La Mouche sans raison
466 pages
Français

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La Mouche sans raison , livre ebook

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Description

Espionnage et contre-espionnage dans une boite de jeux vidéo. Deux amis d’enfance lié par un lourd secret. Des locaux de la CTRL où l’effervescence règne avant le congrès de l’E3, dédié aux jeux vidéo, à l’île d’Yeu, les clans s’affrontent pour démêler la vérité. Qui de Pascal ou David dit la vérité ? Heureusement l’adjudant Lemoine mène l’enquête...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748381009
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Mouche sans raison
Dominique Rocher
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Mouche sans raison
 
 
 
Pour Martin , le pirate aux yeux océan.
 
 
 
Mille grâces et autant d’indulgences à Dominique Anglesio , mon indispensable Judas qui, de jugements éclairés en crucifixions amicales, a si bien su me conduire au dépassement. Qu’il reçoive ici ses trente deniers et aille se faire pendre avec son aversion des métaphores à rallonges et des hérétiques inversions.
 
De gros bisous à Béatrice Bastiani-Helbig , correctrice aux yeux de lynx qui, pendant des mois, depuis Pékin, a bien voulu m’approvisionner en raretés chinoises et chasser toutes les coquilles incrustées entre les perles.
 
Toute ma paternelle reconnaissance à Benjamin Rocher que j’ai mis dans de sales draps pour lui arracher une jolie couverture.
 
Merci à Xavier Froment (alias Feng Jiawei) ainsi qu’à Pierre Bellassen , bénévoles coursiers internationaux qui, le manuscrit au fond de leur sac, ont permis à la « Mouche sans raison » de voler sans encombre jusqu’à Béatrice.
 
Merci à Joël Bellassen , papa de Pierre et éminent sinologue, pour son aide précieuse.
 
Merci également à Damien Andrieux, Gérard Bernard, Dominique Giffard-Béranger, Paul Henry, Pol Lasbleis, Michel Leroy, Qu KeYen et Céline Sturm.
 
Toute ma profonde reconnaissance, mon affection, mon amour (rayer la mention inutile) à :
 
La famille Barnola au grand complet qui, après avoir longuement épluché la version longue, très longue, trop longue de ce roman, a bien  voulu me prêter son Econome.
Raphaël Rocher qui a surveillé mes devoirs jusqu’à ce que je me décide à rendre ma copie.
Odile Gras-Rocher qui m’a fait découvrir l’île d’Yeu entre deux avis de tempêtes.
Isabelle Rocher qui m’a permis de garder le cap, fermant les yeux sur mes innombrables navigations de nuit.
 
Première partie : L’Yeu du crime
 
 
 
1
 
Jean
Le Maroni, à quinze kilomètres au nord-est de Maripasoula. Mercredi 23 octobre 1991, 18h07
Le soleil, ovalisé par le couchant, caressait déjà les hautes frondaisons et, dans la canopée brumeuse, musaient les derniers « morphos » aux ailes irisées. C’est alors seulement qu’il m’avait rejoint dans ce « carbet » pourri où je croupissais depuis le matin, enlevé, en plein centre de Cayenne, par deux énergumènes encagoulés.
Planté sur le seuil du rudimentaire abri, ses deux énormes paluches agrippées au ceinturon, il m’avait tranquillement considéré, goguenard, avant de se décider à trancher mes liens et à attaquer, à la bombe, le nuage de diptères géants qui me butinait l’allergie. Képi ratatiné au fond de sa pirogue de patrouille, chemise déchirée et tachée de sang, joue profondément entaillée du sourcil droit à la moustache, le maréchal des logis-chef Lemoine empestait la vase.
Sans un mot, je l’avais suivi, les jambes flageolantes et la tête en calebasse, jusqu’au « dégrade » aux pierres gluantes de moisissures. Pas âme qui vive à des lieues à la ronde. Pas même un ara ou un singe araignée égaré dans cette boucle de Maroni aux eaux épaisses de limon.
Nous étions restés là, de longues minutes, immobiles et silencieux comme deux Wayanas guettant les esprits du fleuve. J’avais envie de vomir. Ce gendarme crotté tirant sur sa Gitane maïs, ces berges écœurantes de verdeur, ce pays bouffé par la vermine et la rouille, ces odeurs d’humus et de fiente : quel dégoût ! Comment avais-je pu, à ce point, me laisser berner ?
Cigarette écrasée, il avait levé vers moi sa face lunaire de gaulois blond.
— Bon… Je vous raccompagne à Maripasoula ? m’avait-il proposé, le sourire en coin, lorgnant vers son embarcation à moitié coulée, le bordé droit défoncé sur toute sa longueur.
Bien sûr, le mieux eût été de serrer les dents. Seulement voilà : j’avais les poignets en sang, le visage en feu et la curiosité à vif.
— Nom de Dieu, Lemoine ! Vous vous prenez pour qui ? Vous ne croyez pas que vous vous êtes assez foutu de ma gueule comme ça ?
Candeur faite homme, il arrondit les lèvres :
— Moi ? Je croyais vous rendre service…
— Service ? Quel service ? ça va bientôt faire trois mois que vous me salopez la procédure ! Inutile de vous dire que l’affaire ne s’arrêtera pas là ! Votre copine ethnologue s’en sortira peut-être, mais pas vous ! Je vous le garantis !
— Passer, en une matinée, de brebis galeuse à bouc émissaire ! Fulgurante promotion !
Il finassait, l’insolent ! Autant suspendre provisoirement les hostilités.
— Bon. Oublions un instant qui vous êtes et qui je suis… D’accord ?
— No problemo ! ça ne devrait pas être trop dur : même madame votre mère ne vous reconnaîtrait pas !
— Arrêtez vos conneries, Lemoine ! Je pourrais encore adoucir ma sanction si vous vous montriez enfin raisonnable. Pourquoi ne pas tout me raconter depuis le début ?
— Rien ne me soulagerait davantage ! Mais ça risque d’être un peu long. Vous ne voudriez tout de même pas passer la nuit ici ?
— Allez-y ! Ajoutez le chantage à la rébellion !
— Je ferais mieux de filer dare-dare, insista-t-il, affermi par ma lividité. Je m’arrête au premier poste et je vous envoie un zodiac…
— Vous pourriez au moins me donner le mobile de tous ces crimes !
— Le mobile ? Parce que vous croyez que je le connais ?
— Je ne le crois pas, Lemoine ! J’en suis absolument certain ! Alors ?
Pour toute réponse, il entreprit de fouiller les poches de son short crasseux pour en extraire une minuscule chose – un éclat de métal jaune – qu’il me colla d’autorité dans les mains avant de dévaler la berge et, avec une incroyable souplesse, de sauter dans sa pirogue.
— Le moteur est naze, mais j’aurai le courant pour moi ! me lança-t-il, aviron brandi, en écrasant de son pachydermique postérieur le banc coulissant bricolé par ses soins. Dans une heure au plus tard, Inch’Allah, mes collègues vous auront sorti de là.
— Lemoine ! J’attends toujours vos explications !
— « Cherchez et vous trouverez ! », comme dit l’Evangile ! Le cerveau, c’est bien vous, non ?
— Fils de pute ! grommelai-je.
Vanné, je me laissai lourdement tomber, accroupi, dans la fange moussue. Mon costume de toile blanche eût fait honte à une serpillière.
Le clapotis des pales s’était rapidement dissous dans le silence bruissant de la forêt et le découragement ne tarda pas à rogner ma fragile détermination.
Ma planche de salut ne pesait que quelques grammes et roulait, toute entière, entre mon pouce et mon index : une pépite en forme de papillon !
 
