Plaisir d Amour
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Plaisir d'Amour , livre ebook

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Description

Julien Ferrat est un séducteur professionnel. Hédoniste, libertin, il vit de l’argent que lui ont donné quelques riches et vieilles maîtresses, jouissant ainsi de ce luxe suprême : l’oisiveté. Sûr de son charme, de son savoir-faire, il goûte à tous les plaisirs de l’existence, sautant tel un écureuil d’arbre en arbre, de femme en femme.



Jusqu’au jour où il rencontre un drôle d’oiseau.



Avec ce bonheur d’écriture qu’on avait remarqué dans ses précédents ouvrages, l’auteur décrit d’une plume alerte une passion amoureuse étrangement chaste, une héroïne attachante mais illisible, un héros suprêmement égoïste qu’on aimerait détester.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 mars 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342147742
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
info@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-14781-0

© Société des Écrivains, 2022
1
Je vis des femmes.
C’est mon plaisir, ma vocation.
Lorsque j’eus épuisé ma mère de mes tétées sauvages – et peut-être pour cela disparut-elle un soir de printemps avec un homme qui n’était pas mon père – depuis qu’adolescent je découvris que j’avais du succès auprès des filles, je sus que mon avenir était, là, tout tracé : par les femmes, pour les femmes.
Je devins adulte dès ma douzième année avec la découverte de mon corps, imaginant dans la pollution de mes draps que les plus belles filles du monde partageraient un jour mon lit.
Ma première conquête s’appelle Émilie, six ans. C’est la fille du maire d’un village où la DDASS m’a placé. Je l’oblige à porter mon cartable jusqu’à l’école communale contre la promesse d’un baiser, moi, plaçant dans mon sac à dos mes affaires les plus légères, elle, le gros cartable qui scie les épaules avec les dictionnaires et les livres.
Ma mère était revenue, le temps de m’ignorer, repartie, cette fois définitivement avec un ferrailleur qui faisait suite à un postier. J’ai quinze ans. Je ressemble à un homme. Les gens disent que je suis un dur. Dans le foyer où l’on m’a conduit, j’ai la réputation d’être un mauvais sujet, insolent et querelleur. À plusieurs reprises, l’Administration me change de référent sans pouvoir redresser ma conduite. Mon dernier tuteur est un ivrogne qui dépense au bistro la pension de sa femme, une montagne de graisse qui élève des poules dans sa cuisine et dort sur un matelas au milieu des déchets de sa basse-cour.
Je me suis enfui. J’ai été rattrapé par les gendarmes. Retenu trois mois dans un centre d’éducation fermé. Une fois encore, j’ai fugué. À vingt ans, sans ressources, je me suis présenté au centre de recrutement de la Légion étrangère à Marseille à la suite d’un échec sentimental : ma copine, une petite garce, m’avait dénoncé après que je l’eus confiée au trottoir. Six mois sous le képi blanc avant que la Légion me libère, officiellement au motif de mon indiscipline, en vérité pour avoir serré de trop près la femme de mon commandant de compagnie, dont j’avais été désigné, sur ma bonne mine, le chauffeur. Et, pour la première fois de ma vie, je ressentis quelque fierté de ma conduite : j’avais caché au commandant que c’était elle, sa femme, qui avait ouvert ma braguette. Je rapportais de la Légion un petit pécule et un tatouage sur le bas-ventre : « Au bonheur des Dames. » J’obtins une bourse d’étudiant et m’inscrivis à l’université. Mais ce n’était pas ma vocation : j’abandonnai bientôt mes études. Définitivement, je ne voulais me consacrer en ce monde qu’à deux choses : le sexe et l’argent.
Se succédèrent alors des femmes riches et généreuses, à l’âge parfois avancé, en quête d’amour. Je faisais semblant de les aimer, elles faisaient semblant de le croire. Grâce à mes riches protectrices, je découvris le plaisir des chemises sur mesure, des boutons de manchette en lapis-lazuli, des chevalières en or, les restaurants étoilés, les boîtes à la mode, Courchevel et Marbella, Palm Beach et Porto Cervo, la fête avec mes copains traders, un jour fauchés, le mois suivant millionnaires, les beautés qu’on se partageait entre copains ou qu’on recrutait pour Madame Claude, un contingent régulier qui venait selon la marée du jour, de Kiev ou de Saint-Pétersbourg, de Rio de Janeiro ou de Samarcande. Mannequins abandonnées par leurs agents, exclues de la fashion week, femmes mûres à la recherche d’un étalon : certaines semaines, c’était l’encombrement. Je gérais un agenda de ministre . Plus d’interdits, plus d’obstacles. Le monde était devenu un champ de foire. Le temps où les élites ne se mêlaient pas au commun avait vécu. La Haute Société s’était prostituée. Toutes les barrières avaient rompu.
Rien n’avait résisté à la démocratisation sociale et à la libération sexuelle.
Je vivais une époque épatante.
2
Mon idylle avec Lady C…, une icône des mondanités (Américaine richissime car cinq fois divorcée) dura deux ans.
Elle m’apporta, outre une certaine aisance financière, quelques conseils vestimentaires dont je fis bon usage. « C’est à ses chaussures qu’on reconnaît le plouc, me disait-elle, en considérant d’un air suspicieux mes mocassins en crocodile teintés saumon. »
