La Morsure d’Hadès
228 pages
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La Morsure d’Hadès , livre ebook

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Description

Dans un futur proche. Au sein de la jungle congolaise, une équipe de chercheurs chinois rentre en contact d’un virus contagieux, générateur d’une fièvre hémorragique létale, semblable à Ebola. Toutefois, plutôt que d’imposer le confinement et la quarantaine, les autorités chinoises encourageront, au sein du camp, la transmission et la propagation du mal. Leur but ? Ramener un groupe de malades et élaborer à partir de ce panel un traitement qui impressionnera la communauté internationale en témoignant de leur formidable avancée dans le domaine de la génétique. Bien sûr, il faut pour cela que la souche s’étende au monde... Et, alors qu’elle flirte avec la pandémie, joue à l’apprenti sorcier les yeux vissés sur son microscope, l’humanité ne se rend pas compte que sa fin pourrait venir d’ailleurs...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748373493
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Morsure d’Hadès
David Lecarm
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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La Morsure d’Hadès
 
 
 
à Magaly
 
 
 
 
 
 
Phil Sanders vérifia une dernière fois le réglage de la monture équatoriale. L’appareil photo numérique serait bientôt exposé à la lumière des étoiles, et transférerait immédiatement ses données vers l’ordinateur portable, posé sur une simple table de camping, à un rythme qui ne cessait de l’étonner. C’était un simple travail d’amateur, mais Phil commençait à être connu dans le petit monde de l’astronomie australienne.
Un peu plus tôt, il avait arrêté son vieux 4x4 au bord d’une petite rivière, sous les eucalyptus. Profitant des derniers rayons du soleil, il avait dressé un grand feu de bois en regardant les chevaux sauvages jouer et se désaltérer sur la rive opposée. Puis il avait admiré la lumière bleutée du soir envelopper les collines jusqu’à les rendre irréelles, en sirotant une Victoria Bitter tandis que sa viande et son pain cuisaient dans les braises.
Pour lui, la photographie stellaire était avant tout une excellente raison de passer ses week-ends dans le désert. Il s’y sentait chez lui. C’était même le seul endroit où il lui semblait retrouver une espèce d’harmonie originelle entre l’humanité et la planète qui l’abritait, la nourrissait et la soutenait.
Le ciel n’était évidemment pas aussi limpide que celui des déserts andins, au-dessus de ces sommets aseptisés où siégeaient les grands observatoires internationaux. Mais ici au moins, à quelques dizaines de kilomètres d’Alice Spring, la vie était partout pour qui savait regarder. C’est ainsi que la journée, ce même appareil photo pourrait saisir tout autant les rongeurs qui s’affairaient dans les roches au petit matin que les troupeaux de chameaux dont la course soulevait des nuages de poussière rouge.
L’acquisition avait commencé depuis maintenant dix-huit minutes. Avec un peu de travail, le surlendemain, la combinaison des quelques deux mille photos révèlerait une image galactique d’un remarquable contraste. Mais la force de l’instant était ailleurs, dans la magie presque palpable de cette terre. L’odeur de l’air, le bruissement des feuillages, la pâleur des troncs d’arbre à la lumière des étoiles, le rougeoiement des braises du feu de bois mourant, tout concourait à rapprocher l’âme de l’univers, comme en écho aux traditions des tribus aborigènes. Ce long week-end prenait fin. Dans quelques heures, avec l’arrivée de l’aube, Phil repartirait vers Alice, puis vers Sydney qu’il atteindrait en fin de matinée.
L’ultime séquence de prises de vues arriva à son terme. Il laissa longuement chaque fragrance, chaque lueur de la nuit et chaque soupir du vent pénétrer au plus profond de lui-même.
 
