La Double Vie d Emma B.
356 pages
Français

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La Double Vie d'Emma B. , livre ebook

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Description

Emma est née en 1992... une première fois ! Car malgré un accident mortel en 2024, cette chercheuse passionnée par la question du clonage se verra ramenée à ce monde par les miracles de cette science, et grâce à la motivation sans faille de Michel. Après avoir levé le voile sur le parcours chaotique qui a mené à sa « re-création », Emma décide de se lancer à la recherche de sa sœur cadette, ainsi que de tous ceux qui ont fait partie de sa vie avant sa disparition.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748382150
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Double Vie d'Emma B.
Laurence Polaire
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Avant-propos
 
 
 
Cette histoire fait suite au roman intitulé Emma B de A à Z qui racontait la vie amoureuse et la quête philosophique d’une jeune femme, Emma B., qui n’aimait que les îles et vécut de 1992 à 2024.
 
Dans La double vie d’Emma B., on retrouve, un peu plus tard dans le siècle, une partie des personnages de l’histoire précédente mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier tome pour aborder le second.
 
Ce roman de fiction pure ne possède aucun des attributs de la science-fiction. Peu ou pas de gadgets, juste quelques questions sur notre devenir à l’ère du clonage, face à l’un des plus grands défis de notre Histoire.
 
Une nuit, à quelques décennies d’ici, on trouva, dans une superbe résidence de la ville de Sydney en Australie, ce poème anonyme, gisant au sol, en boulette, parmi une centaine de cadavres. L’un des policiers, Barry, le ramassa machinalement mais ne put le déchiffrer, car l’homme ne parlait pas français.
 
La villa, lovée au bord de l’océan, était construite sur le modèle réduit de l’Opéra de Sydney, célèbre pour son architecture en forme de coquillage.
 
Voici le poème, écrit à l’encre verte :
 
 
        Des petits hommes "verts" ils verront le visage
        mais… à quel âge ? et… en quel âge ?
 
Voguant de rivage en rivage,
        d’île en île, aimable ou sauvage,
Emma et quelques personnages
traversent la vie sans dommages
autres que du temps les outrages,
les incontournables orages
que rencontrent tous les voyages :
échapperont-ils au naufrage ?
 
Un peu savants, un peu mages,
ils donnent de la mort une nouvelle image
sans chagrins et sans grands ravages…
et si c’étaient eux, les vrais sages ?
 
        Mirliton
Poète sans siècle
 
Le nom pouvait passer pour australien. Le supérieur de Barry exigea qu’on ouvrît une enquête pour retrouver le signataire. Puis, le poème fut classé sans suite dans les archives indestructibles du district.
 
Nos remerciements au Capitaine australien Vandenbush, à qui l’on doit son intacte conservation.
 
 
 
I – La fin du siècle 21
 
 
 
Michel, accoudé au balcon, fut hélé de l’intérieur de la maison par une voix féminine. Depuis qu’il avait fait surélever son chalet d’un étage entre le rez-de-chaussée et la mansarde, il passait volontiers de longues heures à contempler d’en haut la boucle de la Seine et ses gracieuses embarcations silencieuses. Le siècle s’écoulait, plus paisible semblait-il qu’en ses débuts, et l’homme se prenait à dérouler le fil de sa longue vie, sous l’assaut des innombrables souvenirs qui s’imposaient à lui à chaque fois qu’il posait le pied sur sa chère île du Plateau. Marie-France et Jean-Jacques n’étaient plus de ce monde depuis bien longtemps mais lui manquaient encore, même si les nouveaux venus comblaient son existence au-delà de ses espérances.
 
Il s’attarda sur la terrasse du premier ; sur la table dressée à l’extérieur, subsistaient les vestiges du déjeuner. « Elle n’a jamais été une femme d’intérieur », se dit-il avec attendrissement, avant de se ressaisir : « Après tout, je suis le propriétaire des lieux, c’est à moi d’assurer ces tâches, je suis vraiment un vieux macho… »
Une tête neigeuse arborant un doux sourire se détacha à contre jour sur l’embrasure de la porte-fenêtre :
-.Je pars faire des courses à Médan ; ce soir, je vais te mijoter une de mes spécialités turques… 
-.Alors, je crains le pire, dit-il en l’embrassant sur les lèvres. 
 
Il regarda s’éloigner la silhouette dansante qui l’émouvait toujours. Elle portait une robe soyeuse, très fluide, dans des tons argentés, qui ondoyait sur ses formes élancées. « Qu’elle est bien faite pour son âge… et je ne suis pas le seul de cet avis », se dit-il avec l’ombre d’une pointe de jalousie qu’il n’avouerait jamais.
 
Contemplant sa propre stature dans le reflet de la porte-fenêtre, il se trouva belle allure : il avait retrouvé l’intégralité de sa chevelure bouclée mais avait conservé la couleur blanche, pour être en harmonie avec …Elle. Ce choix était assez rare dans leur entourage, maintenant que l’on pouvait à loisir retrouver sa pigmentation d’origine.
-.C’est plus doux pour les traits, lui disait-elle paisiblement, et cela me permet de porter des couleurs qui m’étaient interdites avant… quand j’étais rouquine… 
-.Pas rouquine, auburn ! rectifiait-il à tout coup. 
Avant ? Avant le soir du 18 juin 2024, plus de cinquante ans auparavant, lorsque la jeune femme s’était dissoute dans le néant au cours d’un accident.
 
