Sandor Ferenczi – un psychanalyste humaniste
380 pages
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Sandor Ferenczi – un psychanalyste humaniste , livre ebook

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Description

C’est dans la relation archaïque avec sa mère que l’enfant acquiert la capacité de se construire en tant que personne autonome. Selon cet apport essentiel de la contribution de Ferenczi à la psychanalyse, l’ouvrage s’attache à donner tout son sens à son approche sur l’origine traumatique de la névrose.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 2
EAN13 9782748374544
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sandor Ferenczi – un psychanalyste humaniste
Geneviève François de Jouvenel
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Sandor Ferenczi – un psychanalyste humaniste
 
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
J’ai voulu effectuer ici une recherche sur le thème de la souffrance et des moyens de la traiter dans le cadre d’un accompagnement psychothérapeutique. L’expérience du travail effectué avec des patients m’a conduite à donner tout son sens à l’approche psychanalytique de Sàndor Ferenczi. J’avais pour objectif la recherche d’une efficacité meilleure des procédés techniques utilisés dans le cadre du traitement de la souffrance, afin de pouvoir apprécier la validité de ceux-ci par l’évaluation des résultats obtenus. Je me suis attachée à ne considérer ici que l’hypothèse de Ferenczi sur l’origine traumatique de la névrose
 
Ferenczi écrit à Freud à ce sujet : « Il est hors de doute que l’élément spécifique des névroses est et demeure le conflit œdipien ; mais la névrose suscitée par la culture tire à l’origine sa force traumatique de l’identité inconsciente du conflit œdipien et du conflit entre la nostalgie du corps maternel et la peur du corps maternel » (Lettre de Ferenczi à Freud du 24 mars 1924 n° 950). L’apport essentiel de la contribution de Ferenczi à la psychanalyse, c’est en effet l’intérêt qu’il porte à cette première relation avec la mère qui pour lui est déterminante pour l’évolution ultérieure de l’enfant.
 
Ferenczi a exprimé plusieurs fois que le bébé ne viendrait pas de nulle part, mais qu’il existerait déjà dans une sorte d’état de dissolution dans l’univers avant de prendre corps dans un ventre maternel. L’aménagement par lequel ce qu’on pourrait appeler une "intentionnalité diffuse à devenir un bébé humain" prend forme, est loin d’être achevé à la naissance. Il écrit : « Nous n’avons encore aucune représentation adéquate des qualités psychiques de la personnalité des petits enfants. Bien des signes indiquent que la personnalité psychophysique d’un enfant dans le ventre de la mère, et même après la naissance, n’a pour ainsi dire pas fini de se cristalliser, mais qu’elle est encore en quelque sorte dans un état de "dissolution" » ( Journal Clinique , p. 134). Si bien que la façon dont le sujet traversera le conflit œdipien sera sous-tendue par le degré d’achèvement auquel il sera parvenu au cours de sa vie intra-utérine.
 
Ferenczi pense que la pensée psychanalytique ne doit pas se scléroser dans une vision matérialiste des phénomènes psychiques. Il dit : « On a parfois l’impression que la réalité de tels processus [qui débordent du cadre de la psychologie] se heurte en nous, matérialistes, à de fortes résistances émotionnelles ; les aperçus que nous en avons ont tendance à se défaire comme la tapisserie de Pénélope ou comme le tissu de nos rêves. Il est possible que [cette résistance soit le signe] d’une quatrième "blessure narcissique", à savoir que même l’intelligence dont nous sommes si fiers, bien qu’analystes, n’est pas notre propriété, mais doit être renouvelée ou régénérée par un déversement rythmique du Moi dans l’univers qui seul est omniscient et de ce fait intelligent » ( ibid. , p. 82).
 
Je ne m’étendrai pas sur les débouchés éventuels de la psychanalyse sur une vision spiritualiste de la destinée humaine, que Ferenczi ébauche dans son essai sur la théorie de la génitalité intitulé Thalassa, à propos de ce qu’il a appelé une "science analytique de la vie", qui mettrait en évidence que ni la vie ni la mort ne seraient un état immuable. Je présenterai ici seulement une synthèse de l’analyse férenczienne de l’incidence primordiale de la souffrance sur la construction de la personnalité. Il écrit, toujours dans son Journal Clinique, page 79 : « Plus la souffrance est forte, destructrice et peut-être aussi plus elle a dû être subie précocement, donc déterminant une orientation, plus le cercle d’intérêts à tracer autour du centre de la souffrance doit être large pour qu’elle soit ressentie comme riche de sens, voire naturellement nécessaire ». Mais pour devenir riche de sens, la souffrance doit être auparavant exprimée et soulagée.
 
