La faute de Rachel
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La faute de Rachel , livre ebook

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Description

L'auteur nous raconte l’histoire d'un couple né dans les années 1920 en Pologne. Elle a quinze ans et lui vingt, au lendemain de la Révolution manquée de 1905 qui marquera toute leur vie. Il est fils de Rabbin et promis au rabbinat, bien sûr. Elle est ouvrière, fille d'un Révolutionnaire et révolutionnaire elle-même. Elle sera victime d'un viol collectif lors d'un pogrom dans leur village. Venu à son secours, il tuera les violeurs.


Devenu un meurtrier, il ne peut plus être Rabbin, mais il restera un Guide (Rabbin signifie aussi Guide). Un guide révolutionnaire qui se réfugiera en France car il est condamné à mort par les tribunaux du Tzar.


Une initiation au judaïsme (comparaison des différents rites ashkénazes), la découverte de l’hiver polonais, une approche de la Drougine sacrée et des Protocoles des sages de Sion, la préparation et l’exécution d’un pogrom, un appel à l’unité de l’humanité toute entière, cette aventure nous mènera jusqu’au « Yourtzaït », la cérémonie qui marque l’anniversaire de la mort d’un Juif, fût-il devenu non croyant, à la fin de la seconde guerre mondiale en France.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 septembre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782812141447
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-281-2-14144-7

© Edilivre, 2013
Remerciements…
Je dois à Léo Rosten, l’auteur de : « Les joies du yiddish », d’avoir redécouvert les intonations et les tournures de phrases entendues dans ma jeunesse. Né peu avant la Deuxième Guerre mondiale, je les avais, je l’avoue, réprimées.
Léo Rosten écrivait les mots dont la prononciation ressemble à la JOTA espagnole avec un « H’», alors que A. Prime-Margules et N. Déhan-Rothschild, plus respectueux des décisions du congrès de 1908 qui reconnut le Yiddish comme une des langues officielles du peuple juif, les écrivent, eux, dans la méthode Assimil : « Le Yiddish », avec le « KH » habituel dans la translittération de l’écriture arabe à la latine.
M’étant servi des deux livres pour tenter de transcrire ces expressions en dépassant la seule phonétique conservée dans ma mémoire, je les prie de me pardonner si parfois il m’arrive de n’être pas tout à fait l’élève attentif et respectueux de leur art qu’ils auraient souhaité. Car le Yiddish est un art. Ainsi, l’un mettait des majuscules, là où les autres n’en mettent pas et je ferai comme eux, car comme tout bon Juif, je crois qu’on peut aussi « le dire comme ça. ». Unifier dans l’écriture le yiddish, cette langue aux multiples racines, cela n’eût été possible que si l’un ou l’autre de ces auteurs avait su inventer la recette de la carpe et du… pardon ! De la carpe farcie, bien sûr, et d’un animal aux longues oreilles que, pour respecter les interdictions culinaires juives, je ne nommerai pas.
Et puis, inventer cet animal, interdit à la consommation à cause de ses griffes en guise de sabots, n’est certainement pas plus difficile que d’inventer le Yiddish.
A l’un, j’emprunte donc la sensibilité et la joie, je dirais même la jubilation ; aux autres, l’orthographe. Quoi qu’il en soit, Qu’est-ce que je fasse et qu’est-ce que je dise ? Sinon merci !
Dédicace


Un grand merci également à mon amie Sylvie Tafani sans laquelle la narration de cette épopée eut manqué de rigueur et à Monsieur Sauveur Assous pour son soutien.
Préface