On ne met pas dans le même bassin bébé requin et sole de luxe. Elle me renvoya, le jour où elle s’aperçut que ses bijoux disparaissaient, et plus grave, que je lui manquais de respect. Un matin, au saut du lit, je lui avais demandé :
— Aby, je peux te poser une question ?
— Abigale.
— Abigale. Hier soir, je t’ai baisée ou pas ? J’étais tellement bourré que je ne m’en souviens pas.
— Poser la question, c’est déjà y répondre. Tu vois cette porte ? Tu l’ouvres et tu disparais. Out !
Par l’intermédiaire d’un photographe de mode, j’entrai en relation avec l’agence Paris New Eye, où le patron, Ascanio-cheveu bouclé et piercing à l’oreille – m’embaucha comme scout talent . Je gagnai mon premier galon le jour où je fus appelé comme juré à l’élection de Miss Suède, en tant « qu’expert français ». Ce n’est pas une jeune beauté que je ramenais de Stockholm, mais la veuve hyperbotoxée d’un roi de l’industrie. Chalet à Gstaad, villa à Capri, maison à Lyford Cay, appartement de quatre cents mètres carrés sur Park Avenue , fedship de cinquante mètres ancré toute l’année à Palma de Majorque. Grâce à une nuit d’amour particulièrement réussie, elle m’offrit douze criollos, les poneys argentins que réclamait mon équipe de polo, Cibao la Pampa, nom donné en hommage à mon idole, le plus grand play-boy de tous les temps : Porfirio Rubirosa. (Celui-ci qui disait : Ali Khan, Pignatari, Gunther Sachs, ils entretiennent leurs conquêtes. Moi, je me fais payer).
Le pagisme de quelques riches esseulées avait fait ma fortune. Je jouais de mon charme, je les amusais, leur donnais du plaisir, l’illusion d’être aimé – un arrangement qui convenait aux deux parties. Mon cheptel comprenait aussi quelques femmes mariées qui me disaient au lit que leurs maris étaient les plus généreux, les plus beaux, les plus sensuels des hommes. (Je me disais « mais alors, que font-elles dans mon lit » ?).
Tout allait bien pour moi : des femmes mûres et riches pour la matérielle, de jeunes beautés pour la bagatelle.
Ce soir-là, je m’en félicitai, mollement étendu sur le canapé de mon salon, la tête reposant sur un coussin brodé aux armes des Visconti (cadeau d’une admiratrice italienne dont je ne me souvenais plus le nom), écoutant d’une oreille distraite sur ma chaîne hi-fi quelques airs à la mode, la main droite caressant négligemment les pétales d’une tubéreuse odorante, imaginant en les respirant des plages de sable blanc, des couchers de soleil, une mer turquoise, et dans mes bras une vahiné lascive, couronnée de tiarés, la main gauche plongée dans un seau rempli de glace pour réduire l’enflure provoquée par le coup de tête malencontreux de Gerbita, mon poney de polo favori.
Les yeux mi-clos, un cigare entre ses lèvres, son labrador aux pieds, Julien Ferrat, le chéri de ces dames, s’assoupissait dans la douceur d’un soir d’été, au comble de la satisfaction d’être lui.
3
Comme tout cela avait-il commencé ?
Après tant d’années et d’événements tragiques, mes souvenirs s’enfoncent les uns dans les autres. Ne restent dans ma mémoire que des images confuses qui se superposent : le timbre de sa voix, un peu rauque, à l’accent indéfinissable, cette petite veine à l’orée du cou qui semblait palpiter quand elle parlait.
Je me rappelle que ce soir-là j’avais longtemps traîné dans mon appartement, que c’est par hasard que j’avais choisi sur la tranche d’un miroir, l’invitation d’une galerie d’art de la rue Bonaparte. J’étais convié au vernissage d’un jeune peintre inconnu, forcément génial. Je n’avais pas très envie de sortir, et sachant ce qui allait m’arriver, j’aurais dû écouter mon pressentiment. Pour tuer le temps, j’avais rangé quelques livres, feuilleté une revue, cherché sans les trouver les clés de ma voiture. C’est presque en reculant que je m’étais rendu à ce vernissage comme si une voix intérieure me disait : « Julien, reste chez toi. »
Plus tard, j’eus la conviction que c’était elle qui m’avait appelé avec une force si pressante qu’aucune force au monde n’aurait pu lui résister.
À la galerie Fersen, c’était la cohue. On y parlait anglais plus que français. Le vernissage était un succès. Je serrai quelques mains, échangeai des propos convenus avec un critique de théâtre, puis après un tour de piste, enlaçant au passage quelques femmes de ma connaissance, jetai un coup d’œil distrait sur l’exposition, je conclus qu’il n’y avait rien d’intéressant pour moi.
C’est alors que je la vis.
Une blonde scandinave, longue, élégante, racée. Un corps superbe, une taille fine, des fesses rondes, une poitrine que je devinais ravissante. Un visage parfait, un teint si lumineux que sa bouche paraissait sombre. Très appliquée, elle tenait à la main le catalogue de l’exposition, allant d’un tableau à l’autre, notant ses appréciations sur chaque toile. J’attendis le moment où elle se penchait sur un tableau de Jackson Pollock pour me rapprocher d’elle.
— Bonsoir. Je m’appelle Julien Ferrat.
Je lui tendis la main. Elle hésita, puis m’abandonna la sienne.
— Ne nous sommes-nous pas déjà rencontrés ?
Ses yeux cillèrent, mais elle ne répondit pas. Je remarquai à l’orée de son cou une petite cicatrice blanche, charmante, comme une entaille sur un marbre de Canova. De quoi la rendre humaine. Elle avait une petite mouche posée sur la joue gauche.
Ce visage, sans fards, sans apprêts : un délit de beauté.
— Je n’ai pas compris votre nom ?
Elle hésita une nouvel

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