La Frivolité du chagrin
152 pages
Français

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La Frivolité du chagrin , livre ebook

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Description

Souvent drôle et toujours émouvant, La Frivolité du chagrin évoque l'impact des secrets et silences dans la saga familiale du narrateur. Mais le pire n'est pas toujours au rendez-vous. Le suicide caché de ses quatre grands-parents ? Une incongruité parfois utile dans la vie. Sa mort annoncée dans sa prime jeunesse ? Une bonne école pour apprendre comment fonctionne le cerveau des femmes à travers sa mère à son chevet et qui ne le quitte plus. L'entropie familiale générationnelle ? On n'y prend garde, et un jour, on n'a plus besoin de se fâcher : le vide est fait. La religion catholique vent debout contre le suicide ? Un marketing bâclé au service du maintien de l'ordre.


La Frivolité du chagrin constitue une forme d'oxymore des plus heureux à déguster. La légèreté de l'être et d'être...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342360714
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par Publibook
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
http://www.publibook.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-36070-7

© Publibook, 2022
Du même auteur

Du même auteur
• Une vie peut en cacher une autre Roman (éditions de Mi-vie, 1999)
• Récits proches Nouvelles (éditions Publibook, 2007)
• Tiède respiration d’automne Poésies (éditions Publibook, 2007)
• N’apprends rien d’eux sinon tu vas mourir Roman (éditions Publibook, 2007)
• Dérobade Poésies et photos (éditions Publibook, 2010)
• Émotion verticale Poésies (éditions Publibook, 2010)
• Trop zen pour toi Roman (éditions Publibook, 2011)
• Japping Textes et photos sur le Japon (éditions Blurb, 2012)
• Zigzags d’un homme du monde Chroniques de voyages (éditions Publibook, 2016)
• Face au mur Sur le street art, textes et photos (éditions Blurb, 2020)
• Rikishi, l’homme fort Sur le sumo, textes et photos (éditions Blurb, 2021)
• Cosplay Sur les cosplayers, textes et photos (éditions Blurb, 2021)
Exergue

« Qu’as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ? »
Paul Verlaine
Dédicace

