L Initiation sexuelle de Marie
272 pages
Français

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L'Initiation sexuelle de Marie , livre ebook

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Description

Pensionnaire au sein de l’Institution Sainte Ursule, la jeune Marie découvre qu’elle n’est pas la seule à subir les affres du désir. Un enseignement non officiel lui sera personnellement dispensé par la directrice de l’école et le prêtre assurant l’office à la chapelle. Son amie Charlotte est elle aussi en émoi... Marie fera également l’expérience de sa sexualité naissante dans les bras de son frère Lucien...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2012
Nombre de lectures 18
EAN13 9782748388039
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Initiation sexuelle de Marie
Camille Saint-Briec
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
L'Initiation sexuelle de Marie
 
 
 
« Ce sont les passions qui fondent le discours, non la raison, fût-elle sculptée dans l’architecture admirable de « l’organe du langage ».
 
Le diable n’a que faire des grimaces verbales, il veut de la chair et des larmes, du plaisir et de la souffrance – de la vie, vous dis-je ! »
 
Jean-Didier Vincent, La Chair et le diable
 
 
 
1
 
 
 
Les grandes orgues retentirent alors que nous entrions dans cette magnifique église gothique. J’avais treize ans, mon frère Lucien douze, c’était notre communion solennelle. Nos parents, surtout notre mère qui était croyante et pratiquante, avaient passé un accord avec monsieur le curé pour retarder ma communion d’un an afin d’éviter les frais de deux cérémonies. Vêtus d’une aube immaculée, serrée à la taille par un cordon blanc, un crucifix en bois sombre sur la poitrine, nous avancions dans la nef centrale, un cierge allumé dans la main gauche, un missel aussi lourd qu’une bible dans la droite. Lucien était passé chez le coiffeur, celui de notre père qui lui avait fait une coupe propre : nuque et oreilles dégagées, raie droite sur le côté droit, et petite fantaisie réclamée par ma mère, une petite mèche qui tombait en accroche-cœur sur son front ; moi, je préférais ses cheveux longs bouclés qui cachaient ses oreilles légèrement décollées sur le dessus. Je les collais tous les soirs ses oreilles, avec des morceaux de sparadrap, car la nuit, elles pouvaient se retourner, et il risquait de finir avec des feuilles de choux ; devant une telle vision, Lucien se pliait volontiers au rituel quotidien du collage. Quant à moi, mes cheveux noirs mi-longs tombaient sur mes épaules sous le voile maintenu par un élastique invisible, ils étaient également légèrement ondulés.
Je doutais de l’enseignement religieux, mais la musique, les chœurs, me transportaient, je flottais plus que je ne marchais sur les dalles de pierre de la nef centrale. J’allais à la rencontre du Roi des Rois, Dieu lui-même qui, par la cérémonie de l’eucharistie, incorporation du Christ son fils, m’introduisait enfin à la communion avec toute la communauté chrétienne. J’allais moi aussi goûter la joie d’appartenir à cette famille dans laquelle ne régnait que le Bien, chacun ayant renoncé à Satan et ses œuvres du Mal. Je me suis demandé quel goût ça avait le fils de Dieu ; fugace a été la question, balayée par l’ouverture des sphères célestes, des rayons du soleil, filtrés par le vitrail multicolore, tombaient sur l’autel à cet instant précis, un signe.
A l’issue de la messe, séance de photos qui, agrandies, devaient trôner, dans un cadre en bois, pendant quelques années sur le poste de télévision. Celle de Lucien, prise de trois quarts, devant un décor gris représentant une arche romane, on voyait au centre, les gants blancs tenant le missel marron ; le bas, l’aube tombant sur des chaussures noires vernies, sans intérêt. Mais le haut, le visage ! La bouille ronde, sourire mystérieux comme la Joconde, la lèvre inférieure épaisse, la supérieure mince, et sur le front, l’accroche-cœur qui faisait fondre ma mère et les femmes de sa génération : « Qu’il est beau Lucien sur cette photo, un véritable angelot ! » Je voyais bien que ces remarques le flattaient ; c’est vrai qu’on ne voyait pas ses oreilles décollées. On en a fait d’autres des photos : celle devant la voiture de sport rouge décapotée de Jojo, le cousin qui avait réussi dans la vente, celle sur la terrasse, sur fond de géraniums multicolores, avec maman, sa belle robe d’été imprimée qui découvrait ses épaules nues, la tête légèrement penchée orientait son regard sur le fils unique et préféré. La vierge et l’enfant, on s’y croyait, il était un ange encore petit tel que le suffixe « lot » le laissait entendre. Plus tard, il deviendrait un ange à part entière ! Par obéissance, j’ai accepté la photo à la sortie de l’église, mais les autres… D’ailleurs, on ne m’a pas demandé d’en faire d’autres, c’était surtout Lucien le héros du jour. J’étais un peu jalouse des attentions de ma mère à son égard, mais cette jalousie était atténuée par les regards que portaient les hommes sur moi. J’en ressentais une certaine gêne teintée d’une fierté orgueilleuse. J’avais déjà un pied dans l’adolescence alors que Lulu avait encore les deux dans l’enfance. Sous l’aube blanche, serrée à la taille par le cordon, se devinait ma poitrine ferme et déjà généreuse.
Maintenant, c’était l’heure des agapes, le repas, la grande bouffe afin de fêter dignement, en famille, notre entrée dans la communauté du Bien. Nous devions retirer l’aube blanche, la croix en bois sombre, afin de les rendre aussi propres qu’on nous les avait confiées. La magie de la cérémonie s’évanouissait devant l’appel des estomacs vides, les discussions du dimanche que nous ne devions interrompre sous aucun prétexte, bouches où alternaient entrées de ripailles et sorties de sons précipités, paroles vitales qui se télescopaient au-dessus de la croûte aux champignons ou du lapin au vin rouge accompagné de la polenta, le plat préféré de mon grand-père italien, en face duquel j’étais assise, au bout de la table dominicale. J’avais hâte que la journée finisse.
Je partageais la chambre avec mon frère. Elle était assez grande, séparée par un paravent. Le soir, avant de me coucher, je remis l’aube sur mon corps nu, je voulais savoir quelles sensations un vêtement considéré comme sacré pouvait me procurer ; Lucien faisait semblant de dormir, mais je savais qu’il ne perdait rien du spectacle dans la demi-obscurité. Le sacré du vêtement me laissa indifférente, ce qui m’excita, ce fut d’entendre Lulu bouger dans son lit. Debout devant la glace de l’armoire, j’ai retiré l’aube, lentement. Mes jambes se découvraient, mes fesses, mon dos, je me suis retournée face au lit de Lucien afin qu’il profite de la vision de ma poitrine nue. J’ai porté l’aube à bout de bras pour la mettre sur un cintre.
Allongée sous ma couette, je pensais à l’excitation que j’avais ressentie à me promener nue, dans la pénombre, sous le regard d’un autre. J’avais osé parce que c’était mon frère ; quelques années auparavant, nous prenions nos bains ensemble. Nous avions toujours tout partagé et il s’était créé un lien très fort entre nous, nous étions inséparables ; je pouvais lui demander n’importe quoi, il le faisait. Depuis quelque temps, lorsque je le regardais, j’éprouvais un certain trouble, je le trouvais beau. Au moment de l’endormissement, mes mains se retrouvaient systématiquement entre mes cuisses, sans qu’aucune volonté n’intervienne, comme pour calmer le trouble qui se concentrait là.
Arriva l’été et les grandes vacances. Lucien dût partir en colonie, quitter le cocon protecteur, le sein maternel si saint. C’était la première fois qu’il partait seul, et je voyais bien toute la peine qui remplissait ses yeux. C’était également la première fois que nous nous séparions pour un temps aussi long et j’en ressentais un véritable malaise.
— Je te donne ce cahier ; je l’avais acheté pour continuer mon journal intime. Tu vas écrire tout ce qui te passe par la tête, et moi, je ferai pareil ; on saura tout l’un de l’autre et ce sera comme si on s’était jamais quitté.
 
