La Morale dans les relations internationales
154 pages
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La Morale dans les relations internationales , livre ebook

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Description

Simples rapports de forces, les relations internationales ? La chute du Mur a miné cette certitude. Un nouvel idéalisme international est apparu. Illusion angélique, parenthèse éphémère ou pragmatisme moral ? La morale peut-elle triompher sur la scène internationale ou bien ses manifestations ne sont-elles qu’illusions et bonne intentions ? Ce livre s’interroge sur la nature profonde des changements normatifs introduits à la fin du XXe siècle et donne aussi des éléments de réponse pour prendre position au regard d’une question dictée par la peur : le tournant du 11 septembre 2001 aurait-il jeté aux oubliettes l’espoir d’un monde meilleur réapparu dans les années 1990 ? Docteur en sciences politiques, spécialiste de l’éthique des relations internationales, Ariel Colonomos est chercheur au CNRS affilié au CERI (Centre d’études et de recherches internationales) et maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris. Il est en outre professeur invité à l’Université Columbia de New York.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 janvier 2004
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738183408
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ARIEL COLONOMOS
LA MORALE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES
RENDRE DES COMPTES
 
© Odile Jacob, janvier 2005 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8340-8
www.odilejacob.fr
Table

Introduction
Égoïsme ou moralisme ?
L’après-guerre froide et l’après-11 septembre
Se justifier à l’heure de la mondialisation
I. Une rupture morale ?
Chapitre premier. Les années 1990
De l’ami au partenaire, de l’ennemi au paria
De nouveaux protagonistes
La demande morale
Une hégémonie américaine
Le monde va-t-il devenir protestant ?
La mondialisation des idées
La révocation de l’infaillibilité étatique
Responsable au nom de ce qui aurait dû avoir lieu
Chapitre II. Est-il honteux d’être cyniquement réaliste ?
Qu’est-ce qu’une pensée réaliste ?
Le réalisme est-il une philosophie ?
La fausse objectivité du réalisme
La mise en examen du réalisme
Qui a gagné la guerre froide ?
Une victoire morale pour le libéralisme ?
Juger la décision
L’accusation morale
II. La morale en action
Chapitre III. La critique réenchantée du capitalisme
L’ère de la moralisation du capitalisme ?
Les intérêts et les valeurs
L’économie comme « science morale »
Une vision morale de l’efficacité : la fiabilité
La honte de l’égoïsme
Un regard moral sur l’interdépendance économique
La mobilisation libérale
La valeur mondiale de l’exemplarité
Le réenchantement du monde
Chapitre IV. Quelle justice pour les sanctions économiques ?
La longue histoire des sanctions économiques
Pourquoi a-t-on recours à l’embargo après la guerre froide ?
Les attentes morales et politiques
Des expériences douteuses
Le calcul hasardeux de l’embargo
L’expertise
L’évaluation morale des embargos
La raison critique imaginative ?
Le partage de la responsabilité ?
Est-il légitime de punir pour éduquer ?
Grotius réinventé
La vérité des sanctions
Chapitre V. Peut-on réparer les injustices historiques ?
Napoléon, Wilson et Keynes : une affaire d’États
Réparer les réparations
La dénonciation
Les campagnes de la honte
Le mariage de l’avocat et de l’historien
La violence du dévoilement
La neutralité n’existe pas
L’éphémère retour des États
« Le criminel ne saurait profiter de son crime 31 . »
La compensation financière d’un crime plus ancien
Les incertitudes du calcul de la peine
Les réparations de la troisième génération ?
Chapitre VI. La peur de rendre des comptes et le calcul de l’inestimable
La mort, une question réaliste ?
La transcendance de la raison patriarcale
Les trois critiques de la raison réaliste
La mort est-elle dangereuse ?
Qui a peur de l’au-delà ?
Le crépuscule des dieux
Le glaive et le caducée
III. Les deux défis
Chapitre VII. Les partages de la responsabilité
La scène de la justification
L’édifice de la moralité
Quelle responsabilité ?
Les usages de la matérialité
L’être au monde
Chapitre VIII. Le cosmopolitisme a-t-il un avenir ?
« L’inkantation » du monde
La modernité du passé
Les univers du réenchantement
L’éloge de la modernité
Cosmopolitisme et puissance
Les passeurs du cosmopolitisme
Conclusion. Le révolutionnisme pragmatique
Du romantisme au révolutionnisme
Révolutionnisme et pragmatisme
Le savoir moral
L’ignorance est-elle immorale ?
Pour un relativisme de la justification
Notes
Index des noms
Index des thèmes
Remerciements
 
