Le problème de l existence de Dieu. Et autres sources de conflits de valeurs.
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Description

Les fanatiques de tous bords ne peuvent supporter d’entendre parler de l’existence de Dieu comme d’un problème. La difficulté de discuter une telle question sereinement tient à ce qu’elle suscite des conflits de valeurs. Elle est loin d’être la seule dans ce cas : il en va de même, notamment, des soucis de vérité et de justice, de l’enseignement de la morale, comme des rapports que peuvent entretenir le droit et les révolutions.


Docteur en droit et docteur en sciences sociales, Lucien François a enseigné la philosophie du droit et le droit du travail à l’Université de Liège. Parallèlement, il fut conseiller d’État puis juge à la Cour constitutionnelle. Son ouvrage principal est Le cap des Tempêtes, Essai de microscopie du droit (2e éd., préface de Pierre Mayer, Bruxelles-Paris, Bruylant-LGDJ, 2012).

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782803159536
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE P ROBLÈME DE L'EXISTENCE DE DIEU. ET AUTRES SOURC ES DE CONF LITS DE VALEURS
XAVIERDIEUX
Le problème de l’existence de Dieu Et autres sources de conflits de valeurs
P ’H H RÉFACE D ERVÉ ASQUIN
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0582-3 © 2017, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant Volume 92
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Couverture : Le Caravage, Le Sacrifice d’Isaac, Galerie des Offices de Florence, 1603.
Publié en collaboration avec/avec le soutien de
Préface
« Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que tout change ». Cette célèbre réplique tirée du filmLe Guépardde Visconti, d’après l’extraordinaire roman de G. T. di Lampedusa m’est venue à l’esprit à la lecture de ces quatre essais fins et subtils de Lucien François. En l’occurrence, il serait sans doute plus exact d’écrire « Tout change et pourtant rien ne change » ! Tout l’art de l’auteur consiste à aborder quatre problématiques, qu’il dépèce au scalpel ; elles sont en apparence étrangères les unes par rapport aux autres et sont sans doute aussi anciennes que ne l’est le monde. Elles transcendent les cultures et les générations. Elles tiennent à l’Homme, à ses besoins d’absolu, à ses convictions les plus ancrées alors que le questionnement et le doute fragilisent les certitudes les plus solides, en tout cas les plus spontanées. ïl en est bien ainsi des questions aussi sensibles que les interrogations relatives à l’existence de Dieu, à la nature d’un cours de morale destiné à tous les élèves, aux rapports complexes entre la Révolution et l’État de droit, ou encore aux entrelacs ambigus entre Justice et Vérité. Soyons modestes et humbles ponctue l’auteur. Chacun a son propre système devaleurssa ; hiérarchie change d’un individu à l’autre car le subjectivisme le dispute en permanence aux grands principes abstraits. Sans le citer, l’auteur renvoie implicitement à la définition philosophique du motvaleurtelle que fournie par le Robert (Dictionnaire…, t. 6, 1969) : « le caractère de ce qui est estimé subjectivement et posé comme estimable objectivement ». Hervé Hasquin, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique
Introduction
Les réflexions exposées dans les pages qui suivent portent un même regard sur différents sujets qui ont en commun de faire parler d’eux par intermittence. « Je suis vraiment frappé de constater, observe Jacques Bouveresse, à quel point les vrais problèmes changent peu. Ce qui se passe est simplement qu’on les perd de vue pour s’occuper d’autre chose, et que périodiquement ils 1 resurgissent . » Ils le font en effet, et d’autant plus aisément qu’ils reparaissent sous des formes nouvelles. Mais s’ils se trouvent toujours à l’état de problèmes lorsqu’ils resurgissent, c’est apparemment qu’on les avait auparavant perdus de vue sans attendre qu’ils fussent résolus. Impatience ? Paresse d’esprit, répugnant à l’effort de précision requis pour analyser une difficulté qui résiste ? Peut-être, mais ce qui est à l’œuvre est sans doute aussi ce