Me zo ganet e kreiz argoad
252 pages
Français

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Me zo ganet e kreiz argoad , livre ebook

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Description

Ceux qui écrivent les livres d’histoire ont une fâcheuse tendance à repenser les évènements. Or la réalité c’est autre chose, et les héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit. C’est pourquoi C.Devallan prend la plume pour rectifier certains aspects du passé breton, mais aussi pour raconter sa propre vision de la vie en Bretagne pendant la seconde guerre mondiale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2005
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748372977
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Me zo ganet e kreiz argoad
Claude Devallan
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Abbé Félicité de La Mennais
 
 
 
Introduction
 
 
 
L’histoire que l’on retient est celle que diffuse par les moyens les plus insidieux ou les plus grossiers la secte au pouvoir et de l’argent. Elle est toujours simple et se résume à une brassée de slogans qui rappellent qu’aujourd’hui est meilleur qu’hier et que demain sera encore plus beau. Les jeunes ambitieux qui aspirent à une place dans le cénacle enregistrent sans discuter les postulats qu’ils transforment en vérités intouchables. L’histoire répète toujours la même comédie : elle récompense toujours les plus serviles.
 
Mon ascendance vivante ne racontait qu’à regret les évènements de sa vie sur le ton attristé du vaincu avec l’appel du désespéré. Elle était incapable d’une critique personnelle qui engage et responsabilise et encore moins d’une opposition aux faiseurs de nouveaux mondes qui proliféraient. Elle ne répétait que les ragots et idées toutes fabriquées par les notables éducateurs. Elle m’inquiétait par son amnésie et sa soumission aux plus forts du moment.
 
J’ai gardé des souvenirs forts d’évènements que j’ai vécus pendant la seconde guerre mondiale. J’avais toujours jugé qu’ils n’avaient aucune importance en dehors de moi-même. D’ailleurs quand, maladroitement et timidement, je tentais de les évoquer, je ne trouvais en réponse au mieux qu’un sourire ironique. On me coupait de toute façon la parole pour passer aux choses sérieuses, c’est à dire à celles dont tout le monde parle.
Mes rappels des évènements dramatiques ne cadraient pas avec les récits épiques des combattants reconnus glorieux et au-dessus de tout soupçon. Les médias rapportaient et rapportent toujours, à longueur de colonnes et d’années leurs bienfaits qui sont passibles du tribunal si on en doute.
Mes souvenirs n’ont rien qui sorte de l’ordinaire, mais pourraient être soumis au jugement de la Cour pour délit de révisionnisme. Ils sont en effet un ramassis de trouilles, de fripouilles, de maquereaux, de personnages sans importance, de voyous, de tueurs, de violeurs, de fuites, de lâches, de traîtres, de menaces permanentes, rien qui ne puisse glorifier les électeurs qui choisissent les meilleurs, c’est à dire les plus menaçants, ceux là mêmes qui triomphent dans les poubelles de la vie.
L’histoire retenue et admise de cette période, celle de ma jeunesse, montre les vaincus des guerres, les grandes et les petites, comme d’abominables individus adeptes de la torture et du mal, animés d’idées diaboliques.
Je ne me souviens pas avoir rencontré les héros. Les résistants que j’ai côtoyés sont ceux d’une génération spontanée. Je ne les ai découverts perchés sur leurs tractions avant, qu’une fois le danger passé. Les tireurs de ficelle en ont profité pour se mettre en place.
Les armées des vainqueurs et des vaincus ont défilé sous mes yeux dans le champ de bataille. Les unes et les autres sont tragiques dans l’absolu des extrêmes. Elles imposent le respect dû à l’homme dans la tourmente du drame.
Les bombardements de vraie destruction massive des "libérateurs" provoquaient la peur et l’envie de disparaître loin sous terre.
La "libération" fut un énorme règlement de comptes où les actes des exécuteurs et de leurs décideurs furent transformés en exploits républicains intouchables.
Les vaincus ont toujours tort.
On doit cracher sans retenue sur leurs tombes.

Les vainqueurs qui sont bons par définition, racontent que la guerre est une série d’actions menées par Zorro combattant le mal. Ils suivent la voie qui conduit au bingo. Le peuple applaudit et les envie comme il envie les gagnants du loto qui empochent le gros lot. Ils atteignent la sérénité du parrain satisfait de la réussite de ses gros coups. Ils entassent la galette comme le font les plus roublards et les plus chanceux. Ils sont les "winners", les "killers" c’est à dire les meilleurs aux yeux des perdants, des peureux et des cadres à stock-options. Gare aux audacieux qui doutent de leur parole qui est la vérité puisqu’elle est celle du malin qui réussit !
On doit flatter sans retenue les emplumés de la victoire.
 
