L Islam
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L'Islam , livre ebook

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Description

L’islam est-il fermé ou ouvert à l’autre ? Est-il condamné au « choc des civilisations » ou bien recèle-t-il en son sein d’autres forces ? Comment conjurer le risque de repli et favoriser la convergence entre Orient et Occident ? « Mon cœur est devenu apte à recevoir tous les êtres », disait Ibn Arabi, inscrit dans la tradition des penseurs qui, d’Averroès à Ibn Kaldhun, ont prôné un islam accueillant l’autre. Pour comprendre la situation politique d’aujourd’hui, pour sortir des amalgames et des simplifications, un plaidoyer pour l’ouverture à la diversité, une réflexion au cœur de l’actualité sur les questions qui engagent l’avenir commun et la coexistence des peuples des deux rives de la Méditerranée et au-delà. Philosophe et islamologue, spécialiste du dialogue des cultures, des religions et des civilisations, Mustapha Chérif est professeur à l’Université d’Alger et a été professeur invité au Collège de France. Il a également été ministre et ambassadeur d’Algérie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 mars 2006
Nombre de lectures 22
EAN13 9782738189974
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mustapha Chérif
L’ISLAM, TOLÉRANT OU INTOLÉRANT ?
 
Préface de Jean-Luc Nancy
© Odile Jacob, mars 2006 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8997-4
www.odilejacob.fr
Table

Avant-propos
PRÉFACE
LE  MUSULMAN ET  L’AUTRE
Chapitre 2
1. Le contexte, d’hier et d’aujourd’hui
2. Le Coran, le Prophète et les dimensions de l’Ouverture
L’autre est mon semblable
La vie est mystère
La reconnaissance de la liberté comme fondement de l’existence
L’épreuve de vivre
Définition du croyant
Le caractère sacré de la vie
Le rappel, la confirmation des Messages antérieurs
La paix comme reconnaissance inconditionnelle de l’autre
Le musulman : un assoiffé de justice
Cette Voix qui nous parle nous conduit à l’ouvert
Les dérives de la fermeture
3. Les penseurs musulmans et les risques de l’existence
Ibn Rochd (Averroès), Cordoue, XII e  SIÈCLE
Abu-Hamed al-Ghazali, XI e - XII e  SIÈCLE
Ibn Bajja (Avempace), Saragosse, XII e  siècle
Ibn Tofayl, Cadix, XII e  siècle
Al-Farabi, Bagdad, IX e  siècle
Ibn Arabi, Murcie, XII e  siècle
Ibn Khaldoun, Maghreb, XIV e  siècle
Ibn Taymya, Mésopotamie, XIII e  siècle, la fermeture
4. La pratique du vivre ensemble
5. Deux impasses : la dissolution et le repli
LES  MUSULMANS ET  LA  MONDIALISATION
Chapitre 2
1. La nécessité, pour notre époque, d’un universel commun et d’une humanité plurielle
2. La propagande pour le choc des civilisations : une diversion
3. Face à la mondialisation : assumer les changements, les métamorphoses, les transformations
4. Préparer un autre avenir politique
5. Face à la violence des puissants et à celle des faibles : le droit
6. Tarir les sources principales de l’insécurité : les injustices, les fractures, les inégalités
7. Un chemin salutaire : l’amitié des « gens du Livre »
8. Tenter de retrouver l’Ouvert
La Méditerranée, notre espace humain commun
9. Notre horizon : la recherche d’une alternative au système faustien
La vision spécifique du temps en islam
Quelle alternative au libéralisme sauvage ?
10. Fermeture irréversible ou possibilité d’ouverture ?
NOTES
REMERCIEMENTS
DU MÊME AUTEUR
 
 
Ce livre est une tentative de réflexion sur les questions qui engagent l’avenir commun, la coexistence, le vivre ensemble des peuples des deux rives de la Méditerranée et au-delà. « L’islam et le rapport à l’autre » et « L’islam et la mondialisation » sont les titres des conférences que j’ai eu l’honneur de donner au Collège de France, à Paris au printemps 2004, comme professeur invité. Cet essai en est le développement.
 