Aux grands-parents méconnus et aux autres…
Prélude
Je sors du bois.
On dirait qu’il en est plus que temps.
Paraît qu’il est vrai que mes grands-parents se sont suicidés, sans compter une charrette d’oncles et de tantes… Jusqu’à la fin de mon adolescence, je n’en ai rien su. Ou si peu. L’omerta de ma mère et de mon père était solide. Deux taiseux sur le sujet. Désir de me protéger ? Trop de douleurs pour eux ? Les deux sans doute. Et pourquoi cette hécatombe dans leur famille respective ? Des familles sans lien, sans lieux communs.
Quand on ne sait pas grand-chose sur un sujet qui nous touche, on remplit les vides par l’imaginaire. Je n’ai pas manqué de le faire avec talent. Puis, plus tard, trop tard, des langues se sont déliées, surtout celle de mon père. Le puzzle a pris forme. Je ne peux assurer que tout est exact. Aux dires, ce sont rajoutés des souvenirs, des témoignages incomplets. Et les miens. Mais la trajectoire est juste et c’est elle qui a influencé ma propre vie.
À présent, je reste le seul vivant à pouvoir relier les fils disparates de cette étrangeté statistique, à défaut d’en fournir un sens.
Jusqu’ici je n’en avais sérieusement parlé à quiconque. Je sors du bois car ma date de préemption approche…
Sans doute ai-je tort de retourner les tombes.
L’avenir le dira.
S’il y en a un !
- 1 -
Un quadruple suicide familial ! Qui dit mieux ?
Une aubaine pour les cœurs sensibles et amateurs de destinées tragiques. Peut-être est-ce de là que me vient le goût des faits divers. Pas les crapuleux, non, mais le destin de gens ordinaires avec leurs sentiments ordinaires, leurs croyances ordinaires et leurs trajectoires qui dévient…
Un quadruple suicide familial.
Dieu sait si je m’en suis servi durant mon adolescence pour faire l’intéressant, ne l’étant pas au naturel, selon moi.
Mais à ma manière, comme d’habitude.
À l’époque, j’ignorais encore que l’épidémie familiale ne s’était pas cantonnée à cet exploit déjà flippant.
Oui, longtemps j’ai ignoré qu’elle n’avait pas fait de quartier, éclaboussant, sans compter, au-delà de mes aïeux proches. Au petit bonheur, le malheur.
Si j’avais connu l’étendue du désastre, peut-être que je me serais tu, allez savoir. Comme d’ailleurs l’a fait tout le monde autour de moi, du premier au dernier cercle. Mais se taire, n’est-ce pas aussi se tuer à petit feu ? Le bon sens et l’expérience n’enseignent-ils pas que quand c’est trop de quelque chose, c’est qu’un ver se régale dans un fruit ? Et dans le cas présent, le fruit malade loge dans les cerveaux de ma famille, dans la pénombre de notre mémoire collective. Quoique le mot collectif ne soit vraiment pas le bon mot.
Jeune homme, il m’arrivait de m’interroger, non sans inquiétude, sur mes propres humeurs. N’étais-je pas trop sombre ? Plombé par l’essence de l’existence ? Sans doute serais-je mort, je le sentais, avant d’atteindre mes vingt ans comme Radiguet ou au pire vingt-quatre ans, comme le poète Lautréamont. Le romantisme consume et tue les jeunes poètes.
Pourquoi avais-je cette idée ?
Voulais-je signifier aux filles qu’il ne fallait pas qu’elles tardent trop à se décider à flirter avec moi ? Imaginais-je que les filles aux mœurs sérieuses que je fréquentais ne pouvait n’être attirées que par un niaiseux ? Évidemment, le résultat était pitoyable, ma niche marketing trop étroite. Des croque-morts de dix-huit ans, ce n’était pourtant pas tous les jours qu’elles en croisaient. La bonne analyse aurait été de se dire que ce marché n’existait pas. Mais je ne possédais aucune des clés de la séduction, ma période la plus longue à côtoyer une femme étant celle passée avec ma mère. J’exclus ma sœur aînée qui me détestait en proportion du temps passé avec ma mère. Je lui rendais bien son mépris, quoique ce soit avec elle que je connus mon premier grand émoi sexuel quand, très consciente, avec lenteur, un jour elle s’exposa, nue comme Ève à la sortie du bain. Sans bouger, elle planta ses yeux dans les miens tandis que ses seins et sa toison magnifiques imprégnaient ma rétine toute neuve de ce type de délit. J’avais quatorze ans, elle dix-sept. Il n’y eut jamais de remake.
Par la suite, je me suis demandé si ma romantique mélancolie n’était pas en lien avec ces suicides familiaux escamotés si longtemps. Cette histoire était-elle là, en embuscade de la moindre de mes névroses ?
Mais j’éludais toujours une auto-analyse plus profonde car il est plus facile de jeter des pelletées de terre sur des terreurs floues que d’y faire face. Surtout à l’adolescence où l’être informe que l’on est a déjà fort à faire avec son propre processus de construction, fait de bric et de broc, ignorant tout de ses potentialités et du moindre de ses talents.
De plus, la statue de commandeur d’un père charismatique et taiseux ne facilitait pas la tâche d’un jeune se sentant bien partout et nulle part. Un jeune qui n’avait pourtant pas la moindre attention d’imiter son intimidant géniteur.
S’il y avait bien dans mon cerveau vaseux quelques bribes de souvenirs pas très nets, ils étaient épars comme une broderie usée dont les fils devenus cassants côtoieraient des couleurs délavées. Ces souvenirs ne faisaient pas sens, m’éloignant de toute curiosité pour une généalogie familiale inconnue. Je regardais devant, juste mes pieds, et jamais derrière car le passé n’ouvrirait – je le supposais – que sur de sombres histoires.
Déjà que les débuts de ma propre vie avaient été chaotiques ! Puis à l’adolescence, personne n’est à l’abri des choix qui se présentent, des rencontres comme des circonstances, comme de la pluie ou du beau temps. L’adolescence… Ce carrefour de vie avait surgi pour moi alors qu’il était presque trop tard : j’avais déjà gâché tant de chances ! Certes, je me donnais des excuses, et des bonnes…
J’avais vécu mon adolescence avec un certain panache, mais si discret que personne ne s’en était aperçu. Pourtant, garçonnet, j’avais été longuement et gravement malade. Et j’étais sorti de cette tranchée, de cette casemate fortifiée au prix d’un énorme effort. Qui le savait ? Qui s’en souciait ? Pour mes parents, cette triste période était finie, derrière eux. Je devais être content. Savaient-ils que pour moi le meilleur avait vécu ? Que je n’espérais rien de bon du peloton du monde auquel je recollais avec peine ?
Du coup, jeune homme, je n’ai eu au fond d’autre désir que de vivre dans l’amitié des femmes et de parcourir le monde. Un psychanalyste aurait tout de suite mêlé ma mère à cette affaire, sachant ce que j’avais vécu avec elle, mais j’avais des parents ignorants de ces rustines et pratiques psychanalytiques. Je me contentais de me sentir mal, ou plutôt mélancolique, et même d’en jouer avec les filles que je rencontrais.
Ma maladie ? Ma famille auto décimée ?
Qu’avais-je à raconter aux filles sur ma vie si ce n’était ce drame étincelant et mortifère d’une triste saga familiale, la maladie ne tentant personne ? Avoir du panache ne consistait-il pas alors à abuser d’un romantisme tragique, arme de séduction massive auprès des filles ? N’est-ce pas l’activité majeure d’un jeune de dix-sept ans, taraudé d’acné juvénile ?
L’adolescence ressemble à un parcours à accomplir les yeux bandés. Au mieux, on n’a aucune expérience de rien et celle des aînés n’a d’autre utilité que de vous embrouiller. Puis, à la hâte d’en sortir, succède le regret de n’y être pas resté, malgré les castagnes, chutes et désespoirs. Car, l’après-adolescence n’est pas non plus une sinécure. Ado, on essaie bien de se créer un semblant de logique de vie, mais, in fine, cet embryon d’être humain en est bien incapable. Sauf dans les familles riches et bien nées où la reproduction des comportements est de règle.
Pour beaucoup d’adolescents, c’est la grande heure des postures, faute d’avoir dégoté un style propre. À dix-sept ans, j’avais choisi un look baudelairien, car le look Victor Hugo, que j’aimais tant pour ses envolées grandiloquentes et majestueuses, d’évidence n’excitait pas grand monde. Quoique, avec un « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne / Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. », certaines auraient pu y être sensibles.
J’aurais tant aimé choisir le look Garcia Lorca, mon poète martyr préféré, mort fusillé à 24 ans, quelle chance, quel romantisme ! Mais il était déjà pris par Dudule, un copain de classe frêle et maladif à souhait. Il ne cessait de le déclamer de sa voix boueuse, tel un mantra étouffé : « […] Et sous la palpitante / constellation des lampes, /tremble sa jupe moirée / entre ses cuisses de bronze… ». « Entre ses cuisses de bronze » : il fallait oser, mais bizarrement, Dudule n’avait aucune ambition de plaire. Avec Rimbaud et son « On n’est pas sérieux qua

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