des jeux imprévisibles dont les règles ne sont pas figées. Le temps n’est pas compté ; seul l’épuisement de l’un arrêtera les audaces de l’autre. Je sens que la nuit sera longue…
 
 
 
2.
 
 
 
Arrivée à huit heures dans l’entrée du loft, je devine sa présence, son eau de toilette, le santal, chatouille agréablement mes narines. Quand je franchis la porte, je change de monde avec la sensation d’avoir perdu pied dans cette journée banale où quelques îlots de beautés fugaces ont disparu de mon magasin d’antiquités. Etranges mirages disparus, glissants sur le vernis du jour. Dont ce cabinet à secrets vendu, épave sauvée des délires de l’histoire, qui a nourri mes fantasmes d’une époque révolue.
 
A l’heure de la mort, chacun revivrait son existence en un éclair. Pour moi, ce flash se produit au moment précis où je pénètre dans notre univers. Défilent les épisodes des dernières heures. Le meuble, la gravure, le livre et cet ivoire délicieusement obscène, dispersés. Pour des destinations inconnues. Avec ce petit pincement au cœur, sentiment de perdre des morceaux de moi-même.
 
J’ai vendu le cabinet hollandais en bois d’ébène dont les panneaux enchâssent les saynètes d’une mosaïque d’ivoire. Figurines hiératiques où j’ai cru déceler quelques détails cachés par l’imagination d’un ciseleur au burin guidé de ses rêves inavoués. Etourdi d’une nuit d’extase, le graveur a signé sa reconnaissance dans cette bourse de hauts-de-chausses, plus grande que nature. La gente dame en miroir sur la plaque voisine a un bouton de son corselet malicieusement défait dévoilant l’abandon d’un sein. Le testin pousse une saillie peu compatible avec la procession qui défile dans le lointain.
 
Le chaland bardé de breloques dorées m’écoute. Je lui sers ma pratique alors qu’il se pavane avec sa trop jeune maîtresse. Il va acheter un trésor pour se payer le cul de sa limace fardée, ravie d’engranger de la matérielle. Pendant qu’il se demande si son placement est à la hauteur du temps consacré à ses branlettes expéditives.
 
Il me souille d’un oeil glauque. Ici sur ma chemise de soie dont l’ampleur ne préserve pas l’ombre auréolée de ma poitrine ; là, sur mon ventre brillant, laqué d’un pantalon en agneau glacé noir.
 
J’étais tranquille et ailleurs au milieu des reliques du passé, déjà chez nous quand leur présence a éveillé mon regard sur ces petits personnages magiques. La nuit se prépare le jour, nourrie des sensations, d’odeurs, de couleurs, de rugosités saisies au passage. Cire, moisissure, incarnat, blondeur de loupe plaquée, galuchat de peau sur la garde d’un sabre samouraï. Les sens en alerte se gorgent du plaisir de la possession.
 
Bonne journée pour la pratique. La gravure de Hans Bellmer a tout de suite accroché ma visiteuse. Je n’avais pourtant pas perçu sa présence. En tailleur feuille morte, elle se déplace fondue dans les patines environnantes. Sa grâce animale à contourner les obstacles provoque chez moi un déclic de sympathie. D’un geste délicat elle saisit l’encrier de porcelaine pour le mirer. Et puis, la transfiguration de son visage séduit par l’image. L’estampe de Bellmer l’a figée. Lentement ses yeux se plissent, un léger sourire souligne ses lèvres florentines qui s’étirent aux pommettes rosies, manifestation secrète de son émotion.
 
Deux heures durant nous avons détaillé la bottine lacée, le talon convexe, le bas sur la courbure du mollet, la désarticulation du corps aérien aux multiples arabesques… Concentré d’amour vénal et de ses accessoires. Sœurs dans le plaisir d’aimer cette image, rassurées par des frôlements retenus, complices d’évocations sulfureuses, nous étions fugitivement sûres de nos pensées perverses. Cette belle amoureuse jubile d’enrichir de sa découverte la prochaine scène d’amour qu’elle va conduire. J’imagine même la chaleur moite de son ventre prête à de futurs ébats.
 
Réconciliée par cette rencontre, assise dans une bergère les yeux fermés, je caresse mon sein droit, la main gauche en conque pour en apprécier tout le poids et la rondeur, le téton pressé entre le pouce et l’index. L’autre main balaye la couture tendue et glissante du cuir glacé. Va et vient indécis. Détente privilégiée à la reconnaissance des confins du corps dans ses formes et à l’éveil de nouvelles plages voluptueuses.
 
Mes mains ne saisissent

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