Michel se tourna de profil devant la vitre : « Pas un poil de bide ! » Il profitait de l’absence d’Emma pour utiliser le vocabulaire décontracté de sa jeunesse, celui de son milieu d’origine et dans lequel il se sentait parfaitement à l’aise. Pour Emma, il voulait bien faire l’effort de châtier un peu son langage, mais son registre préféré le rattrapait souvent. Il s’amusait alors de voir le fin minois se chiffonner légèrement, puis sourire avec indulgence.
-.Oui, lui disait-il avec humeur, je ne parle pas comme ta bande d’aristos charentais ou ton jules officiel, ce vieux toubib ottoman qui se permet de jongler avec les imparfaits du subjonctif… mais j’ai des choses qu’ils n’ont pas ! 
-.ça oui, concédait la vieille dame avec tendresse, j’échangerais n’importe quelle heure de conversation avec toi contre un week-end entier avec l’un ou l’autre… 
Michel la savait flatteuse mais se redressait, tout ragaillardi.
-.Et… pour le reste aussi ? 
-.Là, c’est affaire de style… et de variété, répondait la femme d’expérience. Tu connais la réputation des Turcs. 
Elle savait qu’elle faisait un peu mal mais elle avait appris que cela pouvait faire partie du jeu, à condition de savoir s’arrêter à temps.
-.Mais toi, c’est autre chose, poursuivait-elle en prenant sa main carrée et rugueuse entre ses doigts effilés, d’abord je te dois la vie… ma seconde vie… 
 
Tout le monde l’avait cru mort aussi, lorsqu’il avait disparu à l’annonce de l’accident d’Emma. Ecrasée par un camion presque à l’arrêt qui effectuait une marche arrière incontrôlée, sous le regard épouvanté de Renaud, elle n’avait probablement pas souffert mais n’avait eu aucune chance de survie. Renaud, son beau-frère et ami intime, avait pourtant tout mis en œuvre pour essayer de la sauver contre elle-même, comme il disait lorsqu’elle jouait avec l’idée de contrôler sa propre mort – et donc sa vie – pendant ces années tourmentées de leur jeunesse, sans oser imaginer que le sort en déciderait à leur place.
 
Bien du temps s’était écoulé depuis l’époque où Emma voulait à tout prix mettre la main sur un livre intitulé Suicide, mode d’emploi, tout en clamant qu’elle ne voulait pas mourir. Renaud ne se pardonnerait jamais le rôle bien involontaire que, par une ironie du sort, il avait joué dans la provocation de l’accident, en éclairant le chauffeur du camion de ses conseils d’ingénieur pour résoudre sa panne.
 
Bien évidemment, il n’y avait aucun lien de cause à effet direct entre ces conseils et la manœuvre du véhicule défaillant, dont le vibreur d’alerte n’avait pas fonctionné, mais que faire contre les ravages de la culpabilité judéo-chrétienne ?
 
L’entreprise fabricante avait dû assumer la responsabilité de ce drame et mis en évidence que les causes du dysfonctionnement étaient à rechercher bien plus en amont, dès la conception d’un équipement électronique très sophistiqué et, partant, très fragile – ce qui ne l’exonérait en rien – Renaud quant à lui s’était trouvé au mauvais moment, au mauvais endroit. Sa belle-sœur aussi.
 
 
Emma, alors mathématicienne et jeune chercheuse passionnée par le sujet du clonage et les inépuisables questionnements qu’il suscitait au début du siècle, avait été incinérée selon la décision de ses parents, plus exactement de son père Sydney, car sa mère Emilie ne décidait jamais de rien dans la famille. C’était alors le mode d’inhumation le plus répandu, pour des questions d’hygiène, d’espace aussi : la raréfaction des terres viables avait fait de l’espace "vital" l’une des grandes problématiques du nouveau millénaire, surtout en Occident.
 
A cela venait s’ajouter une inflation démographique peu maîtrisée dans les pays du Sud, parallèlement à un notable accroissement de la longévité au Nord. Les terres désormais toujours vertes du Groenland, conséquence heureuse et relativement inattendue du réchauffement climatique, n’avaient pas suffi à absorber la surpopulation mondiale. Les vivants en étaient donc réduits, dans certains endroits du globe comme l’Europe si convoitée, à disputer leur espace avec celui des morts. Les cimetières avaient fait l’objet de réductions drastiques et cela devenait un luxe que de se faire enterrer de façon traditionnelle.
 
Certaines religions s’en étaient émues, fidèles à l’espoir d’une résurrection des morts à partir de leurs ossements ; c’est en tout cas ce qu’annonçait, entre autres, l’Apocalypse. Pendant une vingtaine de siècles, personne n’avait pu décoder le sens de ces écrits prophétiques. Jusqu’à ce que les découvertes sur l’ADN mettent en évidence la pérennité de sa présence dans la structure osseuse, susceptible de permettre un clonage ultérieur quand la science aurait pris le relais.
 
Concernant l’incinération d’Emma, Renaud et sa femme Belinda, catholiques fervents, avaient tenté sans succès de s’opposer à la volonté du

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