L Épée blanche d Illykent (nouvelle édition)
348 pages
Français

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L'Épée blanche d'Illykent (nouvelle édition) , livre ebook

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Description

Orphelins ! Depuis l'horrible mort de leur mère, Hatty-Ann et son frère Keelan n'ont désormais plus de parents. Perdus dans l'inquiétante forêt de Ravenborogh, les deux enfants sont capturés par des brigands. Mais ces derniers décident finalement de s'en débarrasser. Si Keelan parvient tant bien que mal à s'enfuir, la petite Hatty-Ann est vendue à un ignoble individu de la noblesse. Mais Hatty-Ann deviendra une princesse adulée, elle sera l'Épée blanche d'Illykent. Un roman d'aventures qui nous plonge dans la paysannerie et la noblesse celte de la fin du XVIIe siècle. L'atmosphère de ces milieux hostiles, jonchés de viols et de meurtres, est parfaitement restituée à travers les yeux innocents de deux enfants. Mais l'ouvrage est aussi une réserve inépuisable de magnifiques histoires d'amour dans un décor digne d'un conte de fées.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342156782
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Épée blanche d'Illykent (nouvelle édition)
Evelyne Peyrillaud
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Épée blanche d'Illykent (nouvelle édition)
 
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://evelyne-peyrillaud.publibook.com
 
 
 
«  Aux temps passés, la nuit viendra et peut-être vos rêves vous emporteront-ils vers ces terres lointaines où enfant vous auriez pu être et au détour du chemin, peut-être aurez-vous la chance de voir chevaucher… L’Epée blanche d’Illykent »…
 
 
 

