La Sociocritique
264 pages
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Description

La sociocritique est une théorie ouverte en raison de son caractère syncrétique. La variabilité des sociolectes d'un espace à l'autre fait d'elle un lieu d'élaboration d'outils méthodologiques. Ses ressources insuffisamment exploitées, de nombreuses zones d'ombre échappent à la critique. Le projet de cet ouvrage est par conséquent d'entreprendre un travail de réévaluation méthodologique, mais aussi et surtout de lancer un appel à l'élaboration d'une école de sociocritique en Afrique, afin de valoriser la particularité du jeu textuel africain, de montrer sa socialité et son discours historique exceptionnel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 décembre 2013
Nombre de lectures 12
EAN13 9782342017243
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0135€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Sociocritique
Adama Samake
Publibook

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La Sociocritique
 
 
 
À ma grand-mère Samaké Bintou,
À mes enfants Samaké Nourah Binta A. F., Samaké Yacine N. Fatima, et à toute ma famille : biologique, intellectuelle, spirituelle.
 
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Nous remercions tous ceux qui ont participé à l’élaboration de cet ouvrage ; particulièrement les auteurs, les membres du comité de rédaction et de lecture, les collègues qui ont bien voulu participer à l’instruction des articles. Sur le socle de notre foi dans le Seigneur et dans votre soutien, nous resterons debout comme un massif.
 
 
 
Introduction
 
 
 
Pierre Popovic, faisant une analyse situationnelle de la sociocritique au Canada, précisément celle de l’École de Montréal, soutient : « Chaque sociocriticien, puisqu’il doit partir de l’œuvre d’art qu’il a choisie et qu’il fait le pari herméneutique de sa singularité potentielle, est conduit à trouver sa manière. » 1 Cette assertion revêt trois postulats. Primo, l’œuvre d’art demeure le support d’investigation privilégié de la sociocritique. Secundo, celle-ci se veut une science. Là se trouve le pari herméneutique : celui d’élaborer des outils méthodologiques qui lui sont propres. Toutefois, l’élaboration de ces outils, dans la pratique sociocritique, ne s’impose aucune limite (troisième constat). La sociocritique est donc ouverte. Une meilleure compréhension de la problématique de l’ouverture suppose une maîtrise des deux premiers constats.
 
« Dispositif sémiotique dynamique », le texte littéraire a des frontières mouvantes 2 . Cela est l’une des raisons de l’existence d’une pluralité possible de sa lecture. Le texte littéraire n’est pas scientifique par essence. Mais la méthode qui permet de l’analyser et de l’apprécier est scientifique. La sociocritique, en tant que procédure d’étude scientifique du texte, a pour point de départ l’Histoire. Elle estime que la littérature et l’Histoire sont dans un rapport interne d’articulation et d’intrication, comme le disait Macherey. Aussi, la réalité historique est-elle la base matérielle de l’œuvre littéraire. De ce point de vue, l’esthétisation est un fait idéologique parce qu’elle résulte d’un processus de socialisation. En d’autres termes, l’idéologie est inhérente à toute œuvre littéraire. La lecture sociocritique revient alors à l’appréhension du substrat idéologique du texte (Duchet), à l’étude du mode d’incorporation de l’Histoire dans le texte (Cros) et elle met à cet effet un accent particulier sur le discours social (Marc Angenot).
 
Toutefois, la socialité est flexible. Car les sociolectes varient d’un espace à l’autre. Aussi, la sociocritique devient-elle le lieu d’élaboration de démarches, d’outils pédagogiques et analytiques. L’École de Vincennes détermine trois outils : le sociogramme, la société du roman, l’idéologie. L’École de Montpellier, partant d’une redéfinition du sujet transindividuel goldmannien pour aboutir au sujet culturel – mosaïque de pratiques discursives spécifiques ou de sociolectes, selon Cros – la dote de nouveaux concepts tels que l’idéosème, l’idéologème etc. L’École de Montréal en fait un espace de pensée ouvert. En définitive, la sociocritique se présente comme une théorie syncrétique. Elle pose le problème de l’homme, de sa création et de ses outils de création. Cependant, nonobstant l’existence d’outils conceptuels, elle demeure un chantier ouvert ; car les ressources n’ont pas été suffisamment exploitées. Par conséquent, de nombreuses zones d’ombre échappent à la critique.
 