La réalité est autre chose. J’ai compris, bien plus tard, quelle est celle que j’avais vécue et non pas celle inventée par des individus qui ont intérêt à la cacher pour le besoin de leur promotion, de leur fortune ou tout simplement de leur survie. Pour arriver à leurs fins, ils pratiquent le mensonge et la manipulation. Ce n’est pas une nouveauté. Aujourd’hui les techniques de propagande sont d’une redoutable efficacité et matraquent les cerveaux jusqu’à faire prendre les vessies pour des lanternes et un âne pour une vedette de la télévision en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
 
Je doutais aussi du passé que je n’avais pas vécu mais que rapportent doctement les notables émérites en place, anciens d’écoles distinguées par Napoléon et les Rois avant lui ou nouvelles réservées aux technocrates de la géopolitique et de la macro-économie. Ils "travaillent" seulement dans la grande dimension. "Small is not beautiful". Ils fabriquent l’histoire officielle et confisquent la vérité. Les experts en Sorbonne la décortiquent et la transforment en rideaux de fumée ou en nuages de Tchernobyl qui ne dépassent pas les frontières de l’hexagone.
 
Libéré des contraintes du sujet travailleur soumis aux fins de mois, j’ai pris le temps de m’interroger sur l’inconnu des générations d’avant comme je l’avais fait par obligation professionnelle sur l’inconnu du futur. J’ai consulté les archives nationales et départementales qui retracent la vie en Argoad, mon pays natal et celui de mes aïeux, pendant les deux siècles passés.
Le résultat est clair. Le mensonge et la bêtise ont abouti à éradiquer la civilisation paysanne bretonne. Ce désastre est le produit de l’intolérance, de l’orgueil et de l’avidité des notables, ces cadres en charge d’appliquer les décisions des maîtres que produit à tout moment l’histoire, à l’égard du peuple paysan désarmé mais riche d’obstacles à l’expansion de leur dramatique folie, de leur mépris et de leur insupportable suffisance.
Les gens qui affirment savoir, présentent le temps de mon enfance bretonne comme celui d’un temps finissant du Moyen-Age, de l’obscurantisme, de l’ignorance, de la misère. Je ne retrouve pas dans cet abrégé la vie dans la campagne bretonne que j’ai perçue dans son agonie.
Ils avaient condamné à mort une civilisation qui rejetait leurs ambitions hégémoniques. Ils racontaient, dans les journaux d’après guerre dont ils étaient les nouveaux propriétaires ou les plumes asservies, qu’elle était faite de misérables incultes, abrutis par l’alcool et de croyances d’un autre âge, tout juste bons pour le combat dans les tranchées, les stalags en Allemagne, comme poinçonneur des Lilas dans le métro parisien ou comme chauffeur du bus "La Villette – Cité Gagarine".
 
Je plongeai dans l’histoire, pas jusqu’à Mathusalem, seulement jusqu’un peu avant les évènements de la Révolution
 
Les marquis français et les notables rentiers bretons combattent alors les obstacles qui freinent la croissance de leurs revenus et réduisent leur pouvoir. Ils reprochent à leurs partenaires paysans dans le contrat millénaire qui les lie à la terre bretonne de l’Argoad, de salir les tapis des salons avec leurs gros sabots de bois et de tacher la réputation des adeptes du siècle des Lumières qui lisent l’Encyclopédie. Surtout ils refusent de partager avec d’aussi rustres personnages la propriété de la terre. C’est féodal et intolérable !
 
Les régisseurs qui admirent les images du dictionnaire, comme le font aujourd’hui les lecteurs distingués des illustrés, engagent des actions en justice contre les paysans gêneurs. À l’issue de procédures longues et coûteuses, les importuns sont condamnés à céder leur part de propriété réputée en conclusion des procès, résidu d’un âge révolu et un obstacle aux progrès de l’agriculture.
Le paysan de l’Argoad qui ne parle bien que sa langue, le breton, et n’a par tradition que quelques sous cachés dans les draps de lin de son armoire, ne résiste pas longtemps aux joutes judiciaires qui ruinent le plaideur, enrichissent les hommes de loi et donnent raison au procédurier fortuné. Son droit sacré disparaît. Il abandonne, contraint, son titre millénaire. Le notable et ses valets juristes qui causent et écrivent la langue du Barreau sortent gagnants sous les applaudissements des futurs révolutionnaires de la Terreur.
 
La révolution française approuve pendant sa période de grande folie, les décisions prises en faveur du notable éclairé. Elle déclare "féodal" le droit de propriété millénaire du paysan et le supprime au bénéfice du bourgeois.
Les paysans de l’Argoad ne deviennent pas les amis des révolutionnaires. Ils se font chouans.
Les profiteurs combattent et exécutent les "scélérats" pris les armes à la main ainsi que les inaptes à comprendre les Lumières de Paris. Ils envoient les autres que la chance abandonne, en prison, sous la garde de matons formés aux méthodes de destructions massives comme celles qu’inventa et réalisa avec succès à Nantes, Carrier. Elles ont fait depuis des progrès gigantesques.
 
Pourvus de monnaies révolutionnaires vraies ou fausses, bien ou mal acquises, les notables rentiers achètent à tour de bras les Biens Nationaux saisis à l’Eglise, aux abbayes, aux princes émigrés, aux guillotinés ou aux chouans. Ils sont friands des domaines congéables qui appartiennent pour moi

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