La Forêt sous la lune
390 pages
Français

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La Forêt sous la lune , livre ebook

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Description

Août 1987. Au cœur de la forêt d'Argonne, un corps sans vie est retrouvé par un randonneur. Manifestement assassiné et rapidement identifié, Paul de Vriendt se révèle être un chauffeur routier, d'origine belge au passé trouble. S'agit-il d'un règlement de comptes lié à un trafic de drogue ? Une vengeance liée aux frasques passées de la victime ? Le crime d'un rôdeur ou d'un proche ? Mais alors pourquoi toutes ces coïncidences avec la pleine lune ? Et que vient faire ce sanglier abattu dans le tableau ? Pour tenter d'y voir plus clair, Nicole Tavier, tout juste sortie de l'école de gendarmerie, devra faire preuve de tact et de perspicacité afin de comprendre les us et coutumes locaux et démêler le vrai du faux. « La Forêt sous la lune » ou un récit patient, mené de main de maître par l'auteur des « Radios de l'automne » et d'« Au fil de l'eau ». Texte à la précision quasi chirurgicale et à la progression méticuleuse, ce roman appartient à ces polars à l'atmosphère immédiatement captivante et dans lesquels on s'immerge avec délice.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 août 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342041507
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Forêt sous la lune
Jean Cheruy
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Forêt sous la lune
 
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
Il faisait lourd en ce début d’après-midi d’août. Il avait déjeuné dans un petit hôtel de Beaulieu-en-Argonne, dans une modeste salle à manger d’où l’on avait une vue assez étonnante, plein sud, sur les dernières frondaisons de la forêt. Le paysage était beau et reposant, avec des lointains bleutés presque effacés par la brume de chaleur. Heureusement, on ne souffrait pas trop de la forte température en marchant sur les petites routes forestières qui, plein nord, le menaient à Clermont où il passerait la nuit.
 
Il aimait aller ainsi, à son pas, dans une complète solitude. Il avançait tranquillement dans des futaies de feuillus alors que la veille il avait longé des plantations de conifères bien entretenues avec des layons coupe-feux tous les cinq-cents mètres. Parfois, il passait dans une flaque de soleil bien vite effacée par l’ombre des arbres qui bordaient le chemin. Tout semblait dormir, sauf les insectes qui ne cessaient de bourdonner. Aucun souffle d’air n’agitait les feuilles des arbres et il eut une soudaine envie de s’étendre à l’ombre, sur la mousse, et faire une sieste. Pourtant il avait fait un déjeuner tout à fait frugal. Il réfréna cette envie en se souvenant qu’il avait encore une bonne dizaine de kilomètres à faire pour arriver au terme de son étape. Tout en continuant à marcher, il aperçut presque fugitivement, dans une clairière sur sa droite, à travers les branches basses, une maison forestière baignée de soleil. Une dizaine de mètres plus loin, il remarqua un sentier qui conduisait à la maison puis reprit sa route, accompagné par quelques aboiements d’un chien qu’il avait dû déranger dans sa sieste. Il remarqua alors, tout en continuant, qu’il avait sans doute plu dans ce coin pendant la nuit car il y avait encore des flaques éparses sur le chemin. Mais maintenant le soleil brillait dans un ciel entièrement bleu et la forêt somnolait.
C’est alors qu’il fut rejoint par le chien, sans doute celui qui avait aboyé lorsqu’il était passé vers la maison forestière. C’était un beau chien-loup qui ne devait pas avoir plus de trois ou quatre ans et qui lui donna l’impression, au bout d’un petit kilomètre, de vouloir l’accompagner. Tantôt il trottinait à côté de lui comme s’il avait accompagné son maître, tantôt il le précédait sur le chemin clair où seules brillaient les flaques d’eau de la nuit et apparaissaient par endroits les taches de soleil. Parfois l’animal se laissait distancer car il avait reniflé une odeur intéressante et s’attardait pour la sentir. Un chien habitué au coin, pensa le marcheur. Ils cheminèrent ainsi de conserve pendant une heure dans la forêt assoupie où seuls continuaient à bourdonner les insectes. Le marcheur, par instants, se demandait ce qu’il devrait faire à son arrivée à Clermont-en-Argonne si l’animal le suivait jusque-là ? Malheureusement, il n’avait pas de collier et il lui faudrait soit le laisser partir, s’il y consentait, soit l’emmener chez les gendarmes. Mais on n’en était pas encore là et il s’assit sur le talus qui, à cet endroit, bordait le chemin et but longuement l’eau tiède de son bidon.
 
Le chien devait comme lui souffrir de la chaleur et avoir les coussinets en feu. Le marcheur fut tout surpris de le voir entrer dans une flaque et en pétrir le fond avec ses quatre pattes, sans doute pour les rafraichir et même les protéger. Il ne pouvait pas en rester là avec l’animal et prenant dans son sac une écuelle en plastique, il la remplit d’eau et la posa à côté du chien qui se mit à laper consciencieusement le liquide pour vider entièrement le récipient. Maintenant, pensa le marcheur, il va venir avec moi jusqu’à Clermont. Il se leva, rajusta son sac et reprit sa route tandis que le chien trottinait à ses côtés, la queue haute, comme pour le remercier de lui avoir donné copieusement à boire et lui faire comprendre que, lui aussi, vivait cette promenade. Seul son museau levé semblait lui permettre de continuer à flairer toutes les odeurs que la forêt, enfin un peu rafraîchie, exhalait maintenant
 
