La lecture à portée de main
102
pages
Français
Ebooks
2009
Écrit par
Thierry Martin
Publié par
publibook
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Ebook
2009
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2009
Nombre de lectures
1
EAN13
9782748375039
Langue
Français
Maurice André a un don. Plus qu’un trompettiste renommé, c’est un Artiste incontesté, un « maître » véritable, qui a marqué son siècle et laissé de nombreux héritiers. Reconnu plus que connu, il nous offre enfin son autobiographie, aidé en cela par Thierry Martin, afin que l’on sache qui se cache vraiment derrière l’instrument de cuivre qui a fait sa renommée.
Publié par
Date de parution
01 janvier 2009
Nombre de lectures
1
EAN13
9782748375039
Langue
Français
Le Soleil doit pouvoir briller pour tout le monde (Maurice André)
Thierry Martin
Publibook
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
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Le Soleil doit pouvoir briller pour tout le monde (Maurice André)
Une irrésistible ascension
Né à Alès, au cœur du bassin minier des Cévennes en 1933, Maurice André aurait pu avoir le destin banal de beaucoup de jeunes gens de cette région où le charbon régnait alors en maître.
L’évidence de ses dons de trompettiste, révélée tout d’abord à ses professeurs puis au monde entier, a fait de Maurice André un personnage exceptionnel dans l’histoire de la musique instrumentale.
Des centaines de disques et d’enregistrements pour la radio et la télévision, des milliers de concerts de par le monde classent Maurice André parmi les personnages hors normes du XX e siècle.
A travers ses souvenirs et mémoires, il relate avec ferveur ses mille aventures et son Credo en faveur de l’humanité.
Préface
C’était l’époque où des vols de palombes, nombreux et volubiles, planaient au-dessus de la chaîne pyrénéenne en vue de rejoindre la douceur de l’Afrique du nord. Ce fut à la faveur de cette saison automnale de 2006 que Maurice André décidait de livrer ses souvenirs familiaux, ses convictions, ses secrets et ses émotions d’artiste international.
Lui qui, à l’exemple de ces palombes du Pays basque où il a choisi de résider, a survolé mers et océans pour délivrer en de nombreux pays de la planète son message de la bonne musique et faire jaillir de sa trompette des sonorités inouïes au timbre inimitable qui chantent et parlent à l’âme.
Homme de cœur, pétri d’une humanité sans pareille, Maurice André se libère enfin des mille histoires qui ont façonné son quotidien d’interprète, des histoires rythmées par une existence menée au pas cadencé d’un avion à prendre, d’une chambre d’hôtel pour la nuit, d’un orchestre à apprivoiser, d’un chef dont il faut suivre les directives… Avec l’obligation de sublimer les œuvres au programme de la soirée afin d’exalter la ferveur d’un auditoire en quête de merveilleux.
Son épouse Liliane, toujours à ses côtés, sait le réconforter et l’assister de sa présence aimante. Toujours en retrait, dans l’ombre, elle est le guide et le rempart. Alma mater, elle n’est rien sans lui et lui sans elle.
Ce pourrait être une histoire digne des contes des Mille et une nuits, cependant toute existence a ses revers !
La disparition brutale d’un fils les marquera à tout jamais.
Mais la vie est toujours plus forte que la mort et la musique, une source d’apaisement qui engendre ce désir souverain d’avancer encore plus loin avec enthousiasme et dignité dans le temps présent.
Maurice André fait partie de cette génération d’hommes qui, malgré l’âge et les fatigues liées aux voyages de par le monde, garde un moral et un tonus de vainqueur.
Trompette du siècle, honoré tel un héros antique dans de nombreux pays à l’exemple de la Hongrie, des Etats-Unis ou de l’Angleterre, il est issu des Cévennes rudes et austères. Une région qui lui a forgé un tempérament fort, grâce ou à cause d’une jeunesse laborieuse dans les mines de charbon… Jusqu’au jour où, regardant une étoile, elle s’est mise à lui chanter des mélopées dont il garde les notes sublimes dans le tréfonds de son cœur.
Cette étoile était solidaire d’une galaxie dans laquelle il se laissera entraîner pour une aventure humaine exceptionnelle.
Modeste dans ses goûts et son mode de vie, Maurice André a su porter au sommet, en le perfectionnant, l’art et le jeu de la trompette, tout en valorisant une école française qui dispensera, grâce aux nombreux émules qu’elle a engendrés, son savoir à plusieurs générations de musiciens.
Emaillant son propos d’anecdotes inédites, il révèle ses secrets et délivre ses messages de belle et bonne vie.
Thierry Martin
L’humain avant toute chose et avec un cœur gros… comme ça !
De la générosité
Je crois que cet aspect profondément humain qui m’habite, je l’ai acquis avant tout avec mes parents qui étaient des gens extraordinaires, je dirais plus, formidables. Ils étaient des mineurs de fond comme moi-même je le fus dans ma jeunesse. J’ai ainsi appris à connaître, durant les quatre années accomplies au fond des galeries minières, des êtres qui sortaient véritablement de l’ordinaire.
J’ai compris alors que l’on pouvait tous se rapprocher de façon plus humaine, bien loin de ce que l’on voit actuellement dans le monde contemporain. Je continue à conserver et à cultiver cet aspect, en demeurant tout proche de mes semblables, et en aidant sur le plan social des gens qui sont dans des situations difficiles.
