La Transmission interdite
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La Transmission interdite , livre ebook

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Description

Que sont devenus les écrits de notre civilisation européenne ? Homère, les poètes et les philosophes grecs, les sages de Rome, les prophètes et les penseurs juifs et chrétiens, les auteurs qui, au long des siècles, ont hérité de cette culture et l’ont toujours renouvelée, où sont-ils désormais, sinon à la périphérie de l’enseignement scolaire et du monde médiatique ? Ces textes sont-ils traités comme une fraction marginale de la nouvelle « culture » du monde numérique, et de son assemblage gigantesque de données informatisées ? Comment la transmission même de ces écrits a-t-elle pu disparaître à ce point ? ... Et,voilà que la nature est aussi remise en question, lorsque la préservation de la « biodiversité » s’oppose, de façon sournoise, à la protection des espèces minérales, végétales et animales. Un courant multiforme – appelé transhumanisme – rejette, peu à peu, la transmission du monde humain et naturel au profit d’un univers nouveau créé de toutes pièces par les progrès des nouvelles technologies. Mais où allons-nous ? Que propose le transhumanisme pour remplacer l’humanité et la nature existante ?


Cet ouvrage est un témoignage : sans la transmission du meilleur des générations précédentes, les hommes perdent leur humanité et défigurent les merveilles de la nature. Dans une première partie, l’auteur puise dans cette mémoire vivifiante quelques trésors cachés dans la langue grecque des Évangiles ou dans la silhouette étonnante des grands arbres. La deuxième partie est une présentation des textes de la Grèce antique, sources inépuisables d’inspiration devenues comme des étrangères dans le monde d’aujourd’hui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342362633
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par Publibook,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
http://www.publibook.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-36262-6

