Retour de nulle part
384 pages
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Retour de nulle part , livre ebook

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Description

Sébastien est originaire de Saint-Pierre-et-Miquelon, où il revient pratiquer la pêche avec son père. En bon marin trentenaire, il est très attaché à son indépendance et est quelque peu solitaire. Émeline est une jeune Indienne vivant dans une réserve, mais a reçu une éducation chrétienne. Elle est grande et blonde aux yeux bleus, et de ce fait se sent différente de ses semblables. Tous deux seront amenés à quitter leur famille suite à un événement traumatisant. En quête de renouveau et d'aventure, ils entameront chacun un voyage initiatique à travers la partie nord-est de l'Amérique qui finira par les réunir. Une histoire touchante que celle de ces deux jeunes gens dont les destins se croisent. L'auteur nous fait voyager en leur compagnie à la découverte d'une nature sauvage et magnifique, Un voyage initiatique qui nous bouleverse et nous laisse émerveillé et reconnaissant. Un vrai plaisir, simple, naturel, authentique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 décembre 2011
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342165838
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Retour de nulle part
Patrick Fischer Naudin
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Retour de nulle part
 
 
 
 
1.Archipel de Saint-Pierre et Miquelon Atlantique Nord 
 
 
 
Saint-Pierre. Saint-Pierre et ses brumes. Saint-Pierre et ses petites maisons en bois aux toits et aux murs de couleurs vives, presque criardes parfois, jaune, bleu, rouge, violet ou vert, formant une fresque multicolore qui tranchait sur la grisaille ambiante.
L’homme se tenait sur le front de mer et contemplait la ville.
Face à lui se trouvait la place aux marins avec au centre la statue du pêcheur de morues vêtu de son long ciré, son chapeau aux larges bords relevés sur le front, accroché à la barre de son doris, tout un symbole pour cette île dont les habitants avaient depuis toujours consacré leur vie à la pêche.
A sa gauche la préfecture, un des rares bâtiments en dur, formait une avancée qui semblait figurer la proue d’un navire. Puis commençait le défilement des maisons en bois.
 
Au-dessus, dominant l’ensemble, la cathédrale dressait ses tours massives, imposantes dans la simplicité de leurs lignes, avec l’évêché derrière. Aussi bizarre qu’il puisse y paraître, Saint-Pierre et Miquelon avaient un évêque, un Alsacien qui résidait dans l’archipel depuis quarante ans. Il était devenu au fil des ans une figure emblématique pour les habitants très croyants de ces îles agressées en permanence par les flots glacials et les tempêtes de l’Atlantique Nord.
Venait ensuite le cœur de la ville qui très vite s’élançait jusqu’à mi-pente le long de la paroi rocheuse, petite montagne qui abritait l’anse des vents du nord, créant ainsi un havre naturel parfaitement protégé.
 
L’homme regardait d’un air songeur le spectacle coloré qui s’offrait à lui sous le rare soleil rasant.
Pour son retour, la ville semblait avoir revêtu ses plus beaux atours comme pour lui faire fête.
Il était parti pour le Canada deux ans auparavant quasiment jour pour jour afin de tenter sa chance et d’essayer de bâtir une nouvelle vie et il se retrouvait à nouveau sur ce front de mer, ni plus riche, ni plus pauvre avec simplement le sentiment fort qui l’étreignait en contemplant Saint-Pierre d’être revenu enfin chez lui.
 
Le jeune homme alluma un petit cigare, tira dessus et avala la fumée, ressentant avec une certaine volupté l’âpreté du tabac. Exactement comme la vie sur ce bout de terre. Apre.
Pourquoi était-il revenu ? Il ne le savait pas vraiment. Peut-être n’avait-il pas trouvé les conditions de vie auxquelles il aspirait au Canada, peut-être Saint-Pierre et ses habitants qui étaient tous plus ou moins cousins, ce chapelet d’îles même avec son atmosphère si particulière, lui avaient-ils manqué trop fortement. Allez savoir. C’était la vie, il ne se posait pas de questions. Il était là, un point c’est tout.
 
Il connaissait tout de cette ville et de cet archipel perdu à l’entrée du golfe du Saint-Laurent, au large des côtes de Terre-Neuve que l’on distinguait dans le lointain par beau temps. Et il connaissait également chacun de ses résidents.
Il n’avait pas trop de mal à le faire puisqu’il était né ici il y a trente ans et, hormis ces deux années passées au Canada et de brefs séjours aux USA, il n’avait jamais quitté l’île. Après tout, ils n’étaient que 6600 habitants dont 600 sur l’autre grande île de l’archipel, Miquelon.
 
C’était forcément très peu face aux immenses cités qu’étaient Montréal, Toronto ou Vancouver. Cette foule qui se pressait partout à chaque heure que fait le jour, il avait eu du mal à s’y habituer, lui qui était plutôt un solitaire. Il avait le sentiment de ne jamais pouvoir être seul, de ne jamais réussir à faire le vide autour de lui et en lui alors qu’à Saint-Pierre, il suffisait de parcourir quelques centaines de mètres pour quitter la ville et se retrouver au milieu de la nature sauvage à peine troublée par les cris des mouettes et des goélands.
 