En Afrique, il y a une absence remarquable de masse d’intellectuels qui appliquent la sociocritique. Pourtant, l’oralité est une marque du discours social et ne fait pas partie des modes d’inscription du social élaborés par les Écoles sus-citées. Patrimoine commun à toute la société africaine, la littérature orale peut être perçue comme la propriété du groupe social. Ce dernier en est l’inventeur et le détenteur. Mais les interprètes qui disent le texte oral lui impriment leur marque. Alors, l’on est fondé de parler d’auteur de la littérature orale. Celle-ci a une fonction fondamentalement didactique. Elle sert à la formation et à l’éducation de l’individu et du groupe social. Elle assure la cohésion de la communauté. Elle a, pour cette raison, un caractère utilitariste. Dans cette littérature, il y a une dépendance réciproque entre le narrateur et le public dans le processus de création. L’agent rythmique est le symbole éloquent de la pensée du public, dans l’élaboration de l’œuvre. Le narrateur peut, lui-même solliciter la participation du public à sa performance, par toute une gamme de procédés dont les dialogues. L’oralité est donc un usage esthétique du langage. Et comme toute esthétisation est un phénomène idéologique, elle se présente comme un mode de connaissance et une méthode d’investigation du champ littéraire africain. C’est une marque de la socialité dans les textes africains. Elle se présente dès lors comme un schéma d’analyse qui ouvre de nouvelles perspectives sur la pratique sociocritique.
Le projet de cet ouvrage est, par conséquent, non seulement d’entreprendre un travail de réévaluation méthodologique ; mais aussi et surtout de lancer un appel à l’élaboration d’une École de sociocritique en Afrique, afin de valoriser la particularité du champ littéraire africain et de montrer la socialité exceptionnelle, le discours historique particulier dans le jeu textuel africain.
 
L’ouvrage s’articule autour de trois parties. La première partie, « Sociogramme, Société du roman, Idéologie », contient différentes lectures qui étudient la dissémination de l’idéologie dans le texte. Le premier chapitre de cette partie est intitulé : « La représentation symbolique du “Don” et ses enjeux socio-textuels dans le roman gabonais de 1980 à 1992 ». Signé de Hémery-Hervais Sima Eyi, il montre que le « don » est une pratique sociale avalisée par le texte littéraire gabonais. L’analyse se donne pour objectif de démasquer la valeur stratégique de sa symbolique. Pour y parvenir, elle se situe au-delà de la sociologie bourdieusienne et investit l’espace diégétique du roman gabonais. L’étude du discours narratif montre que l’œuvre romanesque gabonaise absorbe le discours social par un phénomène de migration de faits sociaux vers le discours textuel. Le « don » est un élément essentiel de cette migration. Sima en déduit que le discours social dans les textes gabonais a une forte implication idéologique. Car la société du roman reflète le discours social qui l’a vu naître. En d’autres termes, l’univers textuel gabonais est le reflet de son univers social. De cette coïncidence, l’étude appréhende deux approches du don : le don est perçu dans la société traditionnelle comme l’expression d’une passation de pouvoir (mystique) entre l’aïeul et le fils. Mais dans la société moderne, il est perçu comme un instrument, un moyen efficace de la quête du pouvoir politique, de la domination d’une classe sociale.
 
Le chapitre 2, « Approche sociocritique et idéologique : une contribution à la détermination de l’héroïne d e Et l’aube se leva de Fatou Kéïta » est de Coulibaly Moussa. Il entreprend une lecture sociocritique de l’œuvre de cet écrivain, à travers la figure de l’héroïne qui incarne avant tout une réalité axiologique. L’analyse du système des personnages lui permet de faire une hiérarchisation des personnages, d’indiquer leurs désignations et leurs caractérisations. L’évaluation du conditionnement social du personnage-héroïne montre qu’il se présente comme l’expression d’un projet : celui d’une vision éthique de société à cultiver. Par ailleurs, le discours idéologique de l’écrivain se présente comme un appel à une prise de conscience de la dégénérescence de la société ivoirienne.
« Une lecture sociocritique des rapports nord-sud à partir de l’analyse d’un corpus de fraudes Internet à la nigériane » est le dernier chapitre qui compose la première partie. Dimitri Della Faille, son auteur, y fait une analyse socio-sémantique d’un corpus de « fraudes 419 » constitué entre 2007 et 2011. Constatant que la littérature est lacunaire sur le sujet, il entend montrer le caractère littéraire de ces textes. Ainsi, il s’évertue à étudier leur processus de production et à analyser leurs stratégies linguistiques et leurs trames narratives. Ce qui lui permet de dégager leurs enjeux orthographiques et grammaticaux. La lecture sociocritique sert ici de prétexte à l’élaboration d’un chantier plus vaste : celui de contribuer à une réflexion sur le rôle de l’écrit et des représentations sociales dans le cadre de relations inégales à l’échelle mondiale. Les enjeux socio-économico-politiques que Dimitri détermine lui permettent de (re) poser la problématique du centre et de la périphérie dans le système mondialisant contemporain. Aussi, arrive-t-il à se faire une idée de la place de l’Afrique dans le monde contemporain. Il constate, au demeurant, que le substrat idéologique des textes de « fraude 419 » repose sur l’expression d’une spécificité culturelle, d’une identité.
 
La seconde partie, « Idéosème, Idéologème, Oralité », est constituée de textes étudiant des concepts nouveaux (par rapport aux outils analytiques de Duchet) élaborés dans la pratique sociocritique. Jeanne-Marie Clerc en est l’auteure du premier chapitre (le chapitre 4) : « Les “idéosèmes” africains dans l’œuvre de Le Clezio : l’exemple de Onitsha et de l’Africain  ». Elle aborde le concept d’idéosè

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