À tous les êtres
inscrits dans l’Ouvert,
persévérants et bel agissants,
soucieux de justice,
pour vivre ensemble
en vérité.
 
PRÉFACE
 
« Mon cœur est devenu apte à recevoir tous les êtres » : parmi bien d’autres grandes pensées d’islam, Mustapha Chérif cite cette phrase d’Ibn Arabi. On pourrait dire qu’elle donne, sinon le fil directeur, du moins la tonalité fondamentale de l’ouvrage sur le seuil duquel nous nous tenons ici.
Cette tonalité est en effet celle de l’ouverture et de l’accueil, de l’hospitalité et du dialogue. Tous ces mots sont tellement usés que leur usage est d’emblée suspect : ne servent-ils pas le plus souvent d’enseignes à des entreprises de justification d’un type ou d’un autre d’hégémonie, ou bien de couverture pudique jetée sur une « globalisation » (pour parler anglais) dont la loi ne serait pas une autre que celle de la concentration croissante des richesses et des instruments de décision ? Mais celui qui se déclare « héritier de l’esprit de l’Andalousie » connaît la valeur réelle de ces mots : c’est celle d’une culture réelle dans laquelle des hommes réels parlèrent, écrivirent et chantèrent réellement en arabe, en berbère, en hébreu, en grec, en latin et en espagnol, mêlant sans les confondre des idiomes et des idiosyncrasies, et ne procédant ainsi, somme toute, à rien d’autre qu’à ce qui toujours et partout a formé des creusets de civilisations. Ainsi jadis à travers l’Ionie se sont mêlés des peuples venus d’Orient ou du Septentrion et d’autres venus d’Afrique, ainsi jadis dans l’Arabie se sont mêlés hommes du désert et commerçants des côtes méditerranéennes, ainsi jadis se sont mêlés dans l’Europe encore innommée des Celtes, des Francs, des Gaulois et des Latins.
Puisque nous savons très bien reconnaître les brassages et les fermentations subtiles du passé, pourquoi ne serions-nous pas capables de nous penser aujourd’hui – nous, hommes, femmes et peuples de l’Occident méditerranéen – comme un laboratoire et comme une distillerie pour une culture encore inédite ? La « mondialisation » (pour parler français) porte les chances non d’un « globe » arrondi, mais d’un monde – c’est-à-dire d’un espace de sens possible.
Mustapha Chérif veut penser dans cette direction : ici encore, on pourrait objecter qu’il n’y en a pas d’autre, à moins de ne vouloir que l’isolement et l’affrontement dont les effets sont ruineux pour tous à long terme comme à court terme. On pourrait donc juger superflu de renchérir sur une nécessité déjà établie. Mais comme nous le savons bien, cette nécessité n’est pas reconnue par tous, ni du côté de la vieille Europe chrétienne, ni du côté du non moins vieil Islam arabe, perse et turc. Au contraire, ces vieilles entités ont tendu à se raidir et à s’ossifier. La belle circulation des langues, des savoirs, des parfums, des sons et des formes a cédé le pas, d’une part, à une uniformisation et, de l’autre, à des repliements identitaires. C’est pourquoi il y a toujours, encore et à nouveau place pour la volonté de désenclaver les idiomes et de les remettre dans la circulation – non pour les y dissoudre, mais pour les y faire vivre.
« Recevoir tous les êtres » ne doit pas s’entendre, en effet, comme une abstraction ni comme une vision flottante au-dessus des aspérités du réel. Tout l’effort de Mustapha Chérif est d’en rendre sensible la réalité concrète. On ne « reçoit » pas lorsqu’on absorbe, digère et métabolise. On reçoit lorsque dans un foyer, dans un domaine, on accueille l’hôte de passage. On ne le retient pas, on ne l’assimile pas : on lui ouvre un espace ou bien on le laisse lui-même s’ouvrir un espace de passage, de visite, de fréquentation et peut-être – même pas nécessairement – de familiarisation. Non de domestication, ni de colonisation, ni d’arraisonnement – mais proprement d’altérité.
En mettant son travail sous le signe de l’« autre », Mustapha Chérif le met sous le signe d’une catégorie dont la caractéristique la plus forte et la plus précieuse doit rester celle de se dérober, justement, à la catégorisation. Il n’y a pas l’« autre », ni l’« Autre » (c’est aussi en ce sens que l’auteur, ici, discute les thèses de Samuel Huntington). Mais l’altérité de l’autre le rend autre même à lui-même. L’« autre », c’est ceci que nul n’est simplement identique à soi-même. Et cela vaut aussi, ou cela vaut d’abord de cet « Autre » nommé « Dieu » par notre tradition commune et multiple de gens du Livre. Celui qui n’est semblable à rien (sourate XLII) et qui reste impénétrable (sourate CXII) n’a rien à quoi il puisse être identifié, et c’est pourquoi il est partout et nulle part. Ce que notre tradition a en partage de plus profond, c’est cette infinité de l’altérité : par elle seulement nous sortons de l’abstraction et nous accédons au concret de l’expérience et à la vie du cœur autant que de l’esprit.
Je n’écris pas ces mots de préface pour introduire à un livre qui s’introduit très bien de lui-même. Je les écris simplement pour me tenir ici, philosophe français, aux côtés d’un philosophe algérien. Rien de plus, rien de moins : être à côté – même pas « de son côté » (que peut-être je suis incapable de rejoindre), mais à côté, près de, tout près sans effacer la distinction entre nous, simplement pour témoigner de cette proximité elle-même.

