Parcours 1989-2003 Tome 2 , livre ebook

publibook - Patrice Obert-Julion

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

300 pages

Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

A propos
Informations
Extrait

Description

Cette anthologie s’ouvre sur une série d’œuvres théâtrales : « Le Voyage de Petit-Pois », pièce pour enfants créée au Théâtre du Jardin en 1991, ou encore « Clément » et « François III », réflexions sur l’aliénation contemporaine et sur le pouvoir, radiodiffusées sur France Culture en 1990. Les pièces sont suivies d’une fiction épistolaire et de plusieurs nouvelles...

Sujets

Philosophie et théologie

Enfance

Informations

Publié par	publibook
Date de parution	10 février 2012
Nombre de lectures	0
EAN13	9782748376609
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Parcours 1989-2003 Tome 2
Patrice Obert-Julion
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Sommaire et avertissement

A quel besoin l’écriture répond-elle ? Est-ce maladie ou thérapie ? Est-elle un moyen unique d’expression ou n’est-elle pour les humains qu’une façon parmi d’autres (art, politique, jeux, guerre, études, sciences…) d’exprimer leur quête d’eux-mêmes ?

Vecteur particulier, sans doute, puisque, comme toutes les formes d’art, l’écriture recherche une communion universelle à partir d’une expérience personnelle. Ce pourquoi l’écrivain aspire à être lu… et pas seulement à écrire.

Il se trouve que, pour diverses raisons (nature de mes écrits, brièveté de mes textes, capacité involontaire à éviter les créneaux commerciaux, incapacité à dénicher l’éditeur adéquat, qualité propre de mon écriture ?), l’auteur que je suis reste sans lecteur, faute de livres édités — même si j’ai eu la chance d’avoir des auditeurs et des spectateurs.

Il m’est apparu utile — et pour moi nécessaire — de rendre publique grâce à PUBLIBOOK une partie importante des textes que j’ai écrits en une quinzaine d’années. Pourquoi aujourd’hui ? La seule raison qui m’apparaît tient au souhait de tirer un trait pour passer à autre chose. D’autres raisons existent sans doute, que j’ignore moi-même.

Voici donc le sommaire des textes que vous trouverez dans ce recueil :

TOME PREMIER

Le voyage de Petit Pois
Ce spectacle pour enfants (et adultes) a été créé par la compagnie Le Triambule, dirigée par Thierry Gassaud, en 1991 au Théâtre du Jardin, alors dirigé par Jacques Douai. La musique a été composée par Guy Printemps. Il a ensuite été joué une trentaine de fois en France et repris dans le cadre du festival 13 à l’automne 1993.

Clément
Cette pièce de théâtre a été radiodiffusée sur France-culture en 1990.
Clément est le prénom d’un bébé qui n’apparaît jamais sur scène. En effet, ses parents, jeunes cadres mangés par leur travail, n’ont pas le temps de le voir.

François III
Cette pièce de théâtre a fait l’objet d’une lecture publique au théâtre Essaïon par Pierre Danet puis a été radiodiffusée sur France-Culture en 1991.
Un vieux roi décide de construire un gigantesque pont. Réflexion sur le pouvoir et le temps en fin de second mandat du président Mitterrand

Le papier
Dans cette farce, un Ministre a besoin dans l’heure d’un vieux document. Le service d’archives sera-t-il en mesure de le lui fournir à temps ? Un détour amusé dans les arcanes de certains services publics très « spéciaux »

L’ombre apprivoisée
Cette pièce de théâtre a été créée au théâtre des Déchargeurs par la compagnie d’Arlequin en 1999 dans une mise en scène de Marc-Olivier Cayre, avec lui-même, John Houliat et Fani Carenco.
Confronté à la barbarie du siècle, un homme, qui s’apprête à tuer la femme qui l’a quitté, saura-t-il apprivoiser sa part d’ombre ?

Mort à la télé
Cette pièce de théâtre a fait l’objet d’une lecture publique par Emmanuel Dechartre puis a été créée au théâtre Essaïon en 1997 avec Alida Latessa, Emmanuel Dechartre et Perkins dans une mise en scène de José Valverde, musique de Guy Printemps, décor de Pierre Bailly ;
Un auteur tire en direct sur un animateur qui le ridiculisait… Une satire de la télé et de la justice.

Le complexe du Dr Meynier
Cette pièce a fait l’objet en 1999 d’une lecture publique par Perkins à la Maison Européenne de la Photo, dirigée par Jean-Luc Monterosso. Elle a failli être montée…
Une pièce sur le bonheur et l’espérance à travers la vie d’une résidence pour personnes âgées et les projets fous du Dr Meynier

TOME SECOND

La république des songe
Et si, soudain, comme dans ce conte, les enfants du monde prenaient les adultes en otage ?

La mécréante et le pharisien
Cent lettres d’une femme à son amant

Le trou
Dans cette nouvelle, un homme se réveille avec un trou

Les mains
Sous forme de nouvelle, ma contribution à l’avenir de l’Europe

Le torrent
D’où dévale-t-il ?

Ces trois dernières nouvelles peuvent être lues comme un ensemble.

Pour des raisons d’édition, j’ai regroupé dans le premier tome les textes de théâtre, dans le second la prose.

Ces textes constituent ainsi un itinéraire, le mien, sur une quinzaine d’années. C’est la raison pour laquelle j’ai intitulé ce recueil PARCOURS I.