Son appartement, sur la rive nord de la baie de Sydney, offrait une vue splendide sur le ballet des ferries. Si la nacre des coquilles de l’opéra lui était en partie masquée par la grande arche du Harbour Bridge, il pouvait à loisir contempler les gratte-ciel du centre ville tandis que la chaleur de l’été pénétrait par la grande baie vitrée entr’ouverte.
Depuis quelques minutes cependant, assis sur le bord de son canapé, Phil arborait un air soucieux. Si les séries de photos étaient d’une qualité très satisfaisante, l’avant-dernière d’entre elles posait problème. La galaxie visée trônait comme prévu au centre de l’écran, d’une parfaite netteté, mais l’une des étoiles, une géante bleue située en avant-plan, manquait, et ce sur chacune des photos de la longue séquence d’acquisition. Il regretta presque la qualité de la monture, qui avait parfaitement corrigé le mouvement terrestre, l’empêchant ainsi de savoir si c’était le capteur qui était endommagé. Apparemment, les photos prises de jour ne souffraient pas de ce défaut mais l’électronique de l’appareil, qui retravaillait en temps réel les fichiers image, pouvait masquer le problème. Peut-être devrait-il emprunter un deuxième appareil à l’un de ses amis du club, pour être sûr de ne pas perdre plusieurs nuits de photos lors de sa prochaine virée.
Peu importait. Ce week-end, dans cette compétition esthétique amicale, c’était le Soleil qui l’avait emporté sur les étoiles, grâce à la superbe photo d’un jeune wallaby savourant la douce chaleur du soir sur le flanc d’un petit canyon, dressé sur des roches couleur rouille, à quelques centimètres d’un tronc d’eucalyptus d’un blanc immaculé.
* * *
Yuan Li aussi aimait les animaux. Mais les mammifères auxquels il avait consacré ses dernières années d’étude volaient plutôt qu’ils ne sautaient. Quelques mois plus tôt, il aurait très bien pu croiser Phil à deux pas de l’opéra, sous les grands arbres des parcs de Sydney qu’il parcourait le nez en l’air, appareil photo en bandoulière et carnet à la main. Après avoir arpenté presque toute la Chine à la découverte des espèces locales, il avait en effet pu obtenir un stage d’un trimestre à l’université de Nouvelles Galles du Sud pour observer les rassemblements de chauves-souris en milieu urbain. Il avait regagné la Chine sans regret, mais ces quelques semaines passées dans ce qu’il savait être l’une des plus belles villes du monde lui laissaient un souvenir vif, tinté d’un brin de nostalgie.
Depuis que les chauves-souris avaient été identifiées comme étant le principal réservoir du SRAS, de nombreux scientifiques se concentraient sur l’étude de leur système immunitaire. La découverte qu’elles étaient aussi porteuses du redoutable virus Ébola, périodiquement responsable de poussées de fièvres hémorragiques à la fois mortelles et très contagieuses, semblait quant à elle intéresser au plus haut point les médecins et biologistes chinois.
Lorsque le ministère de la défense avait décidé le recrutement de naturalistes spécialisés, le jeune docteur avait présenté sa candidature. A sa grande surprise, il fut immédiatement sélectionné, en dépit de son bref passage à l’étranger et de son absence de lien avec le parti communiste. C’est ainsi qu’en ce mois de mars, il avait abandonné avec un mélange de plaisir et d’excitation le froid glacial qui enveloppait les collines du nord de Pékin, pour s’immerger dans la chaleur moite de la jungle gabonaise.
Avec la bénédiction du gouvernement local, dont l’économie dépendait pour une très large part du soutien chinois, un petit camp avait été établi en pleine jungle, dans un recoin isolé de la vallée de la rivière «  Como  ». Celui-ci était à une demi-journée de mauvaise piste de Libreville, centre économique du pays et ville côtière et aéroportuaire la plus proche. Bien sécurisé en raison de l’instabilité chronique de la région, disposant d’excellentes liaisons de données avec la Chine, le camp était largement autonome, ses personnels chinois n’en sortant qu’une à deux fois par mois pour s’aérer en ville. Seuls les employés gabonais, systématiquement accompagnés d’un membre de la sécurité, faisaient les indispensables allers et retours pour aller chercher nourriture et matériels, lorsque les pluies ne rendaient pas les gués infranchissables.
 
Ce matin-là, Yuan longeait les contreforts d’une petite montagne rocailleuse. Bien que le Soleil fût encore bas sur l’horizon, la température n’allait pas tarder à devenir pénible. Heureusement, les lianes et fougères qui prospéraient au fond de la vallée étaient ici beaucoup moins denses et la progression était relativement rapide, même si la dernière courte averse avait laissé un sol un peu glissant. Une légère brume montait de la rivière, conférant à l’étroit canyon des airs de matin du monde.
Outre Yuan, deux guides gabonais et une biologiste chinoise formaient l’expédition. Le rendez-vous avec le 4x4 était fixé en fin d’après-midi, à proximité d’un gué dont les coordonnées avaient été soigneusement rentrées dans le navigateur. Les observations des satellites radars avaient permis la réalisation d’une cartographie numérique précise du secteur, et le petit boîtier, qui affichait leur position sur un fond de carte en trois dimensions, s’était immédiatement révélé indispensable.
Ce que les satellites ne montraient pas, en revanche, c’était les grottes. Pour un marcheur à la recherche de chauves-souris, l’observation, l’expérience et l’instinct restaient donc indispensables. Yuan avait eu l’intelligence d’ajouter une solide compétence de terrain à ses connaissances théoriques et, s’il n’était pas spécialiste de la jungle, ses facultés d’adaptation, son efficacité et sa passion avaient conduit le chef du camp à rédiger un rapport plus qu’élogieux. A condition de se rapprocher un peu du parti, sa carrière universitaire semblait bien partie.
 
La concentration des déjections, que Yuan s’enorgueillissait de détecter avant les guides, s’accroissait depuis peu. Après quelques dizaines de minutes, des touffes de poils accrochées aux branchages semblèrent désigner en contrebas une petite falaise, camouflée derrière une végétation un peu plus dense. Avec précaution, en s’agrippant aux rochers et aux racines, l’un des guides explora les environs à la recherche d’un passage praticable qui leur éviterait de pénétrer trop profondément dans la végétation. Les serpents locaux, relativement venimeux, n’étaient ni curieux ni agressifs, mais ils n’aimaient pas être dérangés. Au bout de quelques minutes, le Gabonais suggéra un itinéraire qui imposait une descente en rappel de quelques mètres. Rien s’insurmontable, d’autant qu’elle était à l’ombre, ce qui faciliterait la remontée.
Encore dix minutes, et Yuan se laissait basculer vers le vide, les pieds bien à plat sur la paroi

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