La Minute sublime
122 pages
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La Minute sublime , livre ebook

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Description

Qu'est ce que la Minute Sublime ? C'est la question à laquelle va réfléchir Luigi Romanelli ou plutôt Louis Romains. Un jour effectivement il mettra la main sur de mystérieux cahiers intitulés "La Minute Sublime". Il attribuera ses écrits à la bien-aimée de se jeunesse, une femme toute aussi mystérieuse, Julia. Avec son ami Gédéon, il tentera de mettre en pratique les philosophies de la minute sublime mais celui-ci reste sceptique. Louis sera en quelque sorte le ralbologue de toute la Compagnie des Bulles et sa relation avec Wanda prend le sens qu'il souhaite. Mais en fin de compte tout ce qu'il pouvait éspérer avant semble aujourd'hui être désuet vu sous l'angle de la philosophie qu'il lui a été proférée et qu'il enseigne désormais...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748376883
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Minute sublime
Alain Seyfried
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Minute sublime
 
 
 
Un Français est un Italien de mauvaise humeur.
Jean Cocteau Alla Principessa, da parte del Governatore
 
 
 
1
 
 
 
Un beau matin, en vous réveillant, il vous arrivera certainement ce qui m’est arrivé il n’y a pas si longtemps.
Vous serez sur le dos. Les premières lueurs de l’aube commenceront à rosir les murs et le plafond de votre chambre. Dans son gargouillis amical, la machine à café programmable répandra, depuis le rez-de-chaussée, son arôme envoûtant d’arabica. Du bout du pied, vous soulèverez un instant la couette pour qu’une bouffée d’air frais vienne lentement se réchauffer le long de votre corps. Il fera bon.
Et brusquement…
Brusquement, vous vous direz que ça va comme ça.
Vous ouvrirez alors sous l’escalier un grand placard sombre dans lequel vous entasserez, bien serrées, toutes les mistoufleries de l’existence. Vous le refermerez à double tour. Vous glisserez la clef dans votre poche. Et vous vous sentirez soudain beaucoup plus léger.
En tout cas, c’est tout ce que je vous souhaite.
Surtout si, comme moi, vous vous apercevez ensuite qu’il vous suffit d’appliquer tout bonnement les principes de la Minute Sublime pour prendre votre vie en main une bonne fois pour toutes et parvenir enfin à la sérénité.
Vous ne me croyez pas ?
Non ?
Alors détendez-vous, calez bien votre livre devant vous, et laissez-vous aller. Le temps pour moi de m’installer dans mon fauteuil Voltaire favori, le temps de tirer tranquillement deux ou trois bouffées de ma bonne vieille pipe d’écume vers les moulures du plafond, et je vais tout vous expliquer.
* * *
Je m’appelle Luigi Romanelli. Enfin, ça, c’est mon vrai nom, celui que j’ai reçu quand je suis né, là-bas, à Sartorese, une petite île française perdue quelque part en Méditerranée, entre l’Afrique et l’Italie. Parce qu’ici en France, on me nomme Louis Romains.
Plus smart, n’est-ce pas ?
Du plus loin que je me souvienne, lorsque j’étais enfant, le ciel était presque toujours bleu. Le soleil venait repeindre chaque soir les façades colorées des maisons du port, et le rire des mouettes se mettait alors à résonner dans toutes les ruelles.
Voilà pourquoi personne n’était jamais triste.
Et voilà pourquoi l’unique préoccupation des Sartorésiens était de rechercher la beauté et les plaisirs de la vie. Les grands plaisirs, bien sûr, mais aussi les petits : le tintement d’un glaçon dans un verre ; la fraîcheur de l’ombre ; la chaleur du feu de bois ; la conversation sous un feuillage ; ou tout simplement la lecture sur le sable tandis que les vagues s’abandonnent sur la grève en murmurant et que, peu à peu, le marchand de beignets vous enveloppe d’odeurs chaudes et sucrées.
Ne croyez pas que, l’âge et la nostalgie aidant, je brosse un tableau idyllique et trompeur des années révolues. Ni que les difficultés, les peines ou les chagrins m’aient toujours été épargnés. Non. Disons plutôt que je plaçais moi aussi les plaisirs au-dessus de tout le reste et que s’il me fallait, pour y goûter, traverser des pays d’efforts, de larmes ou de douleur, toutes ces vicissitudes n’avaient à mes yeux que très peu d’importance : ce n’était là qu’un simple droit de péage.
A cette époque, si vous m’aviez suivi à la sortie de l’école, vous m’auriez certainement aperçu, cartable au dos, descendre sans perdre une seule minute vers les ruines romaines de Rivalba. J’y connaissais une salle secrète, bien cachée sous un amoncellement de ronces. Là, sur le mur qui me faisait face, une large ouverture laissait apercevoir la mer. A sa droite, miraculeusement conservée, se dressait la statue de Julia. Ma Julia. Du moins était-ce ainsi que j’avais nommé cette grande dame au visage impassible et aux yeux mystérieux, dont on pouvait imaginer les formes émouvantes sous les plis du vêtement.
En devinant son sein droit qui gonflait légèrement l’étoffe, en admirant sa chevelure sagement tressée, en scrutant son regard ou le galbe de ses jambes, je partais dans d’interminables songes. Sans un mouvement.
Et cette contemplation qui me transportait en silence à travers les siècles pouvait durer jusqu’à la nuit. Je respirais alors avec ma belle romaine le même air marin. Nous partagions la même rêverie.
Il m’arrive encore aujourd’hui, en fermant les yeux, de me retrouver avec Julia et de lui parler. Il y a la pénombre. Il y a l’échancrure de la fenêtre. Il y a les vagues dansant éternellement dans leur encadrement de pierre.
— Pulcherrima Domina.
— Très bien, Luigi, disait mon professeur de latin. « La très belle dame ». Ah, si tu étais aussi bon dans les autres matières !
Il est vrai qu’à l’époque le cher maître ne pouvait pas encore connaître la suite de mon histoire, bien sûr : ni notre départ précipité de Sartorese ; ni mon arrivée chez les Septentrionaux de Paris et la vie étonnante que j’ai été obligé d’y mener durant tant d’années en dissimulant soigneusement mes origines ; ni mon retour sur les bords de la Méditerranée, ici, à Marseille ; ni, surtout, la lecture du fameux manuscrit de la Minute Sublime qui m’a révélé tous les secrets de la sérénité.
Car pour l’heure je me contentais de m’abreuver de littérature antique. Je découvrais Sénèque, Plutarque, Ovide… Pour l’heure je n’étais qu’un petit garçon recroquevillé dans la pénombre d’une villa romaine, le regard levé vers Julia, Pulcherrima Domina, qui regardait avec moi la mer par la fenêtre.
 
