Nietzsche, adversaire de Wagner
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Description

Comment Nietzsche juge-t-il Wagner à la fin de sa vie, et comment apprécie-t-il sa propre position et son propre cheminement à l’égard du musicien? Grâce à l’étude du petit pamphlet le Cas Wagner, signé par Nietzsche en 1888, le lecteur découvre les profondeurs des soubassements philosophiques de l’œuvre de Wagner. Plus qu’une étude sur Wagner, Nietzsche fait du maître de Bayreuth le porte-parole du « malaise dans la civilisation ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748387421
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nietzsche, adversaire de Wagner
Dominique Catteau
Publibook

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Synopsis des critiques.
Il est temps assurément de poser la question centrale et finale : en fin de compte, que reproche Nietzsche à Wagner ? Dans cet ultime texte consacré nommément au musicien, peut-on enfin tirer la somme des reproches du philosophe, de ses regrets, de ses refus et de ses condamnations ? Toute sa vie pensante, Nietzsche s’est battu contre l’idée-Wagner : au terme de son parcours, quel bilan dresse-t-il lui-même de l’opposition de sa vie ?
On ne dira jamais assez la nécessité de lire Nietzsche par la fin : d’abord d’une façon générale pour vérifier l’unité profonde de sa pensée ; ensuite relativement au problème particulier de Wagner pour se donner le droit de subsumer le "cas" particulier sous le principe général. C’est la meilleure façon de voir de quelles lointaines profondeurs la critique dressée par Nietzsche contre son vieil ami sourd peu à peu, comment elle s’affine et se précise progressivement, pour éclater finalement lumineuse et triomphale dans le mode majeur en une transperçante coda .
Une vie, philosophiquement aiguillée par l’antique "deviens ce que tu es", se présente en effet inévitablement comme une magistrale partition : elle ne prend tout son sens, et ne devient parfaitement compréhensible qu’une fois suspendue la résolution du dernier accord. Avant celui-ci, et tout au long des pages entendues d’abord au fur et à mesure de leur déroulement, on pouvait se risquer à pressentir, à deviner sinon à prévoir, la façon dont le musicien poursuivrait et au bout du compte conclurait, il n’empêche que le grand musicien restera toujours celui qui d’une part déjoue les anticipations trop faciles de ses auditeurs pour mieux les surprendre là où il sait qu’ils ne l’attendront pas mais qui en même temps construit ses progressions imprévisibles de façon tellement subtile et rigoureuse qu’après coup l’auditeur attentif comprendra que tout avait été magnifiquement préparé et qu’on ne pouvait pas passer par d’autres chemins que ceux choisis, aussi nécessaires qu’imprévus. Toute sa vie, Nietzsche l’aura ainsi composée, de même que sa pensée, de même que son opposition à Wagner, comme un grand fleuve qui poursuit son but au travers même de ses méandres. Mais ce n’est qu’à son embouchure qu’on comprend finalement le tracé et la nécessité de ses apparents détours. Ce n’est donc que par le Cas Wagner que nous gardons des chances d’élucider la contestation nietzschéenne, et d’éclairer petit à petit les voies qu’elle se sera frayées, pour enfin et surtout apercevoir d’où elle a pris son initial élan. Pour découvrir la source certaine d’un fleuve connu, il faut en remonter le cours.
Quel est donc le bilan nietzschéen sur le Cas Wagner  ? Toute la critique du philosophe tient en un seul mot : Cagliostro. Wagner est un Cagliostro, le "Cagliostro de la modernité" 137 .
Thème -ou thèse -central qui condense et focalise toutes les perspectives partielles : tous les chemins suivis par Nietzsche pour étudier Wagner sous tous ses angles mènent tous, comme à Rome, à la même et UNIQUE conclusion, Cagliostro. Musicalement parlant, en ce problème pour "Musikanten", le thème central fera donc l’objet de toutes les variations possibles d’une part, et de toutes les transpositions et modulations imaginables de l’autre. Variation d’abord, Nietzsche ne tarit pas des épithètes les mieux frappées -et les plus frappantes : pêle-mêle, Wagner se voit ici dénoncé comme "imitateur", "acteur", "comédien", "histrion", "faux-monnayeur", "Klingsor des Klingsor", "hypocrite". Pour ne citer que les meilleures. L’idée se dessine, unique et invariable : mensonge et tromperie. Par modulations ensuite, j’entendrais volontiers les différents contenus que Nietzsche va glisser dessous l’unique accusation : ou plutôt les différents sens du même contenu, ses différentes perspectives qu’on va voir à la fois contrastées et complémentaires. Car cette formule première -et dernière- doit être entendue plus que jamais d’une façon polysémique ou franchement polyphonique. Cette dernière métaphore garde l’avantage de la justesse et de la précision contre celle des linguistes. Si Cagliostro se dit ici en plusieurs sens, c’est précisément de par son sens unique qui s’irise en multiples colorations à travers le prisme de l’analyse philosophique.
Une fois de plus, il faut rappeler qu’il s’agit ici de philosophie, et non d’esthétique de dilettante . C’est avec la passion de "l’esprit libre" que nous allons nous interroger sur tout Wagner : qu’est-ce que Wagner ? non pas sous tel ou tel aspect de sa personnalité ou de son œuvre, mais dans sa totalité. Qu’a-t-il fait ? Que représente-t-il ?
Nietzsche sait mieux que quiconque que Wagner lui-même s’est toujours voulu comme une inédite synthèse : en lui, l’écrivain, le poète, l’acteur, le musicien, et même le penseur se veulent inséparables, mieux : indiscernables, aussi bien les uns par rapport aux autres, que tous ensemble par rapport à l’homme individuel qui les endosse tous. Wagner l’a assez clamé sur les toits, Nietzsche le prend au mot. Il faudra donc le considérer, mettre à jour sa vérité et donc la démasquer, dans tous ses aspects et toutes ses composantes. Que Wagner prenne garde aussi, si Nietzsche réussit, il ne restera pas grand chose d’encore crédible.
 
