La Sociocritique : enjeux théorique et idéologique
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Description

La sociocritique se veut synthèse de toutes les théories de l'homme et de sa production. Si cette orientation a l'inconvénient de lui donner un caractère polysémique, source de confusion et d'usage abusif, elle lui permet néanmoins d'être toujours en émergence avec un vaste champ d'exploitation de ses ressources pédagogiques et analytiques. Ainsi s'explique l'apport considérable de la sociologie de la culture. Toutefois, la sociologie des champs est sujette à controverse dans le monde universitaire sur la question du champ littéraire africain. Aussi s'agit-il d'entreprendre un ensemble de réflexions théoriques répondant au besoin de recentrage, afin de permettre un emploi rigoureux et opératoire de la sociocritique et de susciter le débat sur la problématique du champ littéraire africain au regard de la définition de la sociologie des champs de Pierre Bourdieu.

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Informations

Publié par
Date de parution 23 août 2013
Nombre de lectures 5
EAN13 9782342011517
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Sociocritique : enjeux théorique et idéologique
Adama Samake
Publibook

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La Sociocritique : enjeux théorique et idéologique
 
 
 
À la mémoire d’Aïko Koudou
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Nos remerciements vont à l’endroit de notre Maître, le professeur Kouamé Kouamé qui nous a tant soutenu dans ce processus de transformation nos handicaps en avantages, et du professeur Koui Théophile, cofondateur du groupe de recherche « Littérature et société » de l’université de Cocody (Abidjan). Qu’il nous soit permis de saluer également nos amis et collègues : Dr Vahi Yagué et Dr Coulibaly Moussa.
 
 
 
Introduction
 
 
 
L’imagination littéraire est réappropriation de l’histoire. Elle est également une forme élevée d’expression de la liberté individuelle. Ces deux assertions ont plusieurs implications. Nous en retiendrons deux qui paraissent essentielles : la littérature sert à juger la société qui, à son tour, sert à l’expliquer. D’autre part, la critique littéraire qui entend trouver « le rationnel dans l’irrationnel du créé artistique » est en mouvement constant. Elle fluctue au rythme de l’expression de cette liberté. En outre, le choix de l’approche critique est fonction de l’engagement social. Car il y a nécessairement une interaction entre le choix de la théorie et l’idéologie dans laquelle nous baignons. Cela explique certainement le revirement de Genette qui était marxiste au départ.
 
La sociocritique est l’une des théories qui incarne le mieux cette mobilité. Elle se veut synthèse de toutes les théories de l’homme et de sa production. Toutefois, cette orientation syncrétique a l’inconvénient de lui donner un caractère polysémique ; car elle se présente comme un lieu d’élaborations conceptuelles et de spécialisations : sociogénétique, épistémocritique, traductologie, etc. Cette pluralité conceptuelle a pour conséquence un usage abusif. La sociocritique devient alors confuse, mal comprise. On en parle, au demeurant, sans toujours savoir ce qu’il faut entendre par là.
 
Parmi les différentes formes et tendances, trois écoles se sont illustrées :
- l’école de Vincennes a comme figure de proue Claude Duchet, concepteur du mot sociocritique. Dans sa quête de l’inscription du social dans le texte, elle détermine trois outils analytiques et pédagogiques : le sociogramme, la société du roman, et l’idéologie. Pour elle, l’idéologie est le noyau structurateur de l’écriture de la socialité. Aussi, l’investigation sociocritique se résume-t-elle à l’appréhension du substrat idéologique de l’œuvre.
- L’école de Montpellier est regroupée autour d’Édmond Cros. Selon elle, il n’y a pas que l’idéologie. Il y a l’historicité, et même le cadre institutionnel. Elle pose ainsi la problématique de l’agent de cette histoire qui est le sujet culturel. Aussi, fait-elle du sujet culturel le point focal de l’investigation sociocritique. Car, c’est à partir de ce dernier qu’on peut concevoir le texte. Le sujet culturel, sujet du discours, est pluriel. Il est différent du sujet collectif transindividuel de Lucien Goldmann. La lecture sociocritique, du point de vue de l’école de Montpellier, étudie le passage du sujet collectif au sujet culturel qui intervient de manière prépondérante dans le processus de valorisation des cultures ; et donc dans les rapports des peuples.
- L’école de Montréal a comme ‘‘leaders’’ Gilles Marcette, Marc Angenot, Régine Robin… Elle conçoit la sociocritique à partir des investigations de l’historien littéraire russe Mikhaïl Bakhtine. Ce dernier pense que pour comprendre l’inscription du social dans le texte, il est nécessaire d’étudier le discours général lui-même ; parce que les énoncés du social sont pris dans une ‘‘interaction généralisée’’. La sociocritique est, par conséquent, conçue comme ‘‘un espace de pensée’’, et non comme une ‘‘méthode’’ ou une ‘‘théorie’’. Pour cette école, « il n’y a pas de recette, pas de grille, et pas de chapelet notionnel obligatoire destiné à être annoncé en boucle ». 1
 
Ce qui précède autorise à dire que les ressources de la sociocritique n’ont pas encore été suffisamment exploitées. Car elle est toujours en émergence. Toutefois, nonobstant les divergences doctrinales, elle est une démarche théorisée. Quels sont les fondements théoriques et idéologiques de cette démarche ? Tel est le premier centre d’intérêt de ce travail. Il se veut un ensemble de réflexions théoriques répondant au besoin de recentrage, à la nécessité de préciser le contenu sémantique du concept, d’analyser son évolution afin d’en permettre un emploi rigoureux et opératoire.
 