Je résumerai donc la pensée de Ferenczi sur le traumatisme et sur l’efficacité du revécu de celui-ci, pour défaire l’emprise fatale de la fixation à la souffrance sur la croissance psychique. Le terme de "revécu" exprime le retour du refoulé qui se produit dans la répétition d’un événement traumatique dans le présent. Ferenczi explique à Freud l’intérêt de la réactualisation de cet événement : « Le vécu affectif analytique représente en soi pour le patient une sorte de "prise de conscience" et s’accompagne d’une certaine protection contre une rechute dans le refoulement… Cette sécurité est substantiellement augmentée par le rattachement à un vécu antérieur » (Lettre Ferenczi à Freud du 14 février 1924 n° 947). Le vécu affectif analytique représente en effet la réactualisation au cours d’une séance, de sentiments et d’émotions si bien refoulés ou rationalisés dans la vie ordinaire, que le sujet a perdu conscience de les avoir éprouvés. Ferenczi exprime ici la croyance que la réappropriation authentique de son ressenti protège le sujet contre une répétition compulsive de comportements inadaptés, grâce à une meilleure connaissance de lui-même. Et cette prise de conscience ouvre la voie au changement.
 
J’ai rassemblé la majeure partie des textes où Ferenczi explique ce processus de changement, l’implication qui revient à l’analyste et la participation qui est demandée au patient. Il va de soi que dans ce type de conduite de séances, le travail analytique verbal, basé sur le principe de l’association libre, doit être reconsidéré. Je m’étendrai particulièrement sur les conséquences de la technique férenczienne dans le traitement du transfert et du contre-transfert au cours de la cure. La mise en application que je fais de cette technique déterminera ma façon d’intervenir au cours des séances que je décris avec les personnes qui font l’objet de mes Cas, dans la deuxième partie de cet ouvrage.
 
 
 
I : Ferenczi et la psychanalyse
 
 
 
Je commencerais par situer la place tout à fait spéciale que Ferenczi occupe dans le mouvement psychanalytique. Ce travail veut rendre compte de son expérience en tant que psychanalyste et de la validité de ses hypothèses. Afin de dégager la spécificité de sa pensée, je m’appuierai principalement sur les idées majeures qu’il a développées dans son Journal Clinique et dans ses articles écrits les cinq dernières années de sa vie. Je ferai référence également à sa conception d’un inconscient biologique, qu’il a proposée dans son ouvrage célèbre Thalassa . Cette forme d’inconscient contiendrait des images mnésiques correspondant à un processus de refoulement analogue au refoulement névrotique, et qui renverrait à des modes de fonctionnement et à une organisation appartenant à des phases depuis longtemps dépassées de l’ontogenèse et de la phylogenèse. Ferenczi parle alors de refoulement organique.
 
La conscience actuelle de l’homme se serait structurée en fonction des catastrophes qui auraient jalonné l’histoire de l’humanité tout entière. Rien que dans Thalassa (Psychanalyse III, p. 250 à 323), le terme "catastrophe" apparaît quarante fois sur 70 pages. Ces catastrophes auraient entraîné des processus d’adaptation qui sous-tendraient la réalité physico-psychique de l’être humain aujourd’hui et qui seraient accessibles à la fois par la psychanalyse et par la biologie, les deux sciences étant pour lui fondamentalement corollaires l’une de l’autre. Il écrit :
« Tout phénomène physique ou physiologique requiert aussi finalement une explication méta-physique (ou psychologique) et tout phénomène psychologique demande une explication méta-psychologique (donc physique) » ( Thalassa , Psychanalyse III , p. 252).
Ferenczi élargit la notion d’inconscient à ce qu’on appelle aujourd’hui une mémoire cellulaire. L’existence de cette mémoire expliquerait comment se transmettraient et se stabiliseraient des souvenirs ou des "engrammes" d’événements remontant à des périodes inaccessibles à la mémoire cérébrale. Cette mémoire serait contenue dans la banque de données que représente l’ADN et serait diffuse dans toutes les cellules de notre corps, alimentant ainsi nos représentations mentales. Ce serait une mémoire à la fois organique et immatérielle. Notre mémoire serait-elle à l’image de la lumière, à la fois "ondulatoire" et "corpusculaire", ou plutôt la lumière serait-elle le modèle de la constitution "bi-face" d’un univers à la fois matérialisé et immatérialisé ? Dans son ouvrage La relativité (ed. Payot, collection Poche, 1964), Einstein développe l’idée d’un mur de la lumière, qui séparerait le réel observable et le réel inobservable, la lumière constituant à la fois un butoir et un pont qui relierait le visible et l’invisible, le matérialisé détectable et l’immatérialisé non détectable avec nos moyens d’investigation actuels autres que mathématiques. Dans cette perspective, la mémoire serait le joint entre notre histoire individuelle et l’histoire de toute l’humanité, elle concernerait toutes les modalités de la Conscience et de l’Inconscient, la conscience n’occupant qu’une place très réduite dans notre fonctionnement mental.
 
Ferenczi considère l’histoire individuelle comme un résumé ou mieux un hologramme de tout ce qui s’est passé dans l’univers avant la naissance. Si bien que la personnalité de l’individu s’organise autour de la façon originale dont celui-ci va gére

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