Je n’y ai pas intégré :
- le texte Rikiki 1 er , maire de Paris par intérim , que j’ai publié avec Publibook en 1990 sous le pseudonyme de Jean Méniande.
- le texte Pour accueillir Bébé que j’ai publié avec Publibook à l’occasion des 15 ans de ma seconde fille.
- Le texte du spectacle musical Paris, Paris, Paris, écrit en 1993 sur une idée de Thierry Gassaud, avec Guy Printemps pour la musique et Jacqueline Kempf pour les costumes et décors. J’espère que ce spectacle sera monté un jour.
- Les grandes personnes , texte de 5 minutes joué par moi-même dans « La plus grande pièce du monde » le 22 septembre 2002, jour de mes 45 ans, au théâtre du Rond-point. Cette pièce a été publiée aux éditions de l’Amandier.

Je n’ai pas inséré non plus cette Nouvelle enquête sur l’Occident menée en 1987/1988 avec quatre amis et dont je ne désespère pas qu’elle puisse un jour être diffusée puisque les vingt deux entretiens rassemblés sont un trésor.

Je n’ai pas non plus intégré ici d’autres textes écrits par-ci, par-là durant toutes ces années, peut-être pour me donner l’occasion d’un autre PARCOURS.

Derrière ce parcours, il est clair que je me dévoile. C’est l’intérêt et la limite de l’exercice. Quelle est l’unité ce cet homme ? A-t-il quelque chose à dire ? Je ne suis pas en mesure de répondre moi-même à ces deux questions. Je vous en laisse juge, si vous me faites la grâce de me lire.
P OJ

La République des songes

1

Dans la cour de l’école, le monde s’est arrêté de tourner : interdiction de courir. Des petits groupes en culottes courtes et en jupettes complotent. Mamadou propose de se venger. Mamadou, ça le fait rire. Il rit tout le temps. Il est noir de la tête au pied, bouclé, avec de grandes dents blanches. Ses copains l’appellent cannibale. Ils ne savent pas qu’un jour Mamadou les mangera tout crus. Oasis a des idées. Elle propose à voix basse de tirer la maîtresse par les cheveux. Oasis est une sacrée sportive. Ses copains se moquent d’elle. C’est ridicule, disent-ils, ça ne fait pas sérieux. Eux, ils veulent se venger pour de bon.
— Et si on faisait exploser l’école ? dit Rudy en clignant des yeux.
Rudy est le cancre de la classe. Tout le monde le sait, lui aussi. C’est commode, un cancre, ça ramasse les zéros. Rudy a plein de zéros dans ses poches. Parfois il aimerait bien en refiler à d’autres, à Edouard, par exemple. Edouard est gros. Il marche en canard et ça chuinte à chacun de ses pas. Mais Edouard n’aime pas les zéros. Edouard est un salaud.
— Et comment qu’tu veux la faire péter, l’école ?
— Ben, j’sais pas, moi, y’a qu’à demander aux frères de Mohammed. Ils font tout péter dans leur pays, ils pourraient bien faire sauter l’école. Au moins, ça servirait à quèqchose, leurs foutues pêtasses.
— Vous êtes vrai-vraiment u-ne bande de-de-cons, lance, péremptoire, Pierre-Alexandre.
— Oh, toi, l’intello, faudrait pas commencer à nous les chauffer.
Pierre-Alexandre accuse le coup, rougit, remet en place un de ses crans blonds et bafouille " Si, si, je vous assure, vous a- za-zavez tort".
Le temps passe. Au loin, la maîtresse marche, le sifflet à la main. Les enfants se tassent. Que faire ? Pas facile de changer le cours des choses quand on a encore l’âge de prendre des gifles. Yasmina propose de sécher l’école. Elle a raison. Elle n’est pas chintok pour rien.
— Non, j' suis pas chintok.
— Si, t’as les yeux bridés, alors, t’es chintok.
N’empêche, c’est une super idée.
Plus d’école ! Chacun, un instant, rêve. Mamadou, de jouer aux billes dans la rue, Oasis, de descendre un torrent en kayak, Rudy, de se bagarrer toute la journée, Edouard, de manger des gâteaux à s’en dilater l’estomac, Pierre-Alexandre, de lire des heures entières en suçotant des bonbons comme Démosthène. Yasmina, elle, dessinerait des chevaux ailés avec des yeux ronds.

Cristelle et Emilie discutent dans leur coin. Elles disent du mal des autres. Mon dieu, qu’ils sont bêtes ! Elles sont petites, mais déjà garces et elles le savent bien. Cristelle n’a qu’une amie, Emilie et Emilie, qu’une amie, Cristelle. Même si Emilie trouve que Cristelle est vraiment pénible parfois avec ses grands airs. Même si Cristelle ne supporte pas Emilie quand elle joue au bébé. Elles regardent les autres discuter, elles les voient faire de grands signes. Ca les fait rire.
— N’empêche que la maîtresse, c’est une vraie peau de vache, dit Emilie.
Cristelle est songeuse. A quoi peut-elle donc penser, se demande Emilie ? Me prendrait-elle encore pour une andouille ?
— Et si on faisait la révolution dans l’école ? demande soudain Cristelle.

La révolution, tout le monde en parle mais jamais personne ne la fait. Cristelle n’est pas bien grande mais elle écoute. Hier, c’était 1989. Elle en a entendu sur la révolution ! Cristelle se demande pourquoi il n’est pas possible de faire la révolution quand quelque chose ne marche pas. Les grandes personnes disent toujours qu’elles font la guerre ou l’amour. Elles feraient mieux de