Qui de sensé aurait pu concevoir le projet d’assassiner et de mutiler quatre personnes à seule fin de s’emparer d’un aussi piètre butin ? L’invraisemblance tutoyait ici l’énormité ! Quelque chose m’avait forcément échappé. Un détail que cet homme des casernes avait été le seul à saisir.
Les fesses mouillées, l’estomac noué et les tempes martelées par une épouvantable migraine, je me recroquevillai sur ma haine. Le colosse aux yeux de veau qui avait compissé ma dignité ne l’emporterait pas en paradis. Il pouvait bien garder ses petits secrets ; jusqu’à preuve du contraire, c’était encore moi qui menais la danse et, tôt ou tard, il l’apprendrait à ses dépens.
La nuit était tombée avec cette morbide célérité que lui confèrent les tropiques. Une nuit noire et moite qui vous collait à la peau et au cœur.
Le zodiac promis se faisait attendre.
D’une main gourde, je saisis le calepin qui gonflait la poche intérieure de ma veste et, à la lueur vacillante de mon briquet, me mis à griffonner. Il me fallait prendre date. Des semaines, des mois ou des années plus tard, lors de la grande confrontation, rien de ce qui s’était passé ce mercredi 23 octobre 1991 ne serait effacé.
 
 
 
2
 
Cinq ans plus tard…
Juliette
Quelque part au-dessus de l’océan Atlantique. Dimanche 13 avril 1997, 3h42
Qu’avaient-ils mis dans le goutte-à-goutte de ma perfusion pour me brouiller ainsi la vue ? Du terre-plein où attendait l’hélicoptère, je n’étais parvenue à discerner, dans la stroboscopie des gyrophares, que l’improbable et phallique silhouette d’une cheminée d’usine ! En pleine mer ! A des années lumière de la première zone industrielle !
Quant aux individus chargés de mon transfert, je ne me souvenais déjà plus que de la forme ronde de leurs badges et des bandes réfléchissantes qui leur barraient le dos.
Impossible de me rappeler comment je m’étais retrouvée ficelée sur cette civière. L’homme en blouse blanche, dont seule la barbe curieusement taillée dansait encore devant mes yeux, avait bien fait les choses. Ma mémoire immédiate s’effaçait au fur et à mesure laissant le champ libre à une avalanche de vieux souvenirs aussi inutiles qu’encombrants.
* * *
David. Le beau David ! Pourquoi était-il le premier à surgir de ces brumes artificielles ?
Quand, au début de l’hiver précédent, il m’avait gentiment draguée pour en arriver, en tapinois, à me laisser en tête-à-tête avec son copain aux lunettes sales et au menton fuyant, j’en avais éprouvé moins de désappointement que de gratitude. Quelle idée avais-je eu de tout abandonner pour tenter ma chance à Paris ? Sans amis, sans famille, j’étais complètement perdue. Une relation, même bancale, m’aiderait à tenir.
J’avais donc simulé un semblant d’attirance pour Pascal.
Notre première nuit fut horrible. Toute pudeur jetée aux orties, je dus me violer pour le déniaiser. Deux semaines d’acharnement parvinrent tout juste à vaincre ses inhibitions. Mais la tendresse de notre relation compensait son absence de p

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