 
 
2
 
 
 
Chaque samedi matin, depuis que je suis à Marseille, j’ai pris l’habitude de faire une promenade à pied. Je descends l’impasse des Mouettes, je longe l’avenue des Iris, et je débouche dans les quartiers du bord de mer.
Place des Oursins, l’ombre est tout de suite amicale. Elle vous prend tranquillement par les épaules et elle vous emmène. Sans le vouloir vraiment, vous vous laissez entraîner, nonchalant, traversant les ruelles et leurs rais de lumière, enjambant les caniveaux, longeant les trottoirs, et vous vous retrouvez immanquablement rue des Trois Odeurs, sur le seuil du Bar de la Rascasse qui n’a pourtant de rascasse que le nom et où, au contraire, les coussins sont moelleux, la pénombre accueillante, et le comptoir délicatement patiné.
En réalité, dans les premiers temps, et puisqu’il me faut pousser l’aveu jusqu’au bout, je ne venais en ce lieu pittoresque que dans l’espoir, rarement déçu, d’y rencontrer Monsieur Kézako, dit « le Professeur ».
Que Monsieur Kézako fût professeur, tout le monde en effet le pensait. Qu’il l’eût vraiment été un jour, c’est une autre affaire. Toujours est-il que ce personnage amaigri, barbichu, au cheveu rare et blanc, à l’index de la main droite sempiternellement pointé vers les cieux tandis que sa main gauche, repliée sur sa poitrine, se refermait avec conviction sur un inévitable ballon de Côtes-du-Rhône, ce personnage qui passait sa vie à discourir sur tout et sur tous devant un auditoire subjugué, il aurait été véritablement impossible de le concevoir autrement que savant et pédagogue.
— Vos anglo-saxons de mifle, vous ne voyez pas qu’ils vous ont bouffés, bande de mollusques à pétrole ? Ils vous ont d’ailleurs surtout bouffé la cervelle si vous voulez mon avis. Et alors vous, vous restez là à ne rien faire ? La caravane passe et les chiens ronflent ? Pire : vous en redemandez !
Ce jour-là, nous n’étions encore que trois ou quatre, mais, en nous regardant les uns les autres à la dérobée, nous comprîmes instantanément que la séance était commencée, et nous approchâmes d’un seul mouvement nos chaises du tabouret de comptoir sur lequel le Professeur était juché.
— Vous me rappelez ce couple que j’ai connu, des gens on ne peut plus méridionaux au demeurant, mais qui n’avaient de cesse que de se faire passer pour des septentrionaux, parce que le Septentrion, forcément, y a qu’ça d’vrai. « Regardez le teint rose de mon mari cul-depoulisait la dame ; un vrai natif du Limousin ! » Et alors que cette femme était une superbe brune au teint mat, à la peau élastique et au visage dur et fier, la voilà qui s’habillait de pastel, se donnait des gestes lents, et se tartinait la tronche de rouge pâle. Et vas-y que je te propose du thé (du thé !) ; et vas-y que je me fabrique un décor carrément normand, parquets cirés, cuivres astiqués, murs tendus de rose ; et vas-y que je joue à la grande dame, toisant les habitants du cru, pauvres sous-hommes du Midi, gens de peu, minables pour tout dire ! Une autruche qui singe un aigle, ça volera toujours moins haut, n’est-ce pas ? Hé, Madame l’Autruche, pourquoi ne pas le défier à la course à pied, ton aigle ? Pourquoi ne pas jouer sur ton propre terrain ? Hein ? Pourquoi ?
Parce qu’aliénation, messieurs. Aliénation et panurgisme, voilà le diagnostic !
« Alors retenez bien ceci : nous sommes des méditerranéens, bon sang de bois, pas des anglo-saxons ! Laissons-les vivre, certes, mais qu’ils nous laissent exister ! »
« Regardez la télé : on ne demande plus à un compositeur de jouer sa musique, on lui demande combien il a vendu de disques. On ne demande plus à un savant d’expliquer sa découverte, on lui demande combien ça va rapporter. L’argent n’est plus un moyen pour faire des films, des livres, des voitures ou des expositions, ce sont les films, les livres, les voitures et les expositions qui sont des moyens de faire de l’argent. Eh, dites donc, Monsieur Léonard, combien d’entrées ferez-vous avec la Joconde ? »
« Réveillez-vou

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