Quelque part sur la route du Sud
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Description

« N'est-il pas merveilleux de promener les yeux sur cette nature aux imprévisibles caprices ? À un sol rocailleux succèdent les trésors d'une terre riche, abondante, s'étalant orgueilleusement. Le soleil miroitant dans l'eau claire d'une rivière explique cette brusque transformation. Collines boisées : mimosas, ravenalas et autres arbustes sauvages. Puis, d'autres totalement dénudées ou encore des paysages aplanis, recouverts de minuscules touffes d'herbes roussies et, au milieu de ces folles graminées, des pistes, semblables à des sillons évasés dont il imagine qu'elles mènent à quelques hameaux. » Lukiann-Mahery retrouve une photographie, très ancienne, de la maison où il est né, à Madagascar. Son regard pénètre cet espace qui reprend vie, le transporte quelque part sur la route du Sud, route mythique, jamais parcourue, toujours rêvée. L'émerveillement face à ce cliché déclenche toute une élaboration, un voyage imaginaire... D'un hémisphère à l'autre, Marie-Madeleine Girod puise dans ses propres souvenirs pour donner vie à cette ode nostalgique, ressuscitant le parfum enchanteur des années cinquante et le goût irrésistible pour l'ailleurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 avril 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342050967
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Quelque part sur la route du Sud
Marie-Madeleine Girod
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Quelque part sur la route du Sud
 
 
 
« Que j’aimerais revoir…
À l’ombre des manguiers, au son des valihas,
La grâce et la langueur des danses balancées
Que rythment en chantant, les filles de là-bas… »
Suzanne Girod 1
 
 
 
Pour mes proches.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

« Ker Maria » 2
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Retour
 
 
 
 
 
 
« Ker Maria » ! Lukiann 3 -Mahery 4 observe lentement cette photo en noir et blanc. Photo si lointaine et soudainement tellement présente ! Elle exerce sur lui un irrésistible attrait. Il se sent happé vers ses jeunes années. Il plonge. Il en scrute le moindre détail. Plus rien d’autre n’existe. Le voyage intérieur commence… Il tente de s’imprégner des ombres, de la lumière… Surgissent alors des couleurs, des odeurs, le bruissement de la nature, comme le clapotis de l’eau du ruisseau, le doux chant du coucou. Plus il la regarde, plus il en éprouve la chaleur typique d’une enfance riche et heureuse. La maison, grande, très grande, les communs allongés, une terre, vaste étendue, des arbres feuillus, des rangées de vigne… C’est là, dans ce lieu plein de vie, que Lukiann-Mahery est né, au siècle dernier.
Son enfance se déroule dans ces espaces sans fin… Un temps fait d’impressions, de joies, de peurs, de rires. Sa sensibilité, ses rêves s’ancrent ici, dans son Imerina natal.
 
Troisième d’une grande fratrie, il vit en ville, enfin presque. À plusieurs kilomètres du centre, ce n’est pas la campagne, mais de vastes champs, des bois pénétrés par une rivière tranquille offrent aux enfants une porte ouverte sur une belle liberté… De quoi explorer, observer, découvrir, se livrer au plaisir du jeu, des inventions les plus créatives.
En classe, ses enseignants remarquent sa vivacité, sa curiosité singulière. Tout l’intéresse. Il aime apprendre, comprendre les mystères de la nature.
Dans ses moments de solitude, il se laisse parfois gagner par son désir impatient de vacances !
— Ah, partir ! « Ker Maria ! » se plaît-il alors à se répéter à voix basse.
Un nom magique qui l’entraîne dans son univers intérieur. Cette maison, cette immensité tout autour !
Dans sa vie de tous les jours, une fois ses devoirs achevés, il rejoint ses copains pour de nouvelles aventures…
Sur le chemin du retour, aucun ne tarit ni en paroles ni en imagination. Chacun raconte ses découvertes les plus étonnantes. Ils rivalisent avec leurs exploits, tentant d’im­pres­sionner les autres. Lui, souvent se tait, mais il écoute, ne perd rien de ce qu’il entend. Captivé par leurs récits, il revient de ses échappées troublé, comblé. Toutes ces histoires lui communiquent une force nouvelle. Il aime les prolonger au gré de sa fantaisie. Sa rêverie se poursuit.
Un jour, une nuée de criquets migrateurs s’abat sur les champs. Fous de joie, les enfants du quartier s’élancent dans une chasse effrénée. Ils galopent en tous sens, criant, riant, s’interpellant. Ils en attrapent tant et tant que boîtes, bouteilles, récipients débordent de ces trophées.
Puis, phase importante : il faut cuire ces insectes captifs. Tous possèdent des fatam-pera 5 de bonne taille. Une fois bien grillés, après leur avoir enlevé pattes et ailes, ils se régalent car ces petits criquets purement végétariens ont un goût très fin !
Les jours suivants, pendant la récréation, dans la cour de l’école, ils relatent avec force détails cette journée mémorable de chasse.
Tendu par le désir d’être un héros, chacun revient sur ses propres prouesses. Les échanges sont très vifs !
 
