Les Vents du Diable
424 pages
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Les Vents du Diable , livre ebook

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Description

« Un long chemin a été parcouru, un chemin cahoteux, semé d'embûches mais le pasteur Tigan a été à la hauteur de la tâche qu'il s'était fixée. La communauté avait enfin repris conscience de ses devoirs. Comme une grande et même famille, cette communauté s'est soudée. Elle affronte ensemble l'adversité et se réjouit ensemble des simples bonheurs de la vie. Vivre à Jarvis, c'est faire partie de cette communauté, d'en accepter les règles et de s'y conformer... » Alors que la dernière représentante de la famille Nelwood vient de s'éteindre, de nouveaux résidents emménagent dans le vieux manoir familial. Une obscure affaire a poussé la famille Emerson à venir s'installer à Jarvis, mais la petite communauté du comté de Mechland ne voit pas cette arrivée d'un bon œil. Ici, les règles imposées par le pasteur ont force de loi et derrière le sombre silence des habitants se murent des secrets plus terribles encore.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 avril 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342154900
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0127€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À mon père, mon critique, mon soutien, pour tout ce qu’il m’a donné.
Peut-on enterrer à tout jamais les secrets les plus inavouables et espérer qu’ils disparaissent au fin fond de nos mémoires ?
Ne plus croire que souffleront encore Les Vents du Diable …
Prologue
Cela faisait certainement plus d’une heure maintenant que Steven Hansworth attendait dans cette pièce, seul, assis sur sa chaise, face à une glace sans tain qui lui renvoyait son image sans aucune complaisance, dénonçant la crispation de ses traits, les cernes accentués qui soulignaient ses yeux bleus, fatigués. Il était assis devant une table de l’autre côté de laquelle était posée une deuxième chaise, vide jusqu’ à présent, juste devant la glace sans tain.
En haut du mur à droite, il y avait une caméra sur laquelle clignotait un petit bouton rouge lumineux, signifiant qu’elle tournait. De temps à autre, il y jetait un bref coup d’ œil tout en se disant que ça ne servait pas à grand- chose puisqu ’on devait déjà le surveiller de derrière la glace.
Un homme entra enfin dans la pièce et vint tranquillement s’asseoir sur la chaise en face de lui, de l’autre côté de la table. D’un geste négligent, il posa un énorme dossier devant lui :
— Bonjour, monsieur Hansworth, dit-il en le fixant droit dans les yeux.
— Qu’est-ce… qu’est-ce que je fais là… bredouilla ce dernier, plus nerveux qu’il aurait voulu le laisser paraître.
L’homme lui sourit sans cesser de le dévisager, conscient que son insistance ne faisait qu’accroître la nervosité de son interlocuteur :
— Avant que vous ne disiez quoi que ce soit, monsieur Hansworth, avant que vous ne fassiez appel à un avocat que votre patron choisira dans le seul but de protéger ses intérêts bien sûr, laissez-moi vous raconter une histoire…
En face de lui, il remarqua que ce dernier hésitait sur la meilleure façon de s ’en sortir, essayant de fuir son regard sans y parvenir vraiment. Sa pomme d’Adam montait et descendait au fur et à mesure d’une pénible déglutition. Son vis-à-vis était à point, aussi il se lança :
— C’est l’histoire d’un homme, dans l’ensemble honnête et bosseur, expert-comptable de métier, marié à une femme séduisante et père de deux superbes enfants. Un jour pourtant, cet homme a fait un choix et a décidé de travailler pour un patron, pas vraiment honnête celui-là et au passé douteux plus que chargé. En échange d’une rémunération très correcte, l’expert-comptable a perdu de vue l’essentiel de sa vie : son intégrité. Il crée pour son patron des sociétés écrans qui alimentent des comptes offshore, ayant pour seul but de blanchir l’argent sale qui passe entre ses mains. Puis, devant ces sommes extravagantes, il se dit que personne n’y verrait rien s’il rognait quelques morceaux par-ci, par-là. Mais voilà, le fisc a un œil qui traîne partout et qui lui tombe dessus du jour au lendemain, sans crier gare, et il se retrouve aujourd’hui là, assis juste en face de moi. Que pensez-vous de mon histoire, monsieur Hansworth, et de cet homme sur l’avenir duquel s’amoncellent plusieurs années de prison ? À votre avis, que va devenir sa femme, que vont devenir ses enfants pendant qu’il purgera sa peine derrière les barreaux, loin des siens ?
— C’est… c’est une erreur…
— Une erreur, monsieur Hansworth ? Non, il n’y a aucune erreur et je vais vous dire autre chose. Vous ne nous intéressez pas. Celui qui nous intéresse, c’est votre patron, Guilliano Cortes. C’est lui et les têtes pensantes de son organisation que nous voulons, aussi, le procureur nous incite-t-il à passer un accord. Ce sera votre seule et unique chance.
Il se tut quelques secondes. Hansworth resta silencieux, en proie à tout un tas de pensées qui se bousculaient dans sa tête. Il avait peur, peur pour lui et peur pour les siens, et cette peur avait quelque chose d’humiliant qui annihilait toute velléité de rébellion en lui :
— Voilà, reprit l’homme qui lui faisait face, quel est l’accord du procureur  : votre immunité contre votre témoignage. Qu’en dites-vous ?
— Et… Et ma famille…
— Vous ferez tous partie, vous, votre femme et vos enfants, d’un programme de protection des témoins jusqu’au jour où aura lieu le procès.
— Combien… combien de temps ?
— Combien de temps, monsieur Hansworth ? Je ne peux, hélas, répondre à cette question. Cela peut durer un an, deux ans ou plus, je l’ignore. Je ne peux vous donner aucune garantie.