ressort simple que Proust avait mis en évidence d’une formule lumineuse : « Les modes changent, étant nées elles-mêmes du 2 besoin de changement . » Intérêt de discuter publiquement la question de l’existence de Dieu plutôt que de la négliger comme résolue par une réponse catégorique ; statut social apparent ou réel des soucis de justice et de vérité ; utilité et contenu d’un enseignement de morale obligatoire pour tous ; rapports que le droit peut entretenir avec la révolution : telles seront donc les quatre questions examinées. En dépit de leur diversité, elles s’apparentent en ce qu’elles doivent toutes une grande partie de leur complexité à une même source de difficultés dans les relations humaines : le conflit de valeurs, déclaré ou non. Alors que le discours convenu sur « les valeurs » — justice, égalité, vérité, tolérance, civisme, etc. — parle le plus souvent de celles-ci comme si elles formaient un tout harmonieux, l’expérience enseigne que si même un ensemble de personnes professent les mêmes valeurs, leur entente reste fragile parce qu’elles divergent souvent sur la hiérarchie de celles-ci tout en ne s’avouant pas volontiers les infidélités résultant de leurs préférences. Ainsi, on verra s’opposer sans cesse dans la première question, où le problème de l’existence de Dieu est envisagé sous plusieurs aspects, le souci de défendre ses convictions les plus chères et un principe de liberté imposant de souffrir qu’elles soient combattues ; et dans la deuxième, le mépris généralement affirmé pour l’erreur et l’injustice surmonté souvent par le désir de protéger un intérêt tenu pour supérieur. En abordant ensuite les querelles incessantes sur l’enseignement de la (ou d’une) morale, on constate que le besoin d’inculquer des principes solides peut freiner l’ambition de former les esprits à la libre discussion et à la critique de ces mêmes principes. Enfin la dernière question, relative aux rapports du droit avec la révolution, fait apparaître entre autres choses combien ceux mêmes qui se montrent le plus convaincus de l’impérieuse nécessité d’accepter l’autorité d’un État peuvent néanmoins juger parfois légitime d’entreprendre de la renverser. Les pensées réunies dans ce recueil avaient d’abord été présentées sous la forme de conférences ; j’en ai un peu conservé la marche et le ton discursifs.
Le problème de l’existence de Dieu Aspects théoriques et pratiques
Le doute est un hommage que l’on rend à la vérité. Ernest Renan, Essais de morale et de critique
On n’entend plus guère débattre du problème de l’existence de Dieu. Beaucoup le croient dépassé et dépourvu d’intérêt. C’est oublier que la pensée humaine qui l’a contemplé a fait preuve au cours des siècles d’une imagination et d’une subtilité considérables, parfois même amusantes, et intéressantes à considérer du point de vue de la logique et de la philosophie de la connaissance. Tel est ce que j’appellerai l’intérêt théorique du problème. La question des preuves de l’existence de Dieu présente en outre un intérêt pratique. La débattre publiquement serait en effet utile pour traiter un nouveau problème politique qui est le retour du fanatisme, sous des formes anciennes ou nouvelles, et surtout l’inaptitude des sociétés d’Europe occidentale à se défendre contre ce danger — comme si l’oubli de l’histoire et par conséquent des abominables méfaits passés du fanatisme et des totalitarismes que celui-ci inspire avait affaibli les défenses qui nous en préservaient. Les mises en cause de l’existence de Dieu qui offrent un intérêt seulement théorique sont celles qui paraissent trop sophistiquées pour intéresser le grand nombre, peu curieux de difficultés logiques et peu familier des abstractions. Or pour être pratique, en politique, il faut intéresser le grand nombre. Il faut donc apprendre aussi à débattre de l’existence de Dieu en s’en tenant à des arguments plus directement accessibles et plus sommaires, tout en étant solides. Ils ne sont pas nombreux. Avant de les énumérer brièvement, je reviens quelques instants, pour le plaisir, aux arguments d’intérêt purement théorique. J’en retiendrai trois.
