Monades
154 pages
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Monades , livre ebook

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Description

Autour de certaines demeures mystérieuses, convoitées, visitées ; en raison d’une paire de ciseaux volée ; au gré d’une après-midi au parc, d’une nuit violentée par l’orage, d’un banquet nuptial ; à cause d’un poème courtois malencontreusement glissé dans un dossier bancaire... la peur et le doute qui s’emparent des personnages, les amitiés qui se lézardent, les situations amoureuses qui s’affolent et cherchent leur issue, les amants – anciens et à venir – qui hésitent à se déclarer, qui s’attirent. Autant d’êtres, enfants, adolescents, maris et femmes, qui vivent, chacun à leur manière, les prémices d'une nouvelle aurore.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748380361
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Monades
Madeleine Dehais
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Monades
 
Les illustrations de cet ouvrage sont de Monique Dehais : mdehais@neuf .fr
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://madeleine-dehais.publibook.com
 
 
 
Magie blanche
 
 
 
Les vacances d’hiver venaient à peine de commencer, mais comme tous leurs enfants et petits-enfants s’étaient éparpillés à la neige, qui dans les Vosges, qui dans les Pyrénées, chez des beaux-parents accueillants, et pour le couple le plus fortuné, dans les Alpes en chalet de location, Odile et Gilles se retrouvaient seuls dans leur maison du bord de mer, et pas mécontents de l’être ! Partie remise : cet été, ils verraient défiler les uns et les autres avec bonheur sinon quelque fatigue.
Odile donc prenait le temps de flâner, le chemin des douaniers, un sentier pédestre qui longeait la côte, l’entraînait toujours un peu plus loin, s’arrêtant de-ci de-là, en extase devant l’immensité, tandis que Gilles taillait les arbres et les arbustes du jardin, son passe-temps favori prétendait-il. Il plantait aussi les bulbes qui fleuriraient cet été. Des vacances bien tranquilles en somme.
Elle aimait aller faire ses courses le matin d’un pas allègre, à la petite supérette du coin, en se disant que supérette rimait bien avec opérette. Une drôle d’idée quoi, mais elle avait le cœur joyeux ! La rue toute droite qu’elle empruntait, qui était aussi la rue principale était bordée de maisons aux volets clos pour la plupart. Des petites maisons qui ne comportaient qu’un rez-de-chaussée, avec un jardinet étendu devant, et qui pour lors n’avaient rien d’un tapis de mille fleurs, le rectangle de la porte d’entrée fermée à triple tour entre les fenêtres aveugles. Par contre l’enseigne du coiffeur, Coup’tif , clignotait à longueur de journée, mais le tennis derrière ses hauts grillages était un terre-plein sans vie. La petite station balnéaire attendait les beaux jours pour s’animer.
Quelques maisons semblaient pourtant occupées à longueur d’années. L’une d’elle, la plus grande était un parallélépipède blanc à un étage, au toit d’ardoises, alors que ses voisines étaient coiffées de tuiles. Une vigne vierge trop jeune pour être envahissante dessinait quelques lignes sinueuses sur le mur, tel un réseau veineux apparent. Les futurs bourgeons printaniers s’y devinaient à peine.
Au travers des hautes fenêtres, encadrés de rideaux de coton blanc, tombant en plis larges, on voyait scintiller sur une table une paire de chandeliers d’argent, garnis de bougies blanches bien sûr, mais un peu de guingois, qui entourait une belle soupière de faïence dont vous devinez la couleur.
En passant, Odile glissait son regard en coulisse, le plus loin qu’elle pouvait en évitant de tourner la tête, pour ne pas avoir l’air indiscrète ! Des fauteuils en rotin, blancs aussi ponctuaient l’ensemble de leurs tons immaculés semblables à des silences. D’ailleurs Odile ne les avait jamais vus occupés. Un intérieur qui semblait confortable, chaleureux, malgré cette pâleur distinguée. On ne voyait jamais personne y vaquer, même pour les soins du ménage. Qui habitait là ? Une vieille dame aux cheveux neigeux, au sourire très doux, un peu fée ? Personne non plus n’empruntait la belle porte à double battant qui ouvrait sur un jardinet, un peu plus grand que celui des voisins quand même, et bordé d’un muret que dépassait une haie de fusains taillés court mais suffisamment large pour décourager de jeunes curieux un peu trop souples, adeptes du saut à l’américaine ! Pas de boîte aux lettres accrochée au petit portail, ni sur les piliers qui l’encadraient. Il devait être condamné. Sans doute entrait-on dans cette maison par le côté, car perpendiculaire à la « Grand-rue » une impasse, l’impasse du Rocher qui conduisait à la plage la longeait à angle droit. Le Rocher c’était le Rocher du Nord qui n’était découvert qu’aux grandes marées et où à ces occasions plus d’un se précipitait avec frénésie à la pêche aux moules. Ce n’était pas celle-là qu’Odile empruntait habituellement pour aller à la plage, avec ses petits enfants, elle prenait la plus proche de chez elle.
Puisqu’elle était seule, elle allait pouvoir satisfaire sa curiosité, sans avoir à donner d’explication, ou se faire rappeler à l’ordre par des voix impatientes : « Mamie, qu’est ce que tu fais, dépêche-toi »