Soudain, le chien partit devant lui en galopant la queue rabattue et disparut à un tournant tout proche. Arrivé à cette courbe qui débouchait sur une ligne droite de presque un kilomètre, le marcheur constata qu’il n’y avait plus de chien. S’étant retourné, il put voir que le chien n’était pas là derrière lui non plus. Après une seconde d’étonnement, car il trottinait encore à ses côtés quelques minutes auparavant, il n’en fut pas moins soulagé car il n’aurait pas à s’en occuper à l’arrivée à son hôtel à Clermont et l’idée du bon bain qu’il prendrait lui donna un regain de vigueur pour finir sa marche. Regardant sa montre, il constata qu’il n’en avait plus que pour une heure et quart à une heure et demie. D’ailleurs la forte chaleur était maintenant passée et la marche en forêt redevenait tout à fait plaisante. Tout en marchant, il se demandait pourquoi l’animal avait ainsi brusquement disparu ? Il se remémora avoir vu sur sa droite, juste après la courbe, l’embranchement d’un layon envahi par des ronces. Le chien avait sans doute flairé quelque animal ou peut-être était-ce un chemin de retour vers la maison forestière qui était sûrement son gite. Il ne chercha même pas à aller voir cet embranchement et continua sa route en pensant à sa prochaine étape.
 
Un hurlement de loup éclata alors dans l’assoupissement des arbres, arrêtant le marcheur, puis le silence revint. Ce long cri modulé, que le marcheur connaissait bien, l’étonnait dans cette forêt d’Argonne d’où les loups devaient avoir disparu depuis un bon siècle. Il reprit sa marche en se demandant pourtant quel animal, par cette belle fin d’après-midi d’août, pouvait ainsi hurler. Et il n’était pas loin du chemin, pensa-t-il. Quel animal ? Brutalement, une pensée lui vint : n’était-ce pas le chien qui l’avait accompagné pendant sa marche qui hurlait ainsi, sans doute pris dans quelque piège ! Que faire ? Poursuivre sa route, car cette affaire ne le concernait en rien. Si le chien était pris dans un piège, il avait la patte broyée et avait déjà dû perdre beaucoup de sang et ne survivrait pas longtemps. Pourtant il fallait retourner vers le layon car c’était de là, il en était quasiment sûr, que le hurlement venait. Ce chien avait l’air solide et il pourrait peut-être survivre. Il avait eu un tel regard de reconnaissance quand il lui avait donné à boire. Le marcheur ne résista pas quand un nouveau long hurlement éclata sur sa gauche, car il avait déjà rebroussé chemin presque inconsciemment, et il se retrouva quelques minutes plus tard à l’entrée du layon.
 
Il s’engagea dans le sentier, qui avait été d’une certaine largeur, mais qui maintenant était presque entièrement couvert de ronces et de broussailles. Il se fraya un passage tout en remarquant que le chemin semblait avoir récemment été comme grossièrement élargi, petites branches cassées et broussailles écrasées, si bien qu’il n’était pas gêné par les ronces pour avancer. Il parcourut ainsi deux à trois-cents mètres et arriva dans une vague clairière dont l’herbe paraissait piétinée et sur laquelle était étendu un homme en jean et chemise rouge, qui paraissait dormir la tête contre le sol, les bras étalés et une jambe repliée.
 
Le chien était là couché la tête sur ses pattes et gémissait doucement. C’est lui qui avait surement poussé les deux longs hurlements que le marcheur venait d’entendre. Celui-ci s’approcha et vit que le dormeur avait deux trous noirâtres dans le dos qui tranchaient sur le rouge de la chemise. Il s’approcha et se pencha pour voir de plus près le cadavre. Il se souvint alors que l’on ne devait rien toucher sur la scène d’un crime, car c’était sûrement un crime : deux balles dans le dos !
 
Il se redressa en entendant le chien gronder et s’asseoir en le regardant fixement. Des mouches, sans doute momentanément éloignées par les deux hurlements, étaient revenues s’agglutiner sur les bords des deux trous d’où avait suinté un peu de sang, sur la chevelure blonde aussi et sans doute sur le visage plus ou moins enfoui dans l’herbe sèche. Elles commençaient aussi à grouiller sur la nuque rouge, celle de quelqu’un qui devait avoir vécu en plein air. Le marcheur ne chercha pas à se pencher sur le corps car le chien faisait bonne garde et toujours assis, émettait de sourds grognements. Il fut tenté de filer et de reprendre sa route en abandonnant ce cadavre. Il y aurait bien quelqu’un passant sur le chemin qu’il avait suivi et qui entendrait le chien. Mais si la bête ne hurlait plus ? De toute façon il y aurait bien le propriétaire qui alerterait les gendarmes pour la disparition de l’animal. Oui, mais où le chercheraient-ils ? Enfin se dit-il, il ne restera pas longtemps et quelqu’un finira bien par trouver le cadavre. Pour sa tranquillité le mieux était de filer rapidement et de reprendre sa route. Il pourrait toujours répondre, si jamais par le plus grand des hasards il était questionné, qu’il n’avait rien remarqué.
 
Pourtant en débouchant sur le chemin et partant d’un bon pas car le soleil commençait à décliner, il ne put s’empêcher de penser qu’il aurait été ou plutôt qu’il était de son devoir de ne pas laisser l’homme ainsi, bien que ce ne fût plus qu’un pauvre cadavre. Il avait été tué de main d’homme et il fallait qu’il fût enterré ! Il lui vint même à l’esprit qu’un disparu, car ce ne serait qu’un simple disparu avant qu’on le retro

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