Préface de Monsieur Sauveur Assous, Président du fond social juif unifié des Alpes maritimes, Vice-président du CRIF des Alpes maritimes.
Que nous apprend ce livre de Maurice Winnykamen : « Qu’est-ce que je fasse ? », écrit à partir de l’histoire à peine romancée de sa famille ? Que le monopole de la souffrance et de la douleur n’appartient à personne – pas davantage que le monopole du courage, qui parfois se manifeste par l’humour ou par la Foi – dans ses diverses rites – et le plus souvent par les deux à la fois.
Il est cependant évident que ces forces opposées ramenées à une même personne, exercent sur elle des tensions insoupçonnables dont elle-même et la Société devront bien tenir compte. Les paramètres de la vie sont le fruit de ces forces contradictoires, un fruit qui permet à chacun d’exercer une force libératrice sur ses pulsions refoulées au plus profond de soi, en se fixant des buts à court, moyen et long terme. Ainsi, si la vie est un long chemin d’espoirs, donc d’ambitions, elle ne peut être celui de rêves irréalisable que l’on imputerait à sa grandeur. Si l’on construit sa vie autour de ses propres forces, réelles et non imaginaires, on peut concevoir que certains arrivent à surmonter les épreuves de la vie plus facilement que d’autres. Maurice Winnykamen nous montre que tout au long de ses derniers siècles les juifs d’Europe de l’est – les Ashkénazes dont il est issu – et ceux d’Afrique du nord – les Sépharades qui sont ma famille –, pensaient qu’ils échapperaient à leur tragique destin. Ils s’imprégnèrent petit à petit des us et coutumes des pays dans lesquels ils vivaient. Ils arrivèrent même chacun de leurs côtés à « inventer » leur langue « Le yiddish et le Judéo-arabe ».
Ce récit qui commence en 1905 par l’opposition de non-croyants et de croyants de divers rites, montre qu’au début des années 30, les Juifs continuaient à croire que tous les séparait… des Juifs. Il fallut attendre le triste réveil de 1945, pour qu’ils puissent voir, malheureusement, que la réalité était là et que le nazisme n’avait pas fait de différence. Ils comprirent alors que tout les rassemblait, et côte à côte ils purent ensembles avancer et comprendre que Le monopole de la soufrance et de la douleur s’il n’appartient à personne, oblige les victimes à s’unir.
Sauveur ASSOUS
Yourtzait Paris 1946 Boris, le narrateur
I
C’est aujourd’hui, Yourtzaït, jour du souvenir où les Juifs commémorent l’anniversaire de la mort d’un proche. Ceux qui le connaissaient le mieux diront toute l’estime qu’ils avaient pour lui, ses actions et ses pensées. Les autres s’abstiendront. Selon la tradition, la famille et les amis sont invités. C’est pourquoi je t’invite, lecteur mon ami, à celébrer avec nous mon Zaïdè , mon grand-père. Nous te raconterons les moments forts de sa vie. Une vie de révolutionnaire, d’autres diront : d’assassin, – moi je dis de Justicier – ce dont, tout bien considéré, je suis fier. Quoi qu’il en soit, une vie hors du commun, je te dirai tout.
Parfois, peut-être, tu riras car depuis la nuit des temps, l’humour fait partie de notre vie. Il nous a aidés et nous aide encore à supporter plusieurs millénaires d’avanies, de souffrances et de meurtres cumulés dont nous fûmes et sommes encore parfois les victimes, non en punition de ce que nous avons ou aurions fait, mais au seul motif que nous sommes nés Juifs. Il nous donne la distance nécessaire pour vivre encore après la Shoah. L’humour comme thérapie. Shalom Aleikhem 1 ne disait-il pas, s’adressant à Dieu : « Adonaî, Seigneur de la terre et du ciel, mille fois béni sois-Tu, Toi qui as fait de nous le peuple élu, mais ne pourrais -tu , parfois, tourner Ton auguste face d’un autre côté et en élire un autre ? ».
