Les historiens, leurs revues et Internet. (France, Espagne, Italie)
196 pages
Français

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Description

L’avènement et le succès d’Internet ont révolutionné les pratiques universitaires depuis une dizaine d’années. Il était donc naturel que des historiens, chercheurs et documentalistes se posent la question de l’utilisation et de l’incidence de cet outil dans leurs travaux et publications.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748380453
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les historiens, leurs revues et Internet. (France, Espagne, Italie)
Sous la direction de Philippe Rygiel et de Serge Noiret
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Les historiens, leurs revues et Internet. (France, Espagne, Italie)
 
 
 
 
Philippe Rygiel 1 . Les historiens dans l’espace électronique 2
 
 
 
1] Genèse
En octobre 2002, se tenait à Paris, dans les locaux de l’École Normale Supérieure, à l’initiative de deux revues d’histoire, Le Mouvement Social 3 et Memoria e Ricerca 4 , et de l’équipe Réseaux-Savoirs-Territoires 5 de l’École Normale Supérieure, une journée d’études consacrée aux usages faits par les historiens des ressources offertes par le réseau Internet. Le souci premier des organisateurs était de réfléchir aux conditions de la mise en ligne des revues historiques savantes et aux incidences que pouvait avoir celle-ci. Par extension et parce que les animateurs et les dirigeants de ces revues sont avant tout des historiens, nous avions aussi le souci de réfléchir aux éventuelles conséquences du développement du réseau et de la diffusion de son usage sur nos pratiques d’historiens, c’est-à-dire de lecteurs, d’écrivants et d’enseignants.
Nous avions donc réuni les représentants de quelques revues et quelques historiens impliqués depuis longtemps dans la production de dispositifs numériques ou de ressources réseaux 6 .
Les échanges qui s’engagèrent alors se poursuivirent, à distance, ou au gré de rencontres informelles, cependant que naissait, enfin, serions-nous tentés d’écrire, un débat parmi les historiens et les praticiens des sciences humaines, dont le thème central était la numérisation et la mise en ligne des revues. Nous jugeâmes alors qu’il pouvait être utile de livrer à un public plus large quelques-unes des données et des réflexions que nous avions échangées, en des termes les plus accessibles et les moins encombrés de données techniques possibles.
La naissance de ce débat signalait aussi des transformations, qui, sur un mode mineur, contribuèrent sans doute à la décision de réunir les textes présentés ici. Durant près de dix ans, la production de contenu historique pour le réseau fut l’affaire, en France, en Italie et en Espagne, de quelques bricoleurs passionnés. Les échanges au sein de ces petits milieux d’interconnaissance étaient d’autant plus fréquents que les activités réseaux n’étaient pas alors considérées comme très sérieuses, voire vertueusement tenues pour suspectes. Produire un florilège des déclarations ou des écrits d’il y a une dizaine d’années serait assez peu charitable, nous nous contenterons d’écrire que le paysage s’est brutalement et rapidement modifié. Internet est aujourd’hui une affaire d’équipes, au sein desquelles la division du travail tend à reprendre ses droits, d’institutions et de plus en plus et au sens propre, une affaire d’état, même quand il s’agit de produire des contenus scientifiques mous. La place accordée par nous aux récits de pratiques, et le choix de certains des auteurs ou de certains des objets étudiés était aussi une façon de témoigner de ces débuts, voire de rendre à certains un discret hommage.
2] Les territoires d’Internet
Les textes qui composent cet ouvrage portent la marque de cette genèse, ce d’abord par la géographie qu’ils dessinent. Nés d’une initiative franco-italienne, qui ne s’expliquait que parce qu’existaient des liens entre les deux revues à l’origine de cet événement, il accorde logiquement une place prépondérante aux expériences italiennes et françaises, même si Inaki Lopez Martin nous fournit un contrepoint espagnol. La comparaison des deux expériences n’a pas beaucoup plus de légitimité qu’une comparaison germano-espagnole ou austro-portugaise, nous considérions cependant que la confrontation de deux expériences nationales avait dans ce contexte, en soi, une vertu. L’histoire, plus que toute autre science humaine est, en tant qu’institution, intimement liée aux États-Nations, et Serge Noiret, observant la toile italienne, dont les contenus s’ordonnent en fonction des caractéristiques de la mémoire nationale italienne, le montre ici d’évidence. De ce fait l’organisation, les questionnements, voire parfois les pratiques ou les critères d’évaluation de la production historique, diffèrent de pays à pays. Il est tentant de considérer comme une conséquence de cela le fait que la confrontation des historiens à Internet ait pris localement des formes très différentes, ce que nous ne pouvons imputer, Pierre Yves Saunier le montre ici, étudiant la quasi-absence des historiens français des listes de diffusion historiques, très prisées des chercheurs de langue anglaise ou de langue allemande, à des facteurs techniques ou linguistiques. Même si le lecteur peut ne pas être d’accord avec la vigoureuse description faite par Pierrre-Yves Saunier de l’habitus de l’historien français, qui expliquerait son absence de ces lieux, le point est important. Il signale que penser les usages nationaux ou professionnels uniquement en termes d’avance ou de retard n’a souvent pas de sens et qu’il faut garder à l’esprit, lorsque l’on réfléchit aux usages des dispositifs techniques, le contexte, notamment institutionnel, de leur introduction et de leur emploi.
