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Mission universelle et tribalité , livre ebook

Éditions Baobab - Jean-Pierre Bwalwel et Jean-Baptiste Malenge

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Extrait

Description

Ce livre est écrit dans un contexte précis où l’Afrique sub-saharienne fait sérieusement face à une multiplicité de problèmes relatifs à son identité socio-politique, religieuse, culturelle, ecclésiale. Un évêque émérite a été (re)nommé évêque. Il a cinquante-sept ans. Au Nigéria, Mgr Peter Okpaleke, nommé évêque en 2012, s’était résigné à devenir émérite « en raison de son origine ethnique ». Voilà la raison d’émergence du présent ouvrage collectif. Vingt et un auteurs y contribuent pour autant de points de vue, allant de la philosophie et des sciences humaines à la missiologie et à la théologie en passant par les sciences bibliques.

Informations

Publié par	Éditions Baobab
Date de parution	01 janvier 2020
Nombre de lectures	4
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mission universelle et tribalité

Institut Africain des Sciences de la Mission UNIVERSITE DE MAZENOD Kinshasa/RD Congo

Mission universelle et tribalité

Sous la direction de Jean-Pierre Bwalwel et Jean-Baptiste Malenge

Kinshasa, 2020

Illustration de couverture:

« Jésus désaliénateur », par Botembe (en 1996).

Lire l’interprétationdu professeur Théodore Mudiji, p. 25.

©Editions Baobab, 2020 3145, avenue Kasa-Vubu Kinshasa-Kintambo B. P. 8251 Kinshasa 1 R.D. Congo baobab@isemomi.orgDépôt légal : 3.01809-57344

PREFACE

SOMMAIRE

Mission au-delà des frontières tribales(Jean-Pierre BWALWEL).............7

Contexte d’émergence de la problématique(Jean-Baptiste MALENGE)....11

PHILOSOPHIE ET SCIENCES HUMAINES.......................................19Tribalité. Mise au point sur le sens et l’usage d’un motbien francophone(Célestin DIMANDJA)................................................21

Le masque solaireGitengades Phende en RDC et l’évocationdu Christ-lumière(Théodore MUDIJI).....................................................25

Le vivre ensemble dans un contexte pluriel(Charlotte BIZIGE).............29

La tribalité, entre l’identité et l’altéritéς(Jean-Baptiste MALENGE)....36 Unité dans le Christ et identités ethniques enRD Congo(Léon de SAINT MOULIN)....................................................55

LEÇONS BIBLIQUES..............................................................................65Tribalité dans la Bible et en Afrique: Approcheinterculturelle(François BATUAFE).........................................................67

Un nouveau ministère dans la communauténaissante(Paul BUETUBELA)..................................................................81

Pierre, apôtre du Seigneur, «pape de la foi» et Jacques, apôtreet frère du Seigneur, «pape du sang»(Bernard FANSAKA)......................91

HISTOIRE DE L’EGLISE ET MISSIOLOGIE..................................109

Missionnaires pionniers dans l’histoire et la culture des peuples(Jozef DAS)................................................................................................111

L'impact de la référence tribale dans les communautés ecclésiales vivantesde base (CEVB) dans l'archidiocèse de Kinshasa(Josée NGALULA)....117

Expérience de la Communauté Evangélique du Kwango/Vingt-cinquième communauté Evangélique du Kwango/Eglisedu Christ au Congo(Arsène KUKANGIDILA)......................................133

Diocèses et œcuménisme: pour une éthique génératrice de l’unité (Clément MAYULI).................................................................................139 De la tribalité au tribalisme. Une déviance réductionniste du prêtre(Baudouin MUBESALA)........................................................................153

L’universalité vue par les Pères de l’Église(Cyrille ATITUNG)...............163 L’Église et sa mission universelle en milieu pluriethnique.Exigence de conversion(PatienceMPAYEMBE)........................................184