1. Aspects théoriques : problèmes logiques Le débat met immédiatement en évidence l’intérêt d’approfondir la notion de cause. Personne n’a jamais vu une cause. C’est notre esprit qui en suppose l’intervention pour s’expliquer ce que nous voyons. Est-ce donc que tout ce qui arrive doit nécessairement avoir une cause ? De nombreux croyants trouvent précisément dans une telle nécessité une de leurs meilleures preuves de l’existence d’un être suprême, inféré comme cause première. Mais cet être, lui, ne serait pas causé : la nécessité invoquée n’est donc pas absolue. Quant à soutenir qu’il n’avait pas à être causé ou qu’il s’est causé lui-même (causa sui), s’il est logiquement possible de dire cela de lui, pourquoi de lui seulement ? De plus, si les sciences raisonnent comme si tout avait une ou plusieurs causes, qu’elles cherchent à découvrir, ce n’est peut-être là, précisément, qu’uncomme si: un présupposé utile pour démêler les relations qui sont entre les choses. Ne suffit-il pas de se demander, pour chaque fait, s’il en est d’autres auxquels il apparaît comme toujours lié et de quelle manière se présente cette relation ? Une deuxième question théorique embarrassante pour les théologiens soucieux de logique est celle qui se présente si l’on croit que Dieu est seul juge du bien et du mal et que l’homme ne peut les connaître que grâce à ce qui lui en est révélé directement ou indirectement par ce souverain juge, et non en pensant par lui-même — d’où la faute d’Adam qui aurait mangé du fruit défendu de « l’arbre de la connaissance du bien et du mal », et dont la tache serait par héritage transmise à nous tous, à l’exception, selon les catholiques romains, de Marie, qui a le privilège de provenir d’une « Immaculée Conception ». 3 De cette croyance que Dieu est seul juge surgit une question empoisonnante : ce qu’il nous dit être le bien est-il le bien parce qu’il le veut ou parce qu’il le sait ? Si c’est seulement parce qu’il le sait, n’y aurait-il pas là une donnée que Dieu n’aurait pas créée, tout Créateur qu’il est ? Et qui, loin de dépendre du Tout-Puissant, s’imposerait à lui comme une limite à son pouvoir ? Et si au contraire le bien n’est pas l’objet d’un simple savoir auquel ce bien préexisterait, s’il n’est que ce que Dieu veut, ne s’ensuit-il pas logiquement que le bien contient n’importe quoi, pourvu
seulement qu’il le veuille, de sorte que si Dieu se mettait à commander demain ce qui est condamnable aujourd’hui, nous devrions encore obéir en croyant bien faire, plus affreusement soumis, s’il se peut, qu’Abraham étendant la main vers la gorge de son fils Isaac pour l’holocauste ordonné ? Le troisième et dernier des aspects théoriques que je veux montrer avant d’aborder les pratiques implique des distinctions plus subtiles et demande un effort d’abstraction dont je ne pourrai donner toute la mesure dans le bref aperçu auquel j’entends me limiter. Cet aspect du problème est la question suivante : que disons-nous au juste, lorsque nous affirmons ou nions l’existence de Dieu ? Nous serions parfois bien en peine de le préciser. Aussi y a-t-il une réflexion instructive à faire sur ce nom même de Dieu. Est-ce un nom propre ou un nom général ? J’entends ici « nom propre » au sens particulier que lui donnent les logiciens, quelle que soit la langue. On en vient à cette notion de nom propre logique (lequel ne prend pas nécessairement la majuscule) par une nécessité plus souvent négligée qu’on ne pense, qui est celle de faire savoir exactement de quoi l’on parle avant d’en parler. C’est que pour désigner précisément l’objet d’un entretien, il est deux manières : soit directement, soit par le biais d’une description. On le fait directement, c’est-à-dire sans passer par une description, quand on désigne la chose sans en rien dire encore : par un simple geste, si c’est une chose visible ; sinon, par un mot. Encore faut-il que ce mot soit une expression connue de l’interlocuteur comme étant le nom propre d’une chose dont l’existence (sinon la composition) lui est elle-même évidente, par exemple « la Lune ». À défaut, ce nom ne lui dit rien puisqu’il ne peut avoir d’autre signification qu’une référence et n’est pas en état de remplir pour cet interlocuteur cette fonction de désignation directe (que les logiciens appellent déictique) du nom propre logique. Il faut alors nécessairement, pour désigner, passer par le détour d’une description. Celle-ci doit être suffisamment précise pour caractériser la chose : elle doit donner un concept. À un interlocuteur qui ne connaît pas le mot, le nom propre, Lune, vous pouvez parfois désigner la Lune du doigt, mais s’il est en outre aveugle il ne vous reste qu’à la désigner indirectement par une formule qui l’isole, telle que «lesatellite naturel de la Terre », description qui se décompose en un concept « satellite naturel de la Terre » et un article « le » qui affirme implicitement que ce concept classificatoire est satisfait dans la réalité par un exemple, et par un seul. Or il est essentiel d’observer