© Publibook , 2022
Avant-propos : transmission impossible ou transmission interdite ?
En 1984, Jacqueline de Romilly publiait son livre L’Enseignement en détresse 1 . L’helléniste, alors bien connue, lançait un cri d’alarme sur l’enseignement des lettres à l’école et à l’université, en particulier dans son domaine de prédilection, la culture grecque. Elle regardait avec inquiétude l’évolution de l’apprentissage scolaire en France et elle prévoyait un effondrement de la transmission du trésor humain constitué par les textes des grands auteurs de notre civilisation. Il y a beaucoup de façons d’expliquer les causes et les circonstances de cette tragédie (c’en est une), mais qui peut contester aujourd’hui que, presque quarante ans après, nous avons dépassé les pires prévisions de Jacqueline de Romilly ? La France a toujours été un pays d’accueil pour beaucoup de peuples, mais bien accueillir veut dire offrir le meilleur de ce que nous sommes, pas seulement la cuisine française (c’est déjà bien), mais aussi l’esprit et l’âme d’un peuple vivant depuis longtemps avec ses valeurs universelles, transmises et revivifiées à chaque génération. L’Europe et la France en particulier ont beaucoup puisé dans la civilisation grecque l’aspiration à reconnaître la valeur imprescriptible de la personne humaine, et ainsi à comprendre le prix infini de tout être humain. Mais aujourd’hui le constat est simple : aborder les grands écrivains est devenu, à l’école comme ailleurs, un parcours du combattant. Quant à apprendre le grec dans une scolarité, c’est, sauf dans quelques réserves d’indigènes, tout simplement impossible. Il n’y a aucune directive officielle qui interdise la transmission de cette culture, mais celle-ci est empêchée, suspecte de porter en elle la présence de « l’ancien monde ». L’heure est à la tentation de changer l’humanité en modifiant le génome humain, de transformer les êtres humains en créations nouvelles, plus performantes que les ordinateurs. Avons-nous encore conscience que le mot génome est lui-même un mot grec ? Est-ce que ceux et celles qui veulent concevoir de novo des êtres « trans-humains » pourraient d’abord réfléchir au sens des mots gènes, génomes et engendrements ?
Malgré la désintégration actuelle du tissu culturel, des textes grecs – ou latins – circulent toujours (en traduction) pour témoigner du meilleur de notre humanité. Homère, les poètes et les philosophes grecs, les sages de Rome, les prophètes et les penseurs Juifs et Chrétiens ne sont malheureusement plus familiers au monde contemporain. Et les œuvres littéraires qui en sont inspirées deviennent peu à peu incompréhensibles. Que signifient désormais les fables de La Fontaine, le théâtre de Corneille, de Racine, de Molière, de Giraudoux ou d’Anouilh ? Et comment percevoir aujourd’hui les multiples résonnances des poèmes de Du Bellay, de Rimbaud, de Péguy ou d’Apollinaire ?
Si le grec est particulièrement menacé de l’oubli, il reste que les Évangiles sont encore lus et médités (en dehors de l’école !), dans toutes les langues, par les croyants comme par les incroyants. Or, la version canonique de ces livres a été élaborée en comparant des manuscrits écrits en grec.
Il faut bien sûr ajouter que les autres cultures, à travers le monde, transmettent des trésors d’humanité, en toute langue, orale ou écrite. Et la mémoire des coutumes de la vie quotidienne, aussi humbles soient-elles, est gardée et transmise, vivante, d’un bout à l’autre de notre terre.
Le point de vue exprimé jusqu’ici concerne notre humanité. Mais la nature est aussi un lieu de transmission. Toutes les espèces vivantes transmettent leur propre génie de génération en génération. Qui regarde les arbres verra qu’ils racontent l’histoire cachée des êtres qui ont habité dans le même lieu. Pourquoi voudrait-on supprimer cette mémoire vivante pour créer une biodiversité faite d’espèces nouvelles aux génomes modifiés ou fabriqués par la technologie ?
De la diversité inépuisable des cultures, l’auteur de ces lignes en est conscient. Néanmoins, chaque personne part de son expérience vécue, à vrai dire une goutte d’eau dans un océan. La rédaction de la première partie de cet ouvrage – La transmission interdite – a été ainsi motivée par la découverte d’un bout de papier collé sur un livre d’occasion. Sans doute aussi par l’abattage inconsidéré d’arbres, victimes de projets d’aménagement oublieux de la valeur inestimable d’êtres vivants souvent nés bien avant nous et témoins d’une histoire cachée… Ces pages viennent ainsi les unes après les autres comme des poissons découverts dans le filet que l’on ramène dans la barque. Toutes sont les témoins d’une mémoire vivante… La deuxième partie du livre – Au coin du feu allumé au pays d’Homère – est une présentation d’écrits de la littérature grecque évoqués comme une discussion « au coin du feu » 2 . Puissent ces trésors d’inspiration ne jamais se perdre…