THEOLOGIE ET SCIENCES DES RELIGIONS...............................207Entre l’ethnie et l’Eglise. Enjeux et défis de la doubleappartenance des chrétiens africains(Didier MAFUTA).........................209

Etre chrétien et appartenance ethnique(Claude OZANKOM)................225 Christianisme africain: sans fétiche ou sans utopieς La portée dela question éthique(Ruffin MIKA)..........................................................232

La situationalité de la vérité et inculturation dans la dialectique universel-particulier. Principes et implications théologiques(Georges NJILA)......251

POSTFACEMission universelle au-delà des différences etdes appartenances(Pierre DIARRA).......................................................269

PREFACE

Mission au-delà des frontières tribales

1 Jean-Pierre BWALWELUniversité De Mazenod, Kinshasajpbwalwel@yahoo.fr

Ce livre qui aborde un thème de si grande actualité est écrit dans un contexte précis où l’Afrique sub-saharienne fait sérieusement face à une multiplicité de problèmes relatifs à son identité socio-politique, religieuse, culturelle, ecclésiale. L’entrée de la plupart des pays africains dans le concert mondial de la démocratie ne se fait pas sans heurt. Le choix des leaders politiques, même s’il passe par des voies électorales modernes, finit très souvent par des jets de pierres, des casses, des sit-in sur la voie publique…, en signe de «protestation-revendication». Pourquoi proteste-t-elle et que revendique-t-elle généralement, cette masse populaire hétérogène appartenant presque à un même idiome ou à une même ethnie ou tribuς La raison de la revendication est souvent plus émotionnelle que rationnelle. C’est parce que ce n’est pas l’un des leurs qui a gagné aux élections ou qui est placé comme chef. Car, il fallait nécessairement que le sort tombe sur le nôtre, c’est-à-dire sur quelqu’un de notre tribu. Ainsi le monde religieux ou ecclésial subit-il aussi cette influence courante en Afrique et ailleurs.Si l’élu politique arrive à s’imposer sur le siège qu’on lui assigne parce qu’il peut recourir à la force militaire et aux armes, l’élu ou le proposé ecclésiastique, au contraire,

1 Jean-Pierre BWABLWEL Bieng est prêtre, membre de la Congrégation des missionnaires τblats de Marie Immaculée (τMI) depuis 1977. Gradué en philosophie de l’Institut Saint Pierre Canisius de Kinshasa, licencié en théologie et diplômé en droit ecclésiastique de l’Université Grégorienne de Rome, docteur en théologie morale de l’université de Fribourg, il est professeur des universités. Il a été recteur de l’Institut facultaire Saint Eugène de Mazenod et directeur de l’Institut Africain des Sciences de la Mission à Kinshasa/RDC. Son remarquable ouvrage: Famille et habitat. Implications éthiques de l’éclatement urbain. Cas de la ville de Kinshasa.Il est le fondateur de l’Association SolEcoL qui a pour objectif la formation pour la promotion de l’élite féminine.