Pendant que Gilles, fatigué par ses travaux de bûcheron, se payait selon ses dires, une petite sieste, elle partit faire un tour sur la plage, une plage qui n’était peut-être pas aussi longue que celle de la Baule, mais à peine.
Enfin la voilà cette fameuse boite aux lettres. Le nom y était à moitié effacé, mais cela ne devait pas poser de problème au facteur. Elle l’avait vu quelque fois arrêter une minute sa mobylette pour déposer du courrier ou de la publicité. Personne n’était venu sur le seuil. Sans doute n’y avait-il pas besoin de signer quoique ce soit. Elle se pencha comme si elle voulait retirer un caillou de sa chaussure, et vit le début de l’intitulé. Mme Ba… La porte vitrée devait s’ouvrir sur la cuisine ou un petit hall, mais elle était voilée. Sans doute s’y tenait-on là plus souvent qu’ailleurs. Entre le rideau et la vitre, une ardoise était accrochée, une ardoise d’écolier d’autrefois, aux rebords de bois, avec ces mots écrits à la craie : Parti voir la mer. « Tiens c’est au masculin, pourtant j’ai bien lu Mme ». Ce n’était donc pas une femme, mais un homme qui habitait là. Voilà qui ajoutait du piquant au charme de cette maison. Pourtant si elle continuait à stationner devant la porte, on finirait par venir lui poser des questions, par exemple : « Vous cherchez quelqu’un ? »
Parti voir la mer. Sous entendu : Inutile de frapper ! Il n’y a personne. Passez votre chemin.
C’est ce que fit Odile. C’est elle qui allait voir la mer. Elle était d’un gris laiteux qui semblait vouloir absorber le ciel. Unis l’un à l’autre sans ligne d’horizon pour les départager Elle montait, mais elle n’était pas pleine, il s’en fallait de deux heures. La plage était quasiment déserte. Deux ou trois personnes l’arpentaient. En les croisant elle leur jeta un bref coup d’œil. L’une ou l’autre habitait-elle cette maison, plus haut ? Ce vieux monsieur par exemple. Il siffla son chien. La promenade hygiénique se terminait. « Il est temps de rentrer »
Des mouettes s’activaient le long des vagues à la recherche des menus coquillages qui venaient d’y être déposées. Des hirondelles de mer aux longues queues sautillaient à côté d’elles. Désobéissant, le chien leur courut après, vite rappelé par son maître.
Odile se dirigea vers la digue, qui à l’extrémité de la plage, faisait le tour d’un bassin, fierté de la commune qui l’avait mis en œuvre, pour permettre aux vacanciers de l’été de se tremper même à marée basse quand la mer se retire aux cinq cents diables !
Cette digue n’était pratiquée que par les piétons. Pourtant un camion l’emprunta pour stopper à deux mètres de l’écluse qui se situait au bout de la digue. Le conducteur sauta à terre, puis escalada une sorte de plate-forme où il se mit à actionner une manivelle. Il s’agissait apparemment de faire remonter le panneau de l’écluse et cela ne se faisait pas sans difficulté, en tout cas à la force du poignet. Le mécanisme récalcitrant grinçait. Pourtant après tant d’effort, Odile qui surveillait la scène vit bientôt un flot noirâtre se précipiter sur la plage en creusant le sable. Les couches profondes du bassin se vidaient. Cela dura peut-être un quart d’heure. Puis, comme la mer montait irrésistiblement le flot s’inversa pénétrant à son tour dans le bassin. Comme elle quelques badauds intéressés suivaient l’opération, se déplaçant d’un côté à l’autre de la digue, tout en posant quelques questions à l’ouvrier peu bavard qui remonta bientôt dans son camion.
— Je reviens tout à l’heure pour refermer. Si vous voulez attendre jusque-là… Moi j’ai autre chose à faire, dit-il seulement en haussant les épaules.
Sans doute d’autres écluses à surveiller.
Odile poursuivit tranquillement sa promenade. Le bassin avait une surface lisse et brillante, tel un miroir. Le ciel qu’il reflétait n’était pas des plus plaisants, même s’il n’avait pas une ride. Aucun nuage ne s’y promenait en folâtrant. Au centre du bassin, le radeau, pris d’assaut en été par les jeunes baigneurs était squatté par les mouettes.
Les mains dans les poches, pour se les réchauffer, Odile continua d’avancer. Amorçant une courbe, la digue se transformait en une sorte de petit rempart qu’agrémentaient des arbustes, surtout ceux qu’on désigne du nom poétique d’écume de mer . Deux jardiniers de la ville, des employés municipaux armés de scies électriques taillaient leur feuillage argenté. Ils portaient des gants de cuir épais pour protéger leurs doigts en cas de dérapage de leurs outils. Un jeune garçon, un apprenti, armé d’un balai réunissait en petits tas les rameaux tombés à terre, pour les porter ensuite dans une benne. La saison estivale se préparait déjà. Un promeneur lui demanda si l’été, tout leur travail n’était pas sans cesse à refaire. Les vacanciers le respectaient-ils un minimum ?
— Vous savez on passe derrière, c’est notre boulot. On est là pour ça.
Insouciant, il ne semblait pas en être tellement affecté !
Une femme d’un certain âge, plus âgée qu’elle en tout cas jugea Odile, lui adressa la parole.
— Presque tous les jours je me promène par ici. Je viens jusqu’au bassin. Ça fait un but. Mais c’est la première fois que je vois l’éclusier.
— Moi aussi. Mais n

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