1 . Jacqueline de Romilly, L’enseignement en détresse , Paris, Julliard, 1984, 218 p.
2 . Ce texte a fait l’objet d’une première publication : Philippe Anglade, Au coin du feu allumé au pays d’Homère , Paris, Société des Écrivains, 2005, 104 p.
La transmission interdite
Le témoin de transmission
Transmettre est naturel. Inanimés ou vivants, tous les êtres transmettent des informations nouvelles. C’est la manière universelle de recevoir ce qui manque. Nous disons souvent que les autres nous enrichissent, nous transforment, ou, tout simplement, nous aident à vivre. Mais aujourd’hui, apparaît un monde « transhumaniste » rêvant d’un programme génétique qui inclurait toutes les connaissances, qui permettrait la réalisation de tous les désirs, et qui aurait la faculté de se régénérer. Ne dépendre de personne, tout savoir et faire tout ce que je veux, n’est-ce pas le rêve du roi Nemrod du temps où les hommes voulaient se faire un nom en construisant la tour de Babel ? Ne plus recevoir un nom que je n’ai pas choisi, et ne plus être « dérouté » par la présence des autres qui ont leur nom propre, de l’Autre qui est le Nom, n’est-ce pas l’avènement de l’homme, libéré de tout déterminisme ? Déjà, Nemrod, le souverain potentat, interdisait le souvenir de son anniversaire rappelant que lui aussi était né… Le désir secret du transhumanisme scientiste n’est-il pas de faire un nouveau monde de dieux génétiquement générés ? Pourtant, combien de petites choses étrangères, d’événements imprévisibles nous font signe…
Que dire d’un bout de papier vert collé sur la page d’un livre d’occasion ? Sur ce « post-it », un commentaire du premier verset de l’Évangile de Jean est écrit au crayon. Sa lecture par un destinataire inconnu de son auteur a franchi beaucoup d’obstacles : le papier est resté collé depuis la mise en vente de l’ouvrage, le texte ne s’est pas effacé, le livre a été acheté et la précieuse note déchiffrée par l’acquéreur… Et pourtant, l’auteur de ces lignes le certifie : à travers tous ces aléas, c’est le fruit d’une réflexion de toute une vie qui a été transmis sur ce petit rectangle de papier, au format bien nommé de carte de visite.
Il faut être au moins deux pour une transmission. La personne qui donne et celle qui reçoit. Il y a ce qui est transmis : ce qui a été reçu, qui est devenu le propre d’une personne et qui passe en une autre. Ce quelque chose toujours identique et pourtant toujours différent, toujours enrichi à chaque génération de façon unique. Ainsi à chaque passage, avec l’objet transmis, c’est toute une communauté de personnes qui est reçue et qui s’agrandit. Une communauté qui continue sa course à travers le temps de personne à personne.
Il y a des communautés humaines qui habitent un espace, une région ou un pays. Il y en a d’autres qui traversent le temps en habitant dans le cœur et l’esprit des personnes qui les transmettent. Supprimer la transmission, c’est supprimer ces communautés, c’est anéantir une partie de l’humanité.
Au commencement
Selon les traductions habituelles des Évangiles, le Prologue de saint Jean s’ouvre ainsi : « Au commencement était le Verbe… »
Èn archè èn o logos,
Au commencement était le Verbe,
kaï o logos èn pros ton théon,
et le Verbe était vers Dieu,
kaï théos èn o logos,
et le Verbe était Dieu,
outos èn én archè pros ton théon.
Il était au commencement vers Dieu.
Évangile selon saint Jean (1, 1-3), traduit par Sœur Jeanne d’Arc.
Èn archè èn o logos  : Au commencement était le Verbe (Jean 1, 1).
Jean reprend le premier verset de la Genèse ( Berechit bara Elokhim… : Au commencement Dieu créa…).
La tradition judaïque souligne qu’en hébreu la première lettre du premier mot de la Bible ( Berechit  : Au commencement) est un bet, la deuxième lettre de l’alphabet, qui symbolise la création. La première lettre, aleph, est une lettre muette qui représente le silence « avant » la création, le silence de Dieu.
Jean connaissait sa tradition, et il ouvre son Évangile par le même mot « Au commencement ». Mais il le fait en grec. Et par là, il introduit la nouveauté de la tradition chrétienne. La première lettre du premier mot est cette fois-ci une lettre muette (un epsilon) qui ne se prononce pas. Ainsi Jean prévient qu’il parlera de Dieu qui existe au-delà de la Création. Jean prépare ses lecteurs à une nouveauté dans l’histoire humaine : l’Incarnation (le Verbe s’est fait chair) qui fait vivre dans l’intimité de Dieu, comme la prière de Jésus après la Cène (Jean 15-17). Ainsi en Jésus-Christ est ce qui paraît impossible : Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. Par la langue grecque, l’Évangéliste peut déployer ce message, qui était encore caché dans le silence de Dieu.
L’auteur du post-it propose une autre lecture tout aussi respectueuse du texte

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