Cette réflexion est le résultat de plusieurs années de recherches. Elle n’aurait pas vu le jour sous la forme de cet ouvrage sans le soutien de plusieurs institutions, elle n’aurait pas abouti sans les encouragements, les suggestions et les critiques constructives d’un grand nombre de personnes.
Le CNRS est un cadre idéal pour mener à bien un tel projet. Il donne une grande autonomie aux chercheurs qui ont la latitude nécessaire pour se lancer dans une « course de fond » aux multiples épreuves. Il encourage par ailleurs les échanges interdisciplinaires et collectifs qui viennent compléter le travail individuel. Le CERI et Sciences Po ont aussi soutenu ce travail en finançant les séjours réguliers à l’étranger, principalement aux États-Unis, indispensables pour réaliser les quelque 150 entretiens traités dans cet ouvrage. Que les personnes ayant accepté de répondre à mes questions – avocats, humanitaires, fonctionnaires d’organisations internationales, diplomates, hommes ou femmes de Dieu, dirigeants de mouvements sociaux, leaders communautaires, cadres d’entreprises, lobbyistes, consultants, journalistes, intellectuels – soient ici remerciées. Pour des raisons qui tiennent autant au confort du lecteur qu’à la volonté d’anonymat de certains de ces interlocuteurs, la référence aux entretiens n’apparaît pas dans le corps du texte.
Le travail en équipe, la bouffée d’air frais et l’ouverture qu’il apporte, est le complément idéal de l’exercice de longue haleine d’une recherche individuelle. En 1999, une Aide à Projet nouveau financée par le CNRS m’a donné la possibilité d’organiser une réflexion collective sur les « civilités mondiales », qui a débouché sur un colloque organisé au CERI en 2002 et la publication de ses actes dans le Journal of Human Rights . Les travaux de ce groupe ont stimulé ma propre recherche individuelle. Un deuxième colloque organisé au CERI en 2004 sur la « moralisation du capitalisme » m’a aussi ouvert de nouvelles perspectives. Je tiens à remercier le CERI, la Caisse des Dépôts et Consignations ainsi que le cabinet Daan pour l’accueil réservé à cette manifestation et leur soutien financier.
L’ouverture au collectif que représente l’enseignement a été extrêmement bénéfique. Ces dernières années, j’ai été en contact à Sciences Po avec des étudiants le plus souvent motivés et intéressés par l’international et sa dimension morale. Travailler avec eux dans des cours de philosophie et d’éthique des relations internationales a été un grand plaisir.
J’ai eu la possibilité de mettre à l’épreuve de la discussion et de la critique mon analyse lors de séjours dans des universités américaines, à Princeton en 2001-2002 et à Berkeley au printemps 2004. La fondation Fulbright, le Center for European Studies, chaleureusement dirigé par Ezra Suleiman à Princeton, et le CNRS ont accueilli mon projet et l’ont soutenu.
Au cours de ces séjours, plusieurs collègues et amis ont rendu ces débats tout particulièrement vivants. J’ai eu beaucoup de chance en faisant la connaissance de David Jacobson, Daniel Levy, Simon Reich, Valérie Rosoux, Ruti Teitel et John Torpey qui sont devenus des interlocuteurs fidèles. Lors d’un colloque organisé dans le cadre enchanteur de la Villa Serbelloni à Bellagio, financé par la prodigue fondation Rockefeller, j’ai bénéficié des remarques attentives et avisées de Robert Keohane et Steve Krasner. Ce livre accorde une place importante à une question à la croisée de la philosophie et des sciences sociales : l’histoire contrefactuelle. Je suis reconnaissant à Avishai Margalit d’avoir attiré mon attention sur cette dimension passionnante des sciences humaines. En l’espace d’une très utile discussion, il m’a montré que j’avais été jusqu’alors un Monsieur Jourdain du contrefactuel. Il ne me restait plus qu’à explorer cette vaste question, cela m’a pris bien plus longtemps.
Je tiens à remercier chaleureusement Michel Crépu et Guillaume Erner pour leur amical soutien et leurs commentaires toujours sympathiques et personnalisés, Pierre Grosser pour ses réponses méticuleuses et patientes aux questions plutôt naïves que je lui adressais en matière d’histoire, Cédric Terzi pour l’apport de ses lumières en matière d’or nazi, de banques suisses et de spoliations. Le travail réalisé en compagnie de Javier Santiso dans le domaine économique et le partage des connaissances sur lequel il repose ont été très instructifs. L’humanisme et le savoir de Pierre Hassner ont beaucoup compté dans la progression de mon travail. Le livre prend pour point de départ la chute du mur de Berlin, j’y développe certaines idées apparues en germe en suivant son cours de philosophie politique à Sciences Po en 1990. Dans la phase finale de la rédaction et de la reprise de certains passages du manuscrit, les échanges avec Patrick Pharo et la participation à son séminaire ont été tout particulièrement bénéfiques. Je tiens à exprimer ma gratitude à Antoine Garapon et Olivier Mongin pour leur disponibilité et leur soutien qui ont été, à tous les sens du terme, critiques dans la mise en forme de ce texte. J’ai beaucoup appris à travers leurs remarques et leurs lectures attentives du texte qui a précédé la version finale de ce livre. Les éditions Odile Jacob ont accueilli avec beaucoup d’entrain mon manuscrit, ce qui a été une dernière touche très positive dans la (longue) recherche d’interlocuteurs que représente tout projet intellectuel.
Enfin, Muriel Bienvenu a accompagné de son regard proche et distancié la mise en place de ce livre en contribuant à sa façon à rendre cet exercice joyeux. Il me faut en dernier lieu remercier ceux qui dès mon plus jeune âge ont éveillé ma curiosité à une des dimensions centrales de ce texte : le monde comme lieu d’échange des obligations qui comptent. Dans leur travail d’éducateurs, mes chers parents n’ont pas manqué d’ouvrir ce chapitre international.
Introduction
 
La politique internationale a été identifiée à un jeu de puissance amoral basé exclusivement sur la force. Cette vision du monde marque profondément la guerre froide, un temps où mieux valait avoir tort avec Henry Kissinger que raison avec Mère Teresa. La chute du Mur mine la force de cette certitude aveugle. Elle transforme radicalement la traditionnelle vision des protagonistes de la politique internationale, tout comme elle influe profondément sur l’analyse de ses experts. Elle a pour effet d’éveiller un autre discours et d’orienter d’autres pratiques.

Égoïsme ou moralisme ?
En premier lieu, s’impose un constat. Il existe un parallèle entre le bilan politique

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