Des falaises d’Illykent aux terres de Manserfield quelque part plus au nord…  vers l’an 1692…
1
La forêt s’éveillait sous les assauts du printemps. Les premiers rayons du soleil léchaient les frondaisons, essayant de pénétrer toujours plus loin au cœur de ce domaine touffu. Une brise légère emportait les senteurs nouvelles, les diluant dans l’air, au gré de ses caprices, comme un parfum délicat. Les bourgeons sur le point d’éclore goûtaient encore aux larmes fraîches de la rosée du matin.
Une douce chaleur un peu moite régnait alentour, prémices d’une saison de renaissance où la faune et la flore se libéraient enfin de la froidure hivernale. Depuis plusieurs jours déjà, l’épais manteau blanc couvrant ça et là les sentiers et les clairières, avait disparu, fondant peu à peu sous un ciel moins tourmenté. La forêt avait rejeté sa parure glacée pour s’égayer d’une tenue plus légère, aux couleurs chatoyantes.
De petits bruissements furtifs laissaient apercevoir le museau frémissant de quelques rongeurs en quête de nourriture plus fraîche et un écureuil, la queue en panache, bondit d’arbre en arbre, avec une exubérance toute joyeuse. C’était enfin le temps où tout être vivant s’extrayait d’une longue léthargie, dégourdissant ses muscles dans une débauche de courses, de sauts, ivre de senteurs fragiles qui émoustillaient les sens. Le hurlement d’un loup rappelant sa meute perça le cœur de la forêt et longuement, l’onde sonore parcourut le sous-bois puis le silence revint et les bruissements un instant interrompus, reprirent de plus bel.
Plusieurs leur avaient couru après, armés de fourches et de pioches, vociférant injures et insanités. Lorsqu’ils pénétrèrent dans la forêt, peu les suivirent puis le souffle court et le cœur palpitant, ils s’étaient enfin arrêtés. Derrière eux ne retentissaient plus ni menaces, ni insultes.
Chacun redoutait les bois épais de Ravenborogh, refuge des loups, animaux démoniaques et sauvages. Ce fut pourtant le seul refuge qui leur permit d’échapper à leurs poursuivants. Ils ne pensaient pas que la mort pourrait être moins cruelle sous les crocs acérés des loups mais l’instinct de survie les avait entraînés vers le seul endroit qui leur permettrait de vivre juste un peu plus longtemps.
Ce fut Hatty-Ann qui les vit la première se diriger vers leur maison alors que déjà leurs voix emplissaient l’air du souffle de la peur. Comme une procession, ils avançaient d’un pas décidé, les bras levés sur des poings fermés, les bouches distendues sur des exhortations de haine. Le prêtre marchait en tête, les bras écartés de chaque côté du corps comme s’il voulait empêcher quiconque de le dépasser. Son sang entachait encore sa robe, là où la veille au soir Mary-Elisabeth l’avait blessé dans sa chair alors qu’il abusait d’elle en adjurant son Dieu de le délivrer de ses démons.
Il avait longtemps résisté à l’appel de ses sens qui l’oppressaient sans cesse, rendant sa vie impossible et sale aux yeux du Tout-Puissant. Ses fantasmes hantaient ses nuits et ses réveils se heurtaient aux douloureuses tensions de ses désirs inassouvis. Son cœur cognait de rage et de haine. Mary-Elisabeth ne lui appartiendrait jamais et chaque jour sa torture devenait source de tourment, d’infamie où il s’enfonçait jusqu’à la folie. Il redoutait de plus en plus ses heures de solitude et de prière que sa foi lui imposait, ses tête-à-tête avec son Dieu alors que son âme s’entachait d’obscures pensées.
La veille au soir, il était allé chez Mary-Elisabeth. Il voulait l’obliger à s’agenouiller avec lui et réciter ensemble maintes prières car c’était elle en fait son unique démon. C’était à cause d’elle qu’il s’enlisait dans ses péchés, qu’il ne pouvait plus fermer les yeux la nuit venue sans voir son visage, sans voir son corps, sans sentir sa chaleur couler au fond de ses entrailles comme la lave d’un volcan.
Mary-Elisabeth avait envoyé ses enfants se coucher dans le foin qui leur servait de paillasse. Elle avait des larmes dans les yeux. Keelan s’en souvenait encore. Il n’était plus un enfant, il savait ce que voulait le prêtre et dans un simple regard, il offrit son aide à sa mère, sa force s’il le fallait mais elle sourit péniblement et lui murmura que tout irait bien, qu’il pouvait dormir et surtout qu’il devait veiller sur Hatty-Ann.
Dans le noir où Mary avait soufflé toutes les bougies, il y eut de drôles de bruit, des paroles insanes puis des coups, Keelan en était sûr, le souffle rauque du prêtre, celui saccadé de sa mère jusqu’à ce cri d’intense douleur et ces pas qui se précipitaient vers l’ouverture de la porte avant de s’évanouir dans la nuit épaisse. Des pleurs enfin, des sanglots désespérés.
