L Enigme des enfants-loups
306 pages
Français

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L'Enigme des enfants-loups , livre ebook

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Description

L’un des mythes qui accompagnent les civilisations humaines depuis ses balbutiements est celui de l’enfant sauvage élevé par des animaux. Les variations de ce paradigme sont nombreuses, allant de l’enfant-singe à l’enfant-loup, en passant par l’enfant-gazelle. Ce qui ne cesse donc de frapper, c’est la formidable pérennité de cette figure et l’intense prolifération de ces cas de par le monde jusqu’à la première moitié du XXe siècle. Des récits mythologiques à la découverte de Ramu en 1954, l’enfant sauvage hante nos imaginaires, émerge dans nos légendes, traverse nos récits littéraires, journalistiques et même filmiques. Tout simplement, il nous fascine, peut-être parce qu’il fonctionne comme autant de miroirs inverses et archaïques d’une humanité en perpétuel progrès. Toutefois, ces cas d’enfants sauvages, et plus précisément d’enfants-loups, résistent-ils à une minutieuse enquête scientifique ? Le fait qu’une louve prenne en charge les soins d’un petit d’homme est-il seulement envisageable ? Par-delà les siècles et les distances, Serge Aroles entreprend donc, avec méthode et patience, de lever le voile sur ces enfants troublants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748385021
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Enigme des enfants-loups
Serge Aroles
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
L'Enigme des enfants-loups
 
 
 
En couverture :
- Enfant-loup Ramu ; Inde, janvier 1954
- Lettre du secrétaire de la reine de Pologne ; Varsovie, 17 octobre 1664
 
Transcription : « Pour lenfans [l’enfant] nouris par les ours il est icy, il ne parle point mais entend ce qu’on luy [dit] , il est quasy aussi brutal que ceux qui l’ont élevé. Je ne say sy cest cette nouriture ou le sang quil paroist avoir perdu et que lon juge par le [sic] grande dentée [cicatrice d’une morsure animale] quil a sur le corps… »
 
Archives du Ministère des Affaires étrangères
 
 
 
I. La forêt, le plus vaste orphelinat de l’histoire de l’humanité
 
 
 
Au sein des quatre grandes catégories historiques d’enfants sauvages recueillis par une nourrice animale, à savoir, enfants-loups, enfants-singes, enfants-ours et enfants-gazelles, tous les cas de ces deux dernières sont faux, abandonnant la rarissime authenticité à la louve et à la femelle orang-outan – elle seule, parmi toutes les espèces de singes.
Certes, la forêt fut le plus vaste orphelinat de l’histoire de l’humanité, certes, la louve présente fréquemment un désordre neuroendocrinien, la pseudogestation, improprement nommée « grossesse nerveuse », qui, dans sa forme dérégulée, pourrait la conduire à allaiter un nouveau-né abandonné dans les bois, toutefois, cette potentialité biologique, qui est formelle, subit souvent le désaveu des archives ou d’une enquête sur le terrain, qui dénient l’authenticité de la presque totalité des cas d’enfants sauvages secourus par des animaux.
Ce déni ne surprend aucunement, car l’authentique enfant-loup n’est pas ce valeureux adolescent que les récits nous dépeignent chassant en compagnie de la meute – le pluriel ne sied pas à une telle adoption –, puis exhibé aux princes et autres curieux après son retour à une vie sociale humaine, mais un jeune être très faible, au seuil de la survie en compagnie d’une louve solitaire, un être fragile, en souffrance, dont la capture précipite le dernier souffle, sa mort prématurée n’autorisant pas de prise à l’historiographie, au legs d’archives. Un cas présentant une certaine authenticité – un jeune garçon grièvement brûlé lors de l’enfumage de sa tanière, en 1872 – est contemporain de famines majeures : lors, en faisant expirer les parents par millions et en multipliant le nombre d’enfants en état d’abandon, des drames d’une telle ampleur, à l’exemple des guerres, ont favorisé cette potentialité, car l’adoption d’un nourrisson par une louve en état de pseudogestation est un accident statistique relevant de la loi des grands nombres.
Face à cette certitude biologique qu’il a existé des nourrissons recueillis par des louves, les archives offrent le silence ou le désaveu, montrant avec perfection, par exemple, que le plus célèbre cas d’enfant-loup (Kamala ; Inde, 1920) fut une supercherie élaborée sur une fillette souffrant d’une affection nommée le syndrome de Rett, ou que le magistrat britannique qui officialisa la capture –parmi les loups – du fameux enfant Sanichar, fin 1866, était… décédé depuis 1862.
Ainsi ai-je découvert que les enfants-ours capturés dans les profondes forêts du royaume de Pologne (1657-1694) ne furent que la multiplication littéraire d’un seul cas, ou encore, que l’enfant sauvage d’El Salvador (1933), qui aurait survécu dans une jungle égayée de jaguars, était à la vérité un orphelin des massacres considérables commis par les militaires – la « matanza » de 1932 –, et que jamais il ne s’apeura d’autres fauves que ceux-ci.
En somme, la biologie cautionne, avalise le phénomène des enfants-loups, mais les archives s’y refusent. Toutefois, de grâce, lisez ces récits, qui tant se corrèlent à l’histoire des drames de l’humanité…
 
 
 
II. Première mise en garde. Lorsque nous disposons de photographies, tous les cas d’enfants-loups se révèlent faux ou douteux
 
 
 