J’estime que tous ceux qui ont une bonne assise sur cette terre se doivent de montrer un peu plus de générosité à l’égard des moins bien lotis, cela rapprocherait de beaucoup tous les frères en humanité.
Vivre sur cette planète, c’est un privilège et j’en remercie Dieu, car je suis croyant.
Je suis certain et persuadé que ceux qui le peuvent se doivent d’ouvrir leur porte-monnaie en donnant un peu de leur bien aux déshérités de nos sociétés.
Ainsi que le disait mon père :
« Le soleil doit pouvoir briller pour tout le monde »
Deux mots clefs, l’entraide et l’amitié
A l’époque de ma jeunesse, dans les cités de mineurs d’Alès où je vivais, on trouvait beaucoup d’amitié et d’entraide au sein de cette communauté.
Je me souviens qu’il y avait eu deux accidents touchant des mineurs, Monsieur Assénat et Monsieur Tamagna qui sont morts au fond d’un puits. A ce moment-là, tout le quartier s’est réuni autour des veuves pour leur dire :
« Pour tout ce dont vous avez besoin, vous pouvez compter sur nous ».
C’était un exemple de cette solidarité.
Mais, en voici un autre : jeune, je jouais également dans des petits bals et lorsque je revenais à la maison vers trois heures du matin, bien qu’exténué, je me préparais pour descendre dans la mine. Là, deux mineurs polonais que je retrouvais et avec qui je faisais équipe, me disaient sans aucune arrière-pensée en me voyant très fatigué :
« Vas te reposer en faisant la planche durant une heure et reviens travailler après ».
Cette amitié que l’on vivait alors dans le monde de la mine, ça ne s’oublie pas ; je m’en rappelle comme si c’était hier et je ne l’ai jamais rencontré ailleurs.
Dans le monde musical, on trouve aussi de l’amitié, surtout avec ce métier d’instrumentiste et d’interprète qui est si beau, mais ce n’est pas pareil…
Je n’ai jamais ressenti l’équivalent.
Je me souviens également comment Monsieur Koy et Monsieur Bentkowski, deux camarades polonais dont je ne sais plus ce qu’ils sont devenus puisqu’à dix-huit ans j’ai quitté Alès pour Paris, travaillaient avec moi en compagnie de mineurs de nationalités très différentes. On y trouvait des Espagnols, des Arabes, des Italiens… Il n’y avait pas, en ce temps béni de plein emploi, de racisme.
On était tous très copains !
Des gens souvent très modestes, mais toujours prêts à rendre service dans un esprit de grande fraternité.
Lorsque je suis allé dans le Nord de la France, j’ai retrouvé chez les mineurs de cette région, le même type d’ambiance familiale et conviviale.
C’est pour cela que j’aimerais bien ressentir sur cette planète ce même climat d’amitié fraternelle qui existait à ce moment-là, pour ne plus percevoir toutes les rivalités, la méchanceté et les inimitiés qui divisent les hommes et les femmes.
Le sport pour tuer la bêtise et l’ennui
Dernièrement, j’ai rencontré un Ministre en exercice et je lui ai dit qu’il faudrait organiser pour tous les jeunes oisifs de notre société des tournois de football, de tennis, de boxe, de basket-ball… En terminant par une finale où on distribuerait de l’argent. Ce serait, entre autres, un moyen supplémentaire pour faire disparaître l’ennui lié au chômage qui anémie tous ces quartiers où ils vivent.
Ces jeunes gens d’aujourd’hui étaient un peu comme moi-même, il y a cinquante ans : je faisais des bêtises comme on peut en faire à un certain âge.
A Alès, dans le quartier de Rochebelle, aux Cités violet où j’habitais avec mes parents, lorsqu’avec mes copains, nous faisions une sottise, ma mère nous disait :
« Tenez, je vous donne un Franc à chacun et allez nettoyer cette rue qui va jusqu’au Gardon. »
C’était à l’époque une façon de dire.
Mais pourquoi ne pas faire la même chose avec les jeunes gens actuels, en les employant dans les quartiers difficiles à des taches utiles pour tous ; c’est une manière de les responsabiliser.
Il faut le savoir, bien que j’aie réussi artistiquement et financièrement, que tout n’a pas été simple pour moi et mes parents.
En 1948, durant les grèves qui touchaient les mines, j’allais manger à la soupe populaire du Secours Catholique dans le quartier des Près-Rasclaux d’Alès et mon père me disait :
« Vas-y Maurice parce que moi je n’ose pas y aller »
Je prenais un petit bidon à lait que l’on remplissait d’une soupe de légumes que je rapportais à ma famille.
Oui, j’ai vécu toutes ces misères !
Et je comprends mieux pourquoi c’est très dur pour tous ces jeunes gens qui n’ont rien, et surtout peu d’espoir en l’avenir.
Rechercher des solutions à la misère
Lorsque je vois un Africain balayer les trottoirs de Paris, en plein hiver avec un froid mordant, et sans pardessus… Je me dis que s’il me fallait jouer un concerto de Vivaldi tout de suite après, j’en serais incapable.
Tout en songeant à ce genre de situation pénible, je m’interrogeais : pourquoi alors ne pas utiliser l’air