que contrairement à la désignation directe par un nom propre, la désignation indirecte, par description, est déjà compréhensible même si, parmi les choses qui existent, on n’en sait aucune qui soit un exemple satisfaisant le concept utilisé dans cette description que la désignation comporte. Autrement dit, l’existence réelle d’un tel exemple n’est plus présupposée. Ainsi lorsque des naturalistes, réfléchissant à partir de l’anatomie comparée, disent qu’ils cherchent un animal, une plante ou un corps inconnus dont l’existence leur paraît seulement probable, nul n’a encore à l’esprit qu’une description conjecturale. Autre exemple : aucun de nous ne croit qu’en dehors de notre pensée existent des licornes et pourtant le concept de licorne nous est compréhensible, de sorte que si je prétends en avoir vu une à l’aube dans mon jardin, vous vous regarderez avec une surprise attristée en pensant que je deviens mythomane, mais vous ne penserez pas encore que je tiens des propos qui n’ont aucun sens. C’est même parce qu’ils ont un sens que vous apprendrez que mon esprit s’égare. On peut donc comprendre le concept sans croire à l’existence de l’entité désignée à travers lui. Le nom propre authentique, au contraire, présuppose l’existence de l’entité nommée. Si vous ne croyez pas à cette existence, encore une fois, le nom sans la descriptionne vous dit rien. M’objectera-t-on qu’il nous arrive pourtant de désigner par un simple nom des êtres inexistants, purement imaginaires comme Hamlet, Mme Bovary, Apollon, Œdipe et même de nous interroger sur les mobiles qui les font agir ? Je répondrai qu’ils sont déjà passablement décrits et que, de plus, nous entrons alors dans le jeu de l’écrivain ou du fabuliste, jeu qui consiste précisément à parler comme siêtres ces avaientexisté. Cependant certains noms propres au sens grammatical ne sont pas des noms propres logiques mais seulement, comme dit Bertrand Russell, des « descriptions déguisées ». Ainsi « Homère » ne nomme généralement pas un individu dont l’existence nous est connue mais, par raccourci, un concept, à savoir celui d’auteur, quel qu’il soit, de l’Iliadede l’ et Odyssée. C’est d’une façon analogue qu’il faut entendre le mot Dieu car il ne peut fonctionner comme nom propre authentique, en tout cas dans un débat entre croyants et non croyants, pas plus qu’il n’y aurait de
sens à désigner un objet à un aveugle en le lui montrant du doigt. Le croyant pour qui « Dieu » serait un nom propre au sens logique présupposerait l’existence de Dieu et ne pourrait donc prétendre débattre avec un sceptique, qui ne partage pas le même présupposé. Un tel débat n’est possible qu’en passant par un concept : la question « croyez-vous en Dieu ? » n’a de sens que si le vocable « Dieu » est, comme « Homère », au lieu d’un nom propre authentique, le simple nom de code d’un concept que l’on peut définir. Or quand on s’interroge sur l’existence d’une chose désignée par un concept, que fait-on ? On insère le concept dans un schéma de proposition comme « x estl’auteur de telle découverte», « x (n’)est (pas)unelicorne», « x estl’éternel tout-puissant, créateur de toutes choses» ou « x estuncitoyen français» et l’on se demande si le remplacement de x par quelque exemple existant (dit « valeur de x ») transforme en unepropositionvraie cette formule qui, avant cette transformation, n’est encore qu’un type de proposition, type qu’on appellerafonction propositionnelle.On veut dire par cette dernière expression que le schéma qu’elle désigne est encore trop indéterminé pour pouvoir être vrai ou faux tout court — ce qui est le propre des propositions — mais qu’il est déjà assez déterminé pour qu’on puisse dire, et rien de plus, qu’il a trois rapports possibles avec la vérité, lesquels sont : pouvoir être vrai soit dans au moins un cas, 4 soit toujours, soit jamais.Si la description contenue dans la formule schématique commence par l’article « le » ou « la » (comme dans « l’actuel président de la République allemande » ou dans « al-lâh »,l edieu), l’exemple dont l’existence permet de faire une proposition vraie doit être 5 unique . Il ressort de ce qui précède que tout débat, toute affirmation ou négation, portant sur l’existence de Dieu (écrit avec ou sans majuscule), revient à parler pour ne rien dire, à défaut d’une description de Dieu dont les termes soient suffisamment précis et, de plus, agencés de façon suffisamment rigoureuse, pour former un concept. Parler pour ne rien dire ou parler, sans le savoir, de plusieurs choses à la fois, ce qui n’est pas mieux : il ne peut y avoir plusieurs classes pour un même concept (ce qui n’empêche pas qu’on puisse construire plusieurs concepts pour désigner une même chose ou une même classe). Cette exigence de rigueur signifie notamment que pour bien définir, la description ne peut contenir des termes vagues, ni des expressions telles que « en général », « en principe », « normalement », ni un terme renvoyant à une définition...
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