— Qu’est-ce… qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? bredouilla Hansworth.
Comté de Mechland Jarvis 1987
1
Quand la famille Emerson vint s’installer dans la petite bourgade rurale de Jarvis, au fin fond du comté de Mechland, une vive curiosité empreinte d’une certaine animosité s’empara des habitants. Les Emerson avaient pris possession du vieux manoir de Stephania Nelwood, la doyenne de Jarvis, qui avait précédemment occupé les lieux durant quatre-vingt-deux ans.
Six mois auparavant, elle avait été enterrée dans le cimetière au pied de la colline avec tous les honneurs dus à son âge et en remerciement pour toutes ses actions aussi généreuses que désintéressées. Tout le monde pensait alors que Stephania avait fait le nécessaire pour qu’ à sa mort, la vieille demeure revienne au village lui-même, où certains avaient déjà quelques idées de reconversion pour elle, mais chacun fut abasourdi par la nouvelle qui tomba quelques semaines après son décès.
Stephania Nelwood avait laissé un testament dans lequel ses dernières volontés remettaient le sort du manoir en question. Ce dernier fut mis en vente quelque part, loin de Jarvis, en l’ état . Personne ne put le vider des biens de Stephania et personne jusqu’ à l ’arrivée de la famille Emerson ne vint le visiter.
On accédait à la bourgade de Jarvis par la grande route plus loin en contrebas, au carrefour de Nashbourg. Il fallait alors parcourir une dizaine de kilomètres sur une voie de campagne pour parvenir à un pont enjambant une rivière. La Shawepp descendait des montagnes situées plus au nord en un flot rapide et sauvage qui pouvait, quand l’ été parvenait enfin à repousser certains hivers trop froids, se transformer en un torrent furieux et dévastateur.
Cette année, l’hiver relativement clément avait permis à la Shawepp de rester dans son lit et de ne pas isoler une population déjà bien à l’ écart de tout et de tous.
Toutefois, personne à Jarvis ne se serait plaint de cette situation. Bien que récurrente, chacun l’acceptait comme une nouvelle mise à l’ épreuve. Au fil des années, la petite bourgade était devenue une sorte de communauté fermée vivant en autarcie.
La totalité des terrains appartenaient aux Nelwood, mais des générations successives de fermiers dans l’ âme les occupaient et leurs enfants avaient pris la relève dans la culture des champs et l’ élevage du bétail. Toutefois, au fil du temps, certains autres habitants du village avaient trouvé du travail sur la ville de Nashbourg mais aucun n’avait renié son passé et tous les fermiers se refusaient à quitter ces terres si durement exploitées et choyées comme un bien précieux.
Juste avant de franchir le pont de la Shawepp, un panneau indiquait l’unique bourgade de Jarvis sans autre signalisation comme si au-delà de Jarvis, aucune route ne menait plus nulle part. De l’autre côté du pont, un bois épais bouchait complètement la vue tout en longeant la rive abrupte de la Shawepp, imprégnant l’atmosphère d’une oppressante sensation. Faisant face, l’unique route s’enfonçait sous une frondaison si serrée qu’elle semblait disparaître quelques mètres plus loin dans une angoissante pénombre que les rayons du soleil ne parvenaient pas à percer .
Une fois la traversée du bois épais et compact effectuée sur cinq kilomètres environ, on parvenait enfin à la bourgade de Jarvis où aucun motel ne pouvait recevoir quelque visiteur que ce soit. L’unique route passait devant quelques vieilles maisons aux pierres usées, entourées de jardins fleuris, un salon de coiffure, un garage, divers hangars. Puis, on arrivait au centre du village, un village comme un autre avec sa place où trônait un chêne centenaire. Tout autour s’alignaient une épicerie ainsi que la bibliothèque municipale et la mairie faisant aussi office de bureau de poste. Sur la gauche, un vieux hangar aménagé affichait son enseigne «   Articles de pêche et de chasse  » et , un peu plus loin, un bar où l’on pouvait déjeuner de l’unique plat du jour offrait à l ’ étage deux chambres pourtant continuellement vides de toute clientèle. L égèrement en retrait , derrière son parvis fleuri, se dressait l’ église , simple construction en bois peint en blanc, où prêchait le pasteur Eddie Holbrook, un homme grand et rigide, âgé d’une quarantaine d’années. Sous son visage émacié, les os de sa mâchoire saillaient. Ses yeux verts brillaient toujours d’un éclat perçant, souvent inquisiteur, sous d’ épais sourcils noirs.
Juste derrière l’ église, se trouvait la maison d es Holbrook, modeste habitation sans prétention ni fioriture donnant sur un jardin potager qu’ égayaient quelques fleurs plantées dans des pots disposés çà et là. Tea Holbrook, d’une dizaine d’années plus jeune que son mari, était une femme terne et renfermée, s’habillant de jupes mi-longues et de corsages toujours fermés au col dont les couleurs variaient exclusivement entre le noir, le bleu marine et le marron. Aucun maquillage ne mettait en valeur un visage dont le seul attrait aurait pu être son sourire si sa sensualité n’y avait pas été constamment réprimée.
Tea Holbrook tenait la bibliothèque municipale de Jarvis dans laquelle elle exerçait aussi le métier d’enseignante auprès des enfants du village âgés de six à quatorze ans, cinq jours par semaine contre une rémunération de la mairie. Vivant du maigre salaire versé par l’ église et des quelques dons des paroissiens , cette ressource supplémentaire était la bienvenue.
Le couple Holbrook avait une fille, Casey, une gamine de onze ans, timi

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