Insensiblement, les grandes vacances approchent. Enfin ! Comptant les jours, Lukiann-Mahery se prépare, le cœur battant.
Ses frères, ses sœurs et lui-même vivent dans une gran­de agitation : ils virevoltent autour des valises, observant leur mère soucieuse de ne rien oublier, vérifiant la fermeture des sacs et valises.
Le départ est imminent ! Toute la famille prend le train en ce début du mois de juillet si prometteur. Quelle effervescence sur le quai ! Quelle joie dans les cœurs ! Une fois installés, l’aventure commence.
Silencieux, assis près de la fenêtre, Lukiann-Mahery regarde. Les yeux grands ouverts, il se laisse porter par le balancement régulier du train. Des paysages étonnants défilent, donnant à l’insatiable curiosité du garçon une nourriture de choix.
N’est-il pas merveilleux de promener les yeux sur cette nature aux imprévisibles caprices ? À un sol rocailleux succèdent les trésors d’une terre riche, abondante, s’étalant orgueilleusement. Le soleil miroitant dans l’eau claire d’une rivière explique cette brusque transformation. Collines boisées : mimosas, ravenalas 6 et autres arbustes sauva­ges. Puis, d’autres totalement dénudées ou encore des paysages aplanis, recouverts de minuscules touffes d’herbes roussies et, au milieu de ces folles graminées, des pistes, semblables à des sillons évasés dont il imagine qu’elles mènent à quelques hameaux.
Soudain, il aperçoit deux hommes et trois femmes en file indienne, portant sur leur tête des provisions, des morceaux de bois, à mille lieues de toute habitation ! Où peuvent-ils se rendre ? D’où viennent-ils ? Des questions sans réponse. Les collines environnantes semblent à perte de vue et les sentiers sinueux s’y perdre, effacés par la profusion de cette herbe haute, dorée ou rougie sous un généreux rayon de soleil.
Beaucoup plus loin, une ombre fugace attire son attention : « Un zébu solitaire, égaré peut-être », pense-t-il.
Tout à coup, le train s’engouffre dans un long tunnel. L’obscurité le surprend. Son cœur se met à battre. Sa brusque inquiétude s’évanouit lorsqu’il voit le reflet de son propre visage et celui des autres dans le miroir de la vitre. Rapidement rassuré, il peut de nouveau se sentir seul au monde. Cela lui plaît bien. La sortie du tunnel accompagnée du klaxon retentissant de la locomotive et le passage de l’obscurité au jour l’enchantent.
On sent bien les efforts de la locomotive pour grimper, tirer les wagons. Lukiann-Mahery a appris que cette région pouvait aller jusqu’à 1 500 mètres d’altitude ! Ce chiffre le frappe, lui paraît traduire une élévation considérable. Il perçoit nettement le nouveau rythme de l’autorail, plus lent cette fois. Cette cadence permet d’appréhender le dépaysement. Lukiann-Mahery se met alors à rêver.
Il se souvient de l’accueil réservé par ses grands-parents. Retrouvailles chaleureuses qu’il aime profondément. Son grand-père, breton, lui a choisi à dessein ses deux prénoms : « Lukiann-Mahery ». Le premier, lumineux, breton, le deuxième, malgache, signifie « celui qui possède la force » ! Sa grand-mère, malgache, elle, aurait préféré simplement un prénom français comme « Paul », « Mathieu », ou… Mais personne n’aurait osé contredire l’autorité du grand-père !
En réalité, il s’amuse lui-même de son choix en voyant son petit-fils si bien incarner l’un et l’autre à ses yeux. Il ne veut surtout pas que ses enfants, ses petits-enfants, oublient leurs origines !
En cette fin de journée d’hiver austral, ils descendent du train. Le ciel crépusculaire s’embrase.
Ah ! la douce odeur de cette gare ! Le garçon se laisse envahir par un sentiment de bien-être. C’est merveilleux ! La poitrine gonflée de plaisir, il éprouve aussi une immense fierté d’être là.
Les pousse-pousse sont richement colorés : verts, rouges, orange. Certains d’entre eux, les plus beaux, sont ornés au dos de véritables tableaux, peinture de paysage ou scènes de la vie quotidienne ; de véritables joyaux ! Nombreux, ils heurtent faiblement leur clochette pour appeler leurs voyageurs.
Deux pousses 7 , l’un tiré par Fidy 8 , l’autre par Jery 9 , char­gés d’enfants et alourdis de bagages, prennent la route. Lukiann-Mahery regarde le ciel se couvrir d’un voile bleu sombre piqué d’étoiles pareilles à des diamants. Dans la brousse, la nuit complète insuffle une note d’inconnu à cet ultime voyage en pleine nature. Son cœur bat très fort.
L’instant rêvé survient enfin. Les pousse-pousse longent le canal, l’un derrière l’autre. Au cœur de cette nuit tropicale, il sent tout au fond de lui l’intensité du silence. Ils s’enfoncent dans...

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