Certaines fois, aussi, tu pleureras. Mais la plupart du temps, tu resteras stupéfait, attendri, anéanti entre rires et larmes et tu sentiras monter en toi la colère. Si alors, une goutte salée vient mouiller tes joues au moment même où tes zygomatiques dessinent ton sourire, ne te demande pas : « Est-ce de peine ou bien de joie que je pleure ? ». Dis-toi seulement que le Jean-qui-rit, Jean-qui-pleure du dicton devait être un peu juif !
Ce Yourtzaït pour Lazare son gendre, feu Yehuda mon arrière-grand-père – qu’il siège à la droite de l’Éternel –, l’aurait dit mieux que moi : « Éternel, Toi là-haut qui m’obliges si souvent à Te parler les yeux et mains tendues vers le ciel, Toi qui me laisses grepser 2 comme une pie malade et jamais ne me réponds, Toi oui Toi, Tu le sais bien, quel homme c’était, notre Lazare. Et tu sais aussi que je n’ai pas toujours pensé comme ça ! oy vay , Tu peux te taire autant que Tu voudras, mais moi je le sais que Tu le sais. » En son for intérieur, après avoir vérifié que nul ne le pourrait voir ni entendre, il aurait ajouté : « Si Tu existes ! »
C’est qu’il traitait d’égal à égal avec l’Éternel, lui, sans intermédiaire ! N’est-ce pas chose normale de la part d’un charretier ? Car il était charretier. Charretier, khassid 3 et révolutionnaire. Le plus souvent solitaire, pendant les hivers les plus rudes ou les étés les plus chauds, il pensait à haute voix, des heures et des heures durant, en parcourant les interminables chemins creux de sa Pologne natale pour livrer les shmattès 4 et autres marchandises produites dans les shtetlekh 5 alentour. Perché sur le siège de sa charrette, au rytme nonchalant des sabots de son cheval rouge et borgne, dont la croupe ondulait devant lui comme celle d’une danseuse lascive, Jéhouda parlait tout seul. Ou plutôt, je crois qu’il parlait à l’absent qui se tenait assis à sa droite ! À l’Éternel qui si souvent se déguise en courants d’air. Mais mieux vaut que je n’aborde pas cette question de fond car, les Juifs eux-mêmes n’étant pas d’accord, cela ferait du tirage.
Les mots en français que ma boubè mélange à son yiddish sont souvent incertains. Imagine Rachel, cette chère vieille femme mise comme la folle de Chaillot qui, après la seconde guerre mondiale, arpente, en titubant autour de l’hôpital Saint Louis, les rues parisiennes de la Grange aux belles, Bichat, Alibert, Juliette Dodu et l’avenue Claude Vellefaux. Elle va murmurant tous les trois pas : « oy vay mir 6 , Qu’est-ce que je fasse… Qu’est-ce que je fasse… Qu’est-ce que je fasse ! » Toute la colère du monde est dans ses pas, toute la colère du monde est dans ses mots. La colère et le désarroi. Le désarroi et l’impuissance, car elle qui, en 1905, dans sa jeunesse, avait voulu et même failli changer le monde, la voilà désarçonnée, rabougrie. La voilà, la haine chevillée au corps !
Ce halètement, cette palinodie qui vient comme un désaveu de toute une vie aventureuse au service de ses frères humains : « qu’est-ce que je fasse », c’est seulement, aux yeux des gens du quartier où elle habite, un fait, une habitude, une folie de plus, bien innocente, celle-là, dans ce monde qui tente, après cinq années de terreur nazie, de sortir de la fureur des hommes. Mais, peut-être est-ce là une nouvelle arme, plus adaptée à ses capacités physiques déclinantes, qu’elle utilise pour poursuivre son combat ? Leur combat. Qui sait ? Ce combat, ils étaient deux à le mener, ensemble, comme mari et femme et aussi comme camarades. Mais de cela, il y a maintenant une éternité.
Désormais, Rachel va seule, désemparée, au bord de la vie, au bord de la mort. Elle qui connut les nihilistes, les bakouniniens, les spartakistes, les socialistes révolutionnaires ; qui participa à la lutte fratricide des bolcheviques contre les mencheviques jusqu’au triomphe des communistes ; qui, au cours de plusie

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