Peut-être que la mer lui avait aussi manqué, et son bateau certainement. La mer était omniprésente à Saint-Pierre, confettis de terre dans l’immensité de l’océan Atlantique. Par temps de brume, elle laissait entendre un fort bruit de ressac à peine troublé par le son des cornes de brume qui vous envahissait tout entier.
Pour s’évader de cette île, pour avoir un peu plus de liberté et d’espace, hormis l’avion mais il n’y en avait pas tous les jours et le passage coûtait cher, il était nécessaire de posséder un bateau.
C’est pourquoi tout le monde avait une coque aluminium ou un bateau ponté pour aller à la pêche ou à la chasse ou pour rejoindre les îles voisines.
 
Lui, il avait acheté au Canada, voilà neuf ans, un bateau de vingt pieds tout en bois qui lui permettait de faire de longues traversées pour rejoindre Terre-Neuve ou les côtes de la Nouvelle Ecosse.
Un bateau comme le sien qui craquait de toutes ses membrures à chaque coup de tabac, qui réagissait mal à la houle de travers mais qui était d’une solidité à toute épreuve et qui ramenait toujours son capitaine à bon port, c’était un peu comme une femme. Des liens de complicité et de fidélité se créaient au fil des périples et des tempêtes affrontées et on finissait par s’y attacher ; l’abandonner était toujours synonyme de déchirement.
 
Il se tourna vers la mer aux reflets bleu vert. Légèrement à sa gauche, l’île aux Marins qui s’appelait autrefois, du temps des terre-neuvas, l’île aux chiens barrait l’accès direct à la mer. A l’apogée de la pêche à la morue sur les grands bancs, cette île avait compté jusqu’à 600 habitants, ayant même son curé, ses écoles, ainsi qu’une usine de fabrication d’huile de foie de morue. Ses côtes constituées de gros cailloux et de galets que l’on appelait gravières étaient alors couvertes de morues qui avaient été salées sur les goélettes et étaient étalées afin de sécher au soleil.
 
C’était la fameuse morue séchée de Saint-Pierre et Miquelon que les bateaux emmenaient ensuite en France et surtout aux Antilles où elle était échangée contre des barils de rhum lesquels revenaient à Saint-Pierre pour être ensuite introduits clandestinement au Canada et surtout aux USA.
 
A l’époque de la prohibition, l’île avait profité de sa situation géographique, à l’entrée du golfe du Saint-Laurent donc assez peu éloignée des côtes américaines. Elle était devenue un vaste entrepôt de tonneaux, ceux-ci s’entassant également sur les quais et la pêche avait été abandonnée au profit de l’activité très lucrative de vente d’alcool.
Des milliers d’hectolitres d’alcool étaient ainsi partis de Saint-Pierre dans des petits caboteurs pour être débarqués sur les côtes américaines. Cet âge d’or avait permis à de nombreux Saint-Pierrais de bâtir des fortunes aussi immenses que rapides.
 
Encore maintenant l’archipel restait un lieu où les Canadiens, les Terre-Neuviens surtout, venaient acheter des vins, du whisky et autres alcools lourdement taxés chez eux alors qu’ils ne l’étaient pas dans l’île. Certains les ramenaient ensuite en fraude en évitant les gardes-côtes. Cette situation était connue du gouvernement canadien qui s’en irritait et le faisait savoir régulièrement auprès des autorités françaises.
 
Saint-Pierre avait été fortement marqué par cette période de la prohibition où, pendant vingt ans, les habitants de l’île, moyennant quelques risques, avaient bravé les interdits américains. Une légende disait même qu’Al Capone en personne serait venu dans l’île.
Mais l’archipel avait surtout connu ses heures de gloire lorsque les grands ports morutiers français avaient envoyé des centaines de goélettes vers l’Atlantique Nord, cette zone se révélant grâce aux immenses bancs de morues, poisson qui se conservait bien dans le sel, un nouveau lieu de pêche capable d’accueillir une activité florissante à une époque où le poisson était une denrée très appréciée et où la morue désertait les côtes de la métropole.
 
Les bateaux morutiers français fréquentèrent dès le début du XVIème siècle cette zone de l’océan Atlantique faite de hauts-fonds d’une profondeur allant de vingt à cent mètres, les bancs, pour pratiquer le « Grand Métier ».
Plusieurs bancs très étendus étaient répertoriés, allant du Grand Banc, le plus à l’est, au Bonnet Flamand, au nord ouest, dernier lieu où l’on pouvait pratiquer la pêche avant la plongée dans les abysses de l’océan. Ils étaient plutôt centrés vers Terre-Neuve, alors possession française, d’où le nom de Terre-Neuvas qui désignait cette étendue maritime.
 
Cependant, le traité d’Utrecht céda aux Anglais la totalité de l’île, laissant toutefois aux Français le monopole de la pêche et le droit de débarquer le poisson entre le cap Race et le cap Baruld sur la côte est, pour le sécher.
Cette zone fut appelée le French Shore.
Les Anglais de l’île, quant à eux, gagnaient leur vie en vendant le hareng frais qu’ils pêchaient le long des côtes aux capitaines des bateaux hauturiers qui avaient besoin de cette boëtte pour appâter les lignes à main.
 
Au fil des ans, de nombreuses autres nations vinrent pêcher dans ce secteur du French Shore et la concurrence se fit rude. Comme les tensions s’accentuaient entre Anglais et Français, les capitaines de pêche bretons, normands et basques, prirent l’habitude à partir de 1900 de débarquer leurs morues à Saint-Pierre et à l’île aux chiens d’autant qu’ils avaient découvert que le bulot très présent le long des côtes de ces îles faisait une excellente boëtte et qu’ils pouvaient se passer des harengs vendus par les Te

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