 
Pour percer le secret du Cagliostro, il nous faut donc multiplier ces points de vue : j’en décèle sept, pas moins, qui doivent suffire à nous assurer valablement de ne rien omettre de décisif : 1) Wagner en tant qu’individu, 2) en tant qu’écrivain, 3) en tant qu’acteur ou homme de théâtre, 4) le dramaturge au sens formel (construction des intrigues), 5) le dramaturge au sens matériel (le contenu des drames), 6) le musicien, 7) le philosophe.
 
 
Septuple teneur de l’accusation de Cagliostro qui appelle des précautions de méthode : en tant qu’indiscernablement penseur, musicien ou à tout le moins Musikant , et écrivain magistral, Nietzsche répugne à l’exposé pédagogique et préfère l’exposition symphonique où les thèmes se superposent, se fondent, s’opposent, se sous-entendent, s’appellent et s’interpellent. Elégance et subtilité antiscolastiques font que tous les contenus importants circulent continuellement d’un point de vue, ou d’une rubrique, à l’autre. Le coup de génie de la composition nietzschéenne, c’est d’avoir bâti avec un nombre très limité d’arguments un réseau continuellement mouvant de glissements incessants d’un point de vue à un autre ou à plusieurs autres. Il faut admettre et comprendre que les mêmes thèmes se retrouvent, simplement appliqués différemment, sous toutes les rubriques principales.
Point de départ annoncé : Wagner, du début à la fin, et de part en part, est un mystificateur. Il a dupé son monde, tout le monde. Nietzsche compris, qui ne se gêne pas pour l’avouer au passage : "Et j’étais pourtant un des wagnériens les plus corrompus… J’ai été capable de prendre Wagner au sérieux… Ah ! ce vieux magicien, quels tours ne nous a-t-il pas sortis de son sac ! (…)Quel rusé serpent à sonnettes ! (…)Et nous l’avons cru…" 138 . Le vieux " Zauberer " nous a tous possédés : il a fait croire qu’il était sérieux. Cette exigence de la foi, dont Nietzsche aura fait l’objet sempiternel de sa méfiance, trahit qu’il n’était pas sérieux, au moment même où cet ensorceleur donnait le change. Dressons donc patiemment la liste des mille et trois sortilèges du faiseur de simulacres.
 
 
 
 
Chapitre III. La personnalité de Wagner
 
 
 
Wagner en tant qu’individu
Sur cet aspect intime qu’il a appris à connaître de près, Nietzsche nous concède – relativement discrètement –, deux brèves allusions :
1. "le musicien n’était que ce qu’était l’homme : il devint poète parce que le tyran qui était en lui, son génie d’acteur, l’y contraignit." 139 Formulation extrêmement ambiguë, du moins apparemment. Elle confirme bien que tout Wagner se résume dans l’art du comédien, mais elle semble faire allusion à la création wagnérienne ; car il est aussi entendu que connu que l’artiste n’apprendra la musique et la poésie que pour réaliser son impulsion première pour la scène, le théâtre et les planches. Il n’empêche que Nietzsche réfère ici tous les talents artistiques révélés secondairement à la personnalité profonde -et seule première- de l’homme Richard Wagner : " Es war auch als Musiker nur das, was er überhaupt war " 140 . Wagner n’était en tant que musicien que ce qu’il était au fond. Et ce qu’il était au fond, incontournablement rien d’autre que l’émanation de son " Schauspielgenie ", son génie de l’apparence spectaculaire et théâtrale. Traduisons bien et complètement : Wagner n’est devenu musicien et poète que pour le théâtre, mais ce goût pour la création scénique provient lui aussi de sa personnalité profonde. Autrement dit, Wagner n’a fait du théâtre -et effectivement jamais rien d’autre de notoire- et ce qui s’ensuivait, que parce qu’au fond de lui, il était déjà un acteur ou un simulateur.
2. Deuxième et dernière allusion à l’intimité du personnage, la plus controversée, la plus chatouilleuse et sans doute, on l’a déjà dit, la plus mal comprise. Wagner, dit Nietzsche dans une remarque, fut le "grand imitateur" de ce qui était allemand. Pour preuve : "son père était un acteur du nom de Geyer", sous entendu ce Geyer -là n’était pas allemand. Allusion cuisamment personnelle ? Nietzsche poursuit en plaisantant sur le nom paternel : "Un Geyer (vau

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