Il se déduit aussi de cela que les univers possibles ouverts par le développement du réseau sont beaucoup moins verrouillés et leurs contours moins étroitement définis par les données techniques que ce que d’aucuns prétendent.
La description faite par Di Marco des débuts de Cromohs, la première revue électronique durable créée en Italie, aujourd’hui mondialement reconnue, qui insiste sur l’activité et les choix de ses créateurs, la part prise par les pratiques des utilisateurs du site aussi à ses transformations, le confirme, qui montre tout autant la plasticité des dispositifs numériques, que les incessants ajustements et changements auxquels procèdent les créateurs de ressources numériques. Il n’y a d’ailleurs pas lieu de s’en étonner. Internet n’est pas un outil, ni une machine, mais un assemblage, complexe et toujours changeant, d’outils, de machines, réglé, contrairement à ce que l’on lit souvent, par des protocoles précis, dont l’efficacité est garantie par de puissantes instances de régulation. Cet ensemble, qui est animé par une multitude d’opérateurs humains aux propriétés et aux fonctions très diverses, est le moyen d’interactions sociales extrêmement variées entre individus et entre institutions dont la plupart n’ont rien à voir avec le ludique, la gratuité, ou le récréatif. En ce sens, si l’on peut se servir de certains des outils ou des machines qu’Internet incorpore, nous ne nous servons pas d’Internet, mais participons à l’activité du réseau – et par ce fait même, et parce qu’Internet est un réseau, nous en transformons les propriétés – et il y a infiniment plus de façons de le faire que de se servir d’un lecteur mp3 ou d’un grille-pain. La distinction peut paraître oiseuse, ou triviale, elle n’en a pas moins son utilité. La question clé pour qui interroge les usages du réseau n’est plus en effet alors celle du plus ou moins rapide accès des utilisateurs, individuels ou collectifs, à la maîtrise de l’outil, c’est-à-dire de la reproduction par eux d’un « bon usage », que détermineraient les caractéristiques techniques du réseau, mais celle des formes d’appropriation, ou d’évitement, des divers systèmes techniques que le réseau coagule. Ce qui circule par le biais d’Internet est alors produit par les rencontres de multiples acteurs, très inégalement pourvus en capital social et cognitif et dotés d’intentionnalités et donc producteurs de stratégies. Si les caractéristiques du réseau informent le déroulement de ces rencontres et leurs produits, en dessinant une infinité définie de possibles, d’ailleurs changeante, elles sont loin d’en déterminer les conséquences, ce que montre ici Philippe Rygiel, notant que les productions des archives départementales françaises pour le Web sont, malgré la similarité des producteurs, diverses, et intelligibles en référence au fonctionnement de ces institutions et à la culture des acteurs et non déterminées par les seules propriétés des machines et des outils logiciels existant.
C’est dire là qu’Internet est un territoire, et que l’inscription de sa marque ou l’appropriation de certaines zones physiques du réseau est l’objet de compétitions et de luttes, dont les enjeux n’ont rien de virtuel. Les fondateurs de Google sont devenus riches d’être parvenus à convaincre la majorité des usagers d’Internet de stocker l’url de leur site sur leur disque dur. Une telle conception de ce qu’est le réseau a plusieurs conséquences. Nous n’évoquerons ici que celles qui permettent de mieux définir notre objet et de comprendre certains traits des textes réunis ici.
Nous comprenons mieux, en particulier, que circule au travers de plusieurs textes, sinon de tous, la question de la mesure. L’intérêt de presque tous ceux qui produisent pour Internet pour les mesures d’audience, de fréquentation ou d’usages ne provient pas de la capacité à multiplier celles-ci. Tous ceux qui se sont risqués à l’exercice savent que si nous disposons de données surabondantes permettant de décrire l’activité du réseau 7 , il est extrêmement difficile d’évaluer et de décrire les usages des utilisateurs d’un site à partir de celles-ci. Il est à l’heure actuelle plus facile de mesurer, voire de décrire, l’audience d’une émission de télévision ou d’un quotidien que d’un site Internet. Du moins

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