Cet art visuel qu’est la photographie et cet art oral que sont les récits relatifs aux enfants-loups, conjoints, fondent une alliance qui n’a pour vœu d’être éternelle, tant pour les supercheries manifestes que pour les trop sévères diagnostics médicaux que ces images dévoilent, risibles détails ou dramatiques pathologies qui récusent l’épopée dans les bois de nombre de ces jeunes êtres.
Affichant la tragédie d’une telle historique, la couverture de ce présent ouvrage reproduit le visage du faux enfant-loup Ramu (Inde, 1954), duquel les « morsures de loups » sont, à la vérité, des griffures de singes.
Les photographies du faux enfant-babouin Lucas (Afrique du sud, 1903) et du faux enfant-gazelle de Syrie (1946) objectivent que ces garçons souffrirent d’un traumatisme crânien qui provoqua un enfoncement osseux, frontal pour l’un, fronto-temporal pour le second, qui laissèrent déficients mentaux – s’ils ne l’étaient déjà – deux malheureux n’ayant jamais partagé la savane pierreuse des babouins ni le désert rocheux des gazelles, paysages de pierre, comme le furent tant d’esprits créateurs de tels récits.
Les photographies d’un autre enfant-gazelle (Irak-Syrie, 1946) transpirent la mise en scène : ligoté pour obvier à toute fuite, le garçon se repaît de ses herbages préférés, et, quoique fraîchement « capturé » dans le désert parmi des gazelles, il porte les cheveux soigneusement coupés au-dessus des orbites, tandis que le contraste de bronzage entre ses bras et avant-bras, d’une part, ses cuisses et jambes, d’autre part, atteste qu’il portait récemment encore des vêtements – or, les authentiques enfants sauvages vont nus, n’appartenant ni à la civilisation du drapé ni à celle du cousu.
Moins enjoué parfois, l’art de la photographie atteste que les cas du garçon aperçu dans la vallée du Dadès (Maroc, dès 1925), de celui de cinq ans découvert dans les forêts du Laos (ca. 1890) et de son double du Vietnam (ca. 1939) furent des fables reposant essentiellement sur leur dysmorphie de visage : « …l’Institut Pasteur de Saigon a relevé le cas d’un enfant élevé par les singes. Son visage était nettement simiesque. Il glapissait, montait avec agilité aux arbres… » ( Miroir de l’Histoire , août 1968, vol. 224, p. 54)
A juste raison, ce cas ne fut pas mentionné dans la revue Archives des Instituts Pasteur d’Indochine (1925-1941), ni ne fut repris, fût-ce tardivement, dans les rapports de l’Institut Pasteur de Paris.
S’il est nulle image du prophète Zarathoustra, qui, en Perse, six siècles avant notre ère, fut supposée avoir reçu le secours d’une louve, en revanche, la photographie de l’enfant-singe d’Iran (1961), elle, révèle que le garçon souffre d’une malformation orthopédique (un pied-bot équin et un pied-bot varus équin) et d’une paralysie incomplète (monoparésie) ou d’un traumatisme d’un membre supérieur (à la façon classique par laquelle son avant-bras est soutenu par sa main controlatérale), sous réserve qu’on ne l’eût fait poser ainsi, afin de contrefaire de telles anomalies :
« Voici l’« enfant-singe » capturé dernièrement dans le nord de l’Iran [où il n’est nul singe] . Le jeune garçon, qui semble âgé de quatorze ans, se nourrissait de feuilles et terrorisait par ses cris les bûcherons de la région. La première fois qu’on essaya de l’habiller, il déchira ses vêtements. Aujourd’hui, placé dans un orphelinat, il apparaît beaucoup plus sage. »
( France-Soir , 28 septembre 1961, 7 e édition, p. 3 ; ce journal le fera resurgir une décennie plus tard, le 31 janvier 1971, effrayant « les bûcherons par ses rugissements de lion »).
Une photographie de l’enfant-singe du Sri Lanka (1973) objective qu’il a développée une peu habile locomotion quadrupède – non si malhabile, cependant, pour que l’on puisse conclure à une supercherie –, mais a nullement acquis une locomotion de brachiation sur les arbres, qui ferait foi de l’existence présumée suivante :
« En 1973, on aurait trouvé un enfant… au milieu des singes dans la jungle… Ses bras étaient plus longs que ceux d’un enfant normal, mais ses jambes étaient faibles, comme s’il avait pris l’habitude de se déplacer sur les branches des arbres et de se balancer au-dessus du sol tel un singe. » (Hitching, The Pan Atlas of Mysteries , 1980).
A propos des enfants-loups de l’Inde, nous évoquerons à sa juste place l’utilisation de la photographie par les faussaires qui échafaudèrent les histoires de l’enfant cannibale Seeall (ca. 1890), des célèbres Amala et Kamala (1920), de l’enfant de Jhansi (1933) et de bien d’autres. La photographie de « Wolf », prise vers 1987 dans l’institution charitable de Mère Teresa à Old Delhi, révèle, non du tout une escroquerie, mais la douce naïveté des dévouées religieuses de ce mouroir (cf. chapitre III).
Ce travail de rejet sera moins aisé lorsque la roue des siècles et du progrès n’aura pas encore tourné, lorsque la photographie sera à inventer et que seuls archives et textes imprimés nous offriront leur présence pour défausser les fables ou rendre hommage à la trop rare vérité…
 
 
 
III. Seconde mise garde. La trop grande mémoire des « témoins » qui ont vu un enfant-loup
 
 
 
Lorsqu’on a la fortune de disposer du témoignage direct de ceux qui ont vu un prétendu enfant-loup, l’authenticité du récit s’effondre sans délai. Un tel cas me fut narré en 1995 par deux femmes d’âge respectable, dont le père avait été, dès 1937, le professeur principal de « The American God Missionary School » (sic) de Gonda, ville indienne sise non loin de

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