Le cadre heuristique mouvant de la sociocritique explique l’apport considérable de la sociologie de la culture avec Réné Balibar, Pierre Bourdieu, etc. Deux écoles essaient d’aller au-delà de l’analyse du discours, en posant la problématique de la production, de la diffusion et de la consommation : les Cultural Studies et la sociologie du champ.
Les Cultural studies s’intéressent aux problèmes identitaires : classes, ethnicité, nationalité, situation post-coloniale. Sur le plan littéraire, cette école a entrepris de réévaluer la notion de « canon », entendue comme corpus des grandes œuvres consacrées. Quant à la sociologie du champ de Pierre Bourdieu, elle « tient compte de la littérature en fonction de sa situation dans un espace déterminé par des lois propres ». Elle privilégie la question de l’autonomie par rapport au champ social général. La pensée du sociologue français Pierre Bourdieu a beaucoup influencé les sciences humaines et sociales. Elle insiste sur l’importance des facteurs culturels et symboliques dans l’analyse des mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales.
 
Pour Bourdieu, le monde social, dans les sociétés humaines, apparaît comme divisé en champs spécifiques : politique, culturel, idéologique, etc. Le champ le plus vaste est celui de l’ habitus . Ces champs sont dotés d’une autonomie relative envers la société prise dans son ensemble. Selon Bourdieu, les conflits ne se réduisent pas aux conflits entre classes sociales comme le soutiennent les marxistes. Ils opposent plutôt des champs sociaux. Les agents sociaux, développant des stratégies fondées sur des dispositions acquises par socialisation, se livrent des luttes (compétitions) pour occuper la position dominante. La dynamique des champs provient de ces luttes. Bourdieu développe ainsi, une théorie de l’action autour du concept d’ habitus (principe d’action des agents). Trois concepts clés structurent sa pensée : le champ (espace de compétition sociale), l’habitus, et la violence symbolique qui se dévoile comme le mécanisme premier d’imposition des rapports de domination. Selon lui, le champ littéraire est un univers autonome.
 
Cette conceptualisation du champ est différente de l’approche générale et/ou généralisante qui peut être résumée dans la définition de Philippe Hamon 2 . En effet, ce dernier considère le littéraire comme celui qui s’intéresse à un champ ; c’est-à-dire « un ensemble d’opérations de réécriture (ou de reformulation, de réajustement, de transposition) qui existeraient entre des textes (systèmes de signes), des fantasmes (systèmes d’images et de symboles individuels), des idéologies (systèmes de consignes collectives) et des technologies (systèmes de règles de manipulation d’outils) ». Aussi, le champ littéraire est-il « celui des modes de reformulation des textes en fantasmes (et inversement), des fantasmes en technologies (et inversement), des idéologies en technologies (et inversement) ».
 
Si cette seconde conceptualisation du champ permet de reconnaître un système de valeurs, un mode de réécriture propre aux Africains, et donc un champ littéraire africain, celle de Bourdieu est sujette à controverse dans le monde universitaire. Le second centre d’intérêt de cet ouvrage se trouve à ce niveau. Peut-on parler de champ littéraire africain au regard de la définition de Pierre Bourdieu qui fait de l’autonomie une caractéristique essentielle du champ littéraire ? Y a-t-il ‘‘autonomie’’ du champ littéraire africain ? Deux positions se démarquent : l’une répondant par l’affirmative, et l’autre par la négative.
 
Nous n’entendons pas donner de réponses définitives. Nous n’entendons donc pas trancher. L’intérêt de cet ouvrage est de susciter le débat. Cela est d’autant plus important que rares sont les ouvrages de sociocritique publiés par des Africains. En d’autres termes, l’apport du microcosme littéraire africain à la sociocritique n’est pas suffisamment exploité. La sociocritique étant également « un espace de pensée », les universitaires africains peuvent et doivent pouvoir élaborer des cadres heuristiques qui puissent l’enrichir.
 
Le projet général est donc de mieux connaître et comprendre la sociocritique, dans ses conditions d’émergence, ses outils théoriques, et pratiques, en vue d’une étude plus rationnelle, plus scientifique, plus systématique des œuvres.
 
La composition du présent ouvrage est orientée dans ce sens. Les auteurs soumettent leurs analyses à la réflexion commune, sachant que le débat contradictoire est la matière première de la critique. Les différents chapitres sont un appel à la contradiction, à l’échange, à l’ouverture de la pensée afin de contribuer à l’éclairage de la sociocritique.
 
La première partie de l’œuvre, « Pertinence et justification », s’ouvre sur le chapitre 1 intitulé : « Fondements théorique et idéologique de la sociocritique de Claude Duchet ». Adama Samaké, son aut

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