— Maman… murmura Keelan.
Il entendit un soupir, celui d’un dernier sanglot qu’on étouffait.
— Dors… Dors, Keelan, c’est rien.
Aux premières lueurs de l’aube le lendemain matin, Mary-Elisabeth était sortie. Elle avait emmené les seaux, elle était descendue à la rivière. C’était le travail du jeune garçon et c’était la première fois depuis cinq ans que sa mère y dérogeait. Keelan se leva précipitamment. Près de lui Hatty-Ann gémit dans son sommeil. Il lui enleva doucement la paille qui se mêlait à ses cheveux blonds. Derrière eux, une simple barrière de bois les séparait du bétail d’où montait une chaleur animale. Keelan enfila ses vieilles culottes tenues par des bretelles, deux rubans passant sur ses épaules, par dessus son surtout, sorte de justaucorps de campagne. Ce fut à ce moment-là qu’il vit le sang sur le sol de terre battue. Il se baissa, doutant encore de ce qu’il voyait puis une terreur panique l’envahit. Il se précipita sur l’ouverture de la porte.
— Maman ! cria-t-il en courant vers le chemin menant à la rivière.
Il s’arrêta net. Déjà, elle remontait la pente en portant les deux seaux, grimpant péniblement sous le poids de sa charge. Ses longs cheveux blonds cascadaient sur ses épaules que couvrait une vieille peau de chèvre. Sa robe longue tombait sur ses sabots heurtant les pierres du chemin. A chaque enjambée, quelques filets d’eau s’échappaient des seaux. Keelan la rejoignit enfin.
— Laisse, dit-il en tendant les mains. Laisse-moi les porter. Pourquoi ne m’as-tu pas réveillé ?
Elle sourit vaguement tout en posant les seaux au sol pour que le jeune garçon puisse les prendre.
— Tu dormais si bien, mon fils.
Keelan hésita un court instant.
— Que… Que s’est-il passé, maman ? Tu es blessée ?
Il vit ses épaules se hausser dans un profond soupir. Ses lèvres frémirent.
— Ce n’est pas mon sang, dit-elle simplement.
Le cœur de Keelan fit un bond dans sa poitrine.
— Celui du prêtre ? C’est celui du père Turney ?
— Dieu m’est témoin, murmura-t-elle, que je ne voulais pas faire ça.
— Maman ?
— Keelan, coupa-t-elle soudain, je ne veux plus parler de ça. Tu entends, mon fils ? C’est fini. Je n’en parlerai plus jamais.
— Maman…
— Tais-toi, mon fils !
Les muscles du jeune garçon se contractèrent. Ses mains se resserrèrent avec rage sur l’anse des seaux. Il savait qu’il ne servirait plus à rien d’insister davantage. Elle ne parlerait plus.
Une heure plus tard, Hatty-Ann les vit s’avancer sur le chemin.
— Le prêtre et tout le monde arrivent ! cria-t-elle.
Mary-Elisabeth se précipita dehors. Leurs silhouettes se détachaient en bas du chemin alors qu’une onde sonore encore indistincte grondait dans le silence alentour. Mary-Elisabeth saisit sa fille par le bras et l’entraîna à l’intérieur, se bousculant presque à Keelan qui allait sortir.
— Fuyez tous les deux ! lança-t-elle. Mon fils, prends ta sœur et fuis !
— C’est… C’est de la folie… balbutia le jeune garçon.
— Garde-toi, mon fils, de maudire ta mère pour ce qui va arriver aujourd’hui ! Je vous aime tant tous les deux mais je t’en conjure, fuyez maintenant !
Keelan sortit, entraînant sa sœur avec lui. Il les vit s’approcher comme une masse compacte, brandissant fourches et poings.
— Fuyez, les enfants ! hurla Mary-Elisabeth.
Un bref instant, Keelan fixa sa mère. Elle ne pleurait pas et son sourire à cette seconde l’atteignit en plein cœur comme un coup de poignard.
— Ils s’enfuient ! s’écria une voix et aussitôt, des hommes et des femmes, suivis même de leurs enfants, se mirent à courir.
— La pécheresse est à moi ! lança le prêtre alors que Mary-Elisabeth, immobile sur le chemin, faisait face à son destin.
Certains la dépassèrent, décidés à rattraper Keelan et sa jeune sœur qui couraient plus loin. Mary-Elisabeth ferma les yeux sur une prière muette. Lorsque le prêtre fut tout près d’elle, elle sentit son souffle dans son cou.
— Tu connais le sort des sorcières. Tu brûleras sur terre et te consumeras éternellement en enfer.
Sans un mot, sans un regard, Mary-Elisabeth se laissa bousculer. Des poignes puissantes saisirent ses bras, l’obligeant à avancer alors que le père Turney ouvrait la marche.
La forêt de Ravenborogh se referma sur Keelan et sa sœur qui s’enfoncèrent dans sa masse compacte, ignorant les griffures des ronces, les blessures des branchages que leurs mains affolées essayaient en

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