Il a écrit. Quand il est rentré de la colonie, il n’a pas voulu me laisser lire son cahier, je n’ai pas insisté. Pendant quelques semaines, j’y ai pensé à ce cahier, puis ma curiosité s’est émoussée jusqu’au jour où je me suis retrouvée seule à la maison ; un dimanche de février, Lucien et mes parents étaient partis rendre visite à une tante. N’ayant pas envie de passer une journée chez cette tante, une vieille fille plaintive à la retraite, j’ai prétexté une surcharge de travail scolaire pour rester tranquillement à la maison. J’avais une toute autre idée en tête : je cherchais des livres ou des revues parlant de sexe. J’ai trouvé dans la bibliothèque « les onze mille verges » de Guillaume Apollinaire. J’ai feuilleté le bouquin d’une main, l’autre étant occupée à une masturbation en règle, j’ai joui. C’est alors que le souvenir du cahier de Lucien m’est revenu. Je n’ai pas mis longtemps à le trouver dans son bureau caché parmi ses cahiers d’école. Confortablement installée sur mon lit, j’ai lu :
« Lorsque j’ai lâché la main de maman, j’étais triste à pleurer, mais j’ai retenu mes larmes sur le quai de la gare, perdu au milieu d’inconnus, pour la plupart plus grand que moi. Je suivais le groupe guidé par un moniteur, ma petite valise pleine de vêtements marqués à mon nom. Il y avait des places réservées pour nous, je me suis assis à côté de la fenêtre, regardant défiler le paysage, sans le voir.
L’arrivée à la colonie d’Andernos : de grands bâtiments plats posés sur un terrain plat sablonneux, entre des immenses pins parasols à l’intérieur d’un enclos grillagé, c’est une prison. Mais quelle faute ai-je donc commise ? On passe à l’infirmerie pour être pesé, mesuré, tâté, examiné, tensionné. En slip, enfermé dans un mutisme ruminant de tristesse, j’attends mon tour, bien décidé à ne pas ouvrir la bouche. Ils seraient obligés de me renvoyer chez moi, mais l’infirmière me fait craquer, et je pleure dans ses bras. Elle est grande, blonde, elle me prend sur ses genoux, me regarde de ses beaux yeux bleus en affirmant que je vais découvrir la mer, me faire plein de copains. « Et puis, si ça ne va pas, tu pourras venir me voir quand tu veux, tu demanderas Sophie, je serai toujours là pour toi, d’a

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