  Jean-Luc Nancy 1
Janvier 2005
 

Note de la préface
1 . Jean-Luc Nancy est philosophe, professeur à l’université de Strasbourg. Il est l’auteur de nombreux ouvrages décisifs sur les questions du sens, de la politique et du monde, que ses compagnons, comme Maurice Blanchot, Jacques Derrida, Gérard Granel, Philippe Lacoue-Labarthe, et bien d’autres ont salués et commentés.
LE  MUSULMAN ET  L’AUTRE
Il y a près de trente années, chercheur assidu, j’étais assis sur les bancs d’une des salles du Collège de France. J’y écoutais un des plus grands maîtres de l’islamologie du XX e  siècle, le professeur Jacques Berque, qui avait, à cette époque, commencé son remarquable essai de traduction du Coran. C’était là, de sa part, un acte majeur signifiant sa ferme volonté d’aller vers l’autre pour le comprendre et s’enrichir avec lui.
Après Miliana, ville de ma région natale, un des hauts lieux de l’Algérie plurimillénaire, où j’ai appris à aimer le savoir et la connaissance, j’entamais mes études universitaires à Toulouse. J’y avais appris, d’abord de mon professeur de philosophie, François Rabaud, puis, à l’université, d’un autre grand maître, trop tôt disparu, le philosophe Gérard Granel, que le thème de l’autre n’est apparu que tardivement dans le questionnement moderne. Granel entamait, à l’époque, sa traduction magistrale de l’œuvre décisive de la métaphysique d’Edmond Husserl, La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale 1 . À une question sur l’avenir du monde, il répondait par le titre d’un de ses écrits les plus décisifs : « Les années trente sont devant nous 2 . » À la question : « Qu’est-ce qu’un peuple ? », Jacques Berque, de son côté, dans L’Islam au temps du monde , répond : « Un peuple, c’est une métamorphose dans un contour 3 . »
Nous allons essayer aujourd’hui de voir quelles sont les aptitudes ou inaptitudes du musulman quant au rapport à l’autre. Nous tenterons par là de mettre fin aux amalgames, de percevoir et de comprendre ce qui est en jeu, en sorte de pouvoir assumer, face aux nouvelles menaces, aux nouveaux risques, a

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