8Jean-Pierre Bwalweln’aura point la possibilité ni le droit de faire appel à ce genre de moyens. Son code éthique le lui interdit. En outre, la personne de Jésus-Christ et son Evangile sur lesquels il cherche à conformer toute sa vie et le service qu’il est appelé à rendre à tous les hommes, ses frères, marchent à contre-courant de l’esprit du monde. Voué au service de Dieu pour la mission du salut de l’humanité, le ministre du Christ n’est pas le missionnaire de la tribu ni de la race à laquelle il appartient. Il est envoyé pour annoncer Jésus-Christ et son Evangile. Il enseigne que tous, nous sommes frères; que Jésus est venu mettre ensemble des hommes et des femmes de toute race, langue, tribu et nation; que, par Jésus-Christ, tous, nous sommes devenus un seul peuple des enfants de Dieu. C’est Lui, Jésus, qui envoie qui Il veut et là où Il veut, c’est-à-dire partout dans le monde entier pour l’annonce de son Evangile. τn ne se fait donc pas l’envoyé et on ne s’attribue pas soi-même cette mission. La mission de Jésus ne s’exerce pas dans un cloisonnement tribal ni ethnique. C’est une mission ouverte aux dimensions de l’humanité, elle ne connaît pas de frontières parce qu’elle doit impérativement transcender les barrières raciales, linguistiques, culturelles, tribales et ethniques.Mais l’appartenance tribale n’est pas incompatible avec la mission. Dès le début, le Maître choisit des personnes concrètes qu’Il désire associer à sa mission. Il les choisit du milieu du monde. Elles proviennent de la société et des familles humaines. Elles appartiennent à des langues, à des races, à des cultures, à des tribus humaines différentes. Les Evangiles qui nous parlent de l’envoi en mission donnent des précisions sur l’identité de ces tout premiers missionnaires: Simon appelé Pierre, et André son frère; puis Jacques, le fils de Zébédée, et Jean son frère; Philippe et Barthélemy; Thomas et Matthieu le publicain; Jacques, le fils d’Alphée, et Thaddée; Simon le Zélé et Judas l’Iscariote, celui-là même qui l’a livré (cf. Mt. 10, 2-4). Ces hommes qui se joignent à Jésus sont d’origines et de classes sociales différentes, mais vont se soumettre tous à la même école, celle de Jésus, pour devenir ses disciples. C’est aussi comme cela qu’était arrivé le jour de la Pentecôte, jour de l’expansion missionnaire. La multitude se trouvait rassemblée et confondue: chacun les entendait parler en son propre idiome. Et, venus de toutes les nations qui sont sous le ciel, ils se demandaient: Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel (cf. Ac. 2, 1-13)ςAinsi se caractérise le mystère de l’Eglise comme signe de l’unité qui se construit dans la diversité des races, des langues, des cultures, des tribus. La Constitution dogmatique «Lumen Gentium» le précise en soulignant que l’Église est, dans le Christ, en quelque sorte, le sacrement, c’est-à-dire le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain. C’est sa nature et sa mission universelle qu’elle entend manifester de façon plus précise à ses fidèles et au monde entier… (L.G.1). Ainsi l’universalité ou la catholicité de l’Église est-elle présente dans toutes les nations de la terre, puisque c’est à toutes que l’Église emprunte ses citoyens, citoyens d’un Royaume qui, par sa nature, n’est pas de la terre, mais d’en haut (L.G., 13).

Mission au-delà des frontières tribales9En effet, ceux que Jésus appelle, Il les forme d’abord à son école avant de les envoyer en mission. Des êtres de chair, Jésus fera d’eux aussi des êtres spirituels et leur donne le pouvoir d’aller reproduire l’activité prophétique du Maître Lui-même. Saint Marc stigmatise la mission des douze dans les trois charismes suivant (cf. Mc. 6, 7-13) :





De la parole, c’est-à-dire de proclamer la nécessité du changement de vie – ;de chasser les esprits mauvais, avoir des actions contre le mal;de guérir les malades, améliorer les conditions de la vie humaine.

Ceci, c’est pour dire que le salut annoncé par l’Evangile du Christ trouve son enracinement dans l’action et dans les œuvres missionnaires qui, dans la continuité de l’activité prophétique du Maître, participent étroitement à la réalisation de la rédemption de l’humanité. Cette mission, bien que confiée aux hommes, n’est pas politique à la manière du monde, celle qui s’exerce dans la logique compétitive et partisane, en dehors de tout altruisme et de l’esprit de service des autres. C’est pourquoi nos tribus ne doivent pas devenir des lieux de cloisonnement. Au contraire, elles doivent être des tremplins d’ouverture aux autres et des semences d’interculturalité favorisant un authentique pluralisme vécu dans la tolérance et dans l’acceptation mutuelle. C’est dans cette perspective que nous serons à même d’accueillir en vérité l’Evangile de Jésus-Christ et d’en devenir de véritables témoins de sa catholicité et de son universalité afin de mieux vivre et de partager la